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Le responsable c’est Dieu

flower-2584087_640Pièce  « Le  responsable, c’est Dieu ! » Adaptation libre par Anne-Christine HILBOLD-CROISET  du Petit conte théologique et écologique sur la Création,  de Caroline BAUBÉROT EELF, Noisy le Grand PointKT octobre novembre décembre 1998 n°24.

 

Pour environ 8-15 personnes : Dieu – Le juge – L’accusateur – X – L’enfant qui plante l’arbre – Les jurés (Le défilé de preuves)

Pasteure : Il y a quelques jours, tandis que je méditais à propos de la création en vue d’une prédication, je me suis endormie, sur mon bureau. Le sommeil s’étant soudain emparé de moi, je ne tardais pas à entrer dans un drôle de rêve… Je me retrouvais, tout à coup, dans une immense salle toute molletonnée qui ressemblait un peu à un grand tribunal. A l’intérieur de cette salle, régnait une étrange agitation – je devrais plutôt dire une « sainte » agitation…

On entend le marteau du juge qui tape

Juge : Silence ! silence ! ou je fais évacuer la salle ! Le silence s’impose.

Le juge se lève : Accusé, levez-vous ! Juge : – Votre nom ?

Dieu :  Dieu

Juge : Prénom ?

Dieu : Le Père

Juge :  Profession ?

Dieu : Créateur et sauveur

Juge : Domicile ?

Dieu : Partout où on me laisse entrer…

Juge : Vous pouvez vous rasseoir ! Nous allons procéder maintenant à l’audition des faits qui vous sont reprochés. Je demande à l’accusation de bien vouloir s’avancer.

Un bonhomme bizarre, cheveux en bataille, un peu douteux s’approche et dit :

Accusateur  : Après avoir soigneusement écouté et recueilli les très nombreuses plaintes émanant de la terre, nous avons retenu les suivantes : votre création, Seigneur, montre un certain nombre de défauts et d’irrégularités qui sont à l’origine de multiples maux sur la terre. L’air que vous avez créé est pollué, aussi de nombreux hommes et femmes se plaignent-ils de bronchites, d’asthmes et de cancers. La couche d’ozone étant trouée, les rayons du soleil sont devenus dangereux. Certaines espèces que vous aviez créées sont en train de disparaître et l’on ne trouve pas les pièces de rechange pour réguler l’écosystème. Les forêts ont une fâcheuse tendance à rapetisser, il semble qu’elles soient touchées par un parasite très puissant appelé « béton ». Les vaches et d’autres animaux sont devenus fous.

Défilé de preuves (par exemple des images ou des témoignages ?…)

Accusateur :  Les preuves sont accablantes ! Oui vraiment, Monsieur le Créateur, qu’avez-vous à dire à tout cela ?.

Grand silence. Tout le monde se retourne vers Dieu. Dieu  se lève et dit :  Au commencement, lorsque j’ai créé le ciel et la terre, il n’y avait rien, aucune vie possible dans ce chaos originel : ni air, ni terre, ni mer, ni eau,.. Certains d’entre vous doivent encore s’en souvenir. Au commencement, lorsque j’ai créé, je n’ai eu qu’un seul souci : la vie. Oui, je voulais que la vie puisse naître et s’épanouir sur cette planète, la vie végétale et la vie animale bien sûr, mais surtout la vie humaine. C’est pourquoi, j’ai créé l’air, l’eau, le ciel et la mer, la terre et puis les arbres. J’ai créé les espèces pour qu’il y ait de tout sur cette terre, pour que la vie ne soit pas ennuyeuse mais variée, colorée, pleine de surprise, pour qu’elle se renouvelle et se régénère.Et puis, quand tout cela a commencé à ressembler à quelque chose, à quelque chose de bon, j’ai créé l’homme. Je l’ai créé à mon image, pour qu’il soit mon vis à vis dans la création, pour qu’à ma suite il crée, mette de l’ordre, fabrique et transforme le monde. Je lui ai donné du jugement pour qu’il soit capable de reconnaître ce qui est bon de ce qui ne l’est pas. Et puis, je l’ai laissé libre d’administrer ma création comme bon lui semblerait. Aujourd’hui, je dois bien reconnaître que cette liberté a un prix, et les hommes oublient bien souvent de me rendre des comptes.

L’accusateur ne tient plus sur son siège et d’un bond, il se lève et dresse son doigt accusateur : Et voilà, nous y revoilà, c’est toujours la même chose. Combien de fois ne vous ai-je pas dit de ne pas faire confiance à vos créatures. Ce ne sont que des créatures, bon Dieu ! Hommes, femmes, cochons, moustiques… Des créatures…

Dieu : Bégayant : Mais… mais… c’est que… c’est à dire que….Il se rassoit.

Accusateur : De plus en plus énervé :  Comment pouvez-vous leur faire confiance ? Ils vont finir par tout détruire, les Hommes. Ils passent leur temps à se plaindre mais en réalité ce sont eux qui sont responsables des dégâts. Et vous, oui VOUS, vous êtes coupables de leur faire confiance. Ce n’est pas la première fois, on vous l’avait déjà dit lorsque vous avez envoyé votre Fils au casse-pipe.. De nouveau, les regards convergèrent vers le Seigneur. Grand silence. Hésitations de Dieu, qui finit par se lever. Il va au milieu de la salle et creuse un trou dans les nuages. Il les appelle à venir voir. Le trou qu’il avait creusé permettait de voir un jardin quelque part sur la terre.

X : Venez voir ! regardez ! Mais que fait cet humain ?!

II y avait là un petit garçon en train de planter un arbre dans la terre, soigneusement, avec ses mains. Quand il eut fini, il remplît un seau d’eau et arrosa son arbre. Et il resta planté à côté de lui, émerveillé et fier.

Tout le tribunal pousse alors un « Oooohhh » admiratif général.

Dieu : Oui, je plaide coupable ! Car chaque fois que je vois un enfant planter un arbre, ou des hommes et des femmes prendre soin de la création, chaque fois que je les entends rendre grâce pour cette terre sur laquelle ils vivent, je me dis que j’ai raison d’avoir confiance et d’aimer l’humanité.

Timides applaudissements. Puis des hourras gagnent tout le tribunal. L’accusateur profite de cet instant de liesse générale pour filer à l’anglaise.

Anne-Christine HILBOLD-CROISET