A Noël, c’est complet !
« Désolé ! C’est complet ! On n’attend plus personne ! ». Une saynète de Noël en trois actes à partir du récit de Luc.
Vous trouverez en bas de page des illustrations qui peuvent être projetées pendant que la saynète est jouée, ainsi qu’un conducteur qui peut servir de support pour l’ensemble du déroulement d’un culte autour de cette saynète.
Scène 1 : Le monde entier se fait recenser
Le décor ressemble à un hall de gare ou à une salle d’attente. On disposer de trois tables et chacune est remplie de dossiers. Une sonnette et éventuellement, si l’on dispose d’un écran, faire défiler des numéros de files d’attente. Derrière chaque table, il y a un agent et devant il y a des gens qui attendent. L’agent peut même enregistrer les clients sur son portable… L’idée est de jouer sur les anachronismes…
Narrateur : L’auguste César a décidé de compter le monde entier et pour cela il avait besoin de gens qui savaient compter. Ils enregistrent les personnes qui viennent se présenter pour le recensement à Bethlehem. Officiellement, César veut mieux connaître les sujets de son royaume… Officieusement, il y en encore trop qui ne payent pas d’impôts ! Nous voici à l’heure de pointe et les bureaux risquent de fermer sous peu à cause des fêtes. Tout le monde est pressé et stressé et voyez plutôt !
Bureau 1 : Au suivant ! Numéro 0456 ! Vous avez votre formulaire d’inscription rempli et vos justificatifs : Carte d’identité ? Livret de famille ?
0456 : Oui… Mais il me manque la facture d’eau… Ils me l’on coupée et…
Bureau 1 : J’veux pas savoir, y a pas écrit plombier sur mon front-là ! Pour les dégâts des eaux, c’est le bureau d’à côté !
Bureau 1 : La personne suivante veut se faire enregistrer « Désolé ! C’est complet ! Je ne prends plus personne ! C’est l’heure de ma pause » ! Il s’en va et la personne va faire la queue derrière les autres personnes au bureau 2
Bureau 2 : Parle avec le premier de la file Ca m’est égal de quel trou vous venez ? Vous avez un titre de propriété ou une quittance de loyer pour prouver que vous habitez bien à Bethlehem ?
0457 : Mais enfin monsieur l’agent, ma famille est connue ici depuis des siècles ! La moitié de la ville nous appartient, alors vous pensez bien que les titres de propriété…
Bureau 2 : La loi c’est la loi, si vous n’avez pas vos papiers, vous n’aurez pas votre certificat de recensement. Pour régulariser votre situation, il faut passer au bureau d’à côté ! La personne suivante veut se faire enregistrer « Désolé ! C’est complet ! Je ne prends plus personne ! J’ai fini mon service » ! Il s’en va et la personne va faire la queue derrière les autres personnes au bureau 3, le dernier qui reste ouvert. La queue, évidemment, se rallonge derrière ce bureau.
Bureau 3 : Au suivant ! Dépêchons ! J’ai pas que ça à faire ! C’est au tour d’un individu avec une femme enceinte
0458 : Je me nomme Joseph et je crois bien que mes lointains parents habitaient à Bethlehem, il y a fort, fort, longtemps ! Moi-même, je suis de Nazareth, en Galilée…
Bureau 3 : C’est pas possible ! Et qu’est-ce qu’un galiléen, d’un bled lointain, vient faire dans la glorieuse ville du roi David ? Du tourisme ? Du commerce ? De la contrebande ? Tu sors de ton trou pour monter en ville ?
0458 : Je viens me faire enregistrer ! Joseph, ben Jacob ! De la famille du roi… David ! L’agent du bureau 3 est mort de rire
Bureau 3 : Celle-là c’est la meilleure de la journée ! Ha ! Ha ! Ha ! Et moi je suis de la famille du Pape et le petit copain de Taylor Swift ! Trop fort ! Allez dégage ! Tu m’as bien fait rire, mais j’ai encore une journée chargée…
0458 : Le 0458 déballe une foule de documents J’ai ici tous les papiers que vous avez demandés, avec les photos d’identité, les justificatifs, l’arbre généalogique, les papiers pour ma femme enceinte, et la carte grise de la première mise en circulation de mon âne, le numéro de la sécu et de ma mutuelle…
Bureau 3 : Après avoir rapidement consulté les documents Pas de chance, mon vieux Jo ! Il te manque le certificat de nationalité judéenne pour te faire enregistrer… Si tu veux, tu peux aller à la préfecture du coin, mais elle est fermée à cette heure-ci ! Hé ! Hé ! Au suivant !
0458 : Mais vous ne pouvez vraiment rien faire ? Mon épouse va bientôt accoucher et nous ne savons pas où aller ? Tout à l’air complet à cause de la foule des gens… J’ai juste besoin d’une copie du certificat et je vous envoie le dernier document par mail !
Bureau 3 : « Désolé ! C’est complet ! Je ne prends plus personne ! Revenez demain ! Ah non ! Je suis bête, demain c’est le WE ! Cool ! Eh ben à la semaine prochaine ! Bon Weekend ! Je pars à la pêche » ! Il s’en va et tout le monde se met à râler
Narrateur : Comme quoi, on pourrait se demander si depuis 2000 ans les choses ont tellement changé que cela. Faire recenser le monde entier ! Non, mais : « Ils sont fous ces romains ! » Même Jésus attend encore de recevoir ses papiers ! En attendant, il va bientôt naître !
Scène 2 : « Désolé c’est complet ! »
Décor de bar avec tables et chaises. On entend de la musique moderne d’ambiance. D’un côté des personnes sont accoudées autour de verres. De l’autre, des gens couchés à tort et à travers sur des sacs ou des matelas. La plupart endormis… Arrivent Joseph et Marie qui restent à l’extérieur
Narrateur : C’est que, pendant que Marie et Joseph étaient là et attendaient, le moment où elle devait accoucher était proche. C’était vraiment galère de trouver un endroit avec un peu d’intimité et de tranquillité. Ils passaient de lieu en lieu, espérant que quelqu’un accepte de leur ouvrir la porte. Mais, les voici, qui tentent à nouveau le coup !
Joseph : Hé ! Ho ! Aubergiste ! Y a quelqu’un ?
Aubergiste sort avec deux gars qu’il traîne dehors : Allez ouste ! Fichez le camp ! Je ne veux pas d’histoires et de bagarres d’ivrognes chez moi. Les deux s’en vont et il voit Joseph et Marie Et toi, tu peux aller hurler ailleurs ! C’est déjà archi complet ici !
Joseph : Du calme l’ami ! Mon épouse et moi cherchons n’importe quel endroit, juste pour dormir, une petite place ! On vous dérangera pas !
Aubergiste : T’es sourd ? Dans quelle langue, tu veux que je te le dise ? Et puis ce n’est pas une heure pour déranger les honnêtes gens !
Joseph : Dans ce cas, laisse au moins rentrer ma femme pour qu’elle puisse se reposer et se réchauffer. Je resterai dehors avec l’âne !
Aubergiste : Ici, c’est pas vraiment un endroit pour une femme ! Ils sont tous bizarres les types que j’héberge. Allez voir ailleurs !
Joseph : Aidez-nous, par pitié, ma femme est enceinte et elle est sur le point d’accoucher !
Aubergiste : C’est pas de bol mon gars, mais c’est pas de ma faute, qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse !
Joseph : Ben, c’est pas de ma faute non plus…
Aubergiste : Comment ça ? T’es pas le père ? Et bientôt tu vas me raconter que ton futur enfant vient du Saint Esprit, non ? Je n’ai jamais entendu une excuse aussi bidon que celle-ci pour espérer avoir une place ! Tu penses bien que mon auberge n’est pas vraiment équipée pour devenir une salle d’accouchement. Imagine la tête des clients au réveil ! Désolé ! C’est complet de chez complet !
Marie : Vous n’auriez pas un petit espace, de rien du tout, même au milieu des animaux ! On n’est pas difficile. Je suis crevée !
Aubergiste : Bon ! Allez, de ma part, à la crèche ! C’est un peu isolé, à l’autre bout du village ! Mais Il y a un accueil chaleureux 24 heures sur 24 ! De la paille fraîche et le chauffage 100 pourcent bio avec chaleur animale ! Tu ne peux pas te tromper ! Tu sors à gauche et tout droit ! Il suffit de suivre l’odeur !
Joseph : Merci pour tout. Dieu te le rendra ! Marie et Joseph repartent
Aubergiste : C’est ça ! Dieu me le rendra ! Suis sûr qu’ils avaient même pas de quoi payer ces deux-là. Je ne peux tout de même pas accueillir tout le malheur du monde. Non mais, être sur les routes dans cet état-là, avec toute cette circulation, c’est vraiment pas raisonnable. Il est temps, que je rentre ! Finalement, cette nuit, il ne va rien se passer d’exceptionnel ! Encore une soirée comme les autres ! Ici, au moins, y a de l’ambiance ! Il retourne dans l’auberge et l’on entend un chant
Clients : Il est des nôtres, il a bu son verre comme les autres !
Scène 3 : La mangeoire est au complet !
Narrateur : A peine arrivée à la crèche, Marie accoucha de son fils premier-né. Elle lui mit des couches et le déposa dans la mangeoire où mangent normalement les animaux parce qu’il n’y avait pas de place ailleurs pour le mettre. Le problème c’est que le bœuf n’était pas vraiment content d’être envahi chez lui. D’abord un âne inconnu et ensuite ces humains n’ont rien trouvé de mieux qu’à squatter son assiette. Mais, chut ! Je crois qu’il n’est pas encore au courant !
Le bœuf veut aller manger, mais l’âne se met au milieu du chemin. C’est un âne slameur.
L’Âne : On peut savoir mon pote,
Pourquoi t’es si pressé
Qu’est-ce que tu mijotes ?
D’un pas si zélé !
Le bœuf : T’es qui toi ? J’te connais pas ! Pousse-toi les grandes oreilles ! J’ai tellement les crocs que j’avalerai une botte de foin ! Le bœuf essaye d’écarter l’âne, mais celui-ci résiste
L’Âne : Désolé, on ne passe pas !
Si t’as toujours pas pigé
Je vais te mettre au pas !
Ici pas ruminer, mangeoire au complet !
Le bœuf : C’est ce qu’on va voir ! Pousse l’âne Meuuuuh qu’est-ce c’est que ce machin-là ?
L’Âne : Ne sois pas si relou
Et arrête de lui baver dessus
C’est un tout petit loulou
Tu vois bien qu’il est tout nu !
Le bœuf : Mais qu’est-ce qu’il fout dans mon assiette ? J’aimerai bien brouter tranquillement ! Enlevez-le, ou alors ça va faire du foin ! Après tout, j’ai qu’à manger autour ! C’est comme lécher une glace ! L’âne le tire en arrière
L’Âne : Tu vas te calmer, espèce de bétail à la tête dure
Un enfant c’est fragile et délicat
Un seul coup de vent et une seule bavure
C’est le rhume assuré et l’eczéma !
Le bœuf : De plus en plus nerveux T’as pas fini de me marcher sur les sabots ! Je commence à en avoir ras les cornes ! Je sens que je vais me défouler sur quelqu’un tellement j’ai faim ! De manière très théâtrale l’âne s’agenouille devant lui
L’Âne : Si tu as besoin de t’exprimer
Ô bovin stupide et mal-léché
C’est moi qui t’es arrêté
Et je suis prêt à l’assumer !
Narrateur : Intervient Mais vous allez vous calmer les deux comiques là ! Arrêtez un peu votre psychodrame ! C’est mon tour, à présent Les deux se calment pendant le narrateur prend un ton de lecteur Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau… Arrive un berger ou plusieurs
Berger : Salut la compagnie ! J’ai loupé quelque chose ?
Le bœuf : Voilà que ça continue ! Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à débarquer dans ma crèche, à l’heure du repas ? Je vais afficher que c’est complet ! Attendez ! Qui dit bergers, dit : « Moutons » ! Oh non ! Bruit de moutons
L’Âne : Attend ! Crois-tu donc que ces bouseux
Aux habits sales et à la mauvaise réputation
Se seraient dérangés pour nos beaux yeux
Si ce bébé n’était pas la lumière des nations
Le bœuf : Lumière ou pas ! Je vais être à l’étroit pour prendre mon repas ! Je ne te croirais que si maintenant, à la seconde, un ange passait…
Ange : Ne fait que passer d’un bout à l’autre Je suis un ange qui passe ! Mais un ange peut en cacher un autre !
Le bœuf : Ça y est ! Je crois que j’ai des visions. J’ai dû abuser de l’herbe !
Narrateur : Un ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle… Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un sauveur qui est le Christ Seigneur ; et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire !
Le bœuf : Je crois bien que c’est cuit… Pour mon repas ! La moitié de la ville va bientôt débarquer et s’en sera fini de ma sérénité. Cette crèche va être bondé, comble, remplie, surchargé… Et je vais finir à l’étable ou sous forme de beefsteak !
L’Âne : Viens là, mon bœuf adoré ! Ils se tiennent ensemble par les épaules
Je vais me pousser pour te faire une place à mes côtés
Nous n’aurons qu’à nous serrer un peu plus, je propose
Et ouvrir de l’espace à des inconnus qui viennent voir ce bébé !
Mais il va falloir pour nous prendre la pose
Prenons l’air bête Ils se figent tous les deux
Marie : Oh ! Regarde Joseph, comme ces deux-là sont choux ! Il ne leur manque plus que la parole ! Je me demande ce qu’ils pourraient bien se raconter.
Narrateur : Après les avoir vu, les bergers firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle retenait tous ces événements pour en chercher le sens. « Quant à nous, cultivons l’accueil et n’oublions pas l’hospitalité, car grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges »
Crédits : Frédéric et Laurence Gangloff (UEPAL), PointKT