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Du cassage de noix

« Dieu nous donne les noix, il ne nous les casse pas »… (Martin Luther)  Ayant trouvé cette phrase par hasard il y a un an, je la trouvais parfaite pour expliquer lors des confirmations le don de Dieu et la liberté et le principe de responsabilité, chers aux protestants, qui en découlaient…

Las, mon enthousiasme a duré environ 1 seconde et demi, chrono en main. La demi-seconde suivante, sont apparus dans mon cerveau les visages goguenards de certains conseillers presbytéraux, et autres paroissiens, que je sais aptes à avoir l’esprit mal tourné lorsque l’occasion est ainsi servie sur un tapis aussi écarlate que celui-ci ! Je ne connais pas la phrase originelle en allemand, et si elle peut se lire en d’autres sens, mais voilà, dans la langue de Molière, il y a matière à oublier la théologie !

Il n’empêche, elle est pourtant formidable, cette phrase ! Elle nous dit le don absolu de Dieu, et elle nous dit notre liberté, et sa confiance en notre créativité. La noix est là, à notre disposition, à nous de voir ce que nous voulons en faire… À nous de voir si nous voulons la jeter plus loin, parce qu’effectivement, elle n’est pas d’un comestible flagrant à première vue, et que nous préférons ne pas savoir ce qu’il y a dedans… Ou alors essayer d’imaginer des outils pour l’ouvrir, et en découvrir alors toute la saveur, et nous en nourrir…

Mais au fond, me dis-je, ça irait aussi très bien dans le sens plus familier que je redoutais (mais là, c’eût été aussi les visages des têtes grises qui étaient à l’honneur dans ma vision !). Dieu nous donne tout, c’est vrai, et il est vrai aussi qu’il ne nous les casse pas ! Nous avons, et aurons toujours la liberté d’acquiescer ou non à son don…

Qu’importe la façon dont on s’empoigne de cette phrase… Puissent nos confirmands ouvrir ces noix, de leur propre chef, de leur propre liberté, de leur propre créativité, et goûter à ces fruits qu’elles portent et donnent : le goût de Dieu, le goût des autres et, en cette fête de Pentecôte, le goût du vent…

Monitrices, moniteurs, pasteurs, catéchètes de tous poils, nous avons accompagnés ces jeunes pendant des années, au sein d’une communauté qui a tâché, bon gré mal gré, de leur montrer intérêt, et témoigné de la parole de Dieu. Bientôt, ils vont être présents, de leur propre chef, pour être confirmés dans la parole d’amour et d’adoption qui a été prononcée sur eux lors de leur baptême.

Nous leur souhaitons bon vent et surtout, de continuer à casser beaucoup de noix après cette première !