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L’Etable bondée

Quand un couple d’étrangers vient perturber le bon déroulement de l’arbre de Noël d’une paroisse, avec en prime un bébé sur le point de naître ! Personnages: un pasteur (un adulte ou un grand adolescent), un couple d’étrangers, 3 paroissiens assis dans l’assemblée, une Marie et un Joseph, 3 bergers, 3 rois mages, un âne, un bœuf, et une étoile filante.

 

Acte 1 :
Pasteur (avec emphase et grands gestes ! Pédant, en fait : mot à chercher dans le dictionnaire !) :
Bien chers frères, bien chères sœurs, soyez les très bienvenus à notre arbre de Noël ! Vous verrez, cette année, les bambins de notre chère paroisse ont travaillé d’arrache-pied pour fêter la naissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, le Messie que les prophètes annonçaient depuis longtemps ! Il est né dans une étable misérable, dans un village perdu, mais il a connu un destin glorieux, et nous a ainsi enseigné la voie du Salut ! Mais aussi, il nous a enseigné l’accueil, la solidarité, l’amour envers tous les petits, ceux qui n’ont rien et qui manquent de tout ! Ah oui, vraiment, quel tendre et bon Sauveur ! Notre devoir de chrétien passe par le partage et la générosité, et cette période de Noël nous le rappelle, vous le savez bien !
Moi-même, comme directeur spirituel de votre assemblée, je vous montre l’exemple, n’est-ce pas ? En cette terrible période d’hiver, j’ai donné de l’argent, malgré mes faibles moyens, à l’Armée du Salut, aux restos du cœur, à la Croix rouge, au Samu social, à l’Entraide protestante, au secours catholique, à la Cimade, à l’Unicef, etc… J’ai même donné de la soupe à un pauvre hère de passage, l’autre soir, alors qu’il me dérangeait pendant l’écriture de ma prédication, c’est vous dire !!! Eh oui, notre Sauveur Jésus-Christ nous apprend vraiment la charité et l’humilité du cœur…
Les enfants vont nous conter dans un instant le destin inoubliable de cet enfant divin qui dût naître dans la paille, malgré son rang… Mais auparavant, je vous invite, chère communauté, à chanter cette nuit si belle, qui illumine toujours nos jours !

Chant…

Acte 2 :
Pasteur : Voilà, voilà, merci, vous avez très bien chanté, nul doute que cela aura réjoui le cœur de notre Sauveur… C’est maintenant le moment d’entendre les enfants pour une petite saynète qui se passe dans la petite étable de Bethléem qui, vous allez le voir, va bien vite se retrouver bondée… Mais heureusement, il y aura de la place pour tous ! (tapant dans ses mains) : allez, les enfants, c’est à vous, maintenant, allons, allons, on se dépêche, on ne fait pas attendre les adultes !

Les enfants concernés se mettent en place, c’est-à-dire Marie et Joseph, l’âne et le bœuf… Jésus est né, il est dans un couffin ou autre, mais on ne le voit pas…
Marie : Oh… Regarde, Joseph, comme il est mignon…
Joseph : c’est vrai… Il me ressemble un peu, tu ne crois pas ? Le nez, peut-être ?
Marie : Oh ben… Je ne sais pas, tu sais, c’est toujours difficile de voir de qui tiennent les nourrissons ! Mais en tout cas, je suis heureuse que tout se soit bien passé… Tu te rends compte, comme ils ont été gentils, ces animaux, de nous laisser un peu de place ? Qu’aurions-nous fait dehors, au froid de la nuit, et au vent ?!
Joseph : Tu as raison ! Ils avaient déjà à peine de la place pour deux, mais ils ont bien voulu se pousser ! Heureusement, personne ne sait où nous sommes, donc on ne risque pas d’avoir de visites, on ne tiendrait pas dans si peu d’espace !
Marie : Il nous faut remercier ces 2 animaux, Joseph !
Joseph : Tu as raison ! Eh, vous deux, l’âne et le bœuf, venez voir par-là ! (ils viennent)… On voulait vous remercier pour votre accueil… Personne n’avait de place pour nous, personne ne voulait de nous, alors qu’on avait vraiment besoin d’un endroit au chaud, et vous avez été les seuls à accepter d’être nos hôtes… Grâce à vous, tout s’est bien passé ! Nous voulons vous rendre hommage, nous sommes vos obligés…
Ane : Pensez donc, m’sieur Joseph, on a rien fait !
Bœuf : Comment vouliez-vous qu’on vous laisse dehors, avec votre petite épouse dans cet état-là !
Ane : Quand y’a d’la place pour deux, y’en a pour 4 ! Et voilà qu’on est 5, c’est dire ! C’est-y pas génial ?!
Bœuf : Bref, tout le plaisir était pour nous, on n’accueille pas un nouveau-né tous les jours ! Alors dites-nous, Madame Marie, vous l’avez appelé comment, ce petit bout de chou ?
Marie : Jésus.
Ane : ohh, que v’là un joli prénom ! Eh, mais c’est qu’il a le nez d’son père, le p’tit bout !!
Marie : Euh…
Bœuf : Eh bien en tout cas, félicitations à vous deux, joyeux nouveaux parents ! Vous avez besoin de vous reposer, maintenant, après ce long voyage, et cette naissance… Vous avez besoin de dormir !
Ane : Pour sûr ! Moi, je me souviens que quand ma femme a mis bas la première fois, la pauvre, elle était toute épuisée, et moi aussi, parce que oh, hein, faut pas croire qu’un accouchement est plus facile pour un mâle !
Marie : Pardon ?!
Bœuf : Allons, l’âne, cesse de dire des sottises, et laissons-les se reposer, comme promis !
Ane (comme ils sont en train de repartir) : Meuh enfin, mon gros bœuf, c’est pas des sottises, tu ne te rends pas compte, c’est aussi difficile pour…

(Ils sont interrompus par des coups donnés à la porte du temple… Tous les acteurs se regardent… Nouveaux coups à la porte… Ils regardent le pasteur… Le pasteur va ouvrir la porte, un peu énervé que son spectacle soit interrompu… Les autres acteurs restent à leur place)

Pasteur (en ouvrant la porte. Derrière la porte se trouvent un couple d’étrangers, la femme très visiblement enceinte, l’homme portant une valise) : Mais enfin, vous êtes en avance, ce n’est pas encore à vous ! Ah (surpris)… Qu’est-ce que vous faites là, vous, vous êtes qui ? Euh, pardon, bonsoir, mais qu’est-ce que c’est que ce boucan ?
Homme : Pardon, Monsieur, de vous déranger, mais voyez, mon épouse est sur le point d’accoucher… Et comme c’est Noël, tout est fermé, nous ne savons pas où aller pour recevoir de l’aide !
Femme : nous avons vu de la lumière ici, donc nous nous sommes dit qu’il y aurait peut-être du monde pour nous accueillir !
Pasteur : Ah ben vi, c’est bien gentil, mais bon, vous voyez bien que là, nous n’avons pas le temps ! Rendez-vous compte, nous sommes en plein arbre de Noël de la paroisse, nous fêtons la naissance de notre Sauveur, nous ne pouvons rien faire pour vous présentement !
Homme : s’il-vous-plaît, monsieur, ma femme est épuisée, nous ne pouvons plus continuer la route ainsi ! Accepteriez-vous au moins que nous puissions nous reposer un instant ?
Pasteur : Ecoutez, c’est que vous tombez vraiment mal ! Vous débarquez d’où, d’abord ?
Homme : Du village de Markirastinasou, dans la région de Perdoméranie !
Pasteur : Ouh là, c’est quoi, ce trou perdu ?
Femme : s’il-vous plaît, monsieur, juste pour nous reposer… Nous allons nous mettre dans un coin, nous ne ferons pas de bruit !
Pasteur : Mais enfin, vous voyez bien que nous n’avons pas de place !… hon, bon, soit, vous laisser dehors ne ferait pas de nous de bons émissaires de l’amour charitable de notre Sauveur… Mais attention, ne perturbez pas plus que ça notre cérémonie, d’accord ?
Homme : c’est promis, monsieur, merci beaucoup, nous allons juste reprendre des forces, vous êtes bien aimable…
Pasteur : hon, bon, suivez-moi… (il les guide dans un coin du chœur, à déterminer. Le couple s’installe)… Bon, maintenant, vous ne bougez plus… (aux enfants, restés sur place)… Allez, les enfants, on reprend, on en était où ?
Ane : ah ben je sais plus, moi… J’ai perdu le fil !
Mme Calvin : Ah, ces jeunes, franchement, plus aucun respect ! Qu’est-ce que c’est que ces manières ! Je n’ai pas été élevé ainsi, moi !
Pasteur : flûte ! Bon, (essayant de rester calme), ce n’est pas grave, nous allons chanter, le temps que vous retrouviez vos esprits ! Ne vous laisser pas distraire par cette perturbation !

Acte 3 :

Pasteur : Alors, c’est bon, les enfants, on peut reprendre ?
Bœuf : vi, c’est bon, m’sieur l’pasteur !
Pasteur : alors, on y va !
(l’ange qui tient l’étoile filante vient se positionner sur la scène)
Ane : Eh, mon bœuf, vise moi ça, qu’est-ce que c’est ?
Bœuf : je sais pas… Bah, allez, on n’est plus à une bizarrerie prêt cette nuit ! allez, au dodo !
Ane : t’as pas tort… Bonne nuit, amigo…

( L’ange agite son étoile… Trois bergers arrivent)
Berger 1 : Oyez, y’a quelqu’un ?
( L’âne et le bœuf reviennent)
Ane : ah j’te l’avais bien dit, qu’y avait un truc bizarre !
Bœuf : t’as toujours raison, mon âne ! (aux bergers)… Bonjour, bergers, qu’est-ce qui vous amène, vous vous êtes égarés, vous avez besoin de quelque chose ?
Berger 2 : Bonjour ! Non non, nous ne sommes pas égarés, au contraire, je crois que nous avons trouvé précisément !
Ane : Qué ?
Berger 3 : Une nuée d’anges nous est apparue, ils ont chanté, puis nous ont dit que le messie était né, et que nous le trouverions ici cette nuit !
Bœuf : Quoi, le petit Jésus qu’est là ? Mais voilà qui serait merveilleux ! Entrez donc, messieurs ! Il n’y a pas beaucoup de place, mais nous allons la partager ! Soyez les bienvenus !
Ane : ouaip, v’nez donc, il est là-bas, le joli cœur ! Vous allez voir, il a les beaux yeux de sa mère, et le nez de son père !
Marie : Euh…
Joseph : Eh, bien le bonjour, bergers ! C’est vraiment gentil à vous de venir nous rendre visite, venez, prenez place ! (les bergers s’avancent et contemplent l’enfant)… Que tout le monde est gentil, cette nuit : l’âne, le bœuf, vous…
(On entend des cris du côté de la scène où est le couple étranger… Les enfants regardent le pasteur, qui se sent obligé d’intervenir, et va voir le couple)
Pasteur : Mais enfin, vous faites quoi, là ? Vous ne voyez pas que vous nous importunez à nouveau ? Vous croyez que les enfants peuvent se concentrer sur leur pièce ? Vous croyez que Mme Toussain arrive à suivre, avec son sonotone ? Ayez un peu de respect, bon sang !
Homme : mais monsieur, voyez, ma femme est en train d’accoucher !
Pasteur : Quoi ? Mais vous ne pouviez pas faire ça ailleurs ou à un autre moment ? Bon sang ! Vous gâchez tout !!!
Mme Toussain, depuis l’assemblée, se lève : M. le pasteur ! Vous vous rendez compte de votre comportement ?! Vous houspillez un pauvre couple qui demande l’hospitalité ? Vous houspillez une pauvre femme sur le point d’accoucher ?! Mais enfin ! Vous essayez de nous dire quoi avec la pièce de ces enfants ?! Croyez-moi, sonotone ou pas, j’ai entendu chaque mot !
Pasteur : allons, Mme Toussain, vous reconnaîtrez que…
M. Luther, se levant à son tour dans l’assemblée : Non, M. le pasteur, nous n’allons rien reconnaître du tout ! Votre comportement est inadmissible, par rapport au message que vous voulez transmettre ! Il faut parler d’amour mais pas le vivre ? Il faut parler de solidarité mais fermer la porte aux nez des gens ? (en désignant le couple) Il faut parler d’accueil mais ne pas avoir le temps pour les urgences ?
Pasteur : Allons, M. Luther, tout de suite les grands mots…
Mme Calvin : Moi, je suis d’accord avec Monsieur le pasteur ! Allons, les jeunes d’aujourd’hui ne pensent à rien ! J’ai accouché 8 fois, moi, et je suis pas venue faire ça au temple ! Il y a des limites à la bienséance !
Mme Toussain : Je vais couper mon sonotone, si vous continuez ! Comment ils auraient fait, les parents de Jésus, s’ils n’étaient tombés que sur des gens comme vous, hein ?
Pasteur : Mais… Et notre arbre de Noël ?!
M. Luther : Plus de mais ! Regardez, l’enfant est en train de naître !
Pasteur (complètement décontenancé) : oh mon Dieu… Ecoutez, il nous faut reprendre nos esprit, chantons, mes amis !
(pendant le chant, l’enfant est né, poupon dans les bras de la femme)
Pasteur : Bien, essayons de finir notre pièce de Noël, si vous le voulez bien…
Mme Toussain : Oh, regardez comme il est mignon, le petit, il a le nez de son père ! Moi, je suis heureuse que vous soyez venu ici, parmi nous…
Femme : M. le pasteur, venez ici, s’il vous plait… (le pasteur va vers elle)… Regardez, il dort, mon petit… J’ai bien vu en passant que le berceau de Jésus était vide… Vous ne voulez pas qu’il fasse partie de cette pièce ? Vous savez, ça me ferait plaisir, qu’il participe avec les autres enfants… Vous avez encore une scène ?
Pasteur (attendri, en regardant l’enfant) : Oh… Oui, il reste encore les mages ! ça, c’est une fort jolie idée, madame, vous avez raison ! oh oui ! (il prend délicatement le poupon, avec un sourire ravi, puis va le poser dans le couffin)… Allez, les enfants, on reprend, et on finit notre pièce en beauté, d’accord ?! Je crois que ce soir, nous avons reçu un grand cadeau ! allez, les enfants !
Joseph : Euh, oui, donc, je disais que tout le monde avait été très gentil avec nous, et avec notre enfant, et que nous sommes très reconnaissants…

(Arrivent trois mages, avec des cadeaux, pendant que l’ange gigote son étoile)
Ane : Ah ben tiens, en v’là encore d’autres !
Bœuf : wouhah, c’est génial, quelle soirée ! Bien le bonjour, messieurs, j’imagine que vous n’êtes pas perdus ?!
Mage 1 : Certainement pas ! Le GPS n’a pas encore été inventé, mais nous n’en avons pas besoin !
Mage 2 : Nous sommes capables de suivre notre route grâce aux étoiles !
Ane : ah… et de jour, vous faites comment ? Pardon, je réfléchissais à voix haute, le prenez pas mal ! Soyez les bienvenus !
Mage 3 : Nous avons donc vu une étoile curieuse dans le ciel, qui annonçait la naissance du messie…
Mage 1 : nous l’avons suivie pendant une très longue route, de nuit, ou de jour aussi, ne vous en déplaise…
Ane : vous fâchez pas !
Mage 2 : et l’étoile nous a mené jusqu’ici !
Mage 3 : on peut le voir, ce petit ? Regardez, on lui a amené des cadeaux !
Bœuf : mais bien sûr, entrez, entrez, regardez ! Je vous présente Jésus, et ses parents, Joseph et Marie, et ces gentils trois bergers qui sont arrivés juste avant vous ! Désolée, c’est un peu petit, chez nous, mais on va se serrer, pas de soucis !
Mage 1 : eh bien, merci de votre accueil !
Mage 2 : (en regardant le bébé) Voici la lumière du monde, celui qui va nous apprendre la véritable solidarité… Ni hommes ni femmes, ni pauvres ni riches, ni grec ni juifs, mais tous enfants de Dieu… Personne ne pourra plus jamais être laissé à la porte…
Mage 3 : Et toc ! C’est vrai, les copains, cette journée nous aura appris de belles choses… Franchement, moi, je suis content que ce couple soit venu ce soir, même si le pasteur a fait son énervé… Et que ce petit soit né… J’crois qu’c’est la Mme Toussain qu’a raison ! Mais dites-moi, vous avez vu ? Il a vraiment le nez de son père, non ?! Eh, v’nez voir, M’sieur l’pasteur !
(le pasteur vient voir)

Pasteur : les enfants, vous savez quoi ? Cet enfant a le nez de Dieu, tout simplement… Et ce soir, grâce à vous, nous l’avons accueilli… Mme Toussain, gardez votre sonotone, M. Luther, gardez votre indignation, Mme Calvin, arrêtez un peu de râler, ça vous fera le plus grand bien ! Les enfants, gardez votre enthousiasme, et vous, (au couple), merci d’être venu nous déranger et de nous avoir offert à nouveau le sens et la beauté de Noël !


Mme Calvin
: Ah, monsieur le pasteur ! Je vous l’avais bien dit, qu’il fallait les accueillir, ces pauvres petiots ! L’hospitalité n’a pas d’horaires et de géographie ! Prenez-en de la graine, les enfants, et joyeux noël !