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La petite souris

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Cette narration constitue la suite de « Une toute petite souris », du même auteur. Elle peut être contée de manière indépendante notamment à l’Épiphanie. Après avoir vu la naissance de Jésus, la petite souris continue ses observations des premiers jours de l’enfant. En discussion avec l’âne et le bœuf, elle assiste à l’arrivée d’étranges voyageurs…

– Hé, le bœuf, tu dors déjà ? Non, je le vois ! Oui, c’est encore moi, la petite souris ! Il faut que je te raconte…Attends, voilà l’âne qui arrive…Tu te souviens, l’âne, de notre ancienne étable ? Celle où tu es arrivé il y a un mois à peine et où le petit bébé est né ? Eh bien, aujourd’hui, quand Joseph t’a cherché pour porter les nouvelles poutres, j’ai eu envie d’y retourner, à notre vieille étable. C’est qu’elle a bien changé depuis qu’on vous a mis ici, dans ce nouvel abri, toi, le bœuf et les moutons. Vous ne la reconnaîtriez plus si vous pouviez y entrer ! Plus un brin de paille par terre, tout est bien rangé. Joseph a monté une banquette de terre où ils dorment la nuit. Marie a souvent son balai en main, d’ailleurs elle m’en menace quand je m’approche trop du sac de blé ou du bébé. Mais elle ne m’a encore jamais fait de mal ! Donc, aujourd’hui, j’y suis retournée. Quand Marie m’a vue elle a pris son balai mais l’enfant s’est mis à pleurer et elle m’a oubliée pour s’occuper de lui. Je me suis cachée sous la grande corbeille où elle pose toujours sa lampe…
Et voilà qu’il y a eu un grand bruit dehors et des animaux effrayants sont arrivés : énormes, avec des bosses sur le dos, bruyants, et ils me regardaient de haut en ayant l’air de se moquer de moi. Quelle peur !
– C’est vrai qu’ils sont impressionnants les chameaux ! – dit le bœuf – j’en ai rencontré un, il y a longtemps ! Il faisait partie d’une caravane qui passait par là. Il m’a parlé des longs voyages qu’il avait faits : des régions où il n’y a que du sable et encore du sable, où il fait parfois si chaud le jour que la caravane s’arrête et attend la nuit pour continuer sa route, à la lueur des étoiles, de la soif et qu’alors sa bosse diminue pour grandir de nouveau quand il y a de l’eau à boire…
– Mais que faisaient des chameaux ici ? demande l’âne. Ce n’est pas la route habituelle des caravanes, il n’y a pas de grand marché ici, une seule petite auberge…
– Et leurs maîtres n’avaient pas l’air d’être des marchands. Ils avaient beaucoup de bagages et paraissaient fatigués, mais leurs habits étaient de tissus précieux, ça se voyait malgré la poussière du voyage ! Et ils sont entrés dans notre vieille étable, ils n’ont même pas regardé l’auberge. Ils ont parlé à Marie d’une étoile brillante qu’ils avaient vue, loin à l’orient et qui leur avait montré le chemin…

 

– C’est vrai que depuis la naissance du bébé il y a toujours cette lumière au-dessus de l’étable, celle que les bergers avaient vue quand l’ange les a envoyés ici !
– Mon cousin m’a dit un jour que certains hommes étudiaient les étoiles et les connaissaient toutes, et qu’elles étaient très importantes pour eux, elles leur annonçaient des choses importantes…
– Ces étrangers se sont agenouillés devant Marie et l’enfant, puis ils ont ouvert leurs bagages et ils en ont sorti de l’or, de l’encens et de la myrrhe pour l’offrir à l’enfant. Après ils ont monté leurs tentes tout près et sont allés dormir… Mais, écoutez ! Quel est ce bruit dehors ? Je vais voir…Je n’y comprend plus rien : voilà qu’ils démontent tout et chargent les chameaux ! Comme s’ils avaient tout à coup décidé de partir en pleine nuit ! Et Joseph qui vient par ici …
– Viens, mon âne, j’ai besoin de toi, nous devons partir avec l’enfant, le roi Hérode veut le tuer…
–  Adieu, petit âne, moi, le bœuf, je reste ici, je suis trop lent et trop vieux mais prends bien soin de Marie et de l’enfant…
– Dis, il n’y aurait pas une petite place sur ton dos pour moi ? Je ne suis qu’une toute petite souris !…

auteure : Marthe Balla