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La fille de Jaïrus

La fille de Jaïrus
Maintenant que la foule est sortie de ma chambre. Que l’agitation s’est dissipée, que les vivats et les
« c’est un miracle » se sont tus…
J’aimerais bien savoir ce qui s’est passé.
Papa… Dis-moi ce qui s’est passé !

Jaïrus
Tu ne te souviens de rien ?

La fille de Jaïrus
Je me souviens de votre inquiétude. Je me souviens de ma chambre plongée dans la pénombre moi qui aime tant le soleil de notre bourgade de Capernaüm. Je me souviens que même le gâteau au miel de maman, mon préféré, je n’ai pu en avaler une miette.
Je me souviens… Non après, à part cette sensation d’étouffement, d’être prisonnière de ce corps malade, je ne me souviens de rien.
Dis-moi, papa, dis-moi ce qui s’est passé ?

Jaïrus
Oh, ma fille. Tu étais malade. Bien plus que tu ne l’imaginais. Bien plus que nous voulions te le dire, nous qui te chérissons tant.
Et puis, il y a eu ce mot terrible du médecin : « Votre fille va bientôt mourir. Je ne peux plus rien faire pour elle. »
Cette parole aurait pu m’enchaîner et m’empêcher d’agir… mais dans ma détresse, je ne voyais qu’une chose à tenter : chercher Jésus, le Grand Médecin qui pouvait guérir.

La fille de Jaïrus
Quoi, tu as cherché Jésus, toi le chef de la synagogue, après tout ce que tu disais sur lui ?

Jaïrus
Oh, oui j’ai cherché Jésus. J’avais besoin de son aide, désespérément. J’ai couru, couru au lac. De toutes mes forces, de toutes mes jambes, de tout mon espoir. J’ai couru comme si j’avais vingt ans…
Il y avait là une foule… immense. Certains de ceux qui s’étaient réunis là disaient à voix basse : Regardez, même Jaïrus, le chef de la synagogue, va vers Jésus. Dans leur étonnement, ils se sont écartés pour que je puisse arriver facilement vers Jésus.

La fille de Jaïrus enthousiaste
Et il est venu tout de suite ?

Jaïrus
Non, d’abord, je suis tombé à genoux devant Jésus

La fille de Jaïrus
Toi à genoux ?

Jaïrus
Oui à genoux , comme ça (se jeter à genoux)
Et je me suis écrié : Seigneur, viens avec moi tout de suite, s’il te plaît. Ma fille est très malade ; elle est sur le point de mourir. Tu es le seul qui puisse la guérir. Si tu poses la main sur sa tête, elle sera guérie et vivra.
Et je me suis prosterné. Je ne pouvais rien faire de plus.

La fille de Jaïrus
Et il est venu !

Jaïrus
Oui, il est venu. Il n’a pas hésité. Mais, à cause de la foule, nous n’avancions pas vite… Alors que j’aurais aimé avoir des jambes de gazelle ou bien des ailes !

La fille de Jaïrus
Mais bien vite, vous êtes arrivés à moi…

Jaïrus
Non, ma fille. À un moment Jésus s’est arrêté et a demandé qui l’avait touché.

La fille de Jaïrus
Mais 1001 personnes le touchaient… Tu me disais qu’il était au milieu de la foule…

Jaïrus
C’est ce que beaucoup disaient, même ses disciples, mais là aussi il avait raison. Il y a bien une femme qui l’a touché… ou plutôt qui l’a touché délibérément mais en cachette. Et, tu te rends compte, cette femme anonyme, Jésus l’a retrouvée car elle a reconnu son geste.

La fille de Jaïrus
Pourquoi a-t-elle touché Jésus ?

Jaïrus
Elle cherchait elle aussi la guérison. Depuis 12 ans… Depuis aussi longtemps que tu éclaires nos vies…
Elle était malade. Des pertes de sang qui la rendaient impure… Et à la minute où elle a touché Jésus, elle a été guérie.
Moi pendant ce temps j’étais furieux. Quoi il s’occupait de cette femme malade depuis si longtemps.
Quelle différence cela faisait si elle était guérie maintenant ou plus tard ? Quelle différence cela faisait qu’elle ait été guérie malgré Jésus ? Et lui qui a encore pris le temps de la réconforter en disant : Ma fille, ta foi t’a guérie. Va en paix !
Moi, je n’étais pas en paix… Car pour toi, pendant ce temps, chaque minute comptait… Et ce que je
craignais est arrivé

La fille de Jaïrus
Qu’est ce qui est arrivé ?

Jaïrus
Nous sommes arrivés trop tard… Ta mère était en pleurs… Et toi, toi (sanglots dans la voix)… Tu étais…

La fille de Jaïrus (choquée, avec une toute petite voix)
Morte ?

Jaïrus acquiesce
Je me disais : à quoi bon ramener maintenant Jésus auprès de mon enfant chérie ? Il avait perdu trop de temps avec cette femme. D’ailleurs comment quelqu’un d’impur aurait-il pu guérir au nom de Dieu…
Et puis, calmement, il m’a dit : « ne crains pas, crois seulement ».

La fille de Jaïrus
« Ne crains pas, crois seulement »

Jaïrus
Et j’ai été libéré du poids de la crainte. Et j’ai eu foi en Jésus.
Quand nous sommes arrivés ici, il y avait un tapage énorme, les pleureuses, les voisins, les amis qui se lamentaient et entouraient ta mère. Tout le monde déchirait ses vêtements. Et là Jésus a dit : Cela suffit !
La jeune fille n’est pas morte. Elle dort.

La fille de Jaïrus
Et je n’étais pas morte ? Pas encore tout à fait ?

Jaïrus
Tu étais sur ton lit les yeux fermés comme si tu dormais enfin paisiblement. Mais tu ne respirais plus, ton cœur ne battait plus, et…

La fille de Jaïrus
J’étais morte…

Jaïrus
Tu étais morte.
Jésus a demandé à tous ces gens de quitter la maison. Personne n’est resté à l’intérieur sauf ceux qui croyaient que Jésus pouvait faire un miracle, Pierre, Jacques, Jean, ta mère et moi.
Jésus t’a prise par la main et dit avec autorité : Mon enfant, lève-toi !

La fille de Jaïrus
Oui, c’est vrai, j’ai entendu une voix, Sa voix et j’ai ouvert les yeux, mais je ne savais pas ce qui
m’arrivait. En regardant autour de moi, j’ai vu Jésus devant moi et maman et toi à côté de Lui. Vous me fixiez avec des yeux remplis de tellement de choses.
Je me suis assise dans mon lit, me sentant très bien. Ensuite je me suis levée, je suis allée vers maman, qui m’a prise dans ses bras avec une joie débordante. Toi aussi tu m’as serrée contre toi comme jamais. Jésus vous a demandé de me donner à manger tout de suite. Et j’ai enfin mangé mon gâteau au miel.
Moi qui étais dans la crainte, maintenant que j’ai vécu l’amour de Jésus, je ne me laisserais plus capturer par la crainte mais je sais que je suis libérée pour vivre…

Crédits : Pasteure Isabelle Horber (UEPAL), Point KT, Photo Pixabay