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Pour un temps de crise(s)

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En ces jours-là parut Jean le Baptiseur ; il proclamait dans le désert de Judée : Changez radicalement, car le règne des cieux s’est approché ! Mt 3.1-2
Et nous, aujourd’hui, quelle annonce, quelle proclamation pouvons-nous faire dans nos déserts ?
Quel rôle pouvons-nous jouer en ces temps « de crise(s) » ? L’historien Flavius Josèphe (Ier siècle de notre ère) et le philosophe Philon d’Alexandrie (-12 à 54 de notre ère), entre autres, témoignent de l’existence d’un groupe de croyants juifs, volontairement pauvres, menant une vie ascétique mais d’un intense communautarisme, centrant leurs activités autour de la prière et des rites de purification. Un certain nombre de membres de ces communautés restaient volontairement célibataires, sans doute dans le cadre de leur souci de pureté, mais aussi parce que, la question de l’avènement du règne de Dieu étant tellement d’actualité – pas seulement à cause de la présence de Jésus de Nazareth, mais surtout à cause des annonces prophétiques –, ils ne pensaient plus nécessaire d’avoir des enfants, d’assurer des générations à venir, puisque le Royaume de Dieu sur terre était imminent !

Une enquête publiée début avril 2013 par la Ligue des Familles en Belgique révèle que d’une part, il n’y a « plus que » 60 % des personnes qui trouvent normal d’avoir des enfants, répondant à la question « Pourquoi avoir des enfants ? » ; et d’autre part, la même proportion des personnes interrogées (!) trouvent normal de ne pas avoir d’enfant, étant donné la situation de crise économique et sociale du monde actuel… Bien sûr, les médias radios et télévisions se sont empressées de rebondir sur le deuxième constat, bien plus vendeur !

Et nous, chrétiens, que pouvons-nous en penser ? Comment pouvons-nous faire résonner l’Évangile dans nos familles et dans la société, face à cette question ? Y a-t-il eu, dans le Nouveau Testament, un commandement pour contrecarrer celui de Genèse 1.22 : « Soyez féconds, multipliez-vous ! » ?
N’avons-nous pas un devoir d’annonce différent face aux situations (artificiellement mises en place) de crises de toutes sortes ? Si l’on ne peut plus avoir confiance en l’homo-économicus et en ses capacités à survivre, si l’on ne peut plus placer de crédit (c’est le cas de le dire !) dans les agences de notations S&P et autres, si les études des économistes liant ‘reprise et austérité’ s’avèrent fausses, n’avons-nous pas, nous chrétiens, un devoir d’annonce différent ? N’est-il pas grand temps, sans fondamentalisme excessif, ni prosélytisme agressif, de reparler au monde (spécialement aux enfants et aux jeunes dont nous avons la responsabilité) de l’Alliance que Dieu a passé avec son peuple, et pour nous, chrétiens, de cette promesse de Salut offerte en Jésus-Christ.

N’est-il pas grand temps de témoigner de cette autre logique qui ne se limite pas à tout orienter de l’homme vers l’homme, dans un aller/retour, on le voit aujourd’hui, assez stérile, mais plutôt d’une logique où l’homme va vers l’homme avec Dieu, en Dieu, et où Dieu lui-même va aussi vers l’homme, dans un mouvement plus complexe… Témoigner des échanges où la gratuité reste le maître mot (la gratuité de la Grâce, en premier lieu ! Nous sommes protestants, après tout !) et d’où découle l’espérance qui permet la vie, de génération en génération… « En chemin, proclamez que le règne des cieux s’est approché » dit Jésus à ses disciples en les envoyant en mission. (Mt 10.5-10)

En ces temps de crises, nous avons un ministère particulier : celui d’annoncer l’espérance dans un monde désespéré, d’annoncer la gratuité dans une société où tout se paie (cf. les quotas de carbone !), où tout s’achète et se vend… Celui d’annoncer un avenir radieux à celles et ceux qui oseront mettre leur foi en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, un avenir où il est bon d’avoir des enfants, et des petits-enfants, car il s’est approché en effet, le règne des cieux !

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