1

Viens au désert, je veux parler à ton cœur

illustrations_Nicole_woman_jewels115Gomer sourit et son cœur se met à battre, semblable aux tintements de ses bracelets. Elle sourit d’amour et de joie en entendant les pas d‘Osée, son cher époux, qui gravit le chemin vers leur maison. Ils ont vécu tant d’émotions, ils se sont posés tant de questions sur le sens de leur vie, sur le sens de leur amour, toutes ces années ! Narration d’Evelyne Schaller.

 

Avant qu’Osée ne franchisse le seuil, Gomer jette un dernier coup d’œil par la fenêtre, mais cette fois son regard ne s’attarde pas sur le chemin. Non, il se dirige de l’autre coté, là bas, vers le désert, lieu de leurs nombreuses réconciliations, de leurs promesses, lieu de leurs larmes et de leur joie.

Le désert ! Il lui fut aussi nécessaire que l’eau pour la vie. Sans lui, point de vérité, sans lui, point d’amour guéri ! Et tendrement, silencieusement, Gomer sourit… et se souvient, il y a si longtemps !

Oui, elle se souvient très bien, malgré ce long temps passé

Autrefois, Gomer si belle, dans ses belles tuniques, si fière de sa beauté, parée de ses colliers et de ses bracelets ! Gomer si convoitée, si désirée, aimée ! Gomer se croyant si vivante, si libre, et Gomer était alors si disponible et généreuse ! Mais qui ne savait choisir entre ses nombreux amants. Gomer qui s’est  tournée  alors avec délice, mais au fond d’elle avec tant de désespérance, vers d’autres dieux !

Et puis Osée, son époux ! Le voila bien ennuyé, Osée ! Lui qui hurlait à corps  et à cris contre l’idolâtrie. A cause de son amour pour elle, il connait maintenant  dans son cœur la douleur de cet amour insensé ! Voilà qu’il va choisir de vivre avec elle ce qui parait invivable. L’aimer par-dessus tout,  par delà son histoire, ses bracelets, ses séductions, ses amants.

Que de pleurs, de cris, d’aller et de venues entre eux deux ! Finalement, avant la fête du recommencement, de la vie et de l’amour, avant la fête du vin qui réjouit, et du pain qui cuit, Osée l’avait emmenée au désert. C’est là, loin de tout, loin des robes et des bijoux, loin des fruits et des vins, loin des palais et de leur couches, qu’il avait parlé à son cœur en lui dévoilant le sien.

C’est leur retour aux sources de leur amour dans la terre aride. Le désert la pare d’une nouvelle fleur, d’un autre sourire, d’une sérénité et d’une confiance retrouvée.

C’est à cause de tout cela que Gomer sourit chaque jour au désert !

Maintenant Osée monte le sentier et va ouvrir la porte, comme alors il avait retrouvé son chemin en lui faisant retrouver le sien. Loin des pas perdus, ils vont s’aimer longtemps encore.

C’est ainsi, que de reniement en rupture, puis de temps de désert en pardon, Osée et Gomer vont vivre dans leur cœur et dans leur chair l’histoire de Dieu avec son peuple.
Propositions pour la mise en scène de la narration : 

Cette histoire a été écrite pour une veillée de carême. Elle a été jouée par la conteuse en ombre chinoise derrière un drap blanc suspendu dans un chœur d’église.

La scène se déroulait derrière une table sur laquelle on avait préalablement déposé des objets nécessaires aux gestes symboliques accompagnant la narration.

Objets :

– Une cruche : symbole de vie.

– Des bracelets et des colliers : symbole de Gomer.
– Une vasque remplie de sable : symbole du désert.

Ces éléments ont été  montrés en ombre au cours de la narration.

Il est nécessaire de bien connaitre le texte pour coller avec les gestes.
Evelyne Schaller.