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Et Dieu dans tout cela ?

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Et Dieu dans tout cela ? Parler avec des enfants de choses obscures. Comment peut-on aborder avec des enfants des thèmes qui touchent notre souffrance et nos inquiétudes, nos incompréhensions et nos révoltes?Je me posais concrètement la question en préparant un culte pour tous les âges le dimanche qui suivait l’attentat contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 à Paris. J’étais attirée par ce dessin de Jean-Pierre MOLINA envoyé par l’Atelier Protestant, mis à disposition pour l’usage en église.Je vous décris l’expérience faite, car il me semble que ce dessin peut servir au-delà de l’actualité quand on veut aborder le thème de la souffrance dans le monde.

1. Comment préparer ?

Au début du culte, à la place de la louange, j’ai proposé une prière qui se base sur le Psaume 139.
Après chaque strophe nous avons tous dit: « Dans mes ténèbres, tu es la lumière. » Les plus jeunes étaient invités à gestuer la phrase de la façon suivante : cacher les yeux avec les mains en disant « dans mes ténèbres », puis enlever les mains en disant « tu es la lumière ».

Tous : Dans mes ténèbres, tu es la lumière

1) SEIGNEUR, tu me connais ;

139:2 toi, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève,
tu comprends de loin ma pensée ;

même là où moi je ne sais pas quoi penser,
tu comprends bien la confusion au fond de moi.
Alors je peux dire :

Tous : Dans mes ténèbres, tu es la lumière

2) Seigneur,
139:3 tu sais quand je marche et quand je me couche,
et tu pénètres toutes mes voies.
139:5 Par-derrière et par-devant, tu es avec moi,
et tu mets ta main sur moi.

Même et surtout dans des moments qui sont durs pour moi.
C’est pourquoi je dis :

Tous : Dans mes ténèbres, tu es la lumière

3) Seigneur,
139:6 Cette connaissance étonnante me dépasse,
elle est trop élevée pour que je puisse la saisir.

Il n’y a pas d’endroit où tu n’es pas.
Même là où j’ai le sentiment d’être abandonné,
D’être tout seul,
D’être dans une situation qui me dépasse complètement,
En vérité je n’échappe pas à toi,
En vérité tu me saisis et tu es avec moi.

Alors je veux croire :

Tous : Dans mes ténèbres, tu es la lumière

4) Seigneur,
Je sais que tu nous as créés et que tu nous voulais merveilleux,
Mais il n’y a pas toujours tout qui va bien,
Il y a des gens qui sont même méchants et dangereux.
Comment comprendre ?
Cela me dépasse.
Mais je me confie à toi, car je le sais :

Tous : Dans mes ténèbres, tu es la lumière
Amen

2. Comment introduire ?

J’ai montré l’image en disant : Hier, j’ai trouvé dans ma boite à mail cette image. Quelqu’un me l’avait envoyé. Que voyez-vous ?

Les enfants :
Il fait nuit.
Il y a une phrase.
Il y a marqué « Dieu » comme une signature.

3. Comment interpréter ?

Moi : Comment voyez-vous qu’il fait nuit ?
Les enfants : C’est noir, et il y a des étoiles.

Moi : Quand il fait nuit, quand il y a très peu d’étoiles, il fait obscur. C’est vraiment noir. Alors on a du mal à voir où on voit. Cela peut être inquiétant…
Les enfants : Oui, on ne voit pas. On peut tomber. On peut se faire mal. On ne trouve pas le chemin…

Moi : Il y a des moments dans nos vies où nous ne sommes pas à l’aise. Quelque chose nous arrive et nous ne savons pas comment c’est arrivé et surtout nous ne voyons pas clairs. Nous ne savons pas comment s’en sortir, comment arrêter ce qui nous arrive. Cela peut être en plein jour, mais pour nous c’est obscur, car nous ne savons pas quoi faire et nous sommes inquiets.

Les enfants : Oui, quand on est fâché avec quelqu’un, par exemple.

Moi : La personne qui a fait le dessin a écrit dans ce ciel obscur : « Pas en mon nom. Dieu ».

Les enfants : Mais oui, parce que Dieu ne veut pas ça ! Dieu ne veut pas que quelqu’un aille mal.

Moi : Mais, pourquoi pensez-vous que j’ai reçu ce dessin ces jours-ci dans ma boite aux lettres ?

Les enfants : A cause des attentats !
Il y a des terroristes qui ont tué des personnes.
Et pour Dieu ce n’est pas normal.
Dieu ne veut pas ça.

Moi : Comme tu le dis, Dieu ne veut pas de cela. Mais les gens qui ont tué ont pensé faire cela au nom de Dieu, faire cela pour plaire à Dieu… Donc, celui qui a fait ce dessin dit : non ! Dieu ne veut pas qu’on se fasse mal ou même qu’on se tue.
C’est arrivé et c’est bien triste.
Comment s’en sortir ?
Il faudrait avoir un peu de lumière pour s’en sortir. Voyez-vous un peu de lumière dans ce dessin ?

Les enfants : les étoiles

Moi : Les étoiles et l’écriture sont aussi en lumière.
La phrase « pas en mon nom. Dieu ! » nous donne déjà une lumière : Dieu ne veut pas cela. C’est bon à savoir.

Les étoiles, cela aide aussi car souvenez-vous de ce qu’on a joué ensemble à la veillée de Noël…

Les enfants : Mais oui, il y avait une étoile et un mage qui a suivi l’étoile…

Moi : Oui, les étoiles sont des signes que Dieu nous guide, que Dieu veut être avec nous, même si on ne le voit pas tout de suite, nous pouvons faire confiance qu’il nous entend et nous pouvons partager avec lui, dans la prière, lui dire ce qui nous rend triste ou ce qui nous fait peur.

Et petit à petit cela nous peut aider à sortir et à aller mieux.

3. Comment passer à l’action ?

Ce moment d’échange était suivi par un moment d’échange des enfants entre eux avec un animateur. Ils ont poursuivi leurs débats et ils ont lu une prière et essayé d’écrire eux-mêmes des étoiles de prière. (vous le trouvez sur nottre site dans la catégorie de prières)  

Pour que le monde soit plus beau, Seigneur,
Je voudrais allumer des étoiles dans la nuit.

Une * étoile du regard
Pour un peu de lumière dans le cœur de ceux
À qui personne ne fait jamais attention.

Une *étoile d’écoute
pour un peu de chaleur
dans le cœur de ceux à qui personne ne donne plus de temps.

Une *étoile de parole
pour un peu de joie procurée par quelques mots
d’encouragement ou de merci, de tendresse.

Une * étoile de service
pour un peu de partage avec des mains qui se tendent,
qui travaillent et s’unissent.

Une *étoile de parfum,
pour respirer à fond la vie,
pour admirer et ressentir les beautés et les merveilles qui nous entourent.

Je voudrais, Seigneur Jésus,
allumer juste quelques petites étoiles pour conduire le monde jusqu’à toi.
Amen

Les adultes ont fait de même lors du culte, avec un temps de partage à la fin. Les intentions de prière étaient accrochées sur et autour du ciel noir de l’image.

4. Dans d’autres circonstances :

Je pense que ce même dessin peut aider à s’exprimer à d’autres occasions même sans événement particulier. Dans ce cas, il suffit d’imaginer avec des enfants des moments « d’obscurités » dans notre vie. Le cap le plus difficile dans l’approche avec les enfants me semble être celui de leur faire comprendre l’usage imagé de notre langage, de parler de « ténèbres », « d’obscurité », « de noir »… pour désigner la souffrance. Dans le groupe en question, il y avait des enfants de couleur noire. Et j’ai entendu un de ces enfants dire : « le noir est mauvais ». Pour éviter des telles confusions, il me semblait bon d’insister sur l’image de la nuit où on a du mal à voir… !

Mais surtout, donnons l’occasion aux enfants de s’exprimer sur leurs inquiétudes et leurs souffrances. Ils en ont peu l’occasion, mais comme les adultes, ils en ont besoin.