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Veillée du jeudi saint « Réjouissez-vous, sœurs de Myriam »

Veillée du jeudi saint (ou pour une thématique de la Sainte Cène ) « Réjouissez-vous, sœurs de Myriam » Ce moment a été proposé par la Paroisse Protestante de Haguenau dans le cadre de la veillée du jeudi Saint. Il peut être adapté à un culte spécial « Sainte Cène ».

Il est fondé essentiellement sur une démarche extraite du recueil « Sinfonia Oecumenia » (Gütersloh, 1999), pages 735-749 et intitulé « Réjouissez-vous, sœurs de Myriam ». 

Ont participé activement à son élaboration la Pasteure Agathe Douay, aumônier de l’aumônerie des Lycéens (« Casa ») entourée de nombreux lycéens et le Pasteur Frédéric Gangloff qui a rédigé la saynète introductive.

Matériel à prévoir et lieu à installer :

  • une église chaude et accueillante, ambiance douce et chaleureuse
  • tables, bancs et peut-être quelques chaises pour les personnes âgées : toute la veillée se fait à table !
  • pour chaque table, une coupe, 2 bougies ,des allumettes, une carafe d’eau, une bassine, des serviettes, une carafe de jus de raisin, des verres, des assiettes creuses avec de l’eau salée, des  herbes vertes ou de la salade, des pains mazots,
  •  feuilles de chants,  micro sans fil 
  •  table devant l’autel décorée pour le sketch

Prélude – Accueil  A vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. Soyez toutes et tous les bienvenus à cette veillée du jeudi saint. Cette nuit n’est pas une nuit comme les autres. A la « Casa des lycéens », comme dans la paroisse, la « table » est un lieu important de rencontre et d’échange, un lieu symbolique de fraternité.  C’est pourquoi, nous vous proposons ce soir de nous retrouver autour de la table, pour suivre ensemble et pas à pas la liturgie juive du seder. Le seder, ce repas de la pâque juive, nous rappelle la libération du peuple hébreu de l’esclavage. Ce repas nous invite à espérer, à poser des actes de libération, aujourd’hui, et  autour de nous.

Prière d’ancrage Seigneur, au cœur de nos vies peut être agitées, tu nous ouvres ce temps de culte pour reprendre souffle, pour prendre du recul, pour nous donner d’espérer. Donne-nous d’être disponible à nous-même et à ta présence, donne-nous d’être ouvert les uns aux autres. Nous t’en prions, crée en nous cet espace intérieur afin que ta Parole y pénètre et nous mette en route. Amen.

Chant 1 : Il est une foi ancienne AL 52/09, 1+4+6+7  On baisse la lumière et on garde juste celle du chœur – 

SAYNÈTE INTRODUCTIVE : « Attendez-vous les uns les autres ! »

 Lecture de 1 Co 11, 17-22 & 33-34

En guise de décor : une table avec de la nourriture en vrac, des cadavres de bouteilles partout, des emballages, etc… Au bout de la table, une personne dort pendant qu’une autre est en train de grignoter un casse-croûte ! Débarquent deux personnes avec des sacs de courses… Je me suis inspiré des noms des 7 nains de Blanche Neige qui expriment plus des sentiments personnifiés. Chacun est libre d’en changer !

  • Prof : Ah ben bravo ! A ce que je vois, vous ne nous avez pas vraiment attendu pour commencer ! Nous sommes en retard, parce que nous nous sommes occupés des courses pour la communauté !
  • Grincheux : Parfaitement ! A nous le boulot et à vous le fun ! En mode : « Chacun pour sa pomme » !
  • Dormeur (il se réveille difficilement) Ouille ! Ça va là ! Baisse le volume ! J’ai un de ces mal de crâne… Comme vous avez traîné, j’suis allé voir mes potes, en attendant, et on a tué le temps autour d’un verre !
  • Prof : Un verre ? Tu me prends pour une quiche ! C’est plutôt une caisse oui ! T’as pas honte de te retrouver dans cet état pareil ! Ici dans une Eglise ?
  • Timide (qui mange dans son coin) : Euh… Si je puis me permettre ? J’ai déjà commencé à grignoter un peu ; j’avais trop faim et comme je ne savais pas quand vous alliez revenir…
  • Grincheux : Non mais c’est l’anarchie totale ici ! Il y a tout de même des règles élémentaires du savoir-vivre ! Ce repas devait être un repas d’unité…
  • Prof : Et vous en avez fait une teuf arrosée ou l’autre-là (indique timide), attaque son casse-croûte en solitaire et lui (montre dormeur) est affalé dans les miettes ! Et à nous c’est tout ce qui reste ! Des miettes !
  • Dormeur : Oh ! C’est bon là ! T’as fini de faire ton pasteur ! J’ai déjà fait un effort pour venir manger avec vous. J’suis même prêt à sourire s’il le faut, à dire quelques mots gentils par ci et par là, même si vous êtes sacrément en retard, mais après je retourne boire un coup avec mes amis !
  • Timide : Oui ! Il a raison ! Déjà qu’on se force à parler avec les gens qu’on ne connaît pas, avec le sentiment d’avoir fait une bonne action, ne nous demandez pas, en plus, de mourir de soif et de faim en patientant jusqu’à votre arrivée !
  • Grincheux : Si vous en avez les moyens et aucune patience, faites ça chez vous ! Mais ici, jouez le jeu ! Comportez-vous en membres solidaires d’une communauté !
  • Prof : Je ne sais pas si vous réalisez vraiment, mais ce repas, ce n’est pas le lieu où vous allez vous servir, mais l’endroit où vous allez recevoir ce qu’un Autre distribue de tout son corps et de toute son âme !
  • Dormeur : En vous attendant, j’en pouvais plus et comme y a pas de réseau ici, j’avais trop besoin de la présence de mes amis pour me sentir bien !
  • Timide : Pour moi c’est pareil, j’ai du mal à aller vers les autres, alors je préfère manger dans mon coin comme ça je me console avec la bouffe !
  • Grincheux : Et cela ne vous serait jamais venu à l’idée que pour préparer et vivre ce repas un peu spécial, il faudrait faire un peu attention aux autres ? Essayer de prendre conscience de leur faim et leur soif avant de vous remplir l’estomac ?
  • Prof : Ou peut-être croyez-vous déjà pouvoir vous passer des autres, de ceux qui ont moins de moyens ! Surbookés par des journées à rallonge et des soirées de travail !
  • Dormeur : Ouai ! J’avoue ! J’suis pressé de consommer toujours plus et après moi, le déluge !
  • Timide : Et si les mieux installés comme moi, se souciaient un peu plus des plus faibles ou des derniers arrivés ?
  • Grincheux : La patience de Dieu à notre égard est énorme alors que nous sommes du genre « impatient chronique » !
  • Prof : Dans un monde où plus personne n’attend personne, il vaut la peine de s’attendre les uns les autres !
  • Timide : Hmmm ! Psst ! SVP ! (Indique les gens dans l’assistance) Je pense qu’ils nous attendent !
  • Prof : Eh bien, allons les rejoindre ! (Chacun se précipite pour être le premier)
  • Grincheux : Oh là ! Stop ! Qu’est-ce qu’on vient de dire !
  • Tous : Attendez-vous les uns les autres ! Ils s’attendent et prennent place à la table autour de laquelle ils invitent l’assemblée.  

rallumer les lumières

DEBUT du REPAS DU SEDER

Les lumières de la fête Dans la tradition juive, on commence toutes les fêtes en allumant les bougies ; de même, au début de nombreuses fêtes chrétiennes, on allume des cierges. Ce soir, en allumant ces bougies, nous souhaitons faire de leur flamme non pas un feu dévorant, mais la lumière dans laquelle nous nous voyons les uns les autres, tous différents, toutes différentes, mais partageant une humanité commune. Nous allumons ce feu pour nous aider à voir que l’humanité n’est pas destinée à périr par le feu. Nous allumons ce feu pour mieux distinguer l’arc-en-ciel qui luit sur nos visages. On allume les bougies sur les tables   Bénie soit la lumière qui nous conduit sur le chemin de la libération.

Première coupe  En cette nuit, nous buvons 4 coupes de jus de raisin + 1. On interprète cette coutume de diverses manières. Elles symbolisent, disent certains, les 4 coins du monde, car la liberté doit naître en tous lieux ; Elles symbolisent les 4 saisons, car le cycle de la liberté doit se perpétuer ; Elles symbolisent les 4 mères : Sara, Rebecca, Léa et Rachel, car la liberté sera le chant des femmes. Mais surtout, elles sont le symbole de la quadruple promesse de libération que Dieu a donnée à son peuple d’Israël : « Je vous ferai sortir, je vous délivrerai, je vous adopterai, je ferai de vous mon peuple ». La cinquième coupe est celle du Messie, mort et ressuscité pour nous !

Cette première coupe est dédiée à Myriam qui a pris dans sa main une cymbale et a conduit les femmes vers la Terre Promise. Le cantique de Myriam, omis par l’histoire, est perdu. La Bible ne l’a pas conservé. En cette nuit, nous voulons recréer son chant, élever nos coupes et nous réjouir, car nous sommes les sœurs et les frères de Myriam. A sa suite, nous promettons d’aller en dansant vers la Terre Promise avec nos sœurs et frères et avec leurs enfants. On remplit les petits verres avec le jus de raison pour la première  fois et on boit la première coupe.

Chant : Ils ont marché ARC 542, 1+ Refrain 

Lavement des mains Nous allons nous laver les mains pour nous préparer à ce repas. En le faisant, nous nous débarrassons de tout ce qui nous empêche d’être véritablement nous-mêmes. Nous voulons nous préparer à être renouvelés, restaurés. Nous voulons retrouver la force de guérison qui est en nous et nous souvenir que nos corps sont saints. Femmes, hommes, jeunes, enfants, lavons-nous les mains. Faites passer la bassine et la serviette, lavez-vous les mains et essuyez-les. Se laver les mains dans les bassines sur les tables, sécher avec les serviettes. Bénie sois-tu, toi l’eau qui laves nos mains et nos cœurs et qui nous donne clarté et sagesse.

Chant : Ils ont marché ARC 542, 2 + Refrain 

Les feuilles vertes et l’eau salée Nous trempons la verdure du printemps dans l’eau salée ; elle est symbole des larmes de nos souffrances, de la sueur qui trempe notre front et des eaux de la grossesse. Elle est symbole des larmes que nous avons versées sur l’oppression que nous avons subie en tant que femme. Prenez la verdure (salade, persil, ciboulette), trempez-les dans l’eau salée et mangez.

Les quatre questions posées par les plus jeunes

  • Pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres ? Chaque nuit de la pâque, la question est posée. Nous aussi, nous la posons. Nous aussi, nous cherchons la réponse.
  • Pourquoi, en cette nuit, avons-nous ce goût d’amertume qui demeure dans notre bouche ? Il y a des temps où la vie est amère, où le mal est présent dans le monde. Pensez à celles et ceux qui sont malades, à celles et ceux qui nous ont quitté cette année. Ce sont d’amères réalités.
  • Mère, pourquoi alors le goût de nos larmes est-il à la fois doux et amer ? Ces larmes, à la fois douces et amères, nous rappellent l’amie qui nous entend quand nous pleurons. Nous pouvons porter des fardeaux, supporter des choses difficiles, nous pouvons nous soutenir les uns les autres. C’est pourquoi nous acceptons à la fois l’amertume et la douceur, sachant que nous avons la force d’aller de l’avant.
  • Mère, pourquoi est-il si difficile de nous détendre, de nous reposer ? Il est bon de chanter, de manger, et de célébrer la fête ensemble. Mais nous savons que des femmes souffrent, que l’on détruit la terre que nous aimons. Nous devons rester vigilants, prêts à chaque instant à lutter pour la justice.

Chant : Ils ont marché ARC 542, 3 + Refrain 

Bénédiction du pain – Voici la fête des pains sans levain, c’est pourquoi nous partageons ces Mazots. Bénis-sois-tu, Esprit qui nous nourris et qui fais croître le pain de la terre. Bénis sois-tu Esprit de vie, qui nous sanctifies par les commandements et qui nous as appris à manger les pains sans levain. Mangez ce pain sans levain !  Manger

Deuxième coupe Élevons la deuxième coupe et buvons à la communion qui unit les femmes. Bénis sois-tu Esprit de vie, car tu as mis des femmes autour de nous : mères, sœurs, compagnes, enfants, amies qui nous appellent à la liberté. Bénies soient toutes les femmes. Buvons la deuxième coupe. Boire

Récit de la libération Il nous faut maintenant faire le récit de notre Exode. Chaque année, la tradition raconte comment Moïse a libéré le peuple. Mais dans l’histoire juive, comme dans toutes les traditions patriarcales, l’histoire du peuple était celle des hommes. Les écrits et les traditions bibliques nous laissent entendre que les femmes et les hommes du peuple hébreu quittèrent l’Egypte séparément, en deux groupes, dont l’un était sous la conduite de Myriam et l’autre sous celle de Moïse, son frère cadet. En cette nuit, nous faisons mémoire de Myriam, qui a conduit le peuple juif hors d’Egypte. Le nom de Myriam vient de deux mots hébreux : « mar » et « mari ». Le mot MAR signifie « AMER » : le temps passé en Egypte était plein d’amertume pour notre peuple. MARI signifie « rébellion » : Myriam s’est révoltée contre l’oppression qu’elle subissait en tant que juive. ECHANGE : prenons quelques minutes pour échanger sur des exemples de récits actuels de libération

Troisième coupe  Le récit de l’Exode nous interpelle et nous pousse à nous libérer de toute injustice. L’histoire de nos vies nous lie les unes aux autres, car aucun être humain ne sera véritablement libre tant qu’un seul est encore captif. La troisième coupe célèbre notre vision d’un monde entièrement libéré et notre solidarité avec celles et ceux qui œuvrent pour la libération des opprimés. Verser et boire la troisième coupe. On dit qu’Elie vient participer à chaque Seder. Nous attendons son arrivée avec impatience, comme on attend toute personne courageuse qui vient assumer les responsabilités lorsqu’il le faut. Nous ouvrons la porte en signe d’hospitalité et d’amitié. Qu’Elie et toutes les prophétesses, avec Myriam, entrent ici et nous inspirent, afin que nous poursuivions notre tâche : construire un monde dans lequel toutes et tous auront la justice et la liberté en partage.

Chant : Dieu qui nous appelle à vivre ARC 515, 1 à 4

Quatrième coupe Versez du jus pour la quatrième fois dans les petites coupes. Nous élevons la quatrième coupe et buvons à nos enfants et aux jeunes. Ils sont le fruit de nos entrailles. Ils raconteront après nous et transmettront les récits les récits de libération. Bénis sois-tu, Esprit qui nous donne force et courage. Car tu nous as donné la génération suivante pour que demeure la liberté. Buvez la quatrième coupe. On boit la quatrième coupe.

Cinquième coupe (1 coupe / table) Et selon la plus ancienne tradition qui nous est venue par l’apôtre Paul, voici l’enseignement qu’il a reçu du Seigneur Jésus et qu’il nous a transmis : Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain (Matza), et après avoir remercié Dieu, il le rompit (On rompt la Matza) et dit « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites ceci en mémoire de moi »  Chacun, par table, rompt un bout de Matza et le donne à son voisin !  De même, il prit la coupe (prendre une coupe par table) après le repas et dit : « Cette coupe est la nouvelle alliance de Dieu, garantie par mon sang. Toutes les fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi ». En effet, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, vous annoncez sa mort toutes les fois que vous mangez de ce pain et que vous buvez de cette coupe… Ainsi, mes sœurs et mes frères, lorsque vous vous réunissez pour prendre le repas du Seigneur, attendez-vous les uns les autres ! Faire passer la coupe par table !

Nous allons mettre fin à ce Seder de notre Pâque, gardant au cœur le rêve de célébrer celui de l’an prochain dans un monde un peu plus en paix, renouvelé par l’égalité, un monde béni au travers de la liberté de toutes les femmes. Cette année, nous sommes encore sur les routes. Peut-être parviendrons-nous l’an prochain, au pays de la liberté. Dans cette espérance, unissons nos voix et nos prières pour dire ensemble : NOTRE PERE…

Chant : Viens et nous bénis Arc 890, 1 et 3

ENVOI Nous allons souffler nos bougies, ( le faire ), Il ne nous reste qu’à partir, attendre et espérer, car l’histoire doit aller à son terme : Jésus doit mourir pour que la mort meure,Jésus doit ressusciter pour la vie soit la plus forte. Que le Dieu d’amour vous bénisse et vous garde ! Amen.

Postlude

Crédits : Agathe Douay, Frédéric Gangloff (UEPAL) – Point KT