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Le tombeau

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Au-delà de la question de la mort et de la résurrection de Jésus, ces trois récits poseront aux enfants la question de la mort et de l’après-mort. L’âge de 5 à 7 ans est par excellence l’âge du questionnement métaphysique et religieux. Rares sont les parents, les éducateurs et les enseignants qui n’ont pas un jour ou l’autre à répondre aux questions : « Comment on est quand on est mort ? Est-ce qu’on peut revivre ? Comment c’est après la mort,  etc… ?»

 

Une animation à partir d’une histoire de Tu diras à tes enfants , « Le tombeau », page 38

Comment répondre sans se défiler, sans langue de bois, sans briser le mystère de la mort et de la vie « autre » ? Comment répondre sans semer l’angoisse et en laissant ouverte l’espérance et la vie ? Les trois narrations ne manqueront pas de l’interroger et de susciter un dialogue nécessaire. Les enfants ne resteront pas sur le terrain de la mort de Jésus. Leur propre questionnement prendra le pas. Il faudra les entendre et essayer de dialoguer.

Les récits nous rapportent quelques moments de désarroi des enfants

– Antje, lors de la visite d’église (pape 35) veut regarder dans ses yeux le crucifié, elle a envie de le toucher, elle a peur, ah, si jamais il bougeait ! Antje veut savoir comment c’est quand on est mort. L’immobilité la trouble. Prise de panique elle glisse sa main dans celle de sa maman. Ce havre de sécurité est la seule réponse possible dans ce moment de peur.

– Devant le poisson rouge, (page 36) mort dans son bocal, Jean-Jean pose la question : « c’est quoi quand on est mort ? » La réponse est tout d’abord biologique : « quand il a cessé de vivre », « quand le cœur s’est arrêté de battre… ». Jean-Jean vérifie en posant la main sur son cœur. Mimine tente d’autres explications : « quand on est couché avec les yeux fermés et qu’on on dort si fort que rien de peut plus nous réveiller… »  Les réponses sont  justes et relativement aisées, encore qu’elles peuvent inquiéter l’enfant : pensez donc : « dormir toujours, si profondément qu’on ne peut plus se réveiller ! » alors qu’il se réjouit de retrouver ses parents et copains le lendemain matin.

Les récits proposent d’autres réponses à l’absence, les réponses de la foi

-Antje ne croit pas que Jésus soit redevenu vivant. Sa maman lui explique : il est présent « comme une voix que tu entends à l’intérieur de toi et qui te dit : « je suis avec toi, tout le temps ». Une espérance est ouverte.

-Mimine essaie d’expliquer à Jean-Jean ce que pourra être la résurrection. L’image du ver blanc qui devient chenille peut l’aider à comprendre le mystère d’une vie « autre », comme le grain de blé qui disparaît en terre pour devenir épi et pain des hommes. Un possible « au-delà » s’ouvre.

Antje et Audrey (page 38) sont visiblement rassurées après avoir entendu leur catéchète répéter le premier message de Pâques : « N’ayez pas peur… il est vivant ! »

Mais encore, l’enfant se contentera-t-il de ces réponses ? Un moment d’écoute et de dialogue aidera l’éducateur ou les parents à trouver les mots et les gestes pour accompagner l’enfant. Ce sera le sens des activités que nous proposons.

Activités

Raconter une des trois histoires avec vos propres mots.
Après la narration et avant toute activité il est important de laisser s’exprimer les enfants.

Quelques recommandations pour l’entretient

·    Savoir « entendre » un silence et ne pas avoir peur des quelques instants où il ne se passe rien. Il peut se passer beaucoup de choses dans la tête de l’enfant.
·    Laisser le temps de la réflexion aux enfants : leur esprit travaille et intériorise ce qu’ils ont entendu
·    Ecouter et recevoir ce que l’enfant dit, il ne réagira peut-être pas sur la narration, il parlera d’autre chose… pourquoi, essayer de comprendre quoi.
·    Exemple, ce petit dialogue dans une école maternelle :
«le petit Frédéric apporte  une rose des sables du Sahara. Son oncle, pilote, un jour était tombé en panne dans le désert. Alors il s’et promené autour de l’avion et il l’a trouvée par terre. Extraordinaire grand-père ! Puis inattendue, la question de Nathalie : « Où il est maintenant ton grand-père ?
– Il est mort »… »
Silence dans le groupe, un silence lourd de questions.
Valentin intervient, philosophe :
« Oui, c’est vrai, chacun son tour vit et chacun son tour il est mort. »
Rémy ajoute :
« C’est comme notre tulipe, on l’a plantée, elle a poussé, elle s’est fanée, elle est morte… »
Et la maîtresse poursuit :
« Nous avons dit  aussi : mettez le bulbe à la cave dans l’obscurité, il prendra des forces, vous le planterez à l’automne dans la terre, au printemps la tulipe refleurira… »

L’esprit de l’enfant ne suit pas notre logique. Il associe des images qu’il a intériorisées et construit un raisonnement qui répond à son questionnement.

Proposition de manipulation

La proposition que nous faisons s’inspire de l’image de la chenille qui devient papillon, dans la narration de la page 14, du bulbe de tulipe qui mis en terre se transforme pour redevenir au printemps fleur, du grain de blé qui semé en terre devient épi et pain :

Matériel

Petits pots de terre
Humus de bonne qualité
Grains de blé, de préférence, il a l’avantage de se référer à l’image de Saint-Paul : « si le grain ne meurt… »

Démarche

Qu’allons-nous faire de la graine ?
Que faire pour qu’elle pousse ?
Que se passe-t-il quand la graine est mise en terre ?
Avec leurs mots, les enfants diront peut-être, sans notre intervention, la « transformation » de la graine en plante nouvelle.
Expliquer, si c’et encore nécessaire : nous allons mettre en terre les grains de blé. Ils seront comme morts, nous les recouvrons de terre. En fait, ils ne seront pas tout à fait morts, ils vont se transformer et au bout de quelques jours, ils donneront naissance à des petites pousses vertes, qui grandiront et deviendront des épis… Cela demandera du temps, de la patience, des soins. Le grain aura disparu, mais l’épi de blé vivra.

Les enfants emporteront le pot de terre chez eux et observeront jour après jour le développement du grain mis en terre.
Nous aurons ainsi tenté de déposer en eux une image de vie. Ce qui n’était plus que graine sèche, comme morte, donnera naissance à travers une mystérieuse et grande transformation à un nouvel être vivant.
Ne pas revenir au problème de la mort, se contenter de poser cette image à côté de la narration entendue. Si ne n’est pas aujourd’hui, plus tard, peut-être, l’enfant fera le rapport. Laissons-lui le temps d’intérioriser et de mûrir sa propre réponse.

Crédit : Edmond Stussi et Claude Demissy