Point KT

Prière et beauté

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images_image_beaute_115Quand je pense prière, je pense beauté ! Pourquoi ? Faiblesse spirituelle de ma part ? Car après tout, l’essentiel est ce dialogue avec Dieu, aussi balbutiant soit-il ! Et qu’importent le lieu, les circonstances, la manière ? Pourtant je pense à l’action liturgique avec les paroles du psalmiste portées par une voix qui s’accorde à leur rythme. C’est simple et beau, juste. Et pour moi c’est important qu’il en soit ainsi. Et le chant, le silence intermittent, l’assemblée dans sa présence qui témoigne d’une autre présence. C’est beau parce que c’est bon… « Voici, il est bon, il est doux pour des frères d’être ensemble ! » Ps 133. Mais la beauté n’est pas dans la mise en scène, même si cela compte… plutôt dans le regard, l’attention accordés à l’être ensemble en un temps, en un lieu donné, gratuitement, pour prier Dieu. Joie forte, intérieure, et qui peut aller jusqu’à la jubilation communautaire ! Mais comme on a peur d’avouer, d’exprimer cette joie !

Je pense aussi au petit groupe de prière qui parvient à se réunir fidèlement… sans que cela soit toujours facile. Beauté de la rencontre dans sa profanité… hésitation de paroles qui se cherchent, textes lus d’une voix parfois timide, ferveur contenue… autour de Celui qui est au milieu de nous.

Je pense encore à la prière dans le secret du cœur, aux paupières qui se ferment sur une vision intérieure pour entrer en écoute de Dieu et du monde. Pas toujours facile, le recueillement… au milieu des pensées bavardes, des nerfs encore tendus par tous les événements du jour. Et pourtant même une tentative ratée reste une belle offrande. Quand je pense prière, je pense beauté, mais pas comme un plus, une décoration, au contraire comme un creux, celui que le sculpteur forme laborieusement dans le bois, celui de notre faim qui en nous-mêmes et entre nous fait place pour Dieu. Beauté du creux, beauté de l’espace évidé pour attendre et accueillir ! Beauté de la rencontre en un temps comme volé à la vie quotidienne, et qui ne peut jamais être le fruit d’un « Silence ! » autoritaire, mais d’une attention portée à la parole qui invite, où à la clochette qui tintinnabule. Et l’espace a été travaillé en signe de bienvenue pour inviter au repos, au dépôt des soucis, à l’action de grâce. Et la flamme vacillante d’une bougie dans sa fragilité, nous dit combien cet instant est précieux, car c’est toute la vie qui s’en trouve éclairée.

N’est-ce pas à cela que peuvent parfois servir les éléments symboliques, non à capter le regard mais à le renvoyer vers l’invisible visage de Celui qui nous parle et nous écoute ? Ils peuvent être une aide précieuse à la parole, et au silence. Ils peuvent nous aider à nous arrêter, tout simplement, dans cette petite cérémonie intime ou partagée avec d’autres qu’est la prière.

Crédit : Point KT