Je, tu, il, tissons l’Évangile
Etienne REBERT « Une bonne nouvelle ça se partage » (DEFAP 2005)
Il y a quelque chose d’étonnant dans le tissu.
A y regarder de près,
Ce n’est pas la couleur des fils qui en font la beauté.
Pris séparément, un à un, ils n’ont rien d’impressionnant.
C’est comme la solitude : elle est triste.
Juste une couleur, mais il n’y en a que trois. Plus le noir.
Juste un peu d’épaisseur et un peu de tessiture.
Mais rien de plus.
Quant à l’aspect…
Non vraiment, ce qui fait la beauté d’un tissu,
Ce n’est pas chaque fil.
Par contre, prenez ces fils si quelconques,
et mélangez-les, « métissez-les »,
Faites-les passer les uns dans les autres,
sur les autres, croisant les autres,
se nouant aux autres, s’accrochant aux autres,
et vous obtenez les plus belles merveilles du monde !
Les plus belles tapisseries, les plus belles broderies,
les plus belles étoffes.
Ne dit-on pas que même les pensées
Peuvent être « étoffées » ?
Défaites ces chefs-d’œuvre et voyez ce qu’il en reste.
De la charpie.
Des fils qui n’ont rien d’attrayant.
Reprenez ces mêmes fils
et tissez-les dans un autre sens.
Et voilà de nouveaux chefs-d’œuvre !
Ainsi la mission.
Ce n’est pas que reprendre des fils :
celui de la vie
de la bonne nouvelle
de l’Évangile,
d’un homme, d’une femme, d’un enfant.
Et les croiser, et les recroiser
Sans cesse, différemment,
avec autant d’imagination
que de patience.
Et vous obtenez, vous pourriez obtenir,
la plus belle humanité qui soit.
Je suis persuadé que Dieu a inventé le tissage
avant l’humanité.
Ne méprise aucun fil.
aussi ténu soit-il.