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Variations sur le « m’aime t’aime »

La foi, c’est quoi ? « C’est parler de quelqu’un qu’on aime à quelqu’un qu’on aime »

Ma foi, c’est parler de quelqu’un que j’aime à quelqu’un que j’aime

C’est tellement évident une fois évoqué et si lent à mettre en mots. La proclamation de la foi est au centre de notre engagement spirituel, et cette annonce se leste d’une brûlante actualité en cette ère déchirée entre la sécularisation galopante et le radicalisme religieux.
Dans le discours philosophique contemporain, n’y aurait-il pas une place pour un message de liberté, d’amour, de responsabilité et d’espérance ?

Parler de quelqu’un que j’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit) à quelqu’un que j’aime
, c’est confier notre confiance en Celui qui nous a dit qu’Il était à nos côtés jusqu’à la fin des temps à toute personne qui compte pour nous. C’est partager un secret de famille en quelque sorte. C’est évoquer une paternité révélée dans une fraternité. Te parler de Jésus, c’est accroître Son Amour pour nous qui est le seul bien qui croît en se partageant.

Parler de quelqu’un que j’aime à quelqu’un que j’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit)
, c’est tout le sens de la prière d’intercession. C’est porter et remettre tout ce qui n’est pas soi (famille, boulot, paroisse, « nation » au sens large…) entre les mains du Seigneur. C’est rendre grâce pour tous les dons immérités, reçus et non aperçus.

Parler de quelqu’un que j’aime à quelqu’un qui m’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit)
, c’est nous rappeler que c’est Lui qui – chronologiquement –  nous a aimés en premier, tels que nous sommes. Et qu’Il attend de nous cette empathie, ce regard bienveillant dénué de préjugés et des actes désintéressés. Quel mérite à renvoyer l’ascenseur ?

Parler de quelqu’un qui m’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit) à quelqu’un qui m’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit)
, c’est le chant de louange, l’action de grâce. Thérèse de Lisieux aurait dit : « Il est moins important de parler de Dieu que de parler à Dieu ». Dire merci, simplement pour tout, et pas simplement pour ce qui « nous arrange ». Ne pas se priver de « râler » quand même, à l’occasion, à l’instar des prophètes de l’Ancien Testament, ne fût-ce que pour éviter de tomber dans l’indifférence ou le fatalisme.

Parler de quelqu’un qui m’aime à quelqu’un que j’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit), c’est rendre compte de l’amour familial, fraternel, amical qui nous nourrit au contact des proches et qui trouve sa source, sa sève en Dieu.

Parler de quelqu’un qui m’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit), à quelqu’un qu’il aime, c’est annoncer l’équanimité inconditionnelle du Père qui ne veut perdre aucun des siens.

Parler de quelqu’un qui m’aime (Dieu, Père, Fils, Esprit), à quelqu’un qui l’aime, c’est partager en communauté (groupe de prière, culte dominical ou familial) la joie d’être aimé, porté, fortifié par Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est déployer sa propre palette de talents dans l’expression de la foi. C’est témoigner de la présence vivante du Christ en nous, parmi nous et avec nous.

Parler de quelqu’un que j’aime à quelqu’un qui l’aime,
c’est enfin exprimer la façon unique dont Dieu nous a appelés par notre nom, nous a déployé et adressé son plan de manière spécifique car nous avons du prix à Ses yeux. C’est la dimension personnelle de la foi, recueillie parfois dans le silence de la chambre la plus intérieure, loin des places des Pharisiens. C’est la perle de grand prix ou le trésor du champ…

Voilà ce que je souhaitais écrire, au risque d’avoir emprunté par moment des tournures un peu mystiques quelque peu éloignées de la rigueur qui sied habituellement à l’expression de la confession réformée.

Philippe.