Point KT

La mort de Jésus selon Luc

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Analyse historique : Comment je peux tenir compte, dans ma lecture du texte biblique, de l’événement historique et, toujours du point de vue historique, de la situation de l’auteur et des destinataires du texte. Exemple avec la mort de Jésus. 

Les héritiers de Paul racontent la mort de Jésus

La mort de Jésus de Nazareth est, sans aucun doute, un fait historique. Il fut crucifié sous l’autorité du gouverneur romain Ponce Pilate. Néanmoins l’époque, plus tardive, où l’évangéliste Luc a rédigé son récit influence également le texte biblique.

L’évangile de Luc est issu des milieux pauliniens. Cette analyse historique tient compte de deux niveaux :
– celui de l’époque où l’évangéliste a rédigé son texte.

– celui des évènements racontés.

Situation historique au temps de Luc

En 70 de notre ère, les troupes romaines achèvent de mater la révolte des juifs déclenchée en 66. Ils prennent Jérusalem et détruisent le Temple. Pour le judaïsme, centré sur la vie autour du lieu saint, c’est une catastrophe. Les Romains autorisent des pharisiens à ouvrir une école théologique pour reconstruire le judaïsme, évitant ainsi sa disparition. Mais les groupes dissidents, à commencer par les disciples de Jean-Baptiste et les chrétiens, ont dû quitter les synagogues.

 

Les communautés issues de la prédication de l’apôtre Paul sont déjà en marge du judaïsme. Elles veulent affirmer leur légitimité et prouver que le ministère de Jésus et des disciples s’enracine dans la tradition biblique d’Israël, c’est-à-dire l’Ancien Testament dans sa version grecque {yootooltip title=[(Septante)]}Lorsque Luc rédige son évangile, le grec est la langue de la culture et du commerce. L´Écriture sainte des juifs étant composée à l´origine en hébreu, il fallait la traduire en grec pour permettre à un maximum de personnes de la comprendre. Elle est nommée « Septante » car selon une légende, soixante douze savants (6 par tribus de l´ancien Israël) auraient mis soixante douze jours à faire cette traduction et seraient arrivés à un texte unanime. Les versions grecque et hébraïque divergent parfois. Luc, comme l´apôtre Paul avant lui, se basent sur la version grecque.{/yootooltip}  Largement ouvertes aux non-juifs, elles demandent aux juifs de choisir entre la synagogue, dominée par les pharisiens, et le christianisme naissant.
 
  

Le plan du texte

Le découpage peut se faire d’après les trois paroles de Jésus.
1. Jésus est mis sur la croix
Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.
2 Deux malfaiteurs parlent à Jésus
En vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.
3. Jésus meurt
Père, je remets ma vie entre tes mains.

 La dernière parole de Jésus s’adresse à Dieu en lui disant « Père  » exactement comme lors de sa première parole (Luc 2, 49).

Jésus est cloué sur une croix

 

Luc 23, 33 à 49
(traduction en français fondamental)
Eléments historiques relatifs à l’époque où Jésus est crucifié
Ils arrivent à l’endroit appelé « le crâne ». Là, les soldats clouent Jésus sur une croix. lis clouent aussi les deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Jésus dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Les soldats tirent au sort pour savoir qui aura ses vêtements. Puis, ils les partagent entre eux. Le peuple est là et il regarde. Croix
Instrument de supplice cruel
car le condamné meurt lentement
d’asphyxie.
Seuls les Romains crucifient.
Jésus a été condamné par les Romains.
Les chefs des juifs se moquent de Jésus en disant : « Il a sauvé les autres. Eh bien, il n’a qu’à se sauver lui-même, s’il est vrai¬ment le Messie, celui que Dieu a choisi ! » Les soldats aussi se moquent de Jésus. Ils s’approchent de lui et lui offrent du vinaigre en disant : « Si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même ! » Au-dessus de Jésus, on a mis une pancarte avec ces mots : « C’est le roi des juifs. » Pancarte
L’inscription INRI figurant sur la
représentation de la croix s’inspire de l’évangile de Jean :
Iesus Nazarenus Rex Iudaecrum
(Jésus de Nazareth Roi des juifs).
Elle désigne une condamnation
plus politique que religieuse.

 

 

Deux malfaiteurs parlent à Jésus

 

Un des bandits cloués sur une croix insulte Jésus en disant : « Tu dis que tu es le Messie. Alors sauve-toi toi-même et sauve-nous aussi! » Mais le deuxième bandit fait des repro¬ches au premier en lui disant : « Tu es condamné à mort comme cet homme, et tu ne respectes même pas Dieu. Pour toi et moi, la punition est juste. Oui, nous l’avons bien méri¬tée, mais lui, il n’a rien fait de mal ! » Ensuite il dit à Jésus « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi. » Jésus lui répond: « Je te le dis, c’est la vérité: aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. »   Bandits
Les romains 
crucifient souvent
beaucoup de personnes en même
temps.

 

Jésus meurt

 

Quand il est presque midi, le soleil s’arrête de briller. Dans tout le pays, il fait nuit jusqu’à trois heures de l’après-midi. Le rideau qui est dans le Temple se déchire au milieu, en deux morceaux. Jésus pousse un grand cri, il dit : « Père, je remets ma vie dans tes mains. » Et après qu’il a dit cela, il meurt. L’officier romain voit ce qui est arrivé, et il dit : « Gloire à Dieu ! Vraiment, cet homme était un juste ! » Beaucoup de gens sont venus pour voir ce spectacle. Ils voient ce qui est arrivé. Alors, tous rentrent chez eux; pleins de tristesse. Tous les amis de Jésus et les femmes qui l’ont accompagné depuis la Galilée se tiennent assez loin. lis regardent ce qui se passe.   Rideau
Il isole le Saint des Saints. Seul le grand prêtre a le droit d’y pénétrer une fois par an. Lorsque Luc écrit, le Temple est détruit, mais Pour lui ceci n’est pas une catastrophe :
depuis la mort de Jésus, le bâtiment sacré n’est plus nécessaire pour vivre avec Dieu.

 

 

Influence d’une situation historique

 

Les problèmes des lecteurs de Luc : comment le crucifié peut-il être Dieu ?
Pour expliquer l’échec terrestre du ministère de Jésus, le rédacteur de l’évangile de Luc, issu de ces milieux, présente Jésus en martyr injustement condamné comme le fut jadis le serviteur souffrant décrit par le prophète Ésaïe.

Dans chaque partie, l’évangéliste place un témoignage prouvant le martyr injuste de Jésus. II prend soin de montrer qu’il existe des païens hostiles (v. 36-37, 1e partie) et des païens ouverts (v. 47, 3e partie). Les chefs méprisent Jésus et le peuple reste à convaincre (v. 35c, 1e partie). Le peuple pourrait se montrer favorable à Jésus et les amis du Seigneur le suivent jusqu’au bout (v. 48 et 49, 3e partie).

La seconde partie du texte biblique présente clairement le dilemme :
– soit se moquer de la croix comme les personnages de la première partie et le premier bandit.

– soit reconnaître le Christ comme les personnages de la seconde partie et le second bandit.

Pour les lecteurs de Luc, c’est l’heure du choix

Partie 1   

Les soldats tirent au sort
Le peuple regarde : respect
La victime de l’injustice pardonne

CHOIX
Rire de la folie de la croix ou se convertir ? 
Indétermination: indiférence des soldats et respect, sans plus, du peuple
Partie 2

Les soldats se moquent
Dérision d’un des brigands
Reproche du deuxième brigand
La victime de l’injustice reconnue par le témoignage des brigands
Demande du brigand à Jésus
La conversion entraîne l’entrée immédiate 
dans le Royaume

CHOIX
Rire de la folie de la croix ou se convertir ?    
Moitié/moitié : un brigant se convertit l’autre non.

Partie 3

Les éléments cosmiques se manifestent
Le temple connaît un ébranlement
La victime de l’injustice reconnue par le témoignage de l’autorité
L’officier païen s’ouvre au message de Jésus(contrairement aux soldats)

CHOIX
Rire de la folie de la croix ou se convertir ?  
Le choix est clair : les éléments cosmiques et l’autorité choisissent la conversion.  

Dossier préparé par Claude Demissy et Évelyne Schaller / PointKT n° 45 mars-avril-mai 2004

Introduction à la théologie de la création

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Cet article n’a pas la prétention  de présenter toute la théologie de la création.

Il s’agit plutôt d’un inventaire des textes bibliques sur lesquels s’est construite cette théologie et d’une présentation de ses principaux concepts.

I) LES RÉCITS DE LA CRÉATION

 

1. Les deux premiers récits de création
Les premiers chapitres de la Genèse présentent deux récits de la création.
Dans le récit de Genèse 1, le cadre cosmique est créé avec en son centre la création de l’homme. Il s’agit d’une vision apaisée de la création où les combats divins sont absents. La création se fait par la parole. Dieu dit et les choses se font. Dieu ne crée pas à partir de rien mais à partir d’un tohu-bohu. Il sépare lumière et ténèbres, les eaux d’en haut et les eaux d’en bas. La création se fait par la séparation. Les trois premiers jours, il crée un ordre contre le chaos, ordre qui garantit la vie. Les rois autres jours, il crée l’homme et le vivant.
La création est bien différente de Dieu. Elle n’est pas d’essence divine mais bonne et bénie de Dieu. L’homme est le seul à être créé à l’image de Dieu et à recevoir une fonction (dominer les animaux). La domination de l’homme est accompagnée de limitations et de responsabilités à l’égard de la création.
Le récit de Genèse 2 et 3 est très différent. Ici, Dieu apparaît comme un potier qui façonne l’homme avec de l’argile. Le cadre n’est pas cosmique, mais celui d’un jardin appelé paradis. Les sexes sont différenciés tandis que dans Genèse 1, mâle et femelle, il les créa. Le récit de Genèse 2-3 se présente comme une histoire avec une intrigue.
2. Le déluge, un récit de dé-création
Le récit du déluge met en contraste le monde projeté par Dieu et le monde réel, une Terre corrompue et remplie de violence. Or la violence est retour au chaos. Dieu en tire les conclusions et souhaite effacer sa création. Le déluge est retour à un chaos primordial. Le premier acte créateur ne fut-il pas de séparer les eaux ?
Le déluge est jugement de Dieu par lequel il confronte les humains à leurs actes et non châtiment. Il n’est pas une simple catastrophe naturelle qui ne dit rien, mais souligne le destin commun de l’humanité. Le récit du déluge nous appelle à plus de lucidité et de responsabilité vis-à-vis de la création. Noé en faisant entrer dans l’arche un couple de chaque espèce, rappelle la responsabilité de l’homme à l’égard de la création.
3. Des récits isolés
Le passage de 2 Maccabées 7,28 (Regarde le ciel et la terre, contemple tout ce qui est en eux et reconnais que Dieu les a créés de rien.), a servi à défendre l’idée de création ex nihilo. D’autres textes font la louange de la création et du Dieu créateur comme les psaumes 33 et 136.
Certains récits bibliques rappellent le combat de Dieu pour sa création contre le retour du chaos primordial, comme en Job 38-42 ou dans le psaume 74.
En Proverbe 8, la sagesse préside à la création.
En Colossiens 1,15-20, le Christ inaugure une nouvelle création.

 

 
II) LES PRINCIPAUX CONCEPTS DE LA THÉOLOGIE DE LA CRÉATION

1. La creatio ad extra
La création est un pur don de Dieu en dehors de lui-même (en latin ad extra). Dieu crée en se retirant. La théologie de la création a « démythologisé » le monde. Dieu n’est plus dans les sources, les arbres et autres éléments de la nature. Le monde créé n’est pas Dieu. La distance entre Dieu et sa création évite le panthéisme, fonde pour l’homme la possibilité d’être libre et autonome et rend possible la relation entre Dieu et sa créature.

2. Dieu, causa causarum
L’action de Dieu ne doit pas être identifiée à une cause physique mais comme causa causarum, c’est-à-dire comme la cause des causes. Cela signifie qu’au-delà d’une cause identifiable par la raison, il y a une cause
qui nous est inaccessible et primordiale.

3. La creatio ex nihilo
La création ex nihilo ne peut être pensée, car la création du monde se fait alors avec la création du temps. La première conséquence est que l’on ne peut se représenter un avant la création ! La seconde conséquence est que la création du temps place la créature dans un monde corruptible et changeant. La creatio ex nihilo contredit la création à partir d’une matière préexistante comme dans le livre de la Genèse. La création comme mise en ordre du chaos, présuppose l’existence d’un avant la création, ce qui est inconcevable dans le cadre de la création ex nihilo.
4. La creatio continua
La théologie chrétienne distingue la création originelle, la création continuée et la création accomplie dans le royaume. La creatio continua est conservation de l’univers. Dieu n’abandonne pas sa création mais reste présent à travers sa providence. Le Dieu créateur continue à soutenir sa création, en particulier face au chaos qui menace toujours.

5. Le Christ cosmique
L’hymne au Christ de l’épître de Paul aux Colossiens a fortement influencé la théologie du Christ cosmique. Ce Christ cosmique dépasse le Christ historique. Il est le premier né et le fondement de toute la création. Aujourd’hui, il est le médiateur de la création. Il anime et vivifie le monde. Il annonce aussi, par sa résurrection, la création nouvelle, celle du royaume de Dieu.

 

Jésus prie avant de mourir

Image La prière de Jésus avant son arrestation, Marc 14.32 à 41

Ce soir, après le repas, Jésus va dans le jardin de Gethsémané pour prier. Funeste erreur. Judas connaît l’endroit et va s’y rendre également avec une troupe. Jésus vit ses derniers instants de liberté et … il a peur. 

Selon les évangiles de Matthieu, Marc et Luc, Jésus est allé prier dans le jardin de Gethsémané. La troupe emmenée par Juda le trouvera là et l’arrêtera. L’évangéliste Jean confirme sans rapporter cependant les paroles formulées par Jésus à ce moment dramatique. Seuls les trois premiers évangélistes détaillent cet épisode. Nous utiliserons comme fil conducteur le récit de Marc.

 

1. Le récit de Marc en trois espaces et à trois temps

Le récit tout entier est fortement stylisé. Le découpage en trois espaces et trois temps le montre. Jésus vit ses derniers instants de liberté. Juste avant ce récit il se sépare petit à petit de la foule (Marc 14.1 à 17). Jésus n’est plus qu’avec les douze (Marc 14.17). Le processus de séparation se poursuit ensuite car Jésus annonce la trahison de Juda et le reniement de Pierre (Marc 14.17 à 31). Enfin dans notre récit il s’achève : en trois aller/retour, Marc montre la solitude de Jésus.

Premier aller/retour et définition des trois lieux :
Jésus et le groupe des douze,
plus loin Jésus et les trois intimes,
encore plus loin, Jésus seul avec Dieu.

Situation de départ : « Jésus et les douze », le grand groupe

Ensuite ils vont à un endroit appelé Gethsémané. Jésus dit à ses disciples : « {yootooltip title=[Asseyez-vous ici]}L´expression marque bien la séparation entre la plupart des douze et jésus{/yootooltip} pendant que je vais prier. » Il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Il commence à être inquiet et très effrayé,  et il leur dit : « Mon cœur est triste à en mourir. Restez ici, ne dormez pas.

Situation d’arrivée : « Jésus et les trois »

 Pierre, Jacques
et Jean

 Pierre, Jacques et Jean constituent, chez Marc, un groupe de disciples particulièrement proches de Jésus. L’évangéliste mentionne ce groupe à chaque fois qu’il veut souligner un moment important de la vie de Jésus.
Marc 5.37 : Jésus va guérir la fille du chef de la synagogue et demande aux quelques témoins de ne rien dire à personne (Marc 5.43). Ici les trois ne sont pas tout à fait seuls avec Jésus.
Marc 9.2 : Jésus prend avec lui les trois disciples et va sur une haute montagne, loin des gens. Là, ils sont seuls avec lui. Suit le récit de la transfiguration de Jésus. Ici ils entourent Jésus, et discutent avec lui.
Un autre épisode montre l’importance des trois disciples au  chapitre 13. Mais ici Jean est également avec eux. Jésus explique aux quatre les souffrances à venir et le retour du Fils de l’Homme.

Situation de départ : « Jésus et les trois »

Il va un peu plus loin. Il se jette à terre et il demande à Dieu d’éloigner ce moment de souffrance, si c’est possible ! {yootooltip title=[Il dit]}Pour la première fois Marc livre le contenu d’une prière de Jésus.{/yootooltip} : « {yootooltip title=[Abba]}Mot araméen : Signifie Père dans la langue de Jésus. Marc n’utilise ce mot qu’ici et ajoute sa traduction en Grec. Les lecteurs de Marc ne comprennent pas l’araméen. Marc garde l’expression en araméen, signe du respect avec lequel sa communauté sauvegarde le souvenir de la manière dont Jésus s’adressait à Dieu.{/yootooltip}, Père, pour toi tout est possible. {yootooltip title=[Eloigne de moi cette coupe de souffrance !]} text= »Jésus est pleinement « homme », car, comme tout homme, il cherche à éviter la mort. Contraste : c’est la première fois, selon Marc, qu’il appelle Dieu « Père ». »{/yootooltip} Pourtant, ne fais pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »

Situation d’arrivée : « Jésus seul » 

Second aller/retour

Jésus revient vers les trois disciples et les trouve endormis. {yootooltip title=[Il dit à Pierre]}Marc ne rapportera plus ce que prie Jésus (il dit simplement qu’il fait la même prière) mais détaille davantage les reproches qu’il fait à ses disciples.{/yootooltip} : « Simon, tu dors ? Tu n’as pas eu la force de rester éveillé, même pendant une heure ? Restez éveillés et priez pour pouvoir résister quand l’esprit du mal vous  tentera. Vous désirez faire le bien, mais vous n’avez pas la force de résister au mal.» Jésus s’éloigne encore et il fait la même prière. Il revient vers les trois disciples et il les trouve endormis. {yootooltip title=[lls ne peuvent garder leurs yeux ouverts]}Le sommeil des disciples: Il semble insurmontable et fait écho à la mort de Jésus qu’il aimerait surmonter mais qui est, elle aussi, insurmontable{/yootooltip} et ils ne savent pas quoi lui dire.

Troisième aller retour

Une troisième fois, Jésus s’éloigne et il revient. Il dit à ses disciples : « Vous dormez encore et vous vous reposez ? C’est fini ! C’est le moment ! Le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs ! Levez-vous, allons ! Voyez, l’homme qui me livre est arrivé ! »

L’évangéliste montre clairement le processus qui amène à la solitude de Jésus dans la mort. Il dépeint Jésus comme étant pleinement humain puisqu’il est angoissé par sa fin comme le serait n’importe quel être humain à sa place. Il choisit cependant cet instant pour montrer à quel point Jésus est proche de Dieu, car Jésus appelle Dieu « Père » pour la première fois dans le récit de l’évangéliste.

Le récit est traversé par une autre dualité : celle qui se trouve en tout être humain. « Vous désirez faire le bien mais vous n’avez pas la force de résister au mal », s’écrie Jésus. L’évangéliste est sans doute influencé par des milieux juifs de l’époque, peut être esséniens. Selon ce courant de pensée Dieu a mis en l’homme un esprit orienté vers le bien mais il est en même temps soumis au pouvoir du mal. Il est dans sa totalité écartelé entre ces deux puissances. Il ne s’agit pas d’une séparation en deux parties, corps opposé à esprit, comme dans la pensée grecque.

 

 2. Les récits de Matthieu et Luc 

L’évangéliste Matthieu reprend les trois points forts de Marc :
– Jésus se retrouve de plus en plus isolé au fur et à mesure qu’il avance vers sa mort ;
– Jésus, alors qu’il appelle Dieu « Mon Père », est angoissé par l’épreuve à venir comme le serait tout être humain ;
– Jésus reprend le discours de certains cercles du judaïsme de son temps : « Vous désirez faire le bien, mais vous n’avez pas la force de résister au mal. »

Matthieu cependant donne plus de détails sur le texte de la prière prononcé par Jésus. Selon Matthieu et contrairement à Marc, la seconde prière diffère de la première puisque Jésus y exprime avant tout son obéissance à la volonté de Dieu. Comme Marc, avec le jeu des trois espaces et des trois temps, Matthieu met en scène l’isolement progressif de Jésus dans la souffrance. Il ajoute une dimension supplémentaire : l’obéissance de Jésus à la volonté de son Père. De ce fait la fin dramatique de Jésus est lié à l’accomplissement de sa mission bien davantage qu’elle ne découle du destin tragique d’un humain aux prises avec des forces hostiles qui le dépassent.

Luc ne dramatise pas son récit de la même manière que Marc et Matthieu. Luc centre sont récit sur la souffrance et l’angoisse de Jésus et surtout sur l’aide qu’il reçoit du ciel sous la forme d’un ange. L’épisode rappelle le découragement du prophète Elie réconforté par un ange (1 Roi 19.4 à 8). Le récit est entouré par les deux exhortations à prier pour ne pas tomber dans la tentation (versets 40 et 46).
Le plan est clair :
Exhortation à ne pas tomber dans la tentation.
Expression de l’angoisse de Jésus par le recours à des paroles au style direct.
Aide de l’ange.
Expression de l’angoisse de Jésus par le descriptif de son attitude.
Exhortation à ne pas tomber dans la tentation.

Luc veut exhorter ses lecteurs à la vigilance tout en annonçant « l’aide du ciel » dans les moments difficiles. Il met moins en valeur la solitude de Jésus. Il excuse les disciples en écrivant qu’ils dorment  « de tristesse », ce qui atténue également l’effet de solitude de Jésus.

 

 

 © Claude DEMISSY, Service de la catéchèse des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, 2006.

 

La double fin de la saga de Joseph

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 La fin d’une saga pleine de rebondissements, Genèse 50. 15 à 21

La genèse se  termine par une saga pleine de rebondissements narrant les aventures de Joseph. Derrière cette histoire dont l’origine est très ancienne se cache un message existentiel fondamental : Dieu peut transformer le mal en bien. L’humain peut participer à cette transformation en sachant pardonner le mal commis. Le cycle de Joseph est sans doute l’ensemble le mieux adapté à une approche narrative de l’Ancien Testament.

1. Introduction au cycle de Joseph
Pour bien différencier les analyses historique et littéraire de la Bible.

2. La fin de la saga de Joseph
Pour voir comment l’art de la répétition met en valeur le message essentiel.

3. Résumé de la saga de Joseph
Pour situer le texte dans l’ensemble de l’œuvre.

4. La fiction : porteuse de vérité
Pour distinguer une vérité existentielle d’une simple vérité historique.

5. Une bibliographie
Pour aller plus loin dans la compréhension du cycle de Joseph, de la Genèse et du pentateuque.

1. Introduction à la saga de Joseph
Pour bien différencier les analyses historique et littéraire de la Bible.

Commençons par l’analyse historique. Les historiens peuvent reconstituer trois étapes dans la constitution du roman de Joseph. Sa création proprement dite, remonte sans doute à la période orale, et nous est inconnue. Ensuite les savants peuvent identifier deux traditions écrites.

L’une s’est constituée vers le XIe siècle avant l’ère chrétienne, sans doute à la cour des rois {yootooltip title=[David ou Salomon]}Ils règnent sur un territoire correspondant à la Palestine actuelle, avec Jérusalem pour capitale. Ce royaume éclate après la mort de Salomon, en 933 avant l’ère chrétienne. Jérusalem reste la capitale du royaume du Sud.{/yootooltip}.

L’autre, est rédigée un peu plus tard, dans le {yootooltip title=[royaume du Nord]}Samarie devient la capitale du royaume du Nord après la mort de Salomon, en 933 avant l´ère chrétienne et une tradition littéraire indépendante de Jérusalem s´y développe.{/yootooltip}.

Ces deux récits sont fusionnés par la suite et, vers les VIe-Ve siècles avant l’ère chrétienne, ils acquièrent une forme proche de celle que nous connaissons actuellement.

a. Un lien entre les patriarches et Moïse 

Ce récit romanesque explique les raisons pour lesquelles des Hébreux se trouvaient en Egypte à l’époque de Moïse. En effet, la Genèse commence par les récits symboliques sur l’origine du monde (Chapitres 1 à 11), puis par l’histoire des patriarches (Abraham, Isaac et Jacob). Le récit de l’Exode débute lorsque le peuple est esclave en Egypte. Le roman de Joseph, clôturant la Genèse, permet de faire la liaison entre les patriarches et Moïse.

 
Ainsi l’analyse historique reconstitue les étapes de la création du récit et  les raisons pour lesquelles il a été retenu et inséré à cet endroit.

b. Dieu change le mal en bien

L’étude littéraire, quant à elle, permet de comprendre le message central du livre, tel qu’il peut encore parler à nos contemporains. Les derniers versets du roman en donnent, en effet, la clef théologique : « Dieu peut changer le mal en bien ». Au delà de la réalité historique, le roman exprime cette vérité philosophique à caractère universel. Son intrigue se déroule depuis le complot des frères, jusqu’au pardon final. Des épisodes dramatiques tiennent l’attention en suspens. Ils culminent dans la grande scène où Joseph se fait connaître (Gen. 45). Toutes ces péripéties concourent à énoncer un message essentiel : grâce à Dieu, les (més)aventures humaines suscitent un mûrissement progressif des protagonistes, permettant au bien de triompher du mal, après un long processus d’évolution.

c. Une épreuve qui ouvre les yeux 

Au début du roman (Gen. 37.5 à 8) Joseph excite la jalousie de ses frères. Il leur annonce les avoir vu dans un rêve où ils s’inclinaient devant lui. Joseph n’a que dix-sept ans et sans doute avait-il effectivement ce désir de les dominer. Son rêve se réalise vingt deux ans plus tard, mais pour Joseph, cela n’a plus d’importance. Sa vie n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était deux décennies plus tôt, lorsqu’il vivait dans sa famille. Il pardonne à  ses frères car il ne désire plus la prééminence sur la fratrie, mais l’harmonie dans la famille. Les frères, quand à eux, comprennent la gravité de leur méfait. L’épreuve qu’ils ont subie leur a ouvert les yeux. Tous les personnages sont donc transformés. Les épreuves et les multiples rebondissements ont servi le dessin de Dieu : permettre aux personnages d’évoluer vers une meilleure vision de la vie.

2. La double fin
(Genèse 50.15 à 21)
Pour voir comment l’art de la répétition met en valeur le message essentiel.

Nous utilisons la traduction de la {yootooltip title=[T.O.B.]}Edition intégrale, Ancien Testament, Les Editions du Cerf, Les Bergers et les Mages, Paris, 1979. » title= »Traduction Oecuménique de la Bible »{/yootooltip}  Elle rend bien la double fin. Certaines traductions atténuent en effet le doublon ne respectant pas ainsi la structure littéraire du texte.

Voyant que leur père était mort, les frères de Joseph se dirent : « Si Joseph allait nous  traiter en ennemis et nous rendre tout le mal que nous lui avons causé. » Ils demandèrent à Joseph : « Ton père a donné cet ordre avant sa mort : Vous parlerez ainsi à Joseph : ‘De grâce pardonne le forfait et la faute de tes frères. Certes, ils t’on causé bien du mal mais, de grâce, pardonne maintenant le forfait des serviteurs du Dieu de ton père’ ». Quand ils lui parlèrent ainsi, {yootooltip title=[Joseph pleura.]}Ils ponctuent les moments importants du roman : lors de la première rencontre en Egypte (42.24), lorsqu’il revoit Benjamin (43.30) et lorsqu’il se fait reconnaître à ses frères (45.2).{/yootooltip}

Ici les frères invoquent l’autorité de leur père pour demander pardon. Ils reprennent le discours de Juda du chapitre 44, où il avait pris conscience du mal commis en privant le père de son fils Joseph. La demande de pardon est liée à la compréhension de l’ampleur du préjudice commis.

. Transformer le mal en bien

Alors que les frères se sont déjà entretenus avec Joseph le rédacteur indique qu’ils vont le voir. Certains estiment que le rédacteur final n’a pas su harmoniser les deux récits par maladresse. D’autres pensent qu’il a voulu respecter les deux traditions (voir Le roman de Joseph) et les reproduire tel quel. Les exégètes pratiquant l’étude littéraire préfère voir dans cette juxtaposition un message du rédacteur : les humains et les faits sont complexes et souvent ambigus. Tout personnage possède une profondeur empêchant d’anticiper « à coup sûr » ses réactions. Tout événement peut être interprété de plusieurs manières. Il ne peut, ni ne doit y avoir d’explication unilatérale des destinées humaines.

Ses frères allèrent d’eux-mêmes se jeter devant lui et dirent : « Nous voici tes esclaves ! » Joseph leur répondit « : «  Ne craignez point. Suis-je en effet à la place de Dieu ? Vous avez voulu me faire du mal, Dieu a voulu en faire du bien : conserver la vie à un peuple nombreux comme cela se réalise aujourd’hui. Désormais, ne craignez pas, je pourvoirai à votre subsistance et à celle de vos enfants. » Il les réconforta et leur parla cœur à cœur.

Ce passage reprend le discours de Joseph du chapitre 45, versets 4 à 8. Les répétitions constituent un procédé littéraire très important dans la littérature biblique. Souvent de légères différences sont voulues par le rédacteur. Les détecter permet de mieux saisir {yootooltip title=[le projet de l’écrivain.]Ici Joseph indique la réalisation de la prévision faite en 45.7 (permettre à beaucoup d’entre vous d’en réchapper). Nuance importante : ce « beaucoup d’entre vous » est devenu « conserver la vie d’un peuple nombreux ». »}  Il rappelle le message déjà exprimé au chapitre 45. Dieu transforme le mal en bien. Sans le mal commis contre Joseph, ce dernier n’aurait pas pu faire carrière en Egypte, et permettre finalement, à sa famille d’échapper à la famine. Au verset 19 Joseph dit clairement qu’il interprète les faits comme relevant de la volonté de Dieu. Dans le discours du chapitre 45 il avait précisé « ne soyez pas tourmentés de m’avoir vendu ici, car c’est Dieu qui m’y a envoyé avant vous pour vous conserver la vie » (45.5). Ainsi Joseph pardonne totalement à ses frères en leur ôtant toute responsabilité dans le forfait commis jadis. Au contraire, ils agissaient pour le bien de tous !

Ce roman veux montrer comment Dieu peut changer un mal en bien, mais cette transformation n’est possible que grâce à la repentance et au pardon. 

3. L’histoire de Joseph
Pour situer le texte dans l’ensemble de l’œuvre. 

 

Chapitre 37
Versets l à 11 : Joseph fait deux songes qui lui annoncent son futur règne. Ses frères sont jaloux.
v.12-36 : Ses frères se vengent en le jetant dans une fosse; il est récupéré par une caravane, emmené en Egypte, vendu comme esclave à Potiphar.
Chapitre 38
Récit avec Juda un des frères de Joseph et Tamar, veuve des fils de Juda.
Chapitre 39
v.1-6 : Joseph est élevé au rang de majordome.
v.7-20 : La femme de Potiphar accuse Joseph d’avoir voulu abuser d’elle. Joseph est emprisonné.
Chapitre 40
Joseph interprète les songes de l’échanson et du panetier emprisonnés avec lui. L’échanson, libéré, promet de défendre la cause de Joseph, mais Joseph reste en prison.
Chapitre 41
v.1-36 : Joseph est amené auprès de Pharaon afin qu’il interprète ses songes.
v.37-57 : Joseph est rétabli dans sa charge de majordome. La famine est gérée selon sa
proposition. Il se marie avec une égyptienne.
Chapitre 42
v.1-5 : Les israélites doivent venir se ravitailler en Egypte.
v.6-24 :Première rencontre entre Joseph et ses frères; il exige la venue de Benjamin en gardant Siméon en otage.
v.25-38 :Les frères reviennent en Canaan, trouvent l’argent dans les sacs; Jacob refuse de
laisser partir Benjamin.
Chapitre 43
v.1-15 : La famine s’aggrave; Jacob accepte le départ de Benjamin.
v.16-34 : Seconde rencontre: un repas est servi aux frères chez Joseph.
Chapitres 44 et 45
Benjamin est accusé de vol d’argenterie. Joseph se fait reconnaître. Demande de faire venir son père. Retour des frères en Canaan.
Chapitres 46 et 47
Retrouvailles familiales. Avec l’accord de Pharaon, le clan s’installe dans la région de Goshen.

 

 .  La victoire contre le serpent

La fin du roman de Joseph expose la victoire contre le serpent de Genèse 3. Dieu avait annoncé que les descendants d’Eve écraseront la tête du serpent (Gen. 3.15). C’est chose faite lorsque Jacob annonce à ses frères que Dieu a transformé le mal en bien (Gen 50.20). A l’origine le serpent tourne le bien en mal. Lorsqu’il apparaît (Gen. 3.1) il utilise la parole de vie de Dieu (Gen. 2.16 et 17) pour écarter l’humain de la vie en l’amenant à se plier à la logique « animale » {yootooltip title=[de l’envie et de la convoitise.]}Selon André WENIN : « Lire la Genèse comme un récit. Quelques clefs. « , dans : Daniel MARGUERAT (sous la direction de), Quand la Bible se raconte, Editions du Cerf, Paris, 2003, page 46. » {/yootooltip}La fin de la Genèse montre comment Joseph parvient à maîtriser la part d’animalité tapie aux profondeur de l’humanité en rendant le bien pour le mal, au lieu de rendre le mal pour le mal. C’est l’interprétation centrale de la genèse proposée par André WENIN. Renoncer à la maîtrise de tout, consentir aux limites, tel semble bien être, dans la genèse, la voie  de ceux que Dieu élit pour {yootooltip title=[être porteurs de sa bénédiction.]}André WENIN : « Lire la Genèse comme un récit… », page 47.{/yootooltip} Il s’agit de l’anti-dote du poison du désir de « tout savoir », décrit dans Genèse 2.17, où « le fruit défendu » c’est celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Le roman présente une intrigue qui se déroule depuis le complot des frères, jusqu’au pardon final, et des épisodes dramatiques qui tiennent l’attention en suspens et culminent dans la grande scène où Joseph se fait connaître (Gen. 45). Il présente une analogie avec les sagas islandaises où un héros jalousé par ses frères doit s’exiler, réussit dans son pays d’adoption et revient riche pour devenir le bienfaiteur de ceux qui {yootooltip title=[l’avaient rejeté.]} »Culture Biblique, Presses Universitaires de France, Paris, 2001, page 124. » {/yootooltip}

Nous apprenons par la fiction.

4. La fiction porteuse de vérité
Pour distinguer une vérité existentielle d’une simple vérité historique.
Une vérité historique n’a d’intérêt que si elle devient une vérité existentielle.
Une vérité historique relate des faits. La vie de nomades sémites au second millénaire avant l’ère chrétienne ressemblait sans nul doute à ce qui est décrit dans le roman de Joseph. Mais la vie « historique » de Joseph n’a en soit guère d’intérêt. Des milliers d’hommes et de femmes ont vécu à cette époque toutes sortes d’aventures sans doute passionnantes. Mais la Bible est un témoignage de foi. Les faits bruts doivent s’effacer car c’est leur sens pour la foi qui doit être mis en valeur. De ce point de vue, seule la fiction peut donner à des faits une valeur universelle. En effet toute vie concrète est trop datée dans l’espace et dans le temps pour acquérir une valeur universelle. Seule la fiction peut rendre compte de vérités aussi complexes que la relation entre Dieu et les humains.

C’est ce qu’exprime avec brio {yootooltip title=[Robert ALTER]} »L’art du récit biblique, Traduit de langlais par Paul LEBEAU et Jean Pierre SONNET, Editons Lessius, Collection : Le livre et le rouleau, Bruxelles, 1999, 265 pages. Nous reproduisons des extraits des pages 238 et 239. »{/yootooltip} lorsqu’il écrit « La fiction sert de loupe à l’écrivain biblique ».

. La fiction sert de loupe 

« Que signifie exister lorsque l’existence est à ce point partagée ? Capable d’aimer son frère par intermittence, l’homme peut, davantage encore, le haïr ; il est à même d’éprouver du ressentiment, voire du mépris à l’égard de son père, mais aussi de lui témoigner le plus profond respect final ; d’osciller entre une ignorance désastreuse et une connaissance imparfaite ; d’affirmer farouchement sa liberté, mais aussi de se reconnaître inséré dans une trame d’événements qui est l’œuvre de Dieu ; d’apparaître extérieurement comme un « caractère » bien défini, et d’être agité intérieurement par des courants tourbillonnants de cupidité, d’ambition, de jalousie, de lascivité, de piété, de courage, de compassion, et de combien d’autres choses encore. La fiction sert de loupe à l’écrivain biblique, elle lui permet de percevoir et de faire percevoir de manière plus nette les paradoxes sans fond de la condition créée de l’homme.

. Penser la réalité humaine

Ceci explique pourquoi les anciens récits hébraïques nous donnent aujourd’hui encore une telle impression de vie, et pourquoi il vaut la peine d’apprendre à les lire en tant qu’œuvres d’art littéraire. Ce fut un défi de penser la réalité humaine à la lumière, radicalement nouvelle, de la révélation monothéiste. L’imagination fictionnelle en disposant d’une gamme étendue de procédés narratifs, soulignant tantôt la complexité des choses et tantôt leur unité, a ouvert une voie en ce sens, précieuse entre toutes. En recourant à la fiction, en effet, les auteurs de la Bible ont légué à notre tradition culturelle un lieu indépassable d’intelligence des voies de l’esprit humain. Et c’est en nous efforçant de mieux comprendre la singularité de l’art de ces auteurs que nous parviendrons à mieux entrer dans celle de leur vision.

Sur la question de la vérité de la fiction dans un document pédagogique, voir Sophie ZENZ-AMEDRO, Jonas, un conte philosophique et humoristique, Paris, SED, 2002, Dossier du catéchète et livre catéchumène.

5. Une bibliographie
Pour aller plus loin dans la compréhension du cycle de Joseph, de la Genèse et du pentateuque.

Etude historique :
En bref : Bernard GILLIERON, La Bible n’est pas tombée du ciel, l’étonnante histoire de sa naissance, Editions du Moulin, Aubonne, 1988, pages 17 à 38 ; Daniel BACH, L’Ancien Testament dans tous ses états, Editions du Moulin, Poliez-le-Grand, 1997, pages 20 à 23.
Plus copieux : Henri CAZELLES (sous la direction de), Introduction à la Bible, édition nouvelle, Tome II, Introduction critique à l’Ancien Testament, Desclée, Paris, 1973. Cette étude présente une analyse historique de la Genèse pages 177 à 204 pour le récit du XIè siècle, pages 206 à 215 pour le récit du Royaume du nord et pages 223 à 237 pour la forme actuelle. Pour la chronologie de l’histoire biblique il suffit de se reporter au tableau figurant à la fin du tome 1 de la Traduction Œcuménique de la Bible, édition intégrale, Editions du Cerf et Edition Les bergers et les mages, Paris, 1975,  .

Etude littéraire
Olivier MILLET et Philippe de ROBERT, Culture Biblique, Presses Universitaires de France, Paris, 2001. Les auteurs présentent le cycle de Joseph comme un « récit romanesque » et le comparent aux sagas, page 124 et 125.
A notre connaissance il n’existe pas actuellement d’étude littéraire du roman de Joseph. L’étude littéraire de la Bible ne se développe en effet que depuis une vingtaine d’années. Seul Robert ALTER, propose une lecture attentive du chapitre 42 de notre roman, L’art du récit biblique, Traduit de l’anglais par Paul LEBEAU et Jean Pierre SONNET, Editons Lessius, Collection : Le livre et le rouleau, Bruxelles, 1999,pages 216 à 239.
La dernière publication en langue française reprenant l’ensemble des recherches sur l’étude littéraire de la Bible a été dirigée par Daniel MARGUERAT, La Bible en récits, l’exégèse biblique à l’heure du lecteur, Labor et Fides, Genève, 2003. L’introduction de MARGUERAT présente bien l’état de la réflexion sur cette nouvelle façon de lire la Bible (pages 15 à 40).
Pour débuter dans cette forme d’étude de la Bible utiliser : Daniel MARGUERAT et Yvan BOURQUIN, Pour lire les récits bibliques, Les éditions du Cerf, Labor et Fides,  Novalis, Paris, Genève, Montréal, 1998, 240 pages.

 © Claude DEMISSY, Service de la catéchèse des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, 2006.

Deux récits d’annonciation

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 Récits d’annonciation de Luc : 1.8 à 38

L’annonciation est un genre littéraire de la Bible. Pour comprendre les récits d’annonciation, il faut connaître le canevas général de ce type de récits puis repérer les particularités de chacun d’entre eux. L’annonciation à Marie n’échappe pas à cette règle.

1.  Le genre littéraire « Annonciation »

 Image  Les deux récits de Luc 18. 1 à 38, relèvent du genre littéraire « annonciation ». Les récits d’annonciation présentent un Dieu réparant les injustices de manière surprenante. Le destin des humains peut toujours basculer positivement. Car à Dieu, rien n’est impossible. Ces naissances miraculeuses rappellent aux humains que la détresse peut toujours faire place à l’espoir. Par ailleurs, Dieu est derrière les événements, mais les différents protagonistes n’agissent pas toujours de la même manière. Les humains exercent leur liberté et réagissent en fonction de leur personnalité. Enfin les récits annoncent l’arrivée d’une personne qui aura un destin fabuleux.

Ces récits annoncent la naissance d’un héros à une femme qui ne peut avoir d’enfant. L’auteur commence par exposer la situation : une femme est stérile, trop âgée pour avoir des enfants, parfois {tooltip}une autre épouse du mari]{end-texte}La société de l’Ancien Testament est polygame.{end-tooltip} a un enfant. Ce qui crée des jalousies entre les femmes.  Il y a un repas avec Dieu (sacrifice) ou avec son envoyé (Genèse 18). Puis vient l’élément central : l’annonce de la naissance d’un fils souvent  assortie de la formule « l’an prochain, à cette saison, tu auras un fils ». Ce fils sera consacré au Seigneur, il ne se coupera pas les cheveux et ne boira pas d’alcool. Un(e) protagoniste exprime le doute.

2. Les intentions de l’évangéliste Luc 

L’évangéliste Luc voulait montrer que le ministère de Jésus s’enracinait dans ce qu’il y a de meilleur en Israël. Il devait donc commencer par un récit d’annonciation, d’autant plus que les prophètes avaient annoncé qu’un envoyé de Dieu naîtrait d’une jeune fille (Esaïe 7.14). Avec l’annonciation à Elisabeth (Luc 18.5 à 25) l’évangéliste répète le cadre classique des annonciations, rappelle l’enracinement profondément juif de son message et inclus Jean Baptiste dans le plan de Dieu. Le récit de l’annonciation à Marie diverge des récits classiques car c’est pour cause de virginité qu’elle ne peut avoir d’enfants. La mise en parallèle avec l’annonciation à Elisabeth permet d’inscrire l’annonciation à Marie dans le cadre littéraire habituel de la Bible juive.

 Pour plus de détails sur les intentions des évangélistes et des auteurs des autres récits du Nouveau Testament consulter la rubrique « Histoire du christianisme » sur le site Internet epal.fr/cate

3. Plan et détails du texte

  Zacharie, Luc1.5 à 25       Marie Luc, 1.26b à 38
 
Phrase de liaison entre les deux récits, 
Luc 1.26a
   Elisabeth est enceinte depuis six mois. 

1) Présentation
      du couple

Au moment où {yootooltip title=[Hérode le Grand]}Il règne de 37 à 4 avant l´ère chrétienne{/yootooltip} est roi de Judée, il y a un prêtre appelé Zakarie. Il fait partie de la famille d’Abia, une famille de prêtres. Sa femme appartient {yootooltip title=[au clan d’Aaron]}La tradition le considère  comme l’ancêtre des prêtres. Les deux membres du couple sont issus d’une lignée de prêtres. Le récit enracine cette naissance dans ce qu’il y a de meilleur (sur le plan religieux) en Israël.{/yootooltip} et elle s’appelle Elisabeth. Tous les deux sont justes devant Dieu, ils obéissent parfaitement aux lois et aux commandements du Seigneur Voici que Dieu envoie {yootooltip title=[l´ange]}En grec angelos – Le mot dérive d´un verbe signifiant « annoncer ». Lorsqu’il annonce la parole de Dieu, comme dans notre texte, l´ange personnifie Dieu. D´une manière générale les « anges » sont des messagers.{/yootooltip} Gabriel dans une ville de Galilée appelée Nazareth. Il l’envoie chez une jeune fille, promise en mariage à un homme appelé Joseph. Joseph a pour ancêtre le {yootooltip title=[roi David]}Dieu avait promis à David  que sa royauté subsisterait éternellement (2 Sam. 7.12 à 17). L’histoire humaine ayant mis fin à la dynastie de David, cette promesse est repoussée vers des  temps lointains. Depuis Ezéchiel (Ezéchiel 37.20 à 28) le judaïsme attend le jour où le peuple sera réuni sous le sceptre d’un nouveau David.{/yootooltip}, et le nom de la jeune fille est Marie.
2) Situation
    du couple
Ils n’ont pas d’enfant parce qu’Elisabeth ne peut pas en avoir, et ils sont déjà vieux tous les deux   Marie est une jeune fille.
3) Apparition
    de l’ange
Un jour Zakarie fait son travail de prêtre dans le temple de Dieu parce que c’est le tour de sa famille. Selon la coutume des prêtres, on choisit quelqu’un pour entrer dans le lieu saint du Seigneur. Et ce jour-là, c’est Zakarie qui entre pour offrir l’encens.  Tout le peuple de Dieu prie dehors au moment où on brûle l’encens. Alors un ange du Seigneur se montre à Zakarie. L’ange se tient à droite de l’autel où on brûle l’encens. L’ange entre chez elle 
et lui dit : « réjouis-toi ! 
Le Seigneur Dieu t’a montré son amour d’une manière particulière. Il est avec toi. »
4) Réaction  Quand Zakarie le voit, il est ému et il a très peur,  En entendant cela, Marie est très émue, elle se demande : « que veut dire cette façon de saluer ? »
5) Paroles 
de l’ange
 mais l’ange lui dit : « n’aie pas peur, Zakarie. Oui, Dieu a entendu  ta prière. Elisabeth, ta femme, 
te donnera un fils, tu l’appelleras Jean. Alors tu seras rempli  de bonheur et de joie, et quand 
ton fils naîtra, beaucoup d’autres personnes seront dans la joie.
L’ange lui dit : « n’aie pas peur Marie ! Oui, Dieu t’a montré son amour d’une manière particulière. Tu vas attendre un enfant, tu mettras au monde un fils, et tu l’appelleras Jésus
 
6) Description 
    de l’enfant 

En effet, il sera quelqu’un d’important pour 
le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni aucun autre alcool. Il sera déjà rempli de l’Esprit Saint dans le ventre de sa mère. Il ramènera beaucoup de gens d’Israël vers le Seigneur leur Dieu. Il viendra comme messager de Dieu avec l’esprit et la puissance du prophète Elie. Comme Elie, ton fils fera la paix entre les parents et leurs enfants.

Il changera le cœur de ceux qui n’obéissent pas à Dieu, et ils se mettront à penser comme des personnes justes. Ainsi il formera pour le Seigneur un peuple bien préparé.

 Personne ne sera aussi important que lui. On l’appellera Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le royaume de David, son ancêtre. Il sera le roi du peuple d’Israël pour toujours et son pouvoir ne finira jamais.
7) Question (expression d’un doute)  Zakarie dit à l’ange : « comment savoir que c’est vrai ? Je suis bien vieux et ma femme aussi est âgée. »  Marie dit à l’ange : « comment cela va-t-il arriver ? en effet, je ne vis pas avec un homme. »
8) L’ange
   balaie 
  le doute
L’ange lui répond : « moi, je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu pour le servir. Il m’a envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. Mais tu n’as pas cru à mes paroles. Tu vas donc devenir muet et tu ne pourras plus parler jusqu’au jour où tout  cela se réalisera. Oui, ce que je t’ai dit arrivera au moment que Dieu a fixé.»
Pendant ce temps, le peuple attend Zakarie. Les gens s’étonnent de le voir rester si longtemps dans le lieu saint. Quand il sort, il ne peut pas leur parler, il leur fait des signes et il reste muet. Alors les gens comprennent qu’il a vu dans le lieu très saint quelque chose venant de Dieu.
Puis, quand Zakarie a fini son temps de service dans le temple, il rentre chez lui.
Après cela, sa femme Elisabeth devient enceinte et pendant cinq mois, elle se cache dans sa maison. Elle se dit « voilà ce que le Seigneur a fait pour moi : {yootooltip title=[j’avais honte]}A l’époque, ne pas avoir d’enfant était considéré comme une honte.{/yootooltip}
devant mon peuple parce que je n’avais pas d’enfant. Mais maintenant le Seigneur s’est occupé de moi, il a enlevé ma honte. »
L’ange lui répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira comme l’ombre. C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera *saint, et on l’appellera Fils de Dieu.
Ecoute ! Elisabeth, qui est de ta famille, elle aussi est enceinte et elle aura un fils. Pourtant elle est vieille. On disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et maintenant, elle est enceinte depuis six mois ! Non, rien n’est impossible pour Dieu ! » 
Marie répond : « Je suis la servante du Seigneur. Que Dieu fasse pour moi ce que tu as dit ! » Alors l’ange la quitte.
   © Claude DEMISSY, Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, 2006.

La visite des mages

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Plongée dans un texte trop connu, Matthieu 2.1 à 12.

La  visite des mages à l’enfant Jésus est l’un des textes les plus connu de la Bible. Connu vraiment ? Faites ce test : combien étaient-ils, comment s’appelaient-ils, sur quels royaumes régnaient-ils, ces rois ? Puis vérifiez dans le texte de Matthieu si vos réponses sont justes. Ensuite suivez le guide… 

L’évangile de Matthieu date de 90-95 à une époque où la rupture entre les chrétiens et les autorités juives était déjà avancée sans être définitive. L’auteur voulait montrer que Jésus était l’héritier légitime de tout le passé d’Israël. Se rallier à sa personne constitue selon Matthieu la vraie fidélité à l’Alliance.

 Structure des chapitres 1 et 2

 Image  Le début de l’évangile de Matthieu se découpe en une introduction  suivie de cinq scènes.

Il commence par la liste des ancêtres de Jésus le premier étant Abraham. Cette généalogie annonce d’emblée l’enracinement de Jésus dans la plus pure tradition d’Israël. Suivent cinq scènes : la naissance de Jésus (1.18 à 25), des sages viennent adorer Jésus (2.1 à 12), le départ en Egypte (2.13 à 15), Hérode le Grand fait tuer tous les petits enfants de Bethléem (2.16 à 18), le retour d’Egypte (2.19 à 23). Chacun de ces épisodes met en valeur une parole du prophète : 1.22 « Ainsi se réalise ce que le prophète a dit de la part du Seigneur » ; 2.5 « …en effet le prophète a écrit » ; 2.15 « Ainsi se réalise ce que le prophète a dit de la part du Seigneur » ; 2.17 « Ainsi s’est réalisé cette parole du prophète Jérémie » ; 2.23 « Ainsi les choses se passent comme les prophètes l’avaient annoncé ».

 

 

Plan et détails

 

 Le cadre : la ville de Jérusalem, l’astre et les mages d’orient.  1 Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps {yootooltip title=[du roi Hérode]}Il règne sur la Judée entre 40 et 4 avant l´ère chrétienne.{/yootooltip}, voici que des {yootooltip title=[mages]}Astrologues qui symbolisent les nations païennes.{/yootooltip} venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
2  et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu {yootooltip title=[son astre]}Aucune recherche n
´a pu déterminer quel astre a pu apparaître en orient à cette époque. Matthieu veut simplement montrer que la science des astrologues ne leur suffit pas pour localiser le lieu de la naissance de Jésus. Ils doivent se renseigner.{/yootooltip} à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage ».
 A Jérusalem : le roi et tout le peuple, « trouble » de tout ce monde, citation des prophètes comme pour les autres récits de Matthieu 1 et 2. Seule la Parole permet de savoir où se trouve Jésus. La science des mages ne suffit pas.  3  A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4  Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où le Messie devait naître.
5 « A Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c’est ce qui est écrit par le prophète :
6  Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple ».
 A Jérusalem : le roi et les mages, le roi informe les mages et les envoie à Bethléem.  7  Alors Hérode fit appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux l’époque à laquelle l’astre apparaissait,
8  et les envoya à Bethléem en disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi, pour que, moi aussi, j’aille lui rendre hommage ».
 De Jérusalem à Bethléem : alors que le roi et les autres restent à Jérusalem, les mages se déplacent, éprouvent une très grande joie (10) alors que tous à Jérusalem sont troublés (v 3).  9  Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant.
10  A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie.
 Les savants étrangers  rendent hommage ils ont réussi leur quête et retournent, déplacement parallèle mais en sens inverse de celui décrit au verset 1, « la boucle est bouclée » et le plan d’Hérode a échoué.

 11  Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent {yootooltip title=[de l´or]}L´or symbolise la royauté.{/yootooltip}, de l’{yootooltip title=[encens et de la myrrhe] width=[450]}L´encens de la Bible (en réalité de l´oliban) symbolise, chez les Egyptiens, puis dans la Bible, les divinités, le Père, le jour. Il est souvent associé à la myrrhe qui symbolise le mystère de la mort et de la nuit. Une autre symbolique fait de la myrrhe le signe du féminin et de l´encens (oliban) le signe du masculin. Pour Matthieu, cette offrande indique le caractère divin de Jésus.{/yootooltip}

12  Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.

 

© Claude DEMISSY, Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, 2006, d’après une documentation du Centre de catéchèse des services enfance et jeunesse de l’Eglise Protestante de Genève.

Comprendre la Bible

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Quelques techniques pour lire un  texte biblique

Cheminer avec un texte biblique c’est passer par trois étapes : (1) la projection, (2) l’analyse, (3) l’appropriation. Voici quelques jalons de ce parcours.

 

 Image  1. La projection

A la première lecture je reçois le texte avec toute ma subjectivité, je projette sur lui une part de mon histoire personnelle. Il s’agit de lire le texte, noter les questions, les remarques, ne pas essayer d’y répondre tout de suite, y revenir à la fin de l’étude.

 Lorsque la préparation se fait en groupe, chacun inscrit ses idées sur un tableau. Lors de cette phase il n’y a ni « remarques justes » ni « idées fausses ». Le respect des mots de l’autre est une condition pour la réussite de cette étape. Lorsqu’il s’agit d’un texte connu, comme celui des mages (Matthieu 2.1 à 12), chacun commence par reconstituer l’histoire de mémoire. Comparer les idées reçues avec le texte réel peut révéler ce qu’il dit vraiment.

 

 Image 2. L’analyse

(a) L’analyse débute par quelques constatations immédiates : différences entre notre imaginaire et le texte réel, comparaison des différentes traductions, aperçu sur ce qui précède et suit. Un coup d’oeil sur les éventuels textes parallèles peut être éclairant. (b) Elle se poursuit par une plongée culturelle dans l’univers de la Bible : monde de l’auteur,  histoire, sens des mots à l’époque de la rédaction : c’est l’analyse historique. (c) L’analyse littéraire offre une toute autre perspective : elle repére la structure du texte, compare avec d’autres du même genre dans la Bible ou la littérature ancienne.
 

a. Premières constatations
Les constatations immédiates se font de préférence en groupe et sans qu’il y ait besoin d’un apport d’érudition. Jeter un coup d’œil sur les différentes traductions permet de repérer certaines particularités. Parcourir les passages précédents et suivants donne une première idée des intentions de l’auteur. Par exemple le texte de la visite des mages (Matthieu 2.1 à 12) fait partie d’un ensemble de sept passages (Matthieu 1 et 2) s’appuyant tous sur le premier testament. Le deuxième récit de naissance de Jésus (Luc 1 et 2) possède une toute autre structure et ne parle pas des mages. Autre exemple, dans les évangiles de Matthieux, Marc et Jean, deux faits merveilleux se déroulent à la suite l’un de l’autre : la multiplication des pains et la marche de Jésus sur l’eau (Marc 6.30 à 52) . Cette succession a un sens.

b. Analyse historique
La plongée dans l’univers de la Bible, nécessite un équipement adéquat. Tout texte de la Bible a été écrit à une époque donnée, par un ou plusieurs rédacteurs, dans un contexte précis pour soutenir la foi d’un peuple ou d’une Eglise. Les introductions et notes des principales éditions de la Bible donnent l’essentiel des renseignements nécessaires pour ce travail. On pourra consulter éventuellement un dictionnaire simple, comme celui de Bernard Gilliéron ou, pour l’histoire de la création du Nouveau Testament, le site Internet epal.fr/cate, choix « Histoire du Christianisme ». Il s’agit d’abord de connaître l’auteur, sa situation, celle des destinataires. Puis viennent deux autres points : les informations historiques du texte et le sens des mots, expressions et réalités qui n’appartiennent pas à notre langage d’aujourd’hui. Voir par exemple l’étude de Matthieu 2.1 à 12 (la visite des mages).

c. Analyse littéraire
Alors que l’analyse historique se demande qui a rédigé l’histoire, l’analyse littéraire cherche à comprendre comment le récit touche le lecteur. L’histoire détermine l’origine du récit et la littérature son impact. Ici, nul besoin de documents plus ou moins érudits, chacun peut s’y mettre avec une grille de travail.

Se munir de crayons de couleurs et souligner :
–    les lieux
–    les personnages
–    les mouvements
–    les paroles directes

Les lieux permettent de découper le récit en différentes étapes. L’entrée et la sortie des personnages donnent les indications nécessaires pour déterminer les différentes scènes. Se demander ensuite qui sont les personnages : quels sont les alliés, les opposés, qui réussit les actions entreprises ? Dans le cours du récit les personnages se déplacent, les temps des verbes varient, les époques changent. Regarder qui va vers qui, d’où à où donne également de précieuses indications. Les paroles directes des personnages revêtent très souvent dans la Bible une importance essentielle. Le texte est un tout, trouver les changements de situations entre le début et la fin (lorsqu’il y en a) conclue l’analyse littéraire.
 Pour les discours, repérer les arguments, localiser les répétitions (en général elles ont une grande importance, voir par exemple La double fin de la saga de Joseph (Genèse 50. 15 à 21) , utiliser les pronoms personnels et les conjonctions de coordinations pour le découpage. La Bible utilise souvent ces deux structures :

– idée a, reprise de l’idée a ; idée b, reprise de l’idée b ; idée c, reprise de l’idée c ; etc.
– idée a, idée b, idée c, etc.; reprise de l’idée c, reprise de l’idée b, reprise de l’idée a.

La Bible mélange souvent prose et poésie. Lorsqu’un passage poétique est inséré dans un texte en prose c’est parcequ’il est important. Il s’agit souvent de la pointe du texte.  

Analyse littéraire (suite) 

Si le texte biblique appartient à un genre littéraire spécifique, ses particularités par rapport aux standards du genre donnent souvent de précieuses indications. Liste des genres littéraires :

lettres, prières, poèmes, discours, chants, rêves, lois, proverbes, généalogies, récits. Les nombreux récits vont du roman de fiction à la chronique historique. La frontière entre le romanesque, issu de l’imagination d’un auteur inspiré et le récit proche d’évènements réels, reste souvent délicate à déterminer. La distinction entre récit symbolique, récit romanesque, et récit historique s’avère parfois difficile à opérer mais peut donner des indications précieuses sur le message essentiel. La vérité d’une idée ne dépend cependant pas de son enracinement historique. Une fiction habile présente souvent une vérité avec davantage de finesse qu’un long discours.

La Bible contient également des scènes types : l’annonciation (voir  « Le genre littéraire Annonciations« , Luc 1.8 à 38 ), la rencontre près d’un puits, l’épiphanie dans un champ, l’épreuve initiatique, l’expérience d’un danger dans le désert et sa résolution (mane…), le testament du héros avant sa mort, le récit de guérison, la traversée du désert, le passage au travers de l’eau, la guerrre sainte. Etudier un passage d’un genre littéraire type, c’est d’abord voir le sens général de chaque canevas rédactionnel, puis distinguer les singularités du texte.

 Enfin une comparaison avec la façon dont l’évènement est présenté ailleurs permet parfois de découvrir les intentions d’un auteur
– parallèles explicites dans la Bible (les trois premiers évangiles, les récits historiques), voir Jésus prie à Géthsémané (Marc 14. 32 à 41) ,
– mêmes événements présentés dans deux genres  littéraires différents (récit et psaume)
– parallèles avec des récits non bibliques (évangiles bibliques et évangiles apocryphes)

 

 Image   3. L’appropriation

Il s’agit de recevoir le texte comme Parole de Dieu. La Bible permet de savoir à qui l’on a affaire quand il est question de Dieu. Le croyant dépasse la simple étude intellectuelle de la Bible. Il recherche et contemple le visage de Dieu en se demandant « que nous dit ce texte de Dieu ? Quelle bonne nouvelle adresse-t-il aux humains, à tous et à chacun à travers ce texte et que lui adresse-t-il personnellement aujourd’hui ? »

Donner un titre personnel permet souvent de dégager le « message essentiel » du passage. Ensuite il faut choisir un objectif didactique car il est impossible de tout dire. Une fois sélectionné, le sujet à traiter au cours de la rencontre pédagogique est découpé en fonction des trois aspects : 

     la présentation du message (vocabulaire, expressions, images …)
     les activités proposée aux enfants 
     les objets supports (poster, livre, musique, objet…).

Ainsi dans notre ouvrage Eclats de vie, destiné aux enfants de 6-7 ans, nous avons présenté le récit de la création de Genèse 1. Le message essentiel pour cette tranche d’âge nous paraît être « l’étonnement face à la vie » et en corrélation « le respect de la vie ». Pour rélféchir au respect de la vie avec des enfants de cet âge nous avons choisi d’évoquer les attitudes face aux animaux de compagnie. Dans ce domaine, en effet les jeunes enfants peuvent déjà exercer une responsabilité adaptée à leur maturité. Nous n’avons pas cherché à expliquer aux enfants les raisons pour lesquelles l’auteur a découpé la création en six jours (respect du sabbat). Cette problématique ne nous semble pas adaptée à cette tranche d’âge.
La magie n’opère pas toujours et certains textes laissent froid alors que d’autres provoquent une émotion parfois difficile à décrire. Nous entrons ici dans le domaine de la foi personnelle qui échappe, au moins en partie, à tout discours.
  © Claude Demissy, Service de la catéchèse, Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine, 2006, d’après une documentation du Centre de catéchèse des services enfance et jeunesse de l’Eglise Protestante de Genève. 

Des talents au service de la catéchèse

 Image Au moment de démarrer une nouvelle année de catéchèse, la parabole des talents nous encourage à travailler pour faire fructifier ce que nous avons reçu. Cela peut nous stimuler, nous catéchètes, dans l’aventure de la transmission de la bonne nouvelle 

PARABOLE DES TALENTS : Matthieu 25/14-30 (Traduction TOB)

14 “En effet il en va comme d’un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
15 A l’un il remit 5 talents, à un autre 2, à un autre un seul, à chacun selon ses capacités, puis il partit. Aussitôt
16 celui qui avait reçu les 5 talents s’en alla les faire valoir et en gagna 5 autres.
17 De même celui des 2 talents en gagna 2 autres.
18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla creuser un trou dans la terre et y cacha l’argent de son maître.
19 Longtemps après, arrive le maître de ces serviteurs, et il règle ses comptes avec eux.
20 Celui qui avait reçu les 5 talents s’avança et en présenta 5 autres, en disant: « Maître, tu m’avais confié 5 talents; voici 5 autres talents que j’ai gagnés ».
21 Son maître lui dit: « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai; viens te réjouir avec ton maître ».
22 Celui des 2 talents s’avança à son tour et dit: « Maître, tu m’avais confié 2 talents; voici 2 autres talents que j’ai gagnés ».
23 Son maître lui dit: « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai; viens te réjouir avec ton maître ».
24 S’avançant à son tour, celui qui avait reçu un seul talent dit: « Maître, je savais que tu es un homme dur: tu moissonnes où tu n’as pas semé, tu ramasses où tu n’as pas répandu;
25 par peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre: le voici, tu as ton bien ».
26 Mais son maître lui répondit: « Mauvais serviteur, timoré! Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que je ramasse où je n’ai rien répandu.
27  Il te fallait donc placer mon argent chez les banquiers: à mon retour, j’aurais recouvré mon bien avec un intérêt.
28 Retirez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les 10 talents.
29 Car à tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré.
30  Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors: là seront les pleurs et les grincements de dents »”.

Dans notre façon de comprendre ce texte, rappelons-nous qu’une parabole est constituée davantage sur un mouvement d’ensemble que sur la comparaison directe des personnages avec nous et Dieu. La parabole utilise des domaines familiers pour nous amener sur un étonnement, sur une autre façon de voir, pour enrichir notre connaissance de la relation de Dieu avec nous.

 

– Le maître est le premier à entrer en scène

 

Le maître est sur le point de partir, il appelle les serviteurs, il leur donne ses biens. Le fait-il avec partialité ? Pourquoi ne donne-t-il pas la même chose à chacun ?
 
Il donne en tenant compte des capacités de chacun. De la même façon qu’on ne donne pas la même charge à porter à un éléphant qu’à un âne, de même les humains sont tellement différents que ce don dépend de ce qu’ils peuvent assumer. Le maître ne distribue pas plus à celui qu’il préfère, mais il connaît ses serviteurs et mesure ce que chacun est capable de faire fructifier.

 Le talent est une monnaie qui correspond à six mille jours de travail. Même celui qui n’en reçoit qu’un seul a déjà une belle somme à faire fructifier. 

Quand le maître revient, il écoute ce que chacun a à lui dire, ce que chacun a fait de ce qu’il a reçu. Le maître est heureux de voir deux serviteurs qui lui sont restés attachés, qui se sont mis au travail pour lui. Il se réjouit de voir que la capacité de travail des deux serviteurs a porté des fruits. Sa joie, il la partage avec eux.

Mais il se fâche contre le troisième serviteur. La somme qui lui avait donné lui revient intacte. Le maître ne considère pas comme une bonne chose de récupérer son bien tel qu’il l’a donné. Il avait évalué que ce troisième serviteur pouvait aussi faire fructifier un talent. Mais rien n’est venu. Alors il le punit en le mettant dehors, c’est-à-dire en l’éloignant de lui-même et des autres.

En fait, on se rend compte que le maître ne reprend rien aux deux premiers serviteurs, puisqu’il demande qu’on donne ce talent à celui qui en a déjà dix. Les talents de départ et les autres restent à ceux qui les ont gagnés.

 

– Réactions des serviteurs

Les trois serviteurs reçoivent la somme d’argent qui leur est destinée.
La réaction du premier, c’est sa rapidité à se mettre en route pour faire travailler cet argent. Le deuxième également. Ils obtiennent alors le double de la somme de départ. 

Mais la réaction du troisième est différente : il s’éloigne, creuse et cache l’argent.
Ce serviteur a peur. Peur de ce maître qu’il juge et qu’il enferme dans une idée très négative. Il ne veut pas considérer le don du maître comme une occasion à saisir. Mais il s’éloigne lui-même de ce maître. Il refuse le don, et par là même, il refuse la confiance qui lui est faite.

– Renversements des valeurs

Quand le maître revient, les deux premiers serviteurs lui apportent le résultat de leur travail. Ils ont gagné le double d’argent. Quand on sait comment l’évangile traite les « riches » on comprend mieux pourquoi ces énormes sommes deviennent pour le maître « peu de choses ». En effet, le domaine de l’argent peut facilement être pris comme un but de vie et non comme un moyen. Si le serviteur arrive à être fidèle dans ce domaine-là, alors cela devient « peu de choses ». Cela veut dire qu’il y a autre chose qui est bien plus précieux, et qui sera confié aux serviteurs : « sur beaucoup je t’établirai »

 


– Ce qui permet de faire fructifier les talents : la fidélité

Ce qui a mis en colère le maître, c’est que ce troisième serviteur enterre ce qu’il a reçu. Que la confiance envers lui soit bloquée et même niée.

Le maître ne félicite pas les deux premiers serviteurs d’avoir été de bons calculateurs ou entrepreneurs, mais il les félicite d’être restés fidèles. On peut dire que c’est grâce à leur fidélité qu’ils ont si bien réussi. L’attachement des serviteurs leur a permis de travailler pleinement à faire fructifier cet argent, et même de doubler la mise. Leurs compétences évaluées de façon justes au début ont été mises à profit. Ils ont osé croire en leurs capacités, puisque le maître y croyait…

 

Alors que, celui qui a peur trahit la fidélité à laquelle on l’appelle. Peur de mal faire, peur de se faire exploiter, peur de donner trop de lui-même. Sa peur est un obstacle à tout mouvement, toute mise en route. Sa peur l’empêche de croire que lui aussi peut avoir confiance que cette somme peut fructifier. Sa peur l’empêche de voir que le maître, lui, a estimé ses capacités suffisantes pour assumer ce talent. Ce maître croyait en lui. Le serviteur se coupe lui-même du maître par les images qu’il se fait. Sa peur met en cause le don du maître et sa confiance.

– Un talent d’argent ou un talent personnel?

Il se trouve que le mot talent qui désigne la somme d’argent à l’époque de Jésus, désigne aussi en français nos propres capacités personnelles, ce que nous avons reçu comme potentialités particulières.
Si je regarde ma propre vie, qu’ai-je reçu en propre ? Quelles sont mes capacités ? Chacun est-il appelé à trouver pour lui-même ce qu’il considère un don de Dieu ?
Certains diront qu’il s’agit de leur propre vie, d’autres de la parole de Dieu, d’autres des liens d’amour qui les entourent, d’autres les relieront avec des dons que donne l’Esprit de Dieu.

Ce qui relie les serviteurs au maître c’est ce qu’il leur donne.

Ce récit nous fait aussi comprendre qu’il y a une limite à ce qui est donné. Chacun reçoit une part, il ne reçoit pas le tout. Cela nous renvoie inévitablement à nos limites humaines et personnelles. Si je reçois par exemple le don de la musique, je serai peut-être limité pour faire du bricolage. Reconnaître ce que j’ai reçu me rend reconnaissant. Reconnaissant et dans l’acceptation que je ne reçoive pas tout.

 

Image  QUELS TALENTS POUR QUELS CATÉCHÈTES ?

Comment cette parabole peut-elle nous aider à faire fructifier ce que nous recevons de Dieu ?

– Recevoir et faire confiance

Tout d’abord, Dieu nous connaît et nous donne. Etre catéchète, c’est déjà se poser la question de ce que j’ai reçu et de ce que j’ai envie de transmettre. Je suis là pour donner…quoi ? L’équilibre est à trouver entre le trop et le trop peu, entre l’attitude qui consiste à dire : j’ai plein de choses à dire, allons-y, et celle qui dit : je ne sais rien, je ne suis pas capable d’être à cette place, je n’ose pas.

Etre sollicité pour être catéchète, être auprès d’enfants et de jeunes dans l’aventure de la transmission de la bonne nouvelle est un défi que la société actuelle ne facilite pas. Dire oui, dire non…pourquoi ? Pour…quoi … ? Pour…qui ? C’est déjà se trouver au sein d’un jeu de relations pas toujours très confortable.

Accepter alors de recevoir. D’avoir peut-être déjà reçu. Nous l’avons vu plus haut, le sens du mot talent nous renvoie à nos capacités personnelles. Mais nous recevons encore autre chose. Nous recevons une présence, une parole, une dynamique de vie. Nous recevons Jésus-Christ. Nous recevons sa grâce. Nous nous réjouissons de la Bonne Nouvelle. Nous pouvons nous’y ancrer. Mais elle ne se garde pas pour soi. Elle se partage. La parole de Dieu fructifie quand est transmise à d’autres. Dieu nous fait confiance, il attend que nous lui fassions aussi confiance. La confiance et la fidélité sont les meilleures façons de combattre la peur.

Vivre ensuite dans la réalité de ce qui fait notre vie : nos contraintes diverses, nos capacités personnelles, notre reconnaissance de telle compétence ou telle incompétence…Comme les serviteurs, accepter que nos capacités soient limitées.

 

Ces limites ainsi reconnues, il est indispensable de s’entourer d’une équipe. Le travail seul est décourageant. A plusieurs, le travail dans sa préparation prend un autre relief, on est plus créatif à deux et plus que tout seul, on se stimule et on s’encourage. On partage nos compétences mutuelles. Tous les exemples de mûrissement dans le royaume se font en relation avec d’autres. La grâce généreuse, mesurée à nos capacités personnelles ne saurait faire de nous des paresseux…

Se poser la question de notre fidélité. A Dieu et au Christ. Que transmettons-nous dans nos séances ? Quelle image de Dieu proposons-nous ? Quel message je désire transmettre ?

Comment savoir, si je suis en train de faire un travail qui va porter des fruits, ou au contraire quelque chose qui n’apportera rien ? Ceux qui travaillent auprès des jeunes connaissent ces séances difficiles où l’on a l’impression de perdre son temps. Mais ils connaissent aussi ces moments de joie, où l’on a l’impression que quelque chose « passe ». Cette joie ressentie au sein de notre travail n’est-elle pas déjà la trace que l’on fait fructifier quelque chose ? N’est-elle pas déjà un partage dans la joie de Celui qui nous envoie?

Ce qui nous est donné de façon première dès la Genèse, c’est d’être en relation. A mon avis, quand des personnes sont en relation les unes avec les autres, comme des catéchètes avec des jeunes ou des enfants, et que les paroles échangées se font dans le respect de chacun, ce qui est donné au départ est déjà en train de fructifier. Rien ne peut remplacer la relation directe entre deux personnes. Profitons de la joie de cette présence.

 

PISTES POUR TRAVAILLER LA PARABOLE DES TALENTS AVEC LES JEUNES

 

On peut décrypter cette parabole avec les jeunes mais il sera difficile pour eux de faire des analogies sans que le thème de l’argent ne vienne brouiller les différents mouvements de la parabole. Il faudra être attentif à garder de la distance avec le texte pour ne pas faire « coller » trop près l’identification des personnages avec nous. Par exemple dans ce que nous avons à faire fructifier, la logique d’amour n’est pas la même que la logique d’argent.

Thèmes de travail possibles :

–    Qu’est-ce que je reçois ? Est-ce que cela vient de Dieu ? Puis-je trouver quelque chose qui vienne de Dieu ?
–    Ce que j’ai reçu, qu’est-ce que je peux en faire ? Cela veut dire quoi « gagner d’autres talents ? »
–    Quelle est l’image qu’on se fait de Dieu ? Notre comportement est-il dépendant de cette image ?
–    Ça veut dire quoi, travailler pour Dieu ? Est-ce qu’on ne travaille pas pour soi-même ? Pour qui finalement travaille-t-on ? Et pour quelle utilité ?

La dynamique catéchètes-jeunes est indispensable car c’est le catéchète qui peut être révélateur de ce que les jeunes ont comme potentiel de départ, et le catéchète peut ainsi encourager la confiance en soi des jeunes.

Culte tous âges – L’arbre de vie

 Image

Culte tous-âges de l’Avent ou de Noël

Dans l’Apocalypse, l’arbre de vie est un signe de la promesse de Dieu, une marque de bénédiction pour les être humains et de guérison pour les nations. Avec cette image biblique, la présence durant ce temps de l’année du sapin dans nos rues, nos maisons, et nos églises, retrouve son sens : en fêtant à Noël la venue de Jésus dans notre monde, nous rappelons la promesse de Dieu pour l’humanité.

 

L’ARBRE DE VIE
Culte tous-âges de l’Avent ou de Noël

Texte biblique :

Apocalypse 22 décrit l’horizon de l’histoire biblique : la Jérusalem céleste où Dieu demeurera au milieu des humains. Au coeur de la ville, le don de Dieu est symbolisé par un arbre toujours vert, nourricier et guérisseur.

Activités :

  • Avant le culte, les enfants réalisent un grand panneau figurant une ville, pour rappeler que c’est dans notre réalité de vie que le Christ est venu et qu’il veut habiter.
  • Pendant le culte, pour les enfants viennent décorer le sapin avec des vrais fruits : pommes, oranges, noix, bananes, etc.
  • Pendant l’intercession, les enfants apportent des branches de sapin sur la table de communion, rappels des rameaux de l’arbre dont le feuillage est pour la guérison des nations.
Contenu de ce dossier :
  • Un plan de culte détaillé 
  • Un éclairage historique sur l’apparition du sapin dans les célébrations de Noël
  • Quelques notes bibliques sur Apocalypse 22 et l’arbre de vie
  • Des textes liturgiques pour l’accueil, l’introduction au thème, l’intercession, etc.
  • Une narration : « L’arbre dans la ville ».

 

PLAN DU CULTE

Cette idée de culte a été préparée et réalisée en décembre 2004 par une équipe de la paroisse protestante de la Servette, à Genève.

 

  • Orgue

1. Temps de proclamation : Jésus a habité parmi nous

  • Lecture biblique : Jean 1,1-5.14
  • Accueil – salutation
  • Ouverture : Christ vient dans notre ville
  • Chant en canon : « Gloire à Dieu » (Arc-en-ciel n° 375)

2. Temps de méditation biblique : l’arbre de vie, promesse pour les humains

  • Lecture biblique : Apocalypse 22,1-5
  • Narration : « L’arbre dans la ville »
  • Les enfants viennent décorer le sapin avec des fruits : pommes, oranges, noix, bananes
  • Chant : « Aube nouvelle » str. 1.2.3 (Arc-en-ciel n° 301)
  • Orgue

3. Temps de Sainte cène et d’intercession : ce qui nous fait vivre aujourd’hui

  • Confession de foi
  • Introduction
  • Institution de la cène
  • Intercession
  • A chaque demande, un enfant apporte sur la table un rameau de sapin (le « feuillage » pour guérir les nations)
  • Chant : « Peuples qui marchez dans la longue nuit » str. 1.3 (Arc-en-ciel n° 316)
  • Fraction du pain et élévation de la coupe
  • Invitation et communion
  • Notre Père

4. Envoi et bénédiction

  • Annonces
  • Chant: « Allez-vous en sur les places » str. 1.2 (Arc-en-ciel n° 540) + offrande
  • Bénédiction
  • Orgue

Le sapin

Que vient faire le roi des forêts entre l’âne et le boeuf de la Nativité ? Il célèbre le retour au paradis terrestre à travers la naissance du Christ rédempteur.

Avant le sapin, il y eut l’arbre. Ou la branche. Les Romains décoraient leurs maisons de végétaux durant les calendes de janvier et les Scandinaves plantaient un sapin devant leurs maisons pour les fêtes de Jul. Les premiers chrétiens célébraient le solstice d’hiver et la période de Noël en ornant leurs maisons de branches dont le vert persistant symbolisait l’immortalité. Mais la véritable origine de l’arbre de Noël est à relier à une tradition médiévale à signification religieuse : les mystères du Moyen Age, où l’on représentait sur les parvis des églises, à côté de la crèche et des bergers, La Chute du Paradis, avec l’arbre de la connaissance et les fruits (pommes rouges) de la tentation. C’est cette représentation qui donna à l’arbre de Noël sa signification chrétienne, le péché de l’homme étant, cette nuit-là, expié par l’incarnation du Christ. L’arbre de la tentation se confond avec l’arbre de vie. Noël célèbre le retour au paradis grâce à la venue du Christ.

Progressivement, l’arbre de Noël passa de l’extérieur de l’église à l’intérieur des maisons, décoré de pommes (la mort) et d’hosties (symbole du pain dispensateur de vie), reliant Noël à la rédemption de Pâques et au corps du Christ offert pour le pardon des péchés. Plus tard, les hosties se transformeront en petits gâteaux de Noël, à quoi s’ajouteront des roses en papier multicolore.

Les bougies viendront plus tard, par association avec l’ancienne vénération de la lumière durant la période la plus sombre de l’année. L’arbre de Noël deviendra alors arbre de lumière, symbolisant la lumière du Christ venant éclairer les ténèbres. Le premier témoignage de bougies sur l’arbre le 25 décembre remonte vers 1660, à Hanovre. C’est la princesse palatine, épouse du frère de Louis XIV et duchesse d’Orléans, qui le raconte dans une lettre à sa fille. Mais ses tentatives pour introduire cet usage en France resteront vaines. Ce sera finalement une autre duchesse d’Orléans, belle-fille du roi Louis-Philippe – née Hélène de Mecklembourg – qui fera dresser le premier sapin français aux Tuileries, en 1837.

Quant aux boules de Noël, d’abord rouges et nées semble-t-il autour de 1600 dans des verreries de Lorraine et de Thuringe, elles mêleront la référence au fruit défendu à celle des présents apportés par les Rois mages, symbolisés à l’époque par de fines feuilles de métal doré que l’on suspendait au sapin.
Dès le XVIIIe siècle, l’arbre décoré se répand en terres protestantes. Allemagne, Scandinavie, Suisse alémanique. En 1840, il franchit la Manche et brille au château de Windsor, dressé par la reine Victoria et son époux, le prince Albert (un Saxe-Cobourg, né Allemand). Il apparaît en Russie en 1852, devant la gare Sainte-Catherine à Saint-Pétersbourg. Enfin, le premier sapin de Noël américain brille en Pennsylvanie, sous l’influence des soldats immigrés allemands, lors de la guerre de l’Indépendance. Quant aux pays méditerranéens, ils ne l’adopteront qu’au milieu du XXe siècle.

Car le sapin de Noël fut d’abord protestant. Hostile aux représentations de la Nativité, qu’elle qualifie de superstitions papistes, l’Eglise réformée leur oppose l’arbre du paradis et de la rédemption. Lequel, du coup, fait figure, aux yeux de l’Eglise de Rome, de concurrent païen de la crèche et de symbole du protestantisme. Un clivage jalonné de polémiques, que l’on retrouve d’ailleurs dans nos contrées.

Extrait d’un article paru dans Fémina, décembre 1997

NOTES BIBLIQUES : APOCALYPSE 22 ET L’ARBRE DE VIE

Apocalypse 22

1 Puis il me montra un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau.

2  Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes. Chaque mois il donne son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations.

3  Il n’y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l’agneau sera dans la cité, et ses serviteurs lui rendront un culte, 4  ils verront son visage et son nom sera sur leurs fronts.

5  Il n’y aura plus de nuit, nul n’aura besoin de la lumière du flambeau ni de la lumière du soleil, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront aux siècles des siècles.


Le texte :

Il conclut la dernière vision de l’Apocalypse (et de la Bible !), celle de la Jérusalem céleste. L’horizon de l’histoire biblique est une terre nouvelle où l’humanité vit en présence de Dieu, dans une réalité où il n’y a plus ni deuil, ni cri, ni souffrance.

La ville :

Le 1er siècle est une époque de brassage de population. Les villes se développent. A l’échelle de l’empire romain, il y a une sorte de « mondialisation ». La ville est par excellence le lieu où des humains qui viennent d’un peu partout et qui ne se connaissent pas forcément vivent côte à côte. Mais comment vont-ils vivre ensemble ? En s’ignorant ? en s’affrontant ? ou en formant une  communauté ? Dans ce sens, la ville est une image de notre humanité, de notre monde. On peut dire d’une certaine manière qu’en venant dans le monde, Jésus est venu dans notre « ville ».

La Jérusalem céleste représente le monde que Dieu donnera à l’humanité et qui remplacera notre monde sombre et déchiré par les conflits. En présentant la réalité nouvelle comme une ville, l’Apocalypse montre qu’il n’y a pas de retour en arrière à une situation originelle, mais achèvement de l’histoire humaine.

L’arbre :

A travers les époques et les cultures, l’arbre est un symbole universel de vie. Il relie le ciel à la terre. Il est majestueux, protecteur et nourricier.

L’Apocalypse fait écho à l’arbre de vie de la Genèse. La fin de la Bible renvoie au début. Dans la Jérusalem céleste, l’arbre est présent pour l’humanité. Vivant et porteur de vie dans la ville (décrite de manière très minérale), il est le symbole de la vie qui vient de Dieu et qui est donnée aux humains.

Par rapport au symbole universel de l’arbre, notre texte affirme :

  • L’arbre de vie est celui que donne le Christ crucifié et ressuscité (l’agneau). Littéralement, c’est le « bois (référence à la croix) de vie ».
  • L’arbre de vie est en avant de nous, dans l’histoire que Dieu mènera à son terme. Il n’est pas accessible dans un retour en arrière. Donc pas de nostalgie d’un paradis perdu, mais attente, confiance, espérance.
  • L’arbre est un don, une promesse donnée à l’humanité. Ce n’est pas l’individu qui doit ressembler à un arbre par sa conduite exemplaire (cf. le psaume 1). L’arbre est pour les humains vivant ensemble.
  • L’arbre en effet est dans la ville, et non à l’écart des humains. Il n’est pas à chercher par une quête lointaine, mais à attendre, et peut-être déjà à discerner, au milieu de notre monde, de notre ville, de notre vie, là où coule la source qui vient de Dieu.

 

 

LECTURES BIBLIQUES ET TEXTES LITURGIQUES

EVANGILE DE JEAN, chapitre 1, v. 1-5, 14

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
La lumière brille dans l’obscurité, mais l’obscurité ne l’a pas reçue.
 …
Celui qui est la Parole est devenu un homme et il a vécu parmi nous, plein de grâce et de vérité. Nous avons vu sa gloire, la gloire que le Fils unique reçoit du Père.

ACCUEIL

C’est aujourd’hui jour de fête.
La lumière a brillé dans la nuit.
La parole est venue dans le monde.
La parole est devenue un être humain. Jésus le Christ est né, et il a habité parmi nous.

C’est pourquoi nous voulons vivre ensemble la joie de Noël.

Avec toute l’équipe de l’enfance de la paroisse, je suis heureux de vous accueillir. Bienvenue à vous, les enfants, les parents, les grands-parents, à vous paroissiennes, paroissiens de la Servette, à vous habitants du quartier et à vous qui êtes venus de plus loin. Que la joie et la paix de Noël soient avec chacun de nous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ, lumière dans le monde. Amen.

OUVERTURE : CHRIST VIENT DANS NOTRE VILLE

Noël, c’est la fête de la naissance de Jésus. Mais à Noël, partout, dans les rues, dans les maisons, les magasins, et même dans les églises, on voit des sapins.

C’est quand même bizarre : à Bethléem, quand Jésus est né, il n’y avait pas de sapin. Dans la Bible, il n’y a pas de sapin. Alors pourquoi cet arbre ?

En fait, dans nos pays, le sapin est utilisé parce qu’il est toujours vert, pour rappeler un autre arbre, un arbre qui se trouve dans la Bible : l’arbre de vie.

L’arbre de vie, c’est le signe de ce que Dieu nous promet, de ce qu’il veut nous donner.

Cette année, avec les enfants, nous avons préparé une fête de Noël un peu différente.
Nous avons choisi de laisser les bergers, les anges, les mages se reposer un peu, et de célébrer la venue du Christ un passage de la Bible qui nous parle de l’arbre de vie.
 
Ce passage annonce autrement le message de Noël.
Il nous dit : la venue de Jésus autrefois, c’est une promesse de Dieu pour notre monde. Une promesse pour demain, une promesse aussi pour aujourd’hui. Une promesse qui est comme un arbre de vie. Un arbre qui porte des fruits. Et cet arbre pousse dans la ville. Et c’est pourquoi les enfants ont préparé ces dessins de notre ville.

Ici, à la Servette, ou dans les quartiers voisins, c’est la ville.
Des rues, des magasins, et puis, surtout, des immeubles, des maisons.
Et dans ces maisons, des gens, des habitants.
Une ville, c’est beaucoup de gens qui vivent au même endroit.
Certains se connaissent, mais la plupart, ils ne se connaissent pas.
Comment vont-ils vivre ensemble?

La Bible nous dit : Jésus est né dans notre monde.
Il est venu pour être autrefois au milieu des être humains.
Il est venu pour être aujourd’hui dans notre vie.
Il est venu pour être dans cette grande ville qu’est notre monde.
Il est venu pour entrer dans les maisons de notre ville.
Il est venu pour être avec les gens qui sont là, que les enfants ont dessinés.
Il est venu pour être avec nous. Il est venu pour être avec tous.
Et ça, c’est une merveilleuse bonne nouvelle!

INTRODUCTION A LA LECTURE DE L’APOCALYPSE

Quand la Bible parle du monde que Dieu promet aux êtres humains, elle le décrit comme une ville, une ville de paix.
Dans cette ville, au milieu de cette ville, il y a un arbre.
C’est comme la présence de Jésus venu dans notre monde.
Cet arbre n’est pas n’importe quel arbre. C’est l’arbre de vie. Un arbre qui donne la vie. Un arbre qui donne des fruits. Un arbre pour nourrir, et aussi pour guérir les êtres humains.

APOCALYPSE, CHAPITRE 22, 1-5

Ensuite, l’ange me montre un fleuve d’eau qui donne la vie.
Il brille comme du cristal, il sort du siège de Dieu et de l’Agneau
et il coule au milieu de la place de la ville.
Là, entre deux parties du fleuve, il y a l’arbre de vie.
Il donne des fruits 12 fois dans l’année, une fois par mois,
et ses feuilles servent à guérir les peuples. 

Il n’y aura plus de malédiction. 
Le siège de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu l’adoreront. 
Ils verront son visage et son nom sera écrit sur leurs fronts. 
Il n’y aura plus de nuit, personne n’aura besoin de la lumière d’une lampe, ni de la lumière du soleil.
En effet, le Seigneur Dieu répandra sa lumière sur ses serviteurs, et ils seront rois pour toujours.


SAINTE-CENE : INTRODUCTION

Jésus est venu pour être avec les humains.
Il a partagé leur vie, il a mangé avec ceux qui étaient avec lui.
Aujourd’hui encore, quand nous partageons le pain, quand nous buvons à la même coupe,
Jésus est au milieu de nous nous.
Il est là. Il nous unit comme les membres d’un seul corps.

INSTITUTION

La nuit où le Seigneur Jésus a été livré, il a pris du pain. 
Il a remercié Dieu, puis il a partagé le pain et il a dit: «Ceci est mon corps.  Il est pour vous.
Faites cela en souvenir de moi.» 
Après le repas, le Seigneur a pris aussi la coupe de vin et il a dit: «Cette coupe est la nouvelle alliance de Dieu, parce que mon sang est versé pour vous. Toutes les fois que vous en boirez, faites cela en souvenir de moi.» 
En effet, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe,  vous annoncez la mort et la résurrection du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. 

INTERCESSION ET PRIERE POUR DEMANDER L’ESPRIT-SAINT

Au moment de partager le repas du Christ, nous prions pour notre monde.

Seigneur Dieu, ta promesse est un arbre de vie.
Ses fruits sont donnés pour nourrir tous les êtres humains.
Ses feuilles sont données pour guérir notre monde.
[A chaque demande, un enfant apporte une branche de sapin sur la table de communion]
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour les victimes de la guerre et de la violence. Fais de nous des bâtisseurs de paix.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ceux qui sont emprisonnés et maltraités. Fais de nous des défenseurs de la justice.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour les malades, pour ceux qui souffrent.. Fais de nous des porteurs d’amitié.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ceux qui sont tristes et sans courage. Fais de nous des porteurs de lumière.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions pour ton Eglise, ici à Genève et dans le monde entier. Fais de nous des porteurs d’espérance.
Pour la guérison du monde, Seigneur, nous te prions les uns pour les autres. Fais de nous les membres d’un seul corps.
Seigneur, comme le vent à la cime des arbres, que ton Esprit souffle en nos coeurs.
Qu’il apporte en nous la vie, en nous unissant au Christ vivant, et les uns avec les autres.
C’est en son nom que nous te le demandons. Amen.

FRACTION (EN PARTAGEANT LE PAIN)

Le pain que nous rompons est la communion au corps de notre Seigneur Jésus-Christ,
qui a été donné pour nous.

ELÉVATION (EN ÉLEVANT LA COUPE)

La coupe de bénédiction pour laquelle nous rendons grâces
est la communion au sang de notre Seigneur Jésus Christ,
le sang de l’alliance nouvelle, qui a été versé pour le monde entier.

NARRATION : L’ARBRE DANS LA VILLE
 
 

Il était une fois une ville. Dans cette ville, il y avait bien sûr des maisons, des routes, des ponts, des usines, des magasins, des écoles, des salles de spectacles, mais une chose manquait: il n’y avait pas d’arbre ! Et une ville où il n’y a pas un seul arbre est grise et triste.

Un jour, les habitants de la ville se sont dit :

– Il nous faut un arbre dans notre ville. Là, sur la grande place, au milieu. Un arbre pour nous donner de l’ombre quand il fait trop chaud. Un arbre pour que nous ayons des fruits à manger. Un arbre où les oiseaux viendront faire leur nid. Un arbre pour qu’il fasse bon vivre dans notre ville.

Et ils se sont regardés :

– Qui nous fera un arbre ?

Alors un homme s’est avancé. Il était tout habillé de noir. Il a déclaré :

– Moi, je vais vous faire un arbre.

Et sur la place de la ville, il a apporté des grandes barres de fer. Pendant des jours et des nuits, avec un marteau, blang ! blang ! il a courbé les barres de fer, il les a fixées ensemble ; la nuit on voyait la lueur rouge d’un grand feu qui brûlait. Et puis un jour, l’homme en noir a dit :

– Venez ! c’est fini.

Les habitants sont venus, ils ont levé les yeux : sur la place, il y avait un arbre immense, aussi haut que les maisons : un arbre tout noir, un arbre en métal.

L’homme en noir était tout joyeux :

– Regardez, mon arbre ! Il est grand, il est fort, il est solide, aucune tempête ne pourra l’arracher…

Les habitants ont dit :

– Oui, ton arbre est solide, mais… il est tout froid. Il n’a pas de feuilles ; il ne pourra jamais donner de l’ombre à ceux qui ont besoin de se reposer pendant l’été. Non, ce n’est pas un arbre comme celui-ci que nous attendons.

Alors un deuxième homme s’est avancé. Il était tout habillé de rouge. Il a déclaré :

– Eh bien ! c’est moi qui vais vous faire un arbre.

Sur la place de la ville, l’homme en rouge a apporté des câbles, des fils, des ampoules, des caisses pleines d’appareils compliqués, avec des cadrans et des boutons partout. Et pendant des jours et des nuits, il a travaillé en sifflotant. Un soir il a dit :

– Ca y est, c’est terminé !

Les habitants sont venus voir :

– Oh !

Sur la place, il y avait un arbre étincelant de mille lumières. Ca brillait de partout, ça clignotait dans tous les coins, avec des guirlandes multicolores, des reflets dorés et argentés. Les habitants n’arrivaient plus à détacher leurs yeux de l’arbre de lumière, tellement il y avait de choses à voir. L’homme en rouge ne tenait plus en place :

– Vous avez vu, comme il est beau !

Et les habitants ont dit : oui, ton arbre est beau, il est magnifique, mais il est stérile. Il ne porte pas de fruits; il ne donnera jamais à manger à ceux qui ont besoin de retrouver le goût de vivre. Non, ce n’est pas un arbre comme celui-ci que nous attendons.
 
Un troisième homme s’est approché. Celui-ci était tout habillé de vert. Et lui aussi a promis de fabriquer un arbre. Ce qu’il a fait, à vrai dire, on ne sait pas trop. Il a installé une grande tente sur la place, et il a déclaré que c’était secret. Mais des gens ont dit qu’ils l’avaient vu, avec des gants verts, un masque vert, un bonnet vert, en train de manipuler de drôles de petits tubes en verre. Et un jour, lui aussi a déclaré qu’il avait réussi. Les habitants sont venus : sur la place, là où l’homme en vert avait mis sa tente, il y avait maintenant un arbre. Mais cette fois-ci, un vrai ! Avec un tronc, des branches, des feuilles, et même des fruits superbes, énormes. Et puis quelqu’un a levé les yeux :

– Mais, où sont les oiseaux ? Je n’en vois aucun.

Un autre a cueilli un fruit, il l’a goûté, il a fait la grimace :

– Erk ! ça n’a pas de goût !

Un troisième s’est approché de l’arbre, il s’est appuyé contre le tronc, et il a écouté :

Mais voilà que sur la place est arrivée une petite fille. Elle sautillait en chantonnant. Dans une main, elle tenait une branche verte de feuilles frémissantes. Dans l’autre, un fruit dans lequel elle croquait à pleines dents.

– D’où viens-tu, lui ont demandé les habitants. Toi aussi, tu as fabriqué un arbre ? un arbre avec des feuilles, un arbre avec des fruits ?

– Vous êtes bêtes, a dit la petite fille, on ne peut pas fabriquer un arbre ! Un jour, près de chez moi, en regardant le sol, j’ai vu une petite pousse qui sortait de terre. Alors, comme je suis curieuse, je l’ai entourée d’une petite barrière, pour qu’on ne marche pas dessus. En hiver, je l’ai protégée du gel, en été, je l’ai arrosée ; la petite pousse a grandi, ses racines ont plongé dans la terre, ses branches se sont déployées dans le ciel, et c’est devenu un arbre.

– Mais alors, ont demandé les habitants, si ton arbre a poussé tout seul, si tu ne l’as pas fabriqué, d’où vient-il ?

– Ca, c’est un mystère, a dit la petite fille. Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que l’arbre me donne de l’ombre en été, que les oiseaux viennent habiter dans son feuillage, et que ses fruits sont drôlement bons. Et puis, ce n’est pas mon arbre. Il est pour tout le monde. Il est aussi pour vous.Alors les habitants ont suivi la petite fille. Quand ils sont arrivés près de l’arbre, ils ont entendu le frémissement du vent dans les branches, ils ont senti la douce odeur des feuilles, ils ont écouté le chant des oiseaux dans la paix du soir, et c’était comme si leur tristesse, tous leurs soucis s’envolaient. Et quand les plus proches ont cueilli les fruits, ils les ont distribués à tous ceux qui étaient là, et une lumière de joie a éclairé tous les visages. 

 

Une identité en appelle une autre: Matthieu 16 / 13-20

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 Image Fiche biblique – Matthieu 16 / 13-20

Une identité en appelle une autre

Matthieu 16 / 13-20 Texte de la TOB

13 – Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus interrogeait ses disciples : « Au dire des hommes, qui est le Fils de l’homme ? »

14 – Ils dirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’’autres, Elie ; pour d’’autres encore, Jérémie ou l’u’n des prophètes. »

15 – Il leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? »

16 – Prenant la parole, Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »

17 – Reprenant alors la parole, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car ce n’’est pas la chair et le sang qui t’’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux.

18 – Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et la Puissance de la mort n’’aura pas de force contre elle.

19 – Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux. »

20 – Alors il commanda sévèrement aux disciples de ne rien dire à personne qu’il était le Christ.

Introduction

La question de l’’identité de Jésus est centrale dans les évangiles.

La présence du contenu des versets 13 à 16 dans les trois évangiles synoptiques (Mt, Mc, Lc) témoignent de leur importance. Ce passage marque un tournant car c’’est la première fois que l’identité de Jésus comme Fils de Dieu est dévoilée par un disciple. Cette révélation amorce la deuxième partie de l’’évangile : Jésus annonce juste après et pour la première fois sa mort et sa résurrection. 

Plan du passage

v.13-14 : question-réponse sur ce que pensent « les hommes (antropoi : humains) » de l’’identité de Jésus

v.15-16 : question de Jésus aux disciples – confession de foi de Pierre

v.17 :  Révélation qui vient de Dieu

v.18-19 : Mission future de Pierre

v.20 : recommandation du secret.

QUI SUIS-JE ?

Un lieu : Césarée de Philippe : Césarée, ville construite par le tétrarque (gouverneur d’’une partie de la Palestine) Philippe, fils d’Hérode le Grand (l’’an 4 av.JC)

Jean le Baptiste : Prophète du Nouveau Testament qui prend les paroles du prophète Esaïe pour « préparer le chemin du Seigneur ». Il baptise dans le Jourdain, une fois pour toute, en vue de la conversion pour le pardon des péchés. Sa mort est racontée en Matthieu 14.

Elie : Grand prophète de l’’Ancien Testament qui se bat pour rétablir le culte du Dieu d’Israël , notamment contre les dieux Baal. Il ressuscite le Fils de la veuve de Sarepta. Dieu se révèle à lui à l’’Horeb dans « le bruissement d’’un souffle ténu »( 1 Rois 19).

Il se retrouvera transfiguré avec Moïse et Jésus.

Jérémie : Prophète au moment de l’’exil. Le livre du même nom rapporte ses paroles.

Il n’’est pas cité dans Marc et Luc

Ces personnages rapportés par les disciples sur l’identité de Jésus sont en lien avec l’’attente du Messie dans la tradition juive.

Simon Pierre : Le nom primitif est « Syméon », forme sémitique que les évangiles ont simplifié.

« Pierre » est la traduction grecque d’’un surnom Kepha, parfois « Céphas » qui vient d’’un mot hébreu : roc, rocher.

Jésus : dans Matthieu, nom donné par Joseph à la naissance du fils enfanté par Marie sa femme, comme l’’ange lui avait demandé. L’’étymologie de ce nom est « Le Seigneur sauve ».

Fils de ‘l’homme : plus précisément « fils de l’’humain »

C’’est de cette façon que Jésus se nomme dans les évangiles.

Dans l’’Ancien Testament, un « fils d’homme » est cité dans le livre de Daniel (7/13 et 8/17). La tradition juive l’’identifiera au messie davidique. Jésus a-t-il pris cette dénomination pour entrer dans cette identité de messie ?

Christ : Traduction grecque du mot hébreu : « messiah » – Messie – qui veut dire : l’ ‘« oint ». Quand Dieu choisit un roi pour le peuple, il ordonne à Samuel d’’oindre d’’huile la tête de Saül puis de David.

Cyrus – le libérateur du peuple d’’Israël de l’’exil – va être appelé l’’ « oint »(Esaïe 45/1).

Les prophètes annoncent un messie au-dessus de tous, qui viendra pour accomplir l’’oeuvre de salut du Dieu libérateur commencé dès la première alliance entre lui et son peuple.

Jésus s’est reconnu comme le Christ, l’’ « oint » annoncé par les prophètes. Mais s’’attribuer cette identité a été lourde de sens pour ses contemporains et surtout pour les dirigeants de la religion juive. Pilate lui demande « es-tu le roi des juifs ? ». Il a été condamné à mort. Cette identité est provocatrice et Jésus recommande le silence à ses disciples au v.20.

Fils du Dieu vivant : Dénomination propre à Matthieu. Renforce l’’origine divine de Jésus, qui accompli sa mission de messie. Le Dieu qui l’’envoie est vivant dans sa manière d’’intervenir auprès des humains, dans ce qu’il donne la vie.

D’’UNE IDENTITÉ À L’’AUTRE

Ce passage nous fait découvrir trois changements ou compléments d’’identité de Jésus, de Simon, de Dieu.

– A Jésus vont être attribuées de nombreuses identités, mais une seule sera juste, celle de « Christ », de  messie.

– Simon confesse que Jésus vient de Dieu : il va devenir « Pierre ».

– Dieu est appelé « mon Père » par Jésus.

Le changement d’’identité entraîne un changement de regard

Quand Pierre comprend que Jésus est le messie attendu, cela donne un sens à sa venue, à ses miracles, à ses paroles libératrices. Pierre saisit la cohérence de la vie de Jésus qui ne peut venir que de Dieu. La dénomination de « Christ » révélée par Pierre est en fait une mission reconnue par Pierre.

Cependant, ce changement de regard ne pourra se faire vraiment qu’’après la résurrection. En effet, plus loin dans le texte, Pierre dénie le fait que Jésus doive mourir. Il y a malentendu : le Christ attendu était un libérateur dans un sens politique, pas quelqu’’un qui allait se faire humilier sur une croix.

La nouvelle identité est l’’appel à un engagement

C’’est aussi une mission que Jésus va confier à Pierre. Jésus a besoin de la confession de foi de Pierre pour lui faire entrevoir ce qu’’il attend de lui. Jésus a besoin que Pierre s’’engage par ses paroles car il sait que sa propre vie ne durera pas. Simon est appelé Pierre, il est appelé à être pierre pour qu’’on puisse appuyer une communauté sur lui.

Pierre doit se faire premier pilier d’’une communauté naissante, même s’’il va se faire traiter de « Satan » au verset 23. Il doit supporter de voir Jésus arrêté, il va le renier. De ses faiblesses, Pierre saura se repentir et recevoir le pardon : c’’est le sens à retenir d’être fort comme une pierre. On ne peut l’’être qu’’en Jésus-Christ.

NOUVELLE IMAGE DE DIEU EN JESUS-CHRIST

Jésus-Christ appelle Dieu « Père ». Dieu s’’est fait Père pour lui. Dieu devient Père pour tous ceux qui reconnaissent en Jésus celui qu’Il a envoyé : son Fils, le Christ.  Lui aussi prend un engagement, celui de nous aimer comme un père. La miséricorde de Dieu et sa colère ont été manifestées tout au long de l’’Ancien Testament dans la bouche des prophètes. En se faisant appeler « Père », Dieu prend définitivement le chemin de la miséricorde en Jésus-Christ.

ET VOUS ?

Jésus pose deux questions à ses disciples :

–  que dit-on de moi ?

–  et vous, qui dites-vous que je suis ?                       

Quand Jésus pose une question, ce n’’est pas pour lui-même, mais pour faire réfléchir ses interlocuteurs. Pour les obliger à se confronter à une question qu’i’ls n’osent peut-être pas se poser. Jésus ne dément pas les fausses réponses à son sujet. Il attend que ses disciples aillent plus loin : et vous ?

La tâche du rédacteur de ces textes est de nous emmener sur cette même question fondamentale. Pierre et les autres disciples ont reconnu la continuité de ‘l’histoire de l’’alliance de l’’Ancien Testament en la personne de Jésus. Ils ont reconnu en lui le Messie attendu. Mais pour les générations suivantes qu’’est-ce que cela signifie ?

De la même façon que les paroles de Jésus sont toujours vivantes pour nous, cette question est adressée à tous ceux qui découvrent Jésus-Christ aujourd’hui, à tous ceux qui veulent le suivre. Jésus ne se suffit pas d’une réponse générale, mais d’’une réponse personnelle. C’est grâce à la réponse personnelle de Pierre que Jésus lui confie une tâche précise. La parole de Pierre est déjà un engagement. Il lui accorde toute sa confiance. Alors Jésus peut s’’appuyer sur lui, il le renomme « Pierre ».

C’’est en m’’engageant sur ‘l’identité de Jésus-Christ que je peux recevoir de lui une nouvelle identité, c’’est-à-dire une mission qui correspondra à ce que je suis au plus profond de moi-même.