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Le « Désert » des protestants

 Pour les protestants français, la période du « Désert » correspond au siècle de persécutions, encadré par l’Édit de Fontainebleau révoquant l’Édit de Nantes le 17 octobre 1685 et par l’Édit de tolérance du 17 novembre 1787 octroyant aux huguenots un état civil laïc (mais non la liberté de culte). Le terme « Désert » fut choisi à partir du XIXe siècle, en référence aux épreuves subies par le peuple hébreu qui, après sa sortie d’Égypte, erra quarante ans dans le désert avant d’entrer dans la « terre promise ». Lieu de tribulations, de tentations et de désespoirs, le désert était aussi le lieu où s’était fait entendre la Parole de Dieu.Cette période du désert a été découverte et célébrée par les protestants après coup. C’est le petit peuple qui a pris le chemin du désert,Ii a voulu affirmer sa foi en assemblée.

Privés de liberté de culte, à la suite de la destruction des temples, c’est loin des villes, en plein air, dans les lieux écartés, cachés dans les endroits isolés, déserts (dans les forêts, les garrigues, les grottes ou les ravins…), que les protestants de France (en Cévennes, mais aussi en Haut-Languedoc, en Poitou, Dauphiné, Vivarais… également en Picardie, dans le Hainaut et les Flandres, après leur rattachement à la France), furent obligés de vivre clandestinement leur foi.

On qualifie ainsi  d' »assemblées du Désert » les cultes, baptêmes, mariages et sépultures effectués clandestinement, ainsi que les registres tenus par les pasteurs qui effectuaient ces actes.
Ces registres du Désert, porteurs de noms de personnes pratiquant la RPR (Religion Prétendue Réformée), étaient itinérants comme les pasteurs qui les tenaient, et ne devaient pas tomber entre les mains des autorités du pays. Beaucoup furent perdus, compliquant les recherches historiques ou généalogiques des familles protestantes.
On distingue en général un « premier Désert » (ou « Désert héroïque« ) qui correspond à la période des persécutions violentes (le refus d’abjurer pouvant conduire aux galères ou à l’emprisonnement) des années 1685-1760 et un « second Désert« , entre 1760 et 1787, où une certaine tolérance, précoce et révocable, s’installe peu à peu, ce qui permet aux protestants d’assister aux « assemblées » sans prendre trop de risques et même, en certaines régions, d’ouvrir de discrètes « maisons d’oraison« .

Mais le protestantisme n’en demeure pas moins interdit et donc clandestin ; d’ailleurs, le dernier pasteur martyr, François Charmusy, meurt en 1771 arrêté alors qu’il est en chaire, il décède en prison des suites des mauvais traitements infligés lors de son arrestation. L’état civil ne leur sera de nouveau accordé qu’à la Révolution ainsi qu’aux juifs et aux athées lorsque l’état civil sera tenu par un officier civil dans les mairies.

Un Musée du Désert a été fondé en 1910 à Mialet (Gard), dans le hameau du Mas Soubeyran, dans la maison natale du chef camisard Roland (La Porte).
Pour Hubert Bost, « Le désert, c’est un espace et un esprit. Un espace d’abord : on s’est réfugié dans la campagne. Pour les Cévennes, sous les hêtres et sous les châtaigniers ; pour les garrigues, au milieu des chênes verts ; pour la plaine, dans les marais. Le désert est dès lors un espace sans habitation où s’exprime la foi proscrite, où l’on vit au jour le jour, sous le ciel, sans prévoir le lendemain. Après la révolte des Camisards et la flambée prophétique, les Églises s’y reconstituent et, dans ces lieux, on baptise, on communie, on catéchise, on bénit des mariages, on médite et écoute la Parole.
Ce n’est pas par “monachisme” qu’on va au désert. C’est un temps d’épreuve. Jésus y a été conduit… C’est aussi une nécessité ; les temples ont été détruits (rez pierre… rez terre…). Dieu reconstruit dans la création le temple de sa louange où elle sera toujours célébrée. Si les ministres se sont tus, les pierres crieront. La nature prend le relais. L’Église y continue ; elle se réfugie dans les fentes des rochers, les cavernes ; elle est réduite à sa plus simple expression. »
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 Réflexion / animations possible :
  • Actualisation : aujourd’hui dans le monde où en est-on ?

Un très bon livre de Raphaël Delpard, paru en janvier 2009 : La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde

Résumé

Un document sur les difficultés rencontrées par ceux qui épousent la foi chrétienne. En Inde où des femmes converties au catholicisme sont traînées devant un tribunal, au Pakistan où les « impurs » sont enfermés dans un parc insalubre. Une enquête sur 33 pays révélant des chrétiens pourchassés, emprisonnés ou privés de travail. Situation en Russie, en Turquie ou en Égypte.

Quatrième de couverture

Dans cinquante pays, y compris en Europe, qu’ils soient catholiques, protestants, coptes ou de tout autre communauté, les chrétiens sont pourchassés, privés de travail, emprisonnés, torturés, assassinés. Tous les moyens sont utilisés pour les contraindre à renier leur foi, y compris le viol rituel collectif, considéré dans certains États comme une sanction pénale. Posséder une bible est devenu un crime, la célébration des cultes est interdite, on est revenu au temps des messes dans les caves et des premiers martyrs.

Un très bon livre écrit sans a priori religieux – l’auteur est athée -, Raphaël Delpard a mené une enquête difficile sur les lieux de ces scandales occultés par le silence des nations. À l’heure du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce livre nous rappelle l’urgence d’un réveil des consciences.

  • Travail sur les droits de l’homme

Exemple : Martin Luther King