1

Fêtons Noël: Le jeu symbolique de Noël

Image

 » Il est impossible de reconnaître Dieu sans dommage, ni par ton imagination et par tes spéculations, sinon en te tenant à sa crèche. Si tu suis le chemin inverse, si tu commences à réfléchir sur sa divinité, à la manière dont elle gouverne le monde, à la façon dont elle a détruit Sodome et Gomorrhe, si tu cherches à savoir si elle a prédestiné ou non tel ou tel homme, tu te casseras aussitôt le cou et tu tomberas du ciel comme l’esprit malin. Mon cher n’escalade pas le ciel ! Va d’abord à Bethléem !  » Martin Luther

LE JEU SYMBOLIQUE DE NOËL

La fête de Noël, telle qu’elle apparaît dans les pratiques sociales, représente une étroite combinaison du mystère, de la légende et du merveilleux. Nulle autre fête ne donne lieu à un imaginaire aussi développé. Nulle ne témoigne d’une imbrication aussi subtile des plans et des thèmes. Le souvenir, la fiction, la féerie y semblent inextricablement mêlés. C’est cet enchevêtrement qui fait question pour la communauté chrétienne et l’interroge sur la rectitude de sa célébration.

Une réflexion sur la célébration de Noël ne saurait négliger l’apport de l’analyse sociologique. En ce domaine, l’intérêt de l’enquête que F.A. Isambert  a consacrée aux fêtes de fin d’année mérite d’être souligné : cette brève note n’a d’autre but que de marquer la richesse de cette interprétation du Noël vécu, en reprenant quelques-uns des thèmes majeurs de cette recherche.

Noël et Nouvel An : deux fêtes complémentaires ?

Le calendrier rapproche Noël et le jour de l’an, « fêtes à la fois antithétiques et jumelles ». Le Nouvel An ne serait-il qu’un doublet profane de Noël, un écho appauvri, parce que privé de toute l’enveloppe mythique qui auréole la fête religieuse ? Au plan des comportements, les deux fêtes paraissent en écho (même importance de la veillée, du repas, parallélisme des cadeaux et des étrennes, etc.) mais, au plan des représentations, elles s’opposent comme un jeu de miroirs : à l’intériorité toute familiale de Noël, centrée sur l’enfant, répond l’exubérance extravertie du Nouvel An, fête d’adultes vécue entre amis, scellant un renouvellement des relations sociales. Plus encore que cette symétrie inversée, ce qui articule les deux fêtes, c’est une certaine manière de rythmer un passage en un cérémonial de transition. Tout se passe en effet dans le calendrier français, et la culture qu’il traduit, comme si à chaque fête religieuse devait correspondre une fête profane, et comme si la profusion de la fête ne pouvait se vivre que dans ce fractionnement de la festivité. Au resserrement domestique et à l’intériorisation de Noël fait pendant l’extériorisation bruyante du Nouvel An, qui n’est pas sans rapport avec une certaine conjuration de l’angoisse, liée à la fuite du temps et à l’inconnu de l’avenir. Les deux fêtes scandent ainsi la continuité/discontinuité du temps au travers du schéma fin/recommencement. Ce n’est pas seulement que face à la rupture du calendrier, la continuité de la vie familiale et des liens sociaux est réaffirmée symboliquement. C’est aussi que le contraste de Noël – suspension du quotidien, retour sur soi-même -et du Nouvel An – sortie vers les autres, renforcement des liens sociaux – dessine en lui-même un schéma dynamique homologue à la succession fin/ recommencement.

Tous impliqués

L’un des paradoxes qui caractérise ces fêtes, c’est qu’elles s’affichent publiquement pour se passer en privée . « Chacun » est le sujet de la fête : ni l’individu, ni la collectivité dans son ensemble, mais chacun qui, dans l’intimité de la fête familiale, se sait participant d’une fête commune à toute société, voire de toute l’humanité. C’est la famille qui est le lieu privilégié, le « sujet médullaire » de la célébration. L’enfant va, pour la fête de Noël, y tenir une place singulière. La symbolique de la Nativité y incline ; le rituel de la fête domestique se déroulera, de manière privilégiée, au travers d’un rapport adultes/enfants.

Noël, « fête de l’enfant » ? ou « fête de l’enfance » ? Deux tendances peuvent être ici repérées :

– l’une va faire de l’enfant l’objet à proprement parler de la fête. C’est particulièrement sensible lorsque disparaît toute adhésion à un sens religieux de la fête, ou dans les classes économiquement inférieures. « On peut alors parler d’une autocélébration du foyer en la personne de l’enfant »  à la fois fêtant et fêté ;

– beaucoup plus fréquemment, l’enfant apparaît non l’objet mais « le médiateur » de la fête : occasion pour l’adulte de s’identifier à lui, de rejoindre ainsi quelque part sa propre enfance et ses Noëls d’enfance, en regardant la cérémonie avec les yeux émerveillés de l’enfant. L’identification à l’enfant revêt, pour F.A. Isambert, un rôle essentiel dans la structure de la fête. « En ce sens, Noël est fête de l’enfance, autant et peut-être plus que de l’enfant » .

Au centre, le cadeau

La ritualité de Noël peut s’interpréter comme la mise en scène du don du ciel. Le thème de la dépense, et d’une dépense sans calcul, sans mesure, n’y est pas étranger. Au coeur de la dépense, le cadeau, qui est l’acte « central de la fête » . Mais un cadeau marqué d’un certain anonymat – il n’est pas donné, mais déposé et trouvé -qui masque l’identité réelle du donateur, et renvoie à une origine mystérieuse, fictivement surnaturelle. « Le cadeau est alors plus que le cadeau, il est cette merveilleuse abondance gratuite exceptionnellement offerte » . Au travers de cette mise en scène du cadeau se donne en représentation une Générosité protectrice, qui étend ses largesses à chacun, « divinité d’une classe d’âge », à laquelle, certes, les adultes ne croient plus, mais feignent encore de croire en s’identifiant au regard émerveillé des enfants. Le Père Noël apparaît, dans cette perspective, comme le donateur légendaire, qui préserve cette origine céleste du cadeau et lui confère une « apparence féerique ». F.A. Isambert développe l’hypothèse de variations autour du thème du don, où la crèche joue un rôle majeur. La crèche est mise en relation du ciel et de la terre, équivalence du don et du contre don ; l’Enfant y apparaît à la fois donné et donnant. À partir de cette mise en scène initiale, et par toute une série de transformations successives, l’enfant de la famille va être substitué à l’Enfant Jésus, celui-ci devenant le Donateur, bientôt relayé dans ce rôle par le Père Noël ; enfin l’arbre, symbole d’abondance et lui-même figure des liens entre le ciel (l’étoile !) et la terre, peut prendre la place du Père Noël. Le symbolisme de l’arbre n’est donc pas sans lien avec celui de la crèche : la figuration a changé, mais la thématique centrale du don, et de sa source céleste, demeure.
Ainsi, dans cette théâtralité de Noël se combinent étroitement le jeu, le rêve et la croyance. « Tout est théâtral dans Noël, depuis le petit théâtre de la crèche jusqu’à l’apparition de l’arbre, toutes autres lumières éteintes… Le ciel étoilé pénètre dans la pièce où le sapin s’illumine ; l’intimité se concentre au pied de l’arbre de lumière, cependant que le plafond et les murs oubliés laissent s’échapper l’imagination aux extrémités du monde pacifié. Alors l’enfant prête ses yeux et le cadeau devient merveille, profusion inépuisable. Le rêve s’est fait chair » .

Noël, synthèse des contraires

A ce rituel domestique, orienté sur l’enfant, s’oppose la célébration liturgique, centrée sur l’incarnation, dévoilement de Dieu dans la faiblesse de l’homme Jésus. Deux systèmes de signification entrent ainsi en tension :

– l’un tourné vers le symbolisme familial, et le repli de chacun sur sa propre enfance ; intériorisation et intimisation de la fête;

– l’autre, enraciné dans la théologie de l’incarnation, critique à l’égard de tout le « folklore », porteur d’une dimension d’universalité, de présence aux hommes, d’une promesse de recréation des rapports humains en Christ. Les deux systèmes s’opposent, mais dans la pratique ils se combinent plus qu’ils ne s’excluent ; Le Noël vécu se situe dans cette bipolarité : entre l’intime et l’universel, entre le resserrement des liens du foyer et la transgression des barrières entre les hommes, entre le « redevenir comme un enfant » et la vision d’une humanité réconciliée. Noël, synthèse des contraires. Aux « rapports d’une société concurrentielle » se substitue, l’espace d’une nuit, l’image d’une pleine réconciliation, tant avec les autres qu’avec soi-même, qui atteint à l’universel. Noël se donne ainsi, dans l’imaginaire de la fête, comme une « eschatologie rêvée ».

Car cette synthèse des extrêmes ne peut se vivre que dans le cadre de la religion ou sur le mode du merveilleux. C’est pourquoi, surtout en l’absence d’un dépassement d’ordre religieux, l’assimilation à l’enfant joue un rôle si important, l’enfant étant la figure idéale qui médiatise les divers plans de la fête et qui autorise ce « faire comme si », ce jeu de la fiction.

Ainsi se comprend cette combinaison du mystère, de la légende et du merveilleux, propre à la fête de Noël. La tonalité mystique, liée à la référence religieuse, se conjugue avec la coloration esthétique qu’exhale l’enchantement de Noël. « Tout nous porte à penser, conclut de son enquête F.A. Isambert, que c’est par la voie du merveilleux que s’actualisent à Noël les autres degrés de la croyance qui, par là même, s’imprègnent de merveilleux » .

En dévoilant ce jeu subtil de la croyance, de la fiction et du rêve dans la représentation de Noël, l’apport du sociologue – auquel cette brève note voudrait renvoyer – ne manque pas de nous interroger dans notre souci d’interpréter aujourd’hui l’évangile.

Comment la célébration de Noël va-t-elle rencontrer et déjouer à la fois une religiosité aussi complexe ? Si la fête de Noël représente cet « univers onirique » , qu’est-ce que rendre compte dans ce contexte de l’événement « Emmanuel » ? À quelles conditions la prédication peut-elle éviter le piège de l’enchantement, d’une modulation religieuse de la fiction, pour attester non le rêve, mais la Parole faite chair ?

Source: Point KT 1987/4 – Gérard DELTEIL – Le jeu symbolique de Noël – Études Théologiques et Religieuses




Gâteau de Noël : Christstollen

bake-2723655_640Un gâteau pour Noël

La forme particulière du « christstollen » doit rappeler celle des linges enveloppant le nouveau-né ; autrefois on ne découpait pas le gâteau avant le 28 décembre, en souvenir du massacre des innocents par le roi Hérode, à Bethléem.

 

 

Ingrédients:

  • 500 g. de farine
  • 250 g. de beurre
  • 1/8 lit de lait tiède
  • 3 grandes cuillères à soupe de sucre
  • 1 paquet de sucre vanillé
  • 1 œuf
  • 50 g. d’orangeade
  • 50 g. de citronnade
  • 1 zeste râpé de citron
  • 200 g. d’amandes (dont quelques amandes amères) finement hachées
  • 125 g. de raisins de Corinthe
  • 125 g. de sultanines
  • 1/2 cuillerée à café de sel fin
  • 40 g. de levure de boulanger
  • 1 cuillerée à soupe de rhum ou d’eau-de-vie
  • 1 pointe de cannelle.

Dans une terrine tiède, mettre la farine en fontaine ; y ajouter l’œuf, le lait tiédi, le sucre, le beurre ramolli, le sucre vanillé, la cannelle, le zeste râpé de citron, le sel, la levure ; bien mélanger le tout ; ajouter les amandes hachées, la citronnade, l’orangeade, ainsi que les fruits secs macérés dans l’eau-de-vie ou le rhum.

Pétrir le tout, pour obtenir une pâte ferme, mais souple et aérée ; au besoin ajouter un peu de lait tiède.

Couvrir d’un linge et laisser reposer et lever durant 2 heures, dans un endroit chauffé, ou près du fourneau.

Sur une planche farinée, former une miche de pâte allongée, que l’on étalera, au rouleau, en une abaisse épaisse, dont une moitié sera rabattue sur l’autre ; badigeonner la pâte à rabattre, d’eau froide. Le « chrischtstolle » devra se présenter sous une forme particulière, rappelant un linge plié en deux.

Poser le gâteau sur une tourtière beurrée et farinée ; faire lever une seconde fois ; badigeonner la pâte de beurre fondu et faire cuire à four chaud jusqu’à ce que le gâteau soit bien doré ; au sortir du four, le badigeonner encore une fois de beurre fondu et saupoudrer de sucre glace. Ce gâteau peut aussi se cuire dans un moule à cake.

La forme particulière du « christstollen » doit rappeler celle des linges enveloppant le nouveau-né ; autrefois on ne découpait pas le gâteau avant le 28 décembre, en souvenir du massacre des innocents par le roi Hérode, à Bethléem.

Source: PointKT octobre, novembre, décembre 2000




Le père Martin

La mise en scène de l’histoire du  » Père Martin »  et une adaptation d’un conte de Ruben Saillens.  Cette mise en scène peut servir dans les temps de l’Avent, de Noël par exemple. Elle est prévue  comme suit : trois acteurs dans la scène 1, deux acteurs plus une vois « off » dans la scène 2, un personnage supplémentaire dans la scène 3 (le balayeur), et  une femme et son enfant dans la scène 4.

SCÈNE 1

Narrateur: L’histoire que nous allons vous raconter est celle du père Martin. Elle se passe en décembre 1881. Le père Martin n’est qu’un pauvre cordonnier, il habite dans une pièce au rez-de-chaussée d’un immeuble qui fait l’angle de la place de Lenche et de la rue des Martégales, au centre du vieux quartier de Marseille. Une seule pièce lui sert d’atelier, de salon, de magasin, de cuisine et de chambre à coucher. C’est là qu’il vit ni trop riche ni trop pauvre. Assis sur son tabouret, dans son atelier bien chauffé, il répare les chaussures de tout le voisinage. Dehors la bise souffle et ce vent venant du Nord glace les quelques passants.

  • Arthur : Salut René, fait bien froid aujourd’hui, j’me d’mande s’il va pas neiger.
  • René : Ben quoi c’est normal, on est en décembre après tout.
  • Arthur : Ben oui.
  • René : Au fait, t’as pas remarqué que le vieux Martin ne vient plus au café des Argonautes ?
  • Arthur : Ouais, c’est bien vrai ça. J’crois que c’est depuis qu’il est allé à ces soirées à l’église, tu sais chez le pasteur.
  • René : C’est vrai ce que tu dis là, il va à l’église ? J’aurais pas cru ça de lui. Enfin, j’trouve qu’il va pas trop mal, il rigole un peu plus qu’avant.
  • Arthur : Tu sais, il n’a eu guère de chance le pauvre vieux, sa femme est morte il y a plus de vingt ans. Son fils, parti comme matelot à bord du brick Le Phocéen, n’a plus reparu depuis dix ans et puis sa fille, il n’en parle jamais.
  • René : Ouais, il est bien seul.
  • Arthur : Enfin ! Le bonjour à Germaine !

 SCÈNE 2 

Narrateur : La journée passa, le père Martin travaillait assidûment, il réparait galoches et chaussures avec beaucoup de soin. Le soir venu, le père Martin s’assit sur son lit et ouvrit une vieille Bible qu’il avait jadis reçue de ses parents.

  • Martin : (lisant dans la Bible)  « Il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie« … Point de place… Pour lui, (il regarde sa chambre) il y aurait eu de la place pour lui ici. J’aimerais bien qu’il vienne me tenir compagnie. Si ce soir le sauveur devait venir, croyez-vous qu’il choisirait ma maisonnette pour y entrer ? Comme je le servirais, comme je l’adorerais! Mais au fait, pourquoi ne se montre-t-il plus aujourd’hui ? Enfin… (il se met à lire) « Des mages de l’orient arrivèrent pour lui rendre hommage » tiens, tiens des mages ? « Trouvant l’enfant ils se prosternèrent et lui offrirent des dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » Que pourrais-je lui donner ? (il se gratte la tête, se promène dans son atelier). Oui je lui donnerais ces deux petits souliers… Mais je radote… Comme si mon sauveur avait besoin de ma petite maison et de mes souliers. (Martin s’assit et s’endormit. Silence) 
  • La voix : Martin
  • Martin : Qui va là ? (en sursaut, mais il ne vit personne).
  • La voix : Martin ! Tu as désiré me voir, eh bien regarde dans la rue demain, du matin jusqu’au soir, tu me verras passer plusieurs fois. Efforce-toi de me voir, car je ne me ferai pas connaître à toi.
  • Martin : (en se frottant les yeux) C’est lui ! II a promis de passer ! Alors je l’attendrai. Mais je ne l’ai jamais vu, juste des portraits à l’église, bah, je vais bien pouvoir le reconnaître.  (mimer la nuit  et le matin – Martin se lève et s’installe derrière sa fenêtre).

 SCÈNE 3 

Narrateur : Tôt le matin, Martin est à la fenêtre pour guetter les premiers passants, le ciel s’éclaira et le père Martin ne tarda pas à voir paraître sur la place le balayeur de rues ; il ne lui accorda qu’un regard distrait : il avait en vérité, bien autre chose à faire qu’à regarder un balayeur de rues ! Mais, comme il faisait très froid dehors, le père Martin se dit

  •  Martin : Le brave homme ; il a froid et c’est une fête aujourd’hui… mais non pour lui. Si je lui offrais une tasse de café ?- Entrez, venez vous réchauffer.
  • Balayeur : C’est pas de refus, merci… Quel temps de chien ! On se croirait en Russie.
  • Martin : Voulez-vous accepter une tasse de café ?
  • Balayeur : Ah ! Par exemple, voilà un brave homme ! Avec plaisir, pardi. Vaut mieux tard que jamais pour faire son petit réveillon. (Le cordonnier servit son hôte à la hâte, puis s’empressa de retourner vers sa fenêtre et de sonder la rue pour voir si personne n’était passé).
  • Balayeur : Qu’est-ce que vous regardez dehors ?
  • Martin : J’attends mon maître.
  • Balayeur : Votre maître ? Votre patron vient vous voir un jour de fête ?
  • Martin : C’est d’un autre maître que je parle.
  • Balayeur : Ah !
  • Martin : Un maître qui peut venir à toute heure et qui m’a promis de venir aujourd’hui. Vous savez son nom ? …  C’est Jésus.
  • Balayeur : J’ai entendu parler de lui, mais je ne le connais pas. Où demeure-t-il ?

Narrateur : Le père Martin se mit alors, en quelques mots à raconter au balayeur de rues l’histoire qu’il avait lue la veille, en y ajoutant quelques détails. Il se tournait vers la fenêtre tout en parlant.

  • Balayeur : Alors c’est lui que vous attendez ! A mon avis vous ne le verrez pas comme vous le croyez. Mais c’est égal, vous me l’aurez fait voir à moi. Me prêteriez-vous votre livre ? Je vous garantis que vous n’aurez pas perdu votre temps ce matin. Au revoir.
  •  Martin : Au revoir.

Narrateur : Le père Martin resta seul de nouveau, front collé contre la vitre.

 SCÈNE 4 

Narrateur : Quelques ivrognes attardés passèrent, mais le vieux cordonnier ne les regarda pas. Puis passèrent les marchandes avec leurs petites charrettes. II les connaissait trop bien pour faire attention à elles. Mais, au bout d’une heure ou deux ses yeux furent attirés par une jeune femme, misérablement vêtue et portant un enfant dans ses bras. Elle était si pâle, si décharnée, que le cœur du vieillard s’émut. Peut-être cela le fit-il penser à sa fille. II ouvrit la porte et l’appela. La pauvre femme entendit cet appel et se retourna surprise.

  • Martin : Vous n’avez pas l’air bien portante.
  • Femme : Je vais à l’hôpital. J’espère bien qu’on m’y recevra avec mon enfant. Mon mari est en mer et voilà trois mois que je l’attends. Il ne revient pas et cependant je n’ai plus le sou et je suis malade. Il faut que j’aille à l’hôpital.
  • Martin : Pauvre femme. Vous mangerez bien un morceau de pain en vous réchauffant ? Au moins une tasse de lait pour le petit ? Tenez, voilà justement le mien, que je n’ai pas encore touché. Chauffez-vous et laissez-moi le marmot, je sais comment ça se manipule. Quoi ! Vous ne lui avez pas mis de souliers ? (Il chercha les souliers qu’il avait regardés la veille et les mit à l’enfant. Il étouffa un soupir en se séparant de son chef-d’œuvre).
  • Martin : Je n’en ai plus besoin pour personne maintenant. (Il revient à la fenêtre et regarde anxieusement la rue).
  • Femme : Qu’est-ce que vous regardez là ?
  • Martin : J’attends mon maître. Connaissez-vous le Seigneur Jésus ?
  • Femme : Certainement. il n’y a pas si longtemps que j’ai appris mon catéchisme.
  • Martin : C’est lui que j’attends.
  • Femme : Et vous croyez qu’il va passer par là ?
  • Martin : Il me l’a dit.
  • Femme : Pas possible ! Oh que j’aimerais rester avec vous pour le voir moi aussi… mais il faut que je m’en aille pour l’hôpital.
  • Martin : Tenez, prenez ce petit livre (il lui tend un évangile), lisez cela attentivement, et ce sera presque comme si vous le voyiez.
  • Femme : Merci beaucoup. (Il reprit place près de la fenêtre)

 SCÈNE 5

Narrateur : Les heures passèrent, mais parmi les passants, le père Martin ne vit pas le maître : les jeunes gens, les vieillards, les ouvriers, les ménagères, les grandes dames, tout ce monde passa devant lui, bien des mendiants supplièrent le brave homme, son bon regard semblait leur promettre quelque chose : ils ne furent point déçus… (pause) Cependant le maître ne paraissait pas. Ses yeux étaient fatigués, son cœur commençait à défaillir (pause). Doucement vint la nuit, accompagnée de brouillard. II devenait désormais inutile de continuer à regarder par la fenêtre. Tristement il prépara son souper.

  •  Martin : C’était un rêve. Pourtant je l’avais bien espéré

Narrateur : II ouvrit son livre et voulut se mettre à lire, mais sa tristesse l’en empêcha.

  • Martin : Il n’est pas venu ! Il n’est pas venu ! Il n’est pas venu ! (Grande lumière et présence de toutes les personnes).
  • Chacun : Ne m’as-tu pas vu ?
  • Martin : Mais qui êtes-vous donc ?
  • Enfant : Mais lisez père Martin. (En pointant sur le livre ouvert dans les mains du père Martin).
  • La voix : J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger… J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire… J’étais étranger et vous m’avez accueilli… Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits, vous les avez faites à moi-même.

Source: Point KT automne 1995  n° 11 – Adaptation d’un conte de Ruben Saillens




Conte de Noël – Nuit de Noël

II était une fois deux enfants, une sœur et un frère. C’était des enfants très sages et obéissants. Ils en étaient presque un peu fiers. Ils aimaient bien jouer avec leurs camarades, mais encore plus entre eux deux. Un jour, – c’était la veille de Noël -, ils décidèrent de partir tout seuls fêter Noël au ciel, avec les anges et avec Jésus. Ils se mirent en route de bon matin, car ils pensaient bien que le chemin serait assez long. Ainsi ils marchèrent et marchèrent à travers les paysages, en direction du soleil levant.

Soudain ils entendirent au loin le grondement d’un torrent et se trouvèrent bientôt au bord d’un profond ravin longé de vertigineuses falaises. Prudemment ils s’approchèrent du bord. Comment faire pour traverser ? Alors ils aperçurent un pont, rectiligne comme une règle et tout aussi étroit, qui réunissait les deux bords. Oseraient-ils la traverser ? Cela parut de la folie.

Mais voilà : ce pont s’appelait « le pont du mensonge ». Celui qui n’avait jamais menti de sa vie pouvait l’emprunter sans danger. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous n’avons jamais menti de notre vie, allons-y.» Un peu tremblants ils s’y engagèrent, un pied devant l’autre, et encore un pied devant l’autre, et ainsi de suite, et ils gagnèrent le bord opposé.

Un peu fatigués, ils continuèrent leur route. Au bout d’un certain temps ils entendirent de lointains rugissements. Malgré leur frayeur ils avancèrent. Les rugissements enflèrent, cela ressemblait bien à des rugissements de lions, mais ils ne purent rien voir, car le paysage était sauvage : des fourrés et des buissons épineux s’étendaient à perte de vue. Brusquement ils virent quelque chose de jaune doré bouger à travers les branches. Ils s’arrêtèrent net : c’étaient bien deux lions, un à droite et l’autre à gauche du sentier. Que faire ? Rebrousser chemin ?

Mais voilà : c’étaient « les lions bagarreurs, les lions de la colère ». Celui qui ne s’était jamais bagarré ni mis en colère contre quiconque pouvait passer sans être attaqué. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous ne nous battons jamais et ne faisons jamais de colère, Allons-y. » Le cœur battant ils avancèrent et, lentement, passèrent indemnes entre les deux lions qui ne bougèrent pas.

Encore un peu plus fatigués ils continuèrent leur route. L’après-midi avançait. Le soleil avait passé le zénith depuis longtemps, Combien de temps encore jusqu’au ciel ? En sortant enfin des fourrés, le sentier semblait s’orienter vers un replat parsemé de bouleaux, reconnaissables à leurs troncs blancs. Les enfants espérèrent pouvoir se reposer un peu sous leurs fins branchages. Mais en s’approchant, que découvrirent-ils ? Un marécage, des trous gluants d’eau noire entre des îlots de boue flottante, plus trace de sentier. Impossible de s’y hasarder.

Mais voilà : ce marécage s’appelait « le passage de l’obéissance ». Celui qui n’avait jamais désobéi à ses parents ni à quiconque, pouvait s’y risquer. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous n’avons jamais désobéi, nous pouvons poser nos pieds sur le marécage, allons-y. » Et ils passèrent sains et saufs.

Arrivés de l’autre côté ils regardèrent : le soleil baissait, l’horizon commençait à se mettre au rose, mais le sentier continuait et semblait enfin monter. « Dépêchons-nous de grimper » se dirent-ils, « il ne s’agit pas d’arriver en retard. » Ils s’engagèrent en hâtant le pas et, à la tombée de la nuit, un peu essoufflés, ils se trouvèrent devant l’immense portail du ciel. Un silence absolu régnait. Les enfants s’étaient attendus à entendre de la musique, des répétitions de chants de Noël, certes atténuées par l’épaisseur de la porte, mais quand même.

Alors timidement, ils frappèrent au portail. Rien ne bougeait. Ils frappèrent plus fort et encore plus décidés et encore plus fort. Enfin ils entendirent de lourds pas, un peu traînants, s’approcher de l’intérieur. Et le portail s’ouvrit un peu grinçant, l’espace d’une fente. La tête barbue de Saint Pierre apparut et il dévisagea les enfants d’un air étonné : « Que voulez-vous, les petits ? », « On est venu pour fêter Noël au ciel ce soir » dirent-ils avec une certaine assurance. « Ah ! » dit-il, en se lissant la barbe, « Mais voyons, le soir de Noël tout le ciel, Jésus et tous les anges descendent sur la terre. II n’y a personne ici. Ils sont tous descendus pour fêter Noël avec les hommes, avec tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants, filles et garçons, sages ou méchants. Ici le ciel est vide. »

Et il referma la porte.

Source: PointKT automne 1995 n° 11 Crédit : Dorothée Casalis – photo Pixabay




Accueillir un cas difficile

 Image

Certains enfants sont des  » perturbateurs « . Leur handicap n’est ni physique, ni mental, il est de l’ordre du social. Ils prennent tout le temps la parole, ne tiennent pas en place, refusent d’entrer dans une structure. Ils canalisent toute l’énergie des adultes et fatiguent leurs camarades qui ne peuvent plus s’exprimer. Nous en connaissons tous. Ils provoquent chez les catéchètes des sentiments d’impuissance ou d’agressivité. Assez vite la question de leur accueil se pose.

 

Dialogue entre catéchètes

– Pour moi, je l’avoue, c’est difficile de supporter certains enfants… Il faut de la discipline, ou tout le monde en pâtit…

– Oui mais, c’est quoi la discipline ?

– Eh bien par exemple, je n’hésite pas à renvoyer un enfant qui perturbe le groupe…

– Vraiment ?

– Eh bien oui, dans certains cas, c’est impossible de faire autrement.

– Oui mais, l’école biblique, est-ce que ce n’est pas un lieu différent, où on devrait justement pouvoir agir autrement…

– Si tu y arrives, bravo, mais comment fais-tu ?

– En fait je n’ai pas de recettes : je n’ai que des cas différents les uns des autres… Mais disons, par exemple, que j’essaie de mettre tout le groupe dans le coup pour régler le problème avec l’enfant qui gêne les autres.

– Et ça marche ?

– Parfois oui, parfois non, ou pas tout de suite… mais c’est intéressant.

– Oui sans doute…

– C’est intéressant déjà parce qu’on se rend compte qu’en général, un enfant qui perturbe les autres a souvent besoin qu’on s’intéresse à lui pour des raisons personnelles ou familiales. Et ça, on peut le faire dans un petit groupe, alors que dans une classe c’est plus difficile.

– Oui et alors ?

– Eh bien en général il est tellement dérouté que ça marche, c’est-à-dire qu’on s’arrête tous pour s’intéresser à lui, pour qu’il change d’attitude…

– Et il se met à participer ?

– Oui, si on lui donne un rôle, ou une fonction. Il faut le canaliser.

– Et les autres ?

– Les autres apprécient, parce que l’atmosphère s’est calmée, et qu’ils ont participé à quelque chose de constructif.

Provocation

Un enfant malheureux ou mal à l’aise dans un groupe peut réagir très différemment : du mutisme et de l’indifférence jusqu’à la provocation : refus de participer, grossièreté, irrespect … La provocation vise à atteindre l’adulte. Si elle s’abat sur un autre enfant, c’est souvent pour faire réagir le catéchète.

Les recettes n’existent pas dans ce domaine mais quelques conseils peuvent aider car on agit souvent sous le coup de la colère, de l’énervement. D’abord ne jamais répondre sur le même mode. Car ce que l’enfant souhaite, c’est entraîner l’adulte dans un engrenage dont il ne pourra plus sortir. Ne pas non plus prendre le groupe à témoins dans le but de le mettre de « son » côté. L’enfant réagira mal et ses chances d’intégration seront encore plus faibles. Ne pas blesser l’enfant en faisant de l’humour à son propos. Même sans le vouloir, ce sont des réactions qui peuvent nous arriver.

Attention ! Ne pas répondre sur le même mode ne signifie pas ne pas répondre à la provocation, au contraire. Prendre acte de ce qui vient de se passer est indispensable. Ni ignorer, ni dramatiser, faire comprendre à l’enfant que le message est passé. Etre conscients que nous avons une négociation à mettre en place qui peut durer longtemps ou être au contraire très courte.

Source: PointKT n° 23 – juillet, août, septembre 1998   Crédit : Florence Taubmann

 

 

 




Prière : 1+1+1+1= 4

advent-1883840_640« Pour soulever le sombre manteau de l’obscurité qui parfois recouvre le monde et même le cœur des hommes, Seigneur je vais préparer 4 bougies : je les poserai aux quatre coins de la terre pour tout éclairer :

Au nord, au sud, à lest et à l’ouest, à gauche et à droite.
Ainsi les habitants de la terre pourront te voir et t’accueillir.

La première bougie sera la lumière de mon sourire, offert à tous, chaque jour, comme un cadeau, car toi, Seigneur, tu viens pour la joie de tous.

La deuxième bougie sera la lumière de ma prière tournée vers toi, chaque jour, comme un regard, car toi, Seigneur, tu parles à chacun dans le secret du cœur.

La troisième bougie sera la lumière de mon pardon accordé à tous, chaque jour, comme une main tendue car toi, Seigneur, tu laves toutes les offenses des hommes.

La quatrième bougie sera la lumière de ma douceur distribuée à tous, chaque jour, comme du bon pain, car toi Seigneur, tu donnes à chacun ton amour. »

Prière issue de « chemins d’Avent »1989, éditions du Signe




La couronne de l’Avent

Dans beaucoup de pays, durant tout le temps de l’Avent, les chrétiens confectionnent une couronne tressée avec du sapin, sur laquelle ils fixent 4 bougies. La couronne de l’Avent est posée ou suspendue, bien visible dans leur maison. Chaque dimanche de l’Avent on allume une bougie, puis deux, puis trois, puis quatre.

Le quatrième dimanche les quatre bougies brûlent en même temps. En allumant les bougies c’est comme si on disait avec impatience : « viens Seigneur, Jésus, nous avons besoin de toi ! » En même temps qu’augment le nombre de bougies, en même temps diminue le nombre de jours qui nous séparent de Noël et la lumière augmente.

Travail d’échange et de discussion sur le thème de l’attente

Questions :

  • Qu’est ce qu’on attend : inscrire les propositions puis proposer un classement par ordre d’importance
  • Comment on attend ? Inscrire les situations, les attitudes, les sentiments et les émotions qui accompagnent l’attente
  • Pourquoi on attend ?
  • Quels sont les moyens, instruments, outils qui participent à l’attente ? (Montre, cadran solaire, sablier, calendrier, échéancier)

Activité : confectionner une couronne de l’Avent et/ou un calendrier de l’Avent.

Jeu de rôle ou théâtre d’improvisation : une salle d’attente

Crédit : Evelyne Schaller (UEPAL) – Point KT




Noël se fait attendre !

advent-calendar-2764635_640Et si Noël se faisait attendre ?

Bien trop souvent nous squizzons le temps. Adeptes du zapping, d’internet, le monde et le temps ont d’autres limites. On apprécie, on en profite et on apprend d’autres normes, d’autres facteurs espace/temps . Sans aucun doute nos mentalités vont évoluer, changer, s’adapter

Mais les vieilles traditions sont souvent pétries d’une sagesse nécessaire autant à notre équilibre qu’à celui de notre évolution. Sans trop savoir pourquoi, nous les choyons, nous les préservons de toute expulsion trop hâtive et régulièrement nous les dépoussiérons. Avec cet article « Noël se fait attendre » c’est aussi le cas !

J’ai compulsé un bon nombre de matériel, autant pédagogique  que liturgique et bien sûr biblique pour arriver à la conclusion : Noël se prépare ! On ne peut arriver dans cet événement comme cela, simplement, en y sautant les deux pieds joints.

Sinon Noël en perdrait, et toute sa saveur, et surtout toute sa théologie.

Dans les matériels feuilletés de ci, de là, j’ai trouvé les termes suivants : préparer, se mettre en chemin,  voir joindre la lumière, préparer la route, avancer pas à pas…

Les thématiques bibliques du Temps de l’avent ont ce même et nécessaire souci : l’attente de l’événement est aussi importante que l’événement en soi, elle est la gestation, elle nourrit l’événement elle le prépare et lui donne son sens.

Quelques rites habitent cet espace de l’attente.

  • Pour Noël, la plus croustillante de ces coutumes est la préparation des gâteaux de Noël, préparations dont bon nombre de nos régions culinaires excellent.
  • Ensuite, le calendrier habituel se déclinera en calendrier de l’avent, et déjà pour l’enfant qui découvre ce chemin journalier imagé c’est toute une progression théologique et pédagogique qui émerge.
  • La couronne de l’Avent est une autre déclinaison du temps de l’attente. Les quatre dimanches d’avant-Noël sont représentés par les quatre bougies. La forme circulaire de la couronne de feuillage (de préférence du sapin, signe de l’immortalité) caractérise le cycle perpétuel du temps et informe de l’alliance à venir.

Pour que Noël se fasse attendre, n’hésitez pas à utiliser l’un ou l’autre de ces outils, inventez en d’autres mais surtout laissez « le temps au temps »puisqu’il s’agit bien de gestation, de promesse, d’espérance, en somme les ingrédients de la Vie.

Crédit : Point KT




Une identité en appelle une autre: Matthieu 16 / 13-20

ImageFiche biblique – Matthieu 16 / 13-20 : Une identité en appelle une autre. Présentation de Laurence BERLOT.

Matthieu 16 / 13-20 Texte de la TOB

 Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus interrogeait ses disciples : « Au dire des hommes, qui est le Fils de l’homme ? » Ils dirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Il leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Prenant la parole, Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Reprenant alors la parole, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et la Puissance de la mort n’aura pas de force contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux.»  Alors il commanda sévèrement aux disciples de ne rien dire à personne qu’il était le Christ.

Introduction

La question de l’identité de Jésus est centrale dans les évangiles.

La présence du contenu des versets 13 à 16 dans les trois évangiles synoptiques (Mt, Mc, Lc) témoignent de leur importance. Ce passage marque un tournant car c’est la première fois que l’identité de Jésus comme Fils de Dieu est dévoilée par un disciple. Cette révélation amorce la deuxième partie de l’évangile : Jésus annonce juste après et pour la première fois sa mort et sa résurrection.

Plan du passage

v.13-14 : question-réponse sur ce que pensent « les hommes (antropoi : humains) » de l’identité de Jésus

v.15-16 : question de Jésus aux disciples – confession de foi de Pierre

v.17 :  Révélation qui vient de Dieu

v.18-19 : Mission future de Pierre

v.20 : recommandation du secret.

QUI SUIS-JE ?

Un lieu : Césarée de Philippe : Césarée, ville construite par le tétrarque (gouverneur d’une partie de la Palestine) Philippe, fils d’Hérode le Grand (l’an 4 av.JC)

Jean le Baptiste : Prophète du Nouveau Testament qui prend les paroles du prophète Esaïe pour « préparer le chemin du Seigneur ». Il baptise dans le Jourdain, une fois pour toute, en vue de la conversion pour le pardon des péchés. Sa mort est racontée en Matthieu 14.

Elie : Grand prophète de l’Ancien Testament qui se bat pour rétablir le culte du Dieu d’Israël, notamment contre les dieux Baal. Il ressuscite le Fils de la veuve de Sarepta. Dieu se révèle à lui à l’Horeb dans « le bruissement d’un souffle ténu »( 1 Rois 19).

Il se retrouvera transfiguré avec Moïse et Jésus.

Jérémie : Prophète au moment de l’exil. Le livre du même nom rapporte ses paroles.

Il n’est pas cité dans Marc et Luc

Ces personnages rapportés par les disciples sur l’identité de Jésus sont en lien avec l’attente du Messie dans la tradition juive.

Simon Pierre : Le nom primitif est « Syméon », forme sémitique que les évangiles ont simplifié.

« Pierre » est la traduction grecque d’un surnom Kepha, parfois « Céphas » qui vient d’un mot hébreu : roc, rocher.

Jésus : dans Matthieu, nom donné par Joseph à la naissance du fils enfanté par Marie sa femme, comme l’ange lui avait demandé. L’étymologie de ce nom est « Le Seigneur sauve ».

Fils de ‘lhomme : plus précisément « fils de l’humain »

C’est de cette façon que Jésus se nomme dans les évangiles.

Dans l’Ancien Testament, un « fils dhomme » est cité dans le livre de Daniel (7/13 et 8/17). La tradition juive l’identifiera au messie davidique. Jésus a-t-il pris cette dénomination pour entrer dans cette identité de messie ?

Christ : Traduction grecque du mot hébreu : « messiah » – Messie – qui veut dire : l’« oint ». Quand Dieu choisit un roi pour le peuple, il ordonne à Samuel d’oindre d’huile la tête de Saül puis de David.

Cyrus – le libérateur du peuple d’Israël de l’exil va être appelé l’« oint »(Esaïe 45/1).

Les prophètes annoncent un messie au-dessus de tous, qui viendra pour accomplir l’oeuvre de salut du Dieu libérateur commencé dès la première alliance entre lui et son peuple.

Jésus s’est reconnu comme le Christ, l’« oint » annoncé par les prophètes. Mais s’attribuer cette identité a été lourde de sens pour ses contemporains et surtout pour les dirigeants de la religion juive. Pilate lui demande « es-tu le roi des juifs ? ». Il a été condamné à mort. Cette identité est provocatrice et Jésus recommande le silence à ses disciples au v.20.

Fils du Dieu vivant : Dénomination propre à Matthieu. Renforce l’origine divine de Jésus, qui accompli sa mission de messie. Le Dieu qui l’envoie est vivant dans sa manière d’intervenir auprès des humains, dans ce qu’il donne la vie.

D’UNE IDENTITÉ À L’AUTRE

Ce passage nous fait découvrir trois changements ou compléments d’identité de Jésus, de Simon, de Dieu.

– A Jésus vont être attribuées de nombreuses identités, mais une seule sera juste, celle de « Christ », de  messie.

– Simon confesse que Jésus vient de Dieu : il va devenir « Pierre ».

– Dieu est appelé « mon Père » par Jésus.

Le changement d’identité entraîne un changement de regard

Quand Pierre comprend que Jésus est le messie attendu, cela donne un sens à sa venue, à ses miracles, à ses paroles libératrices. Pierre saisit la cohérence de la vie de Jésus qui ne peut venir que de Dieu. La dénomination de « Christ » révélée par Pierre est en fait une mission reconnue par Pierre.

Cependant, ce changement de regard ne pourra se faire vraiment qu’après la résurrection. En effet, plus loin dans le texte, Pierre dénie le fait que Jésus doive mourir. Il y a malentendu : le Christ attendu était un libérateur dans un sens politique, pas quelqu’un qui allait se faire humilier sur une croix.

La nouvelle identité est l’appel à un engagement

C’est aussi une mission que Jésus va confier à Pierre. Jésus a besoin de la confession de foi de Pierre pour lui faire entrevoir ce qu’il attend de lui. Jésus a besoin que Pierre s’engage par ses paroles car il sait que sa propre vie ne durera pas. Simon est appelé Pierre, il est appelé à être pierre pour qu’on puisse appuyer une communauté sur lui.

Pierre doit se faire premier pilier d’’une communauté naissante, même s’il va se faire traiter de « Satan » au verset 23. Il doit supporter de voir Jésus arrêté, il va le renier. De ses faiblesses, Pierre saura se repentir et recevoir le pardon : c’est le sens à retenir dêtre fort comme une pierre. On ne peut l’être qu’en Jésus-Christ.

NOUVELLE IMAGE DE DIEU EN JESUS-CHRIST

Jésus-Christ appelle Dieu « Père ». Dieu s’est fait Père pour lui. Dieu devient Père pour tous ceux qui reconnaissent en Jésus celui qu’Il a envoyé : son Fils, le Christ.  Lui aussi prend un engagement, celui de nous aimer comme un père. La miséricorde de Dieu et sa colère ont été manifestées tout au long de l’Ancien Testament dans la bouche des prophètes. En se faisant appeler « Père », Dieu prend définitivement le chemin de la miséricorde en Jésus-Christ.

ET VOUS ?

Jésus pose deux questions à ses disciples :

–  que dit-on de moi ?

–  et vous, qui dites-vous que je suis ?

Quand Jésus pose une question, ce n’est pas pour lui-même, mais pour faire réfléchir ses interlocuteurs. Pour les obliger à se confronter à une question qu’ils  n’osent peut-être pas se poser. Jésus ne dément pas les fausses réponses à son sujet. Il attend que ses disciples aillent plus loin : et vous ?

La tâche du rédacteur de ces textes est de nous emmener sur cette même question fondamentale. Pierre et les autres disciples ont reconnu la continuité de l’histoire de l’alliance de l’Ancien Testament en la personne de Jésus. Ils ont reconnu en lui le Messie attendu. Mais pour les générations suivantes qu’est-ce que cela signifie ?

De la même façon que les paroles de Jésus sont toujours vivantes pour nous, cette question est adressée à tous ceux qui découvrent Jésus-Christ aujourd’hui, à tous ceux qui veulent le suivre. Jésus ne se suffit pas d’une réponse générale, mais d’une réponse personnelle. C’est grâce à la réponse personnelle de Pierre que Jésus lui confie une tâche précise. La parole de Pierre est déjà un engagement. Il lui accorde toute sa confiance. Alors Jésus peut s’appuyer sur lui, il le renomme « Pierre ».

C’est en m’engageant sur ‘l’identité de Jésus-Christ que je peux recevoir de lui une nouvelle identité, c’est-à-dire une mission qui correspondra à ce que je suis au plus profond de moi-même.




Noëls du monde

Image » Noëls du monde  »
éditions Père Castor, 2004

Un livre qui vous fera découvrir toutes les traditions autour de Noël : chants, recettes et traditions. De l’Italie à Madagascar, en passant par la Finlande, le Mexique ou la France vivez des Noëls extraordinaires !

Apprenez des chants, partagez des repas et découvrez des anecdotes insolites. De la Nativité de Jésus au Père Noël, de Babouchka à Sainte Lucie.  Partagez avec les enfants toutes les fêtes, histoires, légendes, gâteries que les habitants de tous les pays préparent, racontent et chantent pour fêter la venue de la lumière, de la joie et de la paix au coeur de l’hiver, au coeur de la nuit.

Image