L’enfant fait ces expériences qui paraissent opposées : retrouver le même, l’identique, et tenter des nouveaux pas vers l’inconnu. En fonction de son âge, il va naviguer entre ces deux polarités : avec la nourriture, ses vêtements, ses jeux, ses amis, son environnement et ses premiers pas.Chacun, enfant et adulte, à sa manière, va conjuguer sa vie autour de ces deux pôles. L’un va plus tenter la nouveauté et l’autre va plus accentuer la répétition. Il n’y a pas de normalité. Chacun fait au mieux en fonction de ce qu’il est.
De ces deux polarités : deux difficultés
Que ce soit un déménagement, un divorce, un deuil, ou une naissance ce sont des événements liés à notre condition d’humain. Il n’est pas de notre propos de porter un jugement sur ces événements, justifiés ou non. Ils sont là. Notre intervention en tant qu’éducateurs, parents ou catéchètes porte sur le « comment » nous allons parler à l’enfant de ces événements et comment l’enfant va réagir et les intégrer dans son expérience.
Ne pas en parler risque de générer un secret
En situation de séparation ou de divorce d’un couple parental
Il va développer une culpabilité en se demandant s’il n’est pas à l’origine de cette séparation. « C’est de ma faute ». À sa façon, l’enfant reconnaît que la séparation touche l’ensemble du système familial et que chacun peut avoir une part dans l’éclatement de la famille. Et il serait fallacieux de croire que les enfants n’ont pas de place dans les enjeux et les causes d’une séparation parentale, mais pour autant ils n’en sont pas seuls responsables !
Les stratagèmes conscients ou inconscients sont multiples. Cela peut aller de l’hospitalisation (qui permet à l’enfant de réunir ses deux parents à son chevet) à l’organisation d’un rendez-vous commun où l’enfant prend lui-même un rôle de parent et réunit ses deux parents à leur insu, ou créer une situation où le nouvel amant de maman est vu par papa pour que tout se sache et que papa et maman se remettent ensemble etc.
Ces comportements d’enfants, rencontrés en situation de divorce, peuvent aussi être observés chez des enfants qui vivent un deuil au sein de leur famille. Ils n’ont rien de normatifs, et se vivent différemment suivant les enfants et leurs âges. Ils permettent d’éclairer le comportement d’un enfant confronté à l’inattendu du changement provoqué par un deuil ou une séparation.
Je voudrais conclure en interpellant les catéchètes
Ils peuvent avoir, dans les ruptures vécues par les enfants, une place importante pour entendre et poser des mots sur ce que l’enfant vit. Et cela peut se faire face à face ou dans le groupe, lorsque celui-ci est bienveillant.
L’enfant ne sait pas ou n’ose pas parler de la mort survenue subitement ou du divorce de ses parents. « Surtout », me disait un petit garçon de 7 ans dont les parents venaient de divorcer, « je n’en parle à personne ».
Oser en parler, c’est permettre à l’enfant de poser à l’extérieur de lui ce qui le ronge à l’intérieur. Il n’y a parfois pas besoin de beaucoup de temps. Juste d’une présence, d’une écoute attentive, sans fausse consolation, ni reproche. Juste qu’un adulte l’écoute. C’est parfois le meilleur témoignage que le catéchète peut offrir à un enfant. Écouter. Offrir de sa présence.
Crédit : Point KT