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Chemins de la non-violence

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Sous différentes formes, la violence et les situations de conflits font partie de notre monde et de notre quotidien. Comment réagir ? Est-il possible de trouver des solutions ?
Voici une animation qui propose de se confronter à des situations de la vie ordinaire, et de voir comment l’attitude non-violente proposée par Martin Luther King peut nous aider à mettre en pratique le message de Jésus sur le renoncement à la vengeance et l’amour des ennemis.

Cette animation a été préparée par une équipe de l’Animation Jeunesse de l’Eglise Protestante de Genève, composée de Caroline Marti, Jérémie Juvet, et du pasteur Nicolas Genequand. Elle a été expérimentée avec des jeunes de 12 à 14 ans.

1. Déroulement de l’animation

1. Accrochage : le jeu des chaises musicales
Pendant 2 minutes, on joue selon les règles normales.
Ensuite, 2 groupes, les « forts » et les « faibles », sont désignés arbitrairement. Les « faibles » n’ont pas le droit d’utiliser la violence (y compris la violence verbale). On constate alors ce qui se passe, quand certains sont libres d’utiliser tous les moyens et que d’autres ne peuvent pas s’y opposer de la même manière.

2. Présentation du thème
On demande au groupe de dresser la liste des différentes formes de violence (physique, verbale, chantage, racisme, regard, ou liées à l’argent, à l’alcool, etc.), que l’on note sur un panneau.
On aboutit alors à la question : Comment s’en sortir ?
Et on propose d’essayer de trouver des solutions non-violentes.

3. Mises en situation et sketchs
Face à diverses situations proposées (voir Point 2 ci-dessous), les participants, par petits groupes tirés au sort, ont pour mission d’imaginer une solution non-violente (10′). Chaque petit groupe joue ensuite la scène.
Chaque sketch est suivi d’un temps de parole des acteurs et du public (quelles réactions, quelles autres solutions, est-ce facile à réaliser ?) (30′).

4. Réflexion sur des textes de Martin Luther King
Par sous-groupe, lire 4 textes (voir plus loin) et demander aux participants de dire par leurs mots ce qu’ils ont compris. On peut aussi demander aux jeunes quel texte ils préfèrent, et pourquoi.

Méditation biblique
Lecture de Mt 5,38-48 (non la vengeance, mais l’amour des ennemis).
L’animateur fait le lien entre les idées de Martin Luther King et le texte biblique.
A partir d’un article ou d’une manchette de journal relatant un fait divers violent, il montre l’engrenage de la violence. Rendre les coups, ça implique d’autres personnes et ça dégénère.
Il met en ensuite en évidence :

  • La question de l’honneur, de l’orgueil de chacun, qui est importante pour les jeunes.
  • La nécessité d’une justice extérieure, sinon on se fait soi-même justicier.
  • L’impasse de la vengeance : le principe « œil pour œil » parait correspondre à notre besoin de justice, mais à ce jeu-là, on devient tous aveugles !

Conclusion

ImageDeux possibilités (utilisables ensemble ou séparément)
1. Chaque participant reçoit une carte avec un texte de Martin Luther King.
2. Distribuer des petits cailloux blancs que les participants sont invités à donner à ceux qui leur font du tort durant la journée, comme une manière de montrer leur volonté de « déposer les armes ».

2. Situations à mettre en sketchs

ImageLa consigne est de trouver une solution non-violente.
Si cela est possible, il est bon d’avoir un moniteur par groupe pour stimuler les participants.
On peut bien sûr imaginer d’autres situations.

1. « Frères z’et sœurs » (3 participants)
1 grand frère mobilise la télévision, comment réagissent les 2 petits ?

2. Les « skaters » (6 participants, attention de ne pas parler tous en même temps !)
Les 4 « skaters » veulent écouter leur musique et les 2 « fashion » (ou des « Yos ») veulent trouver une solution.

3. Racket (5 participants)
2 agresseurs, 1 victime et ses 2 copains cherchent comment réagir.

4. La soirée de fin d’année (4 participants)
1 grande sœur a été autorisée d’y participer jusqu’à 22 h. Un an après, 1 petit frère reçoit la permission de rester jusqu’à 23 h. Discussion avec les 2 parents.

3. Extraits de textes de Martin Luther-King

Textes à lire et « étudier »

La non-violence ne cherche pas à vaincre ni à humilier l’adversaire, mais à conquérir sa compréhension et son amitié. Le résistant non-violent est souvent forcé de s’exprimer par le refus de coopérer ou les boycotts, mais il sait que ce ne sont pas là des objectifs en soi. Ce sont simplement des moyens pour susciter chez l’adversaire un sentiment de honte. Il veut la rédemption et la réconciliation. La non-violence veut engendrer une communauté de frères, alors que la violence n’engendre que haine et amertume.

La non-violence refuse non seulement la violence extérieure, physique, mais aussi la violence intérieure. Le résistant non-violent est un homme qui s’interdit non seulement de frapper son adversaire, mais même de le haïr. Au centre de la doctrine de la non-violence, il y a le principe d’amour. (…) Répondre à la haine par la haine, ce serait augmenter la somme de mal qui existe déjà sur terre. Quelque part, dans l’histoire du monde, il faut que quelqu’un ait assez de bon sens et de courage moral pour briser le cercle infernal de la haine. La seule façon d’y parvenir est de fonder notre existence sur l’amour.

Croire en la non-violence ne met pas à l’abri de la violence. Celui qui croit en la non-violence accepte d’être victime de la violence, mais ne l’inflige jamais. Il vit dans la conviction que la situation sociale peut être rachetée par ses souffrances.

Si je vous frappe et que vous me frappez, si je vous frappe de nouveau et que vous me frappez de nouveau, on continue comme ça ad infinitum. On n’arrête jamais. Quelqu’un, quelque part, doit faire preuve d’un peu de bon sens. C’est lui le plus fort : celui qui réussit à casser la longue chaîne de la haine et du mal.

Martin Luther King Jr

4. Proposition de prière

La face ensoleillée

Seigneur, aide-moi à savoir regarder
la face ensoleillée de ceux avec qui je vis.
Il m’est parfois difficile, Seigneur,
de dépasser leurs défauts qui m’irritent,
et de m’arrêter à leurs qualités vivantes
dont je jouis sans y prendre garde.

Aide-moi aussi, Seigneur,
à regarder ta face ensoleillée,
même au cœur des pires événements :
car chacun peut être source d’un bien
qui m’est encore caché…

Accorde-moi, Seigneur, la grâce
de travailler pour le bien, le beau, le vrai,
de chercher sans me lasser,
dans chaque être humain,
l’étincelle que tu y as déposée
en le créant à ton image.

Accorde-moi d’avoir autant d’enthousiasme
pour le succès des autres que pour le mien
et de faire l’effort de changer moi-même
sans perdre le temps de critiquer les autres.

Je voudrais, Seigneur,
que tu me donnes la sagesse
de ne me rappeler les erreurs du passé
que pour me hâter vers un avenir meilleur.

Sœur Emmanuelle, le Caire

(Crédit: Nicolas Künzler)