Point KT

Discussion imaginaire entre parents

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Quelle place ont les parents des enfants que nous côtoyons à l’Église ? Que savons-nous d’eux ? Que savons-nous de leur désir ou non de se rapprocher de la communauté ?

Les catéchètes sont souvent les seuls interlocuteurs des parents. Écoutons-les !

 – Moi, je tiens à ce que mes enfants aient une éducation religieuse.

– Moi aussi ; notre monde est si peu religieux. Ce n’est pas l’école ou la télé qui leur parlent de spiritualité.

– Et vous, vous leur en parlez ?

– II faudrait d’abord avoir le temps, et aussi y voir plus clair, être plus convaincu. Et puis il y a des gens plus compétents que nous pour le faire, qui ont le temps et qui sont payés pour ça.

– Moi, si je les envoie à l’École biblique, c’est aussi pour qu’ils apprennent une morale. Là encore on ne peut compter ni sur l’école ni sur la télé. Quand à la famille, mon mari et moi travaillons toute la semaine, quand on se retrouve ensemble, ce n’est pas pour leur faire la leçon ou leur apprendre à vivre !

– Pour ma part, c’est une question de culture personnelle. La Bible est une base de notre civilisation. Littérature, peinture musique ne peuvent être comprises sans références bibliques.

– Moi je fais ça simplement par tradition, pour que mes enfants aient les mêmes racines que moi, et puis pour faire plaisir à leur grand-mère. Mais vous qui semblez prendre cela tellement au sérieux, vous devez faire passer la catéchèse avant tout le reste

-…Oui, bien sûr, dans la mesure où ça ne nuit pas à leur travail scolaire. Les devoirs et contrôles sont prioritaires. Leur avenir en dépend.

– Il n’y a pas que l’école dans la vie ! Par contre il me semble que la catéchèse ne doit pas se faire au détriment des loisirs des enfants. Pour leur épanouissement personnel, il faut leur laisser le temps de faire à fond ce qui les intéresse. Les miens font de la danse, du modélisme, de l’escrime, du piano et du hockey sur glace.

– Et puis il y a surtout la vie de famille. On a déjà si peu de temps pour être ensemble. Il faut à tout prix réserver au moins le dimanche pour se retrouver, aller voir les tantes, les grands mères, les cousins…

– Si je vous comprends bien, la catéchèse est importante pour vous… mais après tout le reste ? Ce serait dans les emplois du temps de vos enfants la seule activité facultative ?

– Écoutez… Il ne faut pas forcer non plus. On ne va pas les dégoûter à leur âge. Ils ont déjà bien d’autres obligations. Plus tard ils sauront bien choisir ce qui leur convient…

-Et puis c’est bien d’avoir une activité qui soit gratuite et sans contrainte. N’est-ce pas en accord avec le message même de l’Évangile, le salut gratuit ?

Réflexion (toujours imaginaire) d’un (e) moniteur (trice) espion (ne)

Si seulement les parents pouvaient de temps en temps parler de tout cela avec nous, au lieu de larguer leurs enfants comme des colis postaux. Si vraiment ils pensent que la catéchèse concerne la culture, la morale, le lien des générations, la spiritualité, l’apprentissage de la vie, c’est que malgré tout, c’est important pour eux. Et si par hasard c’était ce qui peut aider à donner un sens à tout le reste, à donner à tous ces morceaux de temps collés qui font le tissu de nos vies et celles de nos enfants une unité, une raison d’être, une harmonie…?

Alors il faudrait qu’il y ait des résonances déjà dans la famille, dans les rapports parents-enfants, pour marquer que l’Évangile concerne tous les champs de la vie. Il faudrait encourager tous les passages, les navettes d’enfants à parents, soit qu’elles passent par l’Église, soit qu’on essaye par tous les moyens de créer un écho, de susciter dans la famille des questions, des partages, des recherches communes. Sinon comment les enfants pourraient-ils saisir réellement que la catéchèse n’est pas un enseignement (ou mieux un loisir) à côté des autres, mais une quête de sens qui traverse tous les temps de leur vie ?

Jacques Juillard, Point KT, Pixabay