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Calendrier et fêtes juives

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Dans toutes les religions et chez tous les peuples, on trouve des jours spéciaux consacrés à la divinité et destinés, d’une façon ou d’une autre, à unir les membres d’une famille, d’un clan, d’une tribu ou d’un peuple tout entier dans une commune manifestation de leurs sentiments religieux. Les fêtes ne pouvaient donc pas manquer en Israël comme elles ne  manquent pas non plus dans l’Église chrétienne. Les fêtes d’Israël et ses temps fixés occupent environ 150 jours dans l’année juive !

Les cérémonies qui les accompagnent doivent rendre plus sensible la présence de Dieu, effacer les souillures, exprimer la reconnaissance pour les biens reçus et en assurer la continuation pour l’avenir, maintenir ainsi la communauté cultuelle dans ses privilèges comme dans les obligations qui lui incombent.

Mais, malgré la ténacité des coutumes religieuses, elles ont évolué à travers les âges. Aussi, nous nous en tiendrons aux fêtes célébrées au temps de Jésus et des apôtres et celles qui se perpétuent dans le judaïsme aujourd’hui.

Le plus simple serait d’aller visiter la synagogue du lieu et de faire découvrir à chacun d’autres possibles pour exprimer notre quête de Dieu et de relations humaines pacifiées.
Que notre catéchèse soit un des maillons qui permette à chacun de découvrir, en prenant un peu de recul, non seulement nos racines juives mais aussi d’observer la cohérence UNE d’un PLURIEL nécessaire à l’humain. N’oublions jamais d’inculquer aux jeunes qui nous sont confiés ce que dit très bien l’une de nos théologiennes : « Les origines des valeurs qui nous sont chères, personne ne peut les porter orgueilleusement comme les ayant forgées sur son propre sol. Ces origines sont introuvables, elles sont immémoriales, elles sont liées à l’émergence même de l’humain, et personne ne peut se prévaloir que son pays en ait été le berceau. » France Quéré

Il est inutile de faire un long descriptif du déroulement d’une fête, nos jeunes risquent de s’y perdre. Ce qui est essentiel par contre c’est d’en donner le sens profond, la signification, le souffle. À quoi servirait-il par exemple de décrire la fête des tentes si nous n’expliquons pas sommairement sa profonde signification et en particulier celle du bouquet que l’on agite à cette occasion ?

Autre exemple, à l’approche de Noël, de très belles affiches décorent nos villes : « Joyeux Hanoukka ». Hanoukka, fête joyeuse, fête de la lumière, il n’est pas inutile d’en rappeler l’origine. C’est en souvenir de la dédicace du Temple profané en 164 avant Jésus-Christ par Antiochus IV Épiphane.

Les encarts aideront ainsi à aller plus loin dans cette découverte des fêtes du judaïsme.

La première difficulté provient du calendrier. Le calendrier est un système de division du temps en jours, mois, années. Trois phénomènes astronomiques sont à la base des calendriers : le jour solaire moyen, la lunaison et l’année tropique. On peut considérer leurs durées comme invariables sur quelques siècles. L’une des difficultés a été de connaître avec précision ces différentes durées, en particulier de les rendre commensurables. Selon le phénomène que l’on privilégie, on obtient des calendriers lunaires, luni-solaires ou solaires.
 
  • Le calendrier hébraïque

L’année de 12 mois lunaires, soit 354 jours, fut bientôt transformée en année luni-solaire par l’adjonction d’un mois lunaire intercalaire quand on constatait que les agneaux étaient encore trop tendres. Ce mois intercalaire s’appelle 2ème Adar qui se place entre Adar et Nisan.
Le commencement de l’année est fixé à l’automne, 1er Tishri, soit pour nous, septembre ou octobre, au moment du coucher du soleil, instant du commencement du jour. Les années sont comptées depuis l’époque admise par les juifs, de la création du monde, soit en 3762  avant J.-C.
 

Le jour : Au retour de l’exil, sous l’influence babylonienne, le jour est compté de soir à soir. Cette manière de faire était valable à l’époque du Nouveau testament.
Cette année, le 17 septembre 2012,  au moment du coucher du soleil, correspond au 1er Tishri 5773. C’est la fête de Rosh Hashanah, le Nouvel An 5773, qui rappelle la création du monde et la souveraineté de Dieu.
  • Le calendrier des fêtes juives

Voici la liste des dates des fêtes juives qui sont donc mobiles du fait qu’elles suivent le calendrier lunaire. Certaines sont des fêtes de pèlerinage qui drainaient les gens des villes et des campagnes vers Jérusalem. Elles sont spécialement marquées dans l’antiquité hébraïque comme dans l’actuel État d’Israël. Il s’agit des « Trois Fêtes » : Pâque (Pessah), Pentecôte (Chavouot), fête des Tabernacles ou cabanes ou huttes  (Sukkot).

LES FÊTES JUIVES EN 2012-2013 = ANNÉE 5773
Les fêtes juives commencent la veille au soir du jour indiqué

Le Nouvel An : Lévitique 23/23-25.
17 et 18 septembre 2012 = 1er tichri 5773
Déroulement : le 1er jour du 7e mois, jour férié rappelé par une clameur ; offrande de sacrifices à l’Éternel.
Nom hébreu : Rosh Hachanah (encart 1)

Le jour des expiations : Lévitique 23/27 ; 16/1-22.
26 septembre 2012 =  le dixième jour du mois de Tishri
Déroulement : sonnerie du Shofar, qui annonce la convocation officielle de Dieu à ce rendez-vous du repentir, du pardon du prochain et de la miséricorde.
Nom hébreu : Yom Kippour  (encart 2)

*  La fête des huttes : Lévitique 23/42-44.
1er au 7 octobre 2012
Déroulement : demeurer sous les huttes, en souvenir des huttes sous lesquelles les Israélites habitaient dans le désert après la sortie d’Égypte.
Nom hébreu : Soukkot (encart 3)

La dédicace de l’autel du Temple : I Maccabées 4/41-43,59.
9 au 16 décembre 2012
Déroulement : Fête de la lumière en souvenir de la purification du Temple par Judas Maccabée en -164.
Nom hébreu : Hanoukka (encart 4)

La fête des sorts : Esther 9/26, 9/20-24.
24 février 2013
Déroulement : le sort avait été jeté pour faire périr les juifs ; mais leur chagrin fut changé en joie.
Nom hébreu : Pourim (encart 5)

* La Pâque : Exode 12/8-12. Au début du printemps.
26 mars au 1er avril 2013
Déroulement : manger l’agneau, les pains sans levain, les herbes amères, coupes de vin ; la nuit de la 10ème plaie précédant la sortie d’Égypte.
Nom hébreu : Pessah  (31 mars 2013) – (encart 6)

* La fête des semaines ou Pentecôte : Deutéronome 16/10-12. Exode 34/22.
15 et 16 mai 2013
Déroulement sept semaines après la Pâque : offrande des produits de la terre et fête des prémices de la moisson. Souvenir de l’esclavage.
Nom hébreu : Chavouot  (encart 7)

Le repos hebdomadaire : Genèse 2/1-3 ;  Exode 16/23-30,  20/8-11,  31/13, 16-17 ; Deutéronome 5/15
Nom hébreu : Sabbat (encart 8)

*  indiquent les fêtes de pèlerinages à Jérusalem

 

Encart 1 :  Roch Hachana

Début de l’année juive ; jour du jugement de la création et du couronnement de Dieu comme Roi de l’Univers ; début de la période des « Dix jours de Téchouva » qui se termine le jour de Kippour.

La néoménie, premier jour de chaque mois lunaire, était célébrée par le repos, par des offrandes et sacrifices particuliers. C’est une fête très ancienne (Nombres 28,11 ; Ésaïe 1,13-14), qui fut célébrée après l’Exil (Néhémie 10,34) et jusqu’à l’époque du Nouveau Testament (Colossiens 2,16). Elle a perdu de son importance sauf celle du 7ème mois de l’année : tichri. On ne sait pas quand cette fête a été instaurée, mais au début de notre ère, elle se célèbrait  le 1er tichri qui devint la fête de Roch Hachana, le Nouvel An (Lévitique 23,24-25).

C’est lors de cette fête que retentit la sonnerie du Shophar.
Ezéchiel 40/1 est le seul passage de la Bible utilisant l’expression Roch ha chana qui désignera par la suite le Nouvel An : « La tête de l’année ». Seuls Lévitique 23/24-25 et Nombres 29/1-6 mentionnent une fête devant être célébrée le 1er jour du 7e mois, jour marqué par une clameur, le repos et des sacrifices.
Les livres deutérocanoniques ne mentionnent pas la fête du Nouvel An, Josèphe non plus.

Encart 2 : Yom Kippour 

La plus respectée des fêtes juives, à l’époque du Nouveau Testament, ce jour était tellement important qu’il était appelé « le Jour » ; il se célébrait le 10 tichri, soit le 10e jour du 7e mois. Il est décrit dans Lévitique 16/1-32, 23/27-32, Nombres 29/7-11).
C’est un jour chômé et de jeûne : le grand prêtre offre un sacrifice pour lui-même et l’ensemble des prêtres, puis un bouc pour le peuple. Il pénètrait derrière le voile et aspergeait jadis le propitiatoire (= le kapporet = le couvercle de l’arche) avec le sang du taureau puis du bouc. Mais depuis la disparition de l’arche, il aspergeait le sol du Saint des Saints avec le sang du bouc.
Un 2e bouc appelé « pour azazel » est placé vivant devant l’Éternel et sera chargé symboliquement par le grand prêtre de toutes les fautes du peuple puis mené au désert en emportant avec lui les péchés du peuple. Le « bouc émissaire » est une dénomination de la Septante et de la Vulgate. Ce bouc n’est pas sacrifié parce qu’il est devenu impur par le péché du peuple

Encart 3 : Soukkot

La « Fête des cabanes », nommée d’abord fête de la Récolte (Ex. 23/16, 34/22). Dans Ézéchiel 45/25, 1 Rois 8/2,65, ainsi que dans Jean 7/10,14,37, elle est appelée « la fête ».
Josèphe l’appelle la fête la plus sainte et la plus grande des Hébreux. Zacharie 14/16 et Jean 7/2 parlent de la fête des Huttes. Lévitique 23/39-43 mentionne l’obligation d’habiter sous des huttes durant sept jours.
C’était une fête agricole d’automne, fête joyeuse où l’on dansait (Deutéronome 16/13-15, Juges 21/19-21). Des huttes de branchages étaient élevées dans les vergers et les vignobles pendant la période de la récolte des fruits.
La fête des huttes fut elle aussi accrochée à un événement de l’histoire du salut (Lév. 23/13) en souvenir des huttes dans lesquelles l’Éternel a fait habiter les Israélites après les avoir fait sortir du pays d’Égypte. La fête durait sept jours, plus un jour de clôture. À l’époque du Nouveau Testament, il y avait des processions, avec des torches allumées, depuis la fontaine de Siloé jusqu’au Temple où était faite une libation d’eau. On agitait des bouquets de feuillage et de fruits (palmier, myrte, saule et cédrat) ; le loulav. Le 8e jour on priait pour une pluie bienfaisante au cri de Hosanna (= sauve donc).

Nous connaissons, par le traité Soukka du Talmud, différentes cérémonies qui accompagnaient la célébration de la fête des Tabernacles au temps de Jésus et qui ne figurent pas dans l’A.T.
Disons tout d’abord que les participants devaient porter dans la main droite une palme dont les feuilles n’étaient pas encore étendues, entourée d’une branche de myrte et d’une branche de saule (loulab), et dans la main gauche un citron (ethrog), toutes les fois qu’ils montaient au temple en procession solennelle. Pendant les six premiers jours de la fête, il y avait une procession solennelle autour de l’autel des holocaustes, les prêtres marchant en tête de la foule qui agitait les palmes et criait hosanna ; le septième jour, la procession se faisait sept fois. Pendant les sept premiers jours de la fête, un prêtre allait chercher de l’eau à l’étang de Siloé dans une cruche d’or contenant trois logs (= 1 litre1/2) et l’apportait, en passant par la porte des Eaux, dans le parvis du temple, où il était reçu au son des trompettes ; un autre prêtre prenait l’eau, en prononçant Ésaïe 12/3, la mêlait avec du vin employé pour les libations et la versait dans deux trous pratiqués à droite et à gauche de l’autel : le tout au milieu du son des trompettes et d’autres instruments, avec psaumes chantés par les lévites.
C’est à cette cérémonie spéciale que Jésus se réfère sans doute (Jean 7/ 37-39), quand il s’écrie : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Mais il ne faut pas conclure de la date indiquée : le dernier et grand jour de la fête, que ce fût le 8e  jour de la fête. Plus grand que le 8e  était le 7e, celui où  l’on faisait 7 fois le tour de l’autel. Le 8e  jour était un jour de sainte convocation avec repos sabbatique. C’était comme un appendice à la fête proprement dite.

Le loulav

Le Midrash nous dit que les quatre espèces de végétaux utilisés pendant Souccoth symbolisent quatre types de Juifs :

– l’Etrog possède un bon goût et une bonne odeur ; il symbolise le Juif qui a pour qualité l’étude de la Torah et celle de faire des bonnes actions.

– La branche de palmier [issu d’un dattier] a un goût mais n’a pas d’odeur particulière ; elle représente le Juif qui étudie mais qui fait peu de bonnes actions, proportionnellement à son étude.

– Puis nous avons celui qui produit de bonnes actions sans étudier, comme le myrte qui a une odeur et dont le goût est absent.

– Le saule lui, n’est pas comestible et n’a pas d’odeur, non plus ; il désigne celui qui ne possède ni la Torah ni les bonnes actions.

La Mitsva (commandement) consiste à prendre ces quatre espèces à Souccot afin de représenter la situation idéale dans laquelle tous les Juifs sont unis.
Ceci est la différence fondamentale entre les trois premières espèces et le saule. Les trois premières espèces végétales ont un point commun ; elles ont chacune certaines qualités apparentes. Par conséquent, il est plus facile de concevoir qu’elles puissent s’unir.
En les reliant avec le saule – le Juif qui n’a aucune qualité – nous montrons que cette unité n’est pas le fruit d’un rassemblement des qualités, mais plutôt, le reflet de l’essence commune qui les habite ; car lui aussi est Juif. Ce caractère est intrinsèque à tout individu descendant d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, même s’il ne manifeste aucune qualité apparente. Même si cette personne ignore son Judaïsme, elle garde ce caractère essentiel. C’est pourquoi, il existe une différence entre les trois premières espèces et le saule. Ce dernier ne doit pas obligatoirement pousser au bord d’une rivière pour être relié aux autres. Même si un Juif ne grandit pas près de ses frères et de sa culture, étant le descendant d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, il est une partie intégrante du peuple Juif, et il est, de ce fait, relié aux autres.
À l’instar de ces quatre espèces qui sont toutes indispensables pour faire la Mitsva, ainsi tous les Juifs doivent développer l’unité ; si le saule manque à l’appel, c’est le Judaïsme, dans sa totalité, qui fait le déficit d’une de ses composantes essentielles. Et de même que le saule n’a pas besoin de qualité apparente pour pouvoir faire partie du bouquet, ainsi  doit être notre rapport avec le juif-saule, il doit exister sans aucune condition préalable.

Encart 4 : Hanoukka

Commémoration de la victoire miraculeuse des Hasmonéens sur les Syro-Grecs dirigés par Antiochus IV Épiphane et de la purification du saint Temple de Jérusalem avec le miracle de la fiole d’huile.

La fête de Hannouka = « inauguration » selon les Rabbins ; Fête que Josèphe appelle « fête des lumières », et le Nouveau Testament (Jean 10/22), « fête de la Dédicace ».
L’histoire de la purification du sanctuaire par Judas Maccabée est racontée dans 1 Maccabées 4/36-59. La fête se célébrait durant huit jours à partir du 25 Kislev. En effet, à cette date anniversaire, trois ans après la profanation, Judas Maccabée a inauguré le nouvel autel. Un rite particulier consistait à allumer des lumières devant les maisons, le nombre des lumières croissant avec les jours de la fête : purification de toutes les souillures contractées sous la domination d’Antiochus Épiphane. On raconte également que les prêtres s’aperçurent qu’il n’y avait plus d’huile sainte pour le chandelier. On trouva une petite jarre d’huile pure. La quantité d’huile était suffisante pour une journée. D’après la tradition, cette huile dura huit jours. D’où les huit jours de la fête et les huit lumières.

Encart 5 : Pourim

Au début de notre ère, elle se célébrait le 14 et le 15 Adar. Josèphe la décrit longuement (Antiquités Xl 6/13). Après avoir raconté les faits relatés dans le livre d’Esther, Josèphe ajoute : « et encore maintenant les Juifs répandus par tout le monde solennisent ce jour et s’envoient les uns aux autres quelque partie de ce que l’on sert dans leur festin … Les Juifs ont donné à ces mêmes jours le nom de Phrur c’est-à-dire jour de conservation parce qu’ils furent alors miraculeusement conservés ».
Ni Esdras, ni Néhémie, ni le Siracide ne parlent de l’histoire d’Esther. À Qumran, on n’a pas trouvé de fragment de ce livre. Par contre Il Maccabées 15/36 parle du « jour de Mardochée ». Cette allusion est la preuve que la fête était célébrée dans la première moitié du 1er siècle av. J.C.
Le livre d’Esther a sans doute pour base historique une délivrance inespérée des juifs de Suse menacés d’extermination par Haman.
D’après les écrits rabbiniques, on allumait des lampes le 13 Adar au soir et on se rendait à la Synagogue. Le 14 et 15 Adar étaient des jours de fête populaires : l’on se rendait encore à la Synagogue pour la lecture du rouleau d’Esther. On distribuait des cadeaux et des aumônes.

Encart 6 : Pessah

Pessah (= passage, sauter ?) est à l’origine un rite des nomades et des semi-nomades : sacrifice d’un jeune animal dans le but d’obtenir de Dieu la fécondité du troupeau : le sang mis sur les montants des tentes devait écarter les puissances mauvaises, l’exterminateur. Peut-être que cette fête très ancienne était même antérieure à l’Exode. C’est la fête que Moïse demande à célébrer au désert (Exode 5/1).
Par ailleurs, une autre fête, celle des Azymes (Mazzoth) (= pain sans levain), se célébrait au temps du mois des épis (début de la moisson des orges), d’un sabbat à un autre sabbat. Cette fête des azymes (dans les textes Exode 23/15, 34/18, le terme de « Pâque » n’est pas mentionné) était l’une des trois fêtes de pèlerinage (Exode 23/14-17). On mangeait durant sept jours du pain fait avec des grains nouveaux, sans levain (car celui-ci était préparé avec des grains de l’ancienne récolte). On offrait à Dieu une gerbe, prémices de la nouvelle moisson des orges (Lévitique 23/19-14). La moisson des orges précédait la moisson des blés (Ruth 2/23) qui donnait aussi lieu à une autre offrande de prémices lors de la fête de Chavouot.
Les fêtes de Pessah (agneau) et des Azymes (pains sans levain) se célébrant toutes deux au printemps, ont servi très tôt à commémorer la sortie d’Égypte.
R. de Vaux écrit dans « Les institutions de l’Ancien Testament » p. 394 : « Il y avait eu, un certain printemps, une intervention éclatante de Dieu, la libération d’Égypte qui avait marqué le début de l’histoire d’Israël comme peuple élu de Dieu, et qui s’était achevée par l’installation en Terre Promise.
Les fêtes de la Pâque et des Azymes ont servi à commémorer cet événement dominant de l’histoire du salut. Cette signification s’est attachée très tôt aux deux fêtes, à chacune d’elles indépendamment d’après les plus anciennes traditions, et cette valeur qu’elles avaient en commun rendait presque inévitable qu’elles fussent un jour réunies »,
À l’époque du Nouveau Testament, on voit encore la trace de deux fêtes distinctes qui sont désormais célébrées en même temps (Matthieu  26/17, Marc 14/1, Luc 22/7).

La Pâque est à l’époque de Jésus la fête principale des juifs. À travers elle, ils commémorent la libération du peuple.

Encart 7 : Chavouot

Appelée fête de la moisson des blés (1 Samuel 12/16-18), appelée aussi fête des semaines, chavouot, (Nombres 28/26 ; Exode 34/22),  « fête des prémices de la moisson du froment » qui a lieu sept semaines après le jour où l’on se met à faucher la moisson (Deut. 16/9).
Il s’agit en fait de sept semaines après le début de la moisson des orges, donc sept semaines après la fête de Mazzoth. Il s’agit d’une fête joyeuse (Esaie 9/2).
Le terme de Pentecôte (= « le cinquantième » jour» n’est pas mentionné dans la Bible hébraïque, seulement dans les Deutérocanoniques (Tobit 2/1 : « A notre fête de la Pentecôte, c’est-à-dire la sainte fête des Semaines, on me fit un bon dîner …  » ; II Maccabées 12/32) et dans le Nouveau Testament (Actes 2/1, 20/16, 1 Corinthiens 16/8).
Deux pains faits avec de la farine nouvelle et du levain sont offerts à l’Éternel (Lévitique 23/16-17). Au début de la moisson (des orges), on mangeait du pain sans levain (sans vieux grain). À la fin de la moisson des blés, on offrait à Dieu du pain levé, le pain ordinaire des sédentaires qu’étaient devenus les Hébreux.
Cette fête fut également rattachée très tardivement à l’histoire du salut. Elle devint la commémoration de l’alliance du Sinaï où ils arrivèrent le 3e mois après la sortie d’Égypte (Exode 19/1). À Qumran (= la communauté de la nouvelle alliance), on célébrait le renouvellement de l’alliance à la fête des Semaines. Et c’est à partir du 2e siècle ap J.C. que les rabbins mirent, pour leur part, la fête des semaines en relation avec le don de la Loi au Sinaï c’est tardivement qu’elle est rattachée à la joie du don de la Torah au Sinaï.

Encart 8 : Sabbat 

Institution essentielle à la vie religieuse juive, le sabbat est très ancien en Israël. C’est un jour sanctifié, car il est consacré à l’Éternel.
Son observance est fondée sur les textes bibliques ci-dessus. Genèse 2/1-3, Exode 20/11 rattache le sabbat à l’œuvre créatrice de Dieu en 6 jours et à son repos le 7e jour. Deutéronome 5/14-15 met en avant l’aspect social et humain ; le sabbat est surtout lié à la libération de la servitude d’Égypte. Le sabbat est donc un jour de repos, c’est une fête joyeuse. On y discerne une idée d’achèvement et de plénitude rendue par l’expression « les délices du sabbat », le sabbat étant un jour où chacun reçoit un « supplément d’âme ». Au cours du quatorzième Colloque  des intellectuels juifs de langue française, C. Riveline estimait que  » le sabbat témoigne de la possibilité d’un monde où l’homme est source d’épanouissement pour lui-même et pour les autres sans recours à des moyens de divertissements ou de loisir associés à l’aliénation, aux déterminismes, à l’emprise des choses« .
Après la destruction du Temple et durant l’exil, le sabbat revêt une importance capitale, signe distinctif de l’alliance (Esaïe 58/13, Néhémie 10/32). L’observance devient de plus en plus rigoureuse, si bien que sous les Maccabées, un groupe de Juifs se laisse massacrer par les Séleucides plutôt que de violer le sabbat. Mattathias décide alors qu’on pourra se défendre le jour du sabbat. Dans le « Document de Damas », les Esséniens ont une dizaine d’interdits pour le jour du sabbat.
Le sabbat est aussi une préfiguration du monde futur. Le soir du sabbat, on appelle le prophète Élie pour que le lendemain soit un véritable 8ème jour qui inaugure un temps de délivrance complète au lieu d’être simplement le premier jour de la semaine suivante.

En conclusion : Les textes bibliques relatifs aux fêtes sont des invitations à la joie devant Dieu. La fête est pour moitié, réjouissance par le boire et le manger, pour moitié, habitation dans la maison de Dieu, marquée par le repos, la prière et l’étude. Par l’observance traditionnelle de ses fêtes le judaïsme est une religion de la joie qui dure.

Le calendrier agricole. Pour une présentation simple, se référer au livre « Vie et coutume du peuple de la Bible », éditions du Signe déjà présenté sur « PointKT’, cliquer ici