Point KT

Suis-je Natalophobe ?

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Je suis pasteur et catéchète. Dès que novembre pointe le bout de son nez, j’ai une poussée d’une terrible maladie annuelle : je suis natalophobe… Je trouve que Noël revient trop souvent et trop vite… Chaque année, le même abîme béant, la même course folle : la pièce de Noël, la vigile de Noël, le culte de Noël, les cantiques, les plumes d’anges qui se barrent au dernier moment, les verrines pour la lumière de Bethléem, les répétitions épuisantes, le chœur qui flippe sous la houlette de son terrible chef, les mêmes textes bibliques, les déguisements de chameaux, de rois mages, de Marie et de tous les autres !!! Etc. Etc. Etc. C’est bon, on la connaît, l’histoire, non ?
Et rien à faire, la paroisse ne veut rien entendre, genre fêter Noël seulement une fois tous les deux ans, voire même tous les 5 ans, pourquoi pas !? Moi, dans ma famille, on ne fête les anniversaires des frères et sœurs que tous les 5 ans, et pour autant, tout le monde va bien ! Jésus-Christ étant mon frère, il serait logique de ne fêter son anniversaire que tous les 5 ans, il n’en mourrait pas non plus ! La paroisse ne veut rien entendre…
Ou alors on pourrait fêter Noël à un autre moment de l’année, de toute façon on ne connaît pas la vraie date d’anniversaire de Jésus, ni le jour, ni le mois, ni l’année ! Moi, j’aurais plus le temps début novembre, ou à la mi-mars, ça m’arrangerait ! La paroisse ne veut rien entendre…
Quant à essayer de prendre des vacances du 18 au 25 décembre inclus, je n’ai jamais tenté le coup… Faudra peut-être que j’essaie, rien que pour voir la tête des conseillers presbytéraux avant de me prendre 12 paires de baffes…
Bref, Noël est inéluctable, indéplaçable, indéboulonnable… C’est comme ça, et faut faire avec… Et ronchonner en silence..

Mais mon plus grand malheur, ma plus grande incohérence, comme c’est souvent le cas dans les phobies, c’est que s’il n’y avait pas Noël, Noël me manquerait… Parce que j’ai beau ronchonner chaque année, en silence ou pas, j’aime cette fête… Il n’y a pas de « tout ça pour ça », à Noël… Voir les gamins jouer le jeu des chameaux ou des anges à l’arbre de Noël, et qui font sourire plein de générations, ça vaut le coup… Voir les gamins tout fiers d’être félicités, ça vaut le coup… Entendre la chorale qui a ramé des mois sous la féroce houlette du chef de chœur, ça vaut le coup… Entendre des enfants avec leurs différents instruments de musique, ça vaut le coup… Partager la lumière de Bethléem, ça vaut le coup…
Tout ce que nous nous partageons à Noël, ça vaut le coup… ça a du sens… Parce que c’est Dieu qui nous invite et qui nous fait cadeau… C’est lui, l’hôte de Noël, et qui nous offre tout, qui a tout risqué, qui s’est offert tout entier, à chacun de nous…
« Emmanuel », « Dieu avec nous »… Trois petits mots qui changent le monde et nos vies… Trois petits mots qui ne peuvent que faire monter en nous que joie, allégresse, reconnaissance, louange, et tutti quanti… Alors oui, Noël, ça vaut le coup, chaque année, et peut-être même que nous devrions le faire plus souvent !! Non ?!

 

ID 1367 edito
Non, peut-être pas, quand même… Mais que cette année, personne ne bougonne, et n’ait l’esprit chagrin… Dieu est venu dans nos maisons et dans nos cœurs pour nous offrir sa grâce, sa paix, et sa joie… Alors que ce soit la fête en vous et entre vous ! Dieu est né, pour nous, en nous… Alors, je vous souhaite un très, très joyeux Noël !!!