Point KT

En chemin vers le matin de Pâques

image_pdfimage_print

La semaine sainte est ponctuée d’étapes bien définies qui nous conduisent de l’entrée de Jésus à Jérusalem le dimanche des rameaux, à sa résurrection le dimanche de Pâques, en passant par son dernier repas à jeudi saint et sa mort le vendredi saint. Et le samedi ? Voici une proposition de célébration hors des murs traditionnels de nos églises et hors des étapes traditionnelles de la semaine sainte. Le samedi soir, veille de Pâques, dans la nature, mettons-nous en marche vers Pâques.

Présentation 
Cette marche vers Pâques a été vécue en 2009 dans la paroisse de Hurtigheim-Quatzenheim-Wintzenheim. Comme des vigiles étaient célébrées dans les paroisses voisines, à l’aube, nous avons souhaité proposer une célébration différente d’un culte traditionnel et à un autre horaire : nous avions fixé le départ à 20 heures, au crépuscule. De fait, nous avons touché un public différent de la vigile et des autres cultes de la semaine sainte : des distancés de l’Eglise et des familles avec enfants qui ne seraient pas venus le matin à 6 heures et qui hésitent à fréquenter les cultes traditionnels du vendredi saint ou du matin de Pâques.

Conseils et préparation :

  • On peut répartir les textes entre différents lecteurs.
  • La dernière étape a lieu autour d’un feu qui doit s’embraser à l’arrivée du cortège : il doit donc être bien préparé et une personne doit précéder le cortège pour démarrer le feu. On peut terminer par un moment convivial autour du feu avec boissons chaudes et gâteaux.
  • Il est important d’avoir reconnu le parcours avant. Pour que cette marche vers Pâques soit accessible au plus grand nombre, il faut choisir de préférence un itinéraire facile et pas trop long : dix à quinze minutes de marche entre chacune des étapes est largement suffisant. Le parcours doit faire une boucle et la dernière étape ne doit pas être trop éloignée du point de départ.
  • Chaque étape se termine par un chant : on peut se remettre en route en chantant.

Matériel :
Des flambeaux répartis dans le cortège et quelques lampes électriques
Des feuilles avec les cantiques et la confession de foi

Déroulement 

Accueil
Mon fils, pourquoi t’échappes-tu sans cesse pour aller courir dans la forêt ?
– Papa, je cherche Dieu, répond l’enfant.
– Mais, mon fils, Dieu n’est-il pas partout ?
– Oui, Dieu est partout !
– Et Dieu n’est-il pas partout le même ?
– Oui, Papa, Dieu est partout le même ; mais vois-tu, moi je ne suis pas le même partout. La forêt m’aide à chercher Dieu !
Cette histoire nous pose une question toute simple : Où est le lieu où nous pouvons nous retirer pour chercher Dieu, pour le rencontrer ?
Pour certains, ce lieu est à coup sûr une église, pour d’autres la forêt, pour d’autres la montagne, le bord d’un lac ou une falaise surplombant la mer… Pour nous ce soir, la nature, les champs, seront lieu de rencontre : lieu où marcher ensemble, lieu où prier et chanter ensemble, lieu où écouter Dieu ensemble, lieu où nous rencontrer, nous rencontrer nous-mêmes, nous rencontrer les uns les autres, le rencontrer lui, notre Seigneur.

Cantique : Confie à Dieu ta route (Arc-en-ciel 616/1, 2 et 4)

Marche

La mise au tombeau : Lecture de Marc 15/42-46
« Le soir était déjà là, quand arriva Joseph qui était d’Arimathée. Joseph était un membre respecté du Conseil supérieur, et il espérait, lui aussi la venue du Royaume de Dieu. C’était le jour de la préparation, c’est-à-dire la veille du sabbat. C’est pourquoi, Joseph alla courageusement demander le corps de Jésus. Mais Pilate fut étonné d’apprendre qu’il était déjà mort. Il fit donc appeler le capitaine et lui demanda si Jésus était mort depuis longtemps. Après avoir reçu la réponse de l’officier, il permit à Joseph d’avoir le corps. Joseph acheta un drap de lin, il descendit le corps de la croix, l’enveloppa dans le drap et le déposa dans un tombeau qui avait été creusé dans le rocher. Puis il roula la pierre pour fermer l’entrée du tombeau. Marie de Magdala et Marie la mère de Jésus regardaient où on mettait Jésus. »

Silence et nuit
Voilà, c’est terminé : Jésus est mort, la pierre est roulée, le tombeau fermé. Il fallait faire vite car le vendredi se terminait, le soir descendait. Avec le samedi, allait commencer le sabbat : le sabbat, jour du repos, jour consacré à Dieu, jour où tout travail devait s’arrêter. Alors un ami et quelques femmes l’ont descendu de la croix. Avec soin, ils ont enveloppé d’un linceul ce corps tordu par la souffrance et l’on porté jusqu’au lieu du repos. Ils ont roulé la pierre et puis plus rien… Plus rien que le silence et la nuit…

Les femmes, les amis, les disciples de Jésus, tous se taisent. Silence. Qu’ont-ils pensé, ressenti? Silence. Sont-ils restés ensemble solidaires dans leur chagrin ? Sont-ils partis chacun de son côté, solitaire dans sa peine ? Silence. Silence et nuit.

Car, même si l’évangile n’en dit rien, c’est sûr que ce jour-là, pour eux, il faisait nuit, il faisait noir : c’est la nuit de la peine, le noir des jours sans espoirs.

Jésus, leur maitre, celui en qui ils avaient mis tous leurs espoirs, celui qu’ils avaient suivi avec confiance, celui en qui ils avaient reconnu le Messie, le Sauveur d’Israël, Jésus est mort, mort d’une mort honteuse, cloué sur une croix comme un vulgaire voleur.

Et Dieu se tait. Pas de tonnerre, pas de parole, pas d’ange. Rien qui pourrait donner sens à la mort, pas un mot, pas un souffle pour donner sens à l’absence de celui qu’il avait lui-même désigné comme son Fils. Rien que le silence et la nuit.

Le silence des peines qu’on ne peut pas dire, la nuit des désespoirs où tout ce qu’on en quoi on croit s’écroule…

Je vous invite à la prière…
Lorsque pour nous, tout n’est que silence et nuit, lorsque les ténèbres de nos doutes sont trop épaisses, lorsque le désespoir assombrit notre âme, Seigneur, éclaire-nous.
Lorsque nous ne trouvons plus les mots pour dire notre peine, lorsque les larmes serrent notre gorge, lorsque nous ne pouvons même pas articuler une prière, Seigneur, lis dans notre cœur. Lorsque nous pensons que notre vie s’écroule, que plus rien ne vaut la peine, que nous ne voyons que le noir, que nous n’entendons que le silence, Seigneur, donne-nous l’espérance, ton espérance, Seigneur, donne-nous la paix, ta paix. Amen.

Cantique : J’ai besoin de ta confiance (Arc-en-ciel 613/1-3)

Marche

Cette mort est-elle plus importante que d’autres ?
Jésus est mort. Et alors ? C’est important et grave pour sa famille, ses amis, ses disciples, mais pour les autres ? Jésus est mort. Et alors ?
(d’après A. Arnoux, Passages, p. 20)
Pourquoi cette mort serait-elle plus importante que la mort de tant d’autres innocents ?
Pourquoi cette souffrance aurait-elle plus de valeur que la souffrance de tant d’autres : cloués sur un lit, le dos ravagé d’escarres, torturés au fond d’une cave, humiliés de devoir mendier leur pain, rejetés du monde, transpercés par la faute et l’échec, transpercés par le deuil et la solitude…
En quoi cette souffrance et cette mort seraient-elles différentes de toutes les souffrances et de toutes les morts ?
Peut-on répondre à ça ? Peut-être pas, jamais parfaitement.
Mais peut-être aujourd’hui nous suffit-il de croire que si cet homme était vraiment le Fils de Dieu, il a souffert et il est mort pour aller rejoindre au fond de leur enfer tous ceux qui souffrent d’une souffrance banale et pourtant toujours unique, toujours explicable et toujours sans but.
Jésus est mort et sa mort me dit : « Vois, je suis ici avec toi. »
Si cet homme était vraiment le Fils de Dieu, c’est au cœur même de nos tombeaux, au fond des enfers et des souffrances, que Dieu se tient et qu’on peut le chercher et non pas là-haut, loin des hommes.
Si cet homme était vraiment Fils de Dieu, lui seul pouvait descendre dans l’enfer des souffrances et de la mort des hommes, pour les y rejoindre et les y accompagner et pour partager avec eux, derrière la pierre roulée sur leurs espoirs, la force de sa résurrection.
Si cet homme était vraiment le Fils de Dieu, il a souffert et il est mort pour nous rejoindre au fond des nos enfers, nous prendre par la main et nous tirer vers sa vie.
Jésus est mort, et alors ?
Et alors, nous ne comprenons jamais tout. Du moins, pouvons-nous entendre ceci : « Vois, je suis là avec toi, et toi, tu seras toujours avec moi. »

Je vous invite à la prière… Confessons ensemble notre foi. Confession de foi (Fritz Westphal)
Je crois au Dieu de la vie.
Malgré les peines et les souffrances, il suscite l’espérance.
Malgré les échecs et les peurs, il conduit vers la liberté.
Malgré les haines et les guerres, il crée la réconciliation et la paix.
Je crois au Dieu de la vie.
Malgré nos refus et nos indifférences, il rend possible la rencontre et l’amour.
Malgré nos défaillances et nos incrédulités, il donne sens à notre vie.
Malgré la mort qui est en nous et autour de nous, il nous fait ressusciter chaque jour à cause du Christ qui meurt et vit pour nous.

Cantique : Tu es là (Arc-en-ciel 614/1-3)

Marche

Lueurs
Silence et nuit pour les disciples, pour tous ceux qui ont suivi Jésus, qui lui ont fait confiance, qui ont cru en lui. Silence et nuit et pourtant, et pourtant Dieu déjà est à l’œuvre…. Au cœur du silence, n’entendez-vous pas résonner les mots que le Christ nous a laissé ? Au cœur de la nuit, ne voyez-vous pas chanceler sa lumière ?
Jésus est mort, mais pas pour rien. Même si d’abord, tout parait absurde, incompréhensible, injuste. Jésus est mort, mais pas pour rien, car déjà Dieu est l’œuvre…
Au fond de nos tombeaux, n’entendez-vous pas la voix du Christ? Au cœur du désespoir, ne voyez-vous pas poindre l’espérance ?

Souvenez-vous, il a dit…

  • « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la vie et ne marchera plus jamais dans l’obscurité. » (Jean 8/12)
  • « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jean 11/25)
  • C’est de lui qu’il est écrit… « Le peuple qui marche dans la nuit voit une grande lumière. Sur ceux qui vivent au pays des ténèbres une lumière se met à luire. » (Esaïe 9/1)

Je vous invite à la prière…
Clarté d’aurore dans le crépuscule de nos doutes, lueurs d’espérance dans les ténèbres de nos craintes, promesses de pardon dans la nuit de nos infidélités, amour offert dans le brouillard de nos errances, ta Parole balise nos chemins d’éclats de ta lumière.
Seigneur, nous t’en prions : renouvelle nos vies pour les rendre claires et belles à la lumière de ton Evangile. Amen.

Cantique : Toi qui es lumière (Arc-en-ciel 318/1-4)

Marche jusqu’à l’arrivée autour du feu de bois

Lumière ! (d’après le chant de l’exultet dans liturgie catholique de la nuit de Pâques)
Que danse de joie la foule des anges dans le ciel !
Que sonnent les trompettes pour le triomphe d’un si grand roi !
Que jubile la terre baignée d’éclatante lumière !
Qu’elle soit illuminée de la clarté du roi éternel et qu’elle découvre la chute des ténèbres qui recouvraient l’univers !
Voici la nuit où le Christ brise les liens de la mort.
Car la mort est morte, elle vaincue !
Voici la nuit où le Christ surgit des enfers, victorieux.
Nuit de vrai bonheur !
C’est de cette nuit, qu’il est dit : « La nuit sera claire comme le jour. La nuit sera ma lumière et ma joie ! »
Nuit vraiment bienheureuse !
Nuit où se rejoignent la terre et le ciel, l’homme et Dieu.

Je vous invite à la prière… (d’après liturgie de l’Epiphanie, communauté de Pomeyrol)
Seigneur, notre Dieu, malgré les obscurités de notre vie, nous te connaissons par la foi. Dirige notre marche par ta Parole faite chair, lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’astre du matin se lève dans nos cœurs, par le Christ notre Seigneur.
Amen.

Cantique : Pour que le jour qui se lève (Arc-en-ciel 514/1-3)

Bénédiction :
Que sa lumière se lève dans vos ténèbres, que votre nuit soit comme le plein midi.
Que le Seigneur vous guide sans cesse et vous donne sa paix.
Qu’il vous bénisse et vous garde.
Allez dans l’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Crédit : Claire de Lattre-Duchet (UEPAL) – Point KT – photo Pixabay