Ainsi font, font, font, les petites marionnettes
Petite initiation aux différents genres de marionnettes et pistes de confection de marionnettes. Nous recommandons la lecture de l’ouvrage d’Albert Mourey, collection Fleurus Idées « Marionnettes, atelier et création » pour de plus amples informations et pour ses croquis illustrant parfaitement les divers types de marionnettes. Par Evelyne Schaller.
I/Les marionnettes classées selon les trois grands types de manipulation
1. La manipulation en élévation :
Elle se nomme ainsi parce qu’elle est effectivement portée en élévation. Le personnage se déplace au dessus du niveau de la tête du manipulateur, celui-ci étant caché ou non derrière un rideau ou une autre installation. Ce type de marionnette est proche du manipulateur ; de ce fait elle est très riche en expression.
Dans ce type on trouvera la marionnette à gaine, dans un chausse-main (gant, chaussette, autre) qui prolonge le corps.
De même, la marotte qui se compose d’une tête fixée sur un manche plus ou moins élaboré, avec un ou deux bras animés. Elle est moins souple que la précédente mais elle a des amplitudes de mouvements plus grandes ; de ce fait elle est certes moins réaliste mais aussi plus insolite.
2. La manipulation surplombante :
Le manipulateur se place au-dessus de son personnage et le fait marcher à même le sol.
Dans cette catégorie on trouvera la marionnette à fils, offrant souvent un personnage très élaboré qui parvient, avec la dextérité du manipulateur, à imiter presque parfaitement les mouvements réels.
Autre modèle : la marionnette à tringle comporte une tringle fixée au sommet de sa tête, elle a des jambes pendantes ce qui lui donne un air cocasse.
3. La manipulation horizontale :
C’est une silhouette ayant la taille du manipulateur. Celui-ci la déplace en la tenant d’une main et en lui prêtant son autre main comme si elle appartenait au mannequin.
Il existe encore d’autres formes de manipulations originales : par exemple la manipulation sur table de personnages, de poupées, et d’objets.
II/ les marionnettes improvisées : comment construire une marionnette avec des matériaux divers et facilement accessibles
Tout au long de ce processus créatif, l’imagination est sollicitée, mais elle est aussi guidée par le caractère que l’on souhaite donner à tel ou tel élément, l’importance qu’on accorde au caractère du personnage, la situation dans l’intrigue, ou la praticité du jeu.
III/ Recherche du personnage :
Étude du visage, recherche sur les yeux, pouvoir symbolique de la couleur
Pour développer à ce point son personnage il faut connaître au préalable sa situation et l’évolution de cette situation.
On peut faire un dessin qui concrétise un certain nombre de choses : les données de la taille soit mince ou trapue, étroite ou large
Si le personnage est très élaboré, il faut étudier sa structure et son articulationTravail sur la tête : pour cela on peut s’inspirer de la morphopsychologie.
Par exemple, le type affectif aura une tête ovale ou en losange.
Le type intellectuel aura une forme de trapèze, grande base en haut, la boite crânienne très développée.
Le type volontaire s’inscrira dans un rectangle.De la faculté de changer la fonction d’un objet
Il faut tenir compte de l’importance des yeux : les marquer par la matière, la couleur, leur rehaussement avec des cils ou des sourcils.
On ne peut pas passer à coté du pouvoir symbolique de la couleur ! Pour cela il ne faut pas manquer d’écouter son intuition souvent guidée par des expressions comme « vert de peur », « violet ou rouge de colère », « voir la vie en rose », « broyer du noir »…
On peut très bien faire ressortir des personnages importants dans une saynète par le soin apporté au choix des couleurs : un personnage important est marqué par une forte couleur ou une multiplicité de couleurs ou par une rupture de teinte avec les autres personnages.
La silhouette de carton qui rappelle les principes des ombres chinoises est la plus facile à réaliser.IV/ Les marionnettes simples :
Faire un dessin de conception auparavant. La visibilité d’une seule face, avec un jeu particulier, l’adaptation de la silhouette à la fonction du personnage, et le manche pour la manipulation dite « en élévation » sont de rigueur. D’éventuelles articulations comme les marionnettes thaïlandaises, soit articulation d’un bras ou de la tête peuvent être rajoutées.
V/ Les marottes tubes :
La marotte tube est faite de chutes de matériaux divers agencés autour d’un tube ou d’un cône de carton
Son avantage : elle se réalise facilement, elle tient debout et donne une schématisation du personnage.
Par ailleurs elle assure à l’ensemble du spectacle une sorte d’unité stylistique.
VI/Les Marottes
Elles sont faites d’un simple tête située au bout d’un manche avec une pièce de tissu attaché autour du cou. La fabrication de la marotte doit garder toute sa simplicité : simplicité dans le vêtement et le manche, simplicité dans l’articulation et par le volume du buste.
On distingue dans cette catégorie la marotte à main prenante, la marotte à main animée par une tige, la marotte à bras animée par une ou deux tiges
La tête de la marotte : des volumes simples pris dans des emballages perdus, ou des instruments de cuisine (passoire, râpes), ou encore des bas bourrés ou une mousse de polyuréthane sculptée. On insistera sur les yeux et sur les cheveux (laine, copeaux de bois etc.…)
VII/ Marionnette à gaine :
Le principe de la marionnette à gaine est simple : l’index est logé dans une boule qui représente la tête (pâte de cellulose), le pouce et l’auriculaire animent les mains et un habit gaine l’avant bras du manipulateur
Sa manipulation se fait par des mouvements de tête, des bras, du buste
VIII/ Jeu et dispositif scénique :
Tout d’abord consacrez-vous à établir un canevas : un scénario de marionnettes doit rester simple pour tenir.
Prendre conscience des contraintes liées au lieu, à la distance avec les spectateurs, l’éclairage, la manipulation, le rangement des personnages en lien avec le déroulement de la scène.
Autres facteurs à évaluer : le nombre des manipulateurs et la gestion de la place disponible, les changements de décor (à limiter) et les possibilités de mouvements des marionnettes selon leur principe de fabrication.
La marionnette n’a pas la mobilité des traits du visage mais elle peut s’exprimer par des mouvements impulsés, l’expression par le texte et les intonations de la voix, et les jeux de lumière éventuellement.
Tenir compte des notions de progression dramatique : il s’agit de s’appuyer sur les points forts du scénario en mettant en avant les points forts, positifs et négatifs et en réalisant une progression dramatique en tension entre ces points.
On peut marquer la distinction entre les personnages positifs et les antagonistes.
IX/ Quelques conseils pour une mise en scène :
Avant la mise en scène, chacun doit apprendre à investir son personnage par des exercices répétés et avec une mise en situation.
Expression orale : lire et dire à haute voix
Exposer la situation initiale : en voix off
Savoir que l’action précède le verbe : la marionnette se met en mouvement avant de parler.
Autres trucs et astuces :
– ne pas oublier l’importance des temps de silence qui augmentent la tension dramatique,
– ne pas garder des personnages inactifs ou inutiles, penser au jeu répétitif : une action, une phrase, un mot magique ou un élément magique qui donne une clé du spectacle ou du dénouement,
– apprendre à tenir compte de l’autre : spectateur et autre manipulateur,
– savoir improviser en cas de défection technique,
– travailler l’éclairage et la sonorisation.
Voir l’article d’Evelyne SCHALLER « Marionnettes et expression des sentiments »