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Jonathan attend

« Jonathan attend » est une narration de Marthe Balla, formatrice AFiBi (Association des Figurines Bibliques).

Jonathan était le fils d’un berger. Il était souvent seul, pas parce que personne ne l’aimait mais Jonathan, dans tout ce qu’il faisait, était très lent. Ses camarades perdaient souvent patience et allaient jouer ailleurs. Même chez le rabbin il lui fallait plus de temps pour comprendre mais il avait réussi à apprendre à lire lui aussi. Quand le jour était arrivé où il devait lire devant toute l’assemblée son cœur avait battu très, très fort. Mais le rabbin avait déposé devant lui son rouleau préféré, celui du prophète Michée, et l’avait encouragé du regard. Et c’est d’une voix ferme que Jonathan avait lu : « Et toi, Bethléem Efrata, déclare le Seigneur, tu es une localité peu importante parmi celles des familles de Juda. Mais de toi je veux faire sortir celui qui doit gouverner en mon nom le peuple d’Israël, et dont l’origine remonte aux temps anciens […] C’est lui qui amènera la paix. »

La première fois que le rabbin leur avait lu ce texte Jonathan avait demandé : Bethléem Efrata, c’est notre Bethléem ? notre village ? Et quand le rabbin avait dit oui, que c’était là qu’était né le roi David, Jonathan était resté rêveur jusqu’à la fin de la leçon. Puis il avait pris en courant le chemin de la colline qui surplombait le village et s’était assis là-haut à regarder son petit village d’en haut. Bien plus tard ses camarades l’avaient retrouvé.

  • Que fais-tu là Jonathan ?
  • J’attends.
  • Tu attends qui ?
  • J’attends.
  • Tu attends quoi ?
  • J’attends.

Il n’avait rien ajouté et ses camarades étaient repartis. Depuis ce jour c’est très souvent qu’on le voyait là-haut et si quelqu’un demandait ce qu’il faisait là-haut tout le village répondait : Jonathan attend. Jonathan avait appris le métier de berger, auprès de son père, et, quand il pouvait choisir c’est toujours sur cette colline qu’il emmenait son troupeau.

Aujourd’hui encore c’est là qu’il était. Mais aujourd’hui rien n’était pareil. Bethléem, son petit village si calme bourdonnait comme une ruche. Les maisons et les rues étaient pleines de gens qui se saluaient avec de grandes effusions, qui essayaient de se frayer un chemin, qui transportaient des nattes, des cruches, des sacs, du bois… Jonathan se sentait bizarre, perdu. Mais son père et les autres bergers étaient juste un peu plus loin et personne ne l’avait appelé, alors il continuait à regarder…

Vers le soir il vit encore deux voyageurs qui arrivaient avec un petit âne. C’était une jeune fille, sur l’âne, à peine plus âgée que Jonathan et ils se dirigeaient vers l’auberge du village. Jonathan les perdit de vue. La nuit tombait. Le village se calmait peu à peu. Jonathan s’enroula dans son manteau, se coucha près d’un buisson et s’endormit.

Quand il se réveilla il se redressa et regarda autour de lui. C’était encore la nuit, mais une nuit très claire et pourtant ce n’était pas la pleine lune mais même les étoiles lui semblaient différentes. Il entendit des bruits de pas qui venaient vers lui puis son père l’appela : Jonathan, viens ! Jonathan se leva et rejoignit son père et les autres bergers et tous ensemble ils descendirent vers Bethléem. Ils se dirigèrent vers l’étable de l’auberge et y entrèrent. Jonathan fut tout étonné de reconnaître la jeune fille qu’il avait vue sur l’âne et plus encore de voir près d’elle, couché sur la paille de la mangeoire, un nouveau-né.

Jonathan hésita, s’approcha un petit peu – les mamans de Bethléem n’aimaient pas trop qu’il s’approche des bébés, elles avaient peur qu’il soit maladroit, qu’il leur fasse du mal sans le vouloir – et leva les yeux vers la jeune maman. Celle-ci lui sourit et écarta un peu les langes et Jonathan comprit que son attente était finie.

Derrière Jonathan son père raconta ce qui leur était arrivé au pâturage : la lumière, l’ange, les chants, l’ordre d’aller à Bethléem… Quand il s’arrêta de parler Jonathan le regarda et lui récita : « Et toi Bethléem Efrata, tu es une localité peu importante parmi celles de Juda. Mais de toi je veux faire sortir celui qui doit gouverner en mon nom le peuple d’Israël, et dont l’origine remonte aux temps anciens. C’est lui qui amènera la paix. » et il ajouta : « Voilà ce que j’attendais. »

Crédit : Marthe Balla