Point KT

Noël, et après ???

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Capharnaüm : le salon rempli de boîtes à moitié pleines à moitié vides, partout des boules, regroupées par couleurs, quelques débris, le sol jonché d’épines séchées …
Ne dirait-on pas le lendemain d’un combat ? C’est peut-être pire, nous sommes dans les rangements, au surlendemain de Noël !

L’enfant: Dis-moi, qu’y a-t-il, après les guirlandes ?
L’adulte: Hou là, tu fais bien d’en parler, avec tous ces tralalas, j’allais presque oublier ! Au-delà des guirlandes, il y a la suite d’un récit, que l’on doit se passer, de génération en génération… Un récit qui a commencé, justement, par une généalogie ! La mémoire d’une famille qui prend sa source, oh, à la racine de la mémoire des hommes.
– Il y avait des guirlandes, en ce temps là ?
– Des guirlandes de noms, une tresse de descendances, un fil si solide pour tisser l’appartenance qu’il tient encore aujourd’hui, et que nous en faisons partie…
– Je suis une guirlande ?
– Tu es un maillon dans une chaîne. Une petite lumière parmi d’autres, qui peut briller et tout illuminer autour de toi.
– Je ne comprends rien à ton histoire !
– Attends, je recommence…
Reprenons l’Évangile de Matthieu, au chapitre un, verset un : « Voici la liste des ancêtres de Jésus-Christ : David est l’ancêtre de Jésus-Christ, et Abraham est l’ancêtre de David, Abraham est le père d’Isaac ;

Fondu enchaîné avec la musique. Tritt auf die Glaubensbahn BWV 152 (Concerto 1) en crescendo

Isaac est le père de Jacob. Jacob est le père de Juda et ses frères. Juda est le père de Pèrès et de Zéra, leur mère est Tamar… »

Trille flûte 42’’ Début solo hautbois – Musique seule jusqu’à  … 51’’Duo hautbois flûte Fondu enchaîné avec la musique en décrescendo.

« Quand Joseph se réveille, il fait ce que l’ange du Seigneur lui a commandé. Il prend sa femme chez lui, mais il ne s’unit pas à elle jusqu’au jour où Marie met au monde un fils. Joseph donne à l’enfant le nom de Jésus. »
– Je me souviens maintenant, mais tous les « Père de…, père de…père de… » ça j’avais oublié !
– C’est normal, ce sont des noms compliqués. Et puis moi, j’oublie de t’en parler, alors, on arrive à Noël, et hop, en un coup, il faut tout raconter !
– On ne m’a rien raconté, personne n’a eu le temps !
– Il n’est pas trop tard. Si tu veux bien, moi je vais te raconter. Le début, longtemps avant l’histoire de Noël, aux temps où ils sont « père de… et fils de… » et puis aussi la suite…

Musique joyeuse : Par exemple: « Joy to the world » L’adulte, Bible en main, fait mine de raconter à l’enfant…

Un autre narrateur: « Joie pour le monde,
Le Seigneur est venu, que la terre accueille son Roi,
Que chaque cœur Lui prépare une place…
Joie pour le monde, pour tous les garçons et les filles, … Joie pour toi et pour moi ! »

A-t-on le droit de ne pas raconter cette histoire là ?
A-t-on le droit de la garder pour soi ?
Peut-on se permettre d’oublier de la transmettre, distraits que nous sommes par les strass et les paillettes ?
Pourquoi se préoccuper des décors au-dedans et au dehors et allumer autant de lumières jusqu’au cœur de l’hiver, si dans la masse des festivités préemballées, nous ne donnons pas plus de sens à nos préparatifs ?
Et que deviennent nos lumignons,  dans la fatigue des lendemains, si les flammes ont oublié toute symbolique et n’éclairent plus aucun chemin ?!?

A toutes ces questions, une réponse facile, et qui tient en quatre évangiles…
Un sauveur nous est né, Emmanuel, « Dieu avec nous ».
Soudain tout prend sens : la nouvelle est immense. Terre entière chante ta joie !

Cette nouvelle, on ne peut pas la garder pour soi !
N’avons-nous pas un devoir de mémoire vis-à-vis des jeunes générations ?
Un devoir, mais aussi un droit, … celui de la transmission !
Nous avons le droit et le devoir de transmettre ces évangiles qui nous sont chers, et qui re-centrent la joie de Noël sur son sens originel. Ce devoir de « passeur » qui ouvre à la fête des perspectives, bien au-delà des guirlandes !!!
A nos enfants et petits-enfants, même s’ils ne sont pas très pratiquants, n’avons-nous pas un bon prétexte pour oser la tradition orale ? Puisque ce récit de Noël fait partie de notre culture générale !

Il suffit de voir les grandes firmes de jouets, produisant à tour de bras personnages et accessoires en lien avec la Bible et ses histoires. On trouve normal que pour ceux-là, l’Écriture soit une valeur sûre… Mais l’on hésiterait à témoigner de façon personnelle, de peur d’ennuyer notre auditoire avec nos questions spirituelles ?

Étranges situations que l’on vit en famille, lorsque le quotidien aborde sans plus de tabous les questions de sexe, de violence, de mort, de maltraitance… Mais où l’on considère comme impudique de parler de sa foi ! Et comme inutile de parler d’évangile.
Pourtant, lorsque le nom de « Dieu » n’est plus que dans les gros mots, il est grand temps de s’inquiéter, et de reprendre tout à zéro !
Si cette fête de Noël nous en donne l’opportunité, saisissons la !

Quelques uns cependant n’ont pas l’occasion du partage. Il arrive en effet d’avoir la solitude en héritage.
Pourtant, tous maillons dans la grande chaîne des chrétiens, petites lumières sur la guirlande des généalogies, il faut que ces quelques uns se racontent à eux-mêmes toute la joie de l’Évangile de Matthieu. Au chapitre un : « Voici comment Jésus-Christ est né. Marie, sa mère, est promise en mariage à Joseph. Mais avant d’habiter avec Joseph, Marie attend un enfant, par la puissance de l’Esprit Saint… »
Il faut aussi que ces quelques uns lisent cet évangile jusqu’à la fin : Chapitre 28 : « Et moi, dit Jésus, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »

Ainsi, cet évangile de Matthieu qui commence par une généalogie de (entre guillemets) « début de monde » : « David est l’ancêtre de Jésus-Christ, et Abraham est l’ancêtre de David… », cet évangile de Matthieu se termine sur ces mots : «tous les jours, jusqu’à la fin du monde »… Les guirlandes ne sont plus celles de notre Noël, ni celles des noms et des généalogies. Ce sont des guirlandes que l’on dirait divines, des guirlandes de jours, comme tressées par Jésus lui-même, et qui relient la terre et le ciel, les généalogies passées et les générations futures, les gestes accomplis et ceux qui restent à faire… : « Je serai avec vous, tous les jours… » nous dit Jésus.

Parce que nous avons tous le devoir de mémoire, et parce que nous avons tous le droit à la joie de ce récit de Noël et à tout ce qu’il introduit, racontons le encore et encore, en regardant au-delà des guirlandes, jusque bien loin au-delà du décor !