« Où que je sois, il me trouve » Psaume 139. Je ne sais pas si vous aimez Harry Potter, moi oui ! Parce qu’il est différent… Harry a été « recueilli » par son oncle et sa tante après la mort de ses parents. (En réalité, des sorciers amis l’ont recueilli après la mort terrible de ses parents et l’ont déposé devant la porte des Dudley). Or Harry est « différent » car doté de pouvoirs magiques dont il ignore pendant longtemps toutes les possibilités. Mais le monde qui l’entoure, sa proche parenté veut étouffer les qualités qui l’habitent et le transformer par contraintes en un enfant ordinaire. Il sera « l’enfant sous l’escalier », harcelé par cette famille de « moldus » (moldus, en langage « Harry Potter », désigne tous ceux qui n’ont pas de pouvoir magique). Dans l’histoire de J.K. Rowling on est sorcier lorsqu’on est issu d’une famille de sorciers mais il est aussi possible que ces qualités échouent à un enfant de « moldus ». Or le jour de l’anniversaire de Harry approche et les sorciers désirent le contacter pour l’inviter à l’école Poudlard destinée à l’enseignement des jeunes sorciers. Alors, de jour en jour, la maison des Dudley se trouve inondée de courrier. Les lettres sont apportées par des chouettes
Harry Potter est sorcier dans un monde de « moldus » voulant à tout prix faire de lui un enfant ordinaire. Il est différent de nous et, en lisant son histoire, nous avons envie de lui ressembler.La famille Dudley se garde bien d’en informer le jeune Harry et détruit de mille et une manières ce courrier dérangeant. Elle aura beau brûler les lettres, clouer la boîte à lettres, espérer le dimanche : le quartier se trouvera envahi de volatiles porteurs de missives. Enfin, se sera Hagrid, un géant gardien de la forêt de Poudlard, qui portera lui-même la lettre d’invitation à Harry dans la maison de week-end où il a été emmené par sa famille.
Par contre, on a rarement envie de ressembler aux enfants différents auxquels PointKT choisit de consacrer cette page. Même si maintenant on les voit à la télé. Quand ils arrivent dans leur famille, ils déclenchent des larmes et de la culpabilité, rarement la fête dans un premier temps. Quand ils entrent à l’école ou dans un magasin, ils nous font un peu peur. Nous ne savons pas comment leur parler. Ni qui ils sont.
Comme Harry Potter, ils habitent encore trop souvent dans les placards sous l’escalier. Invisibles même sans « cape d’invisibilité ».
Ils sont barricadés par leur handicap à l’intérieur d’eux-mêmes, à l’intérieur de leur maison, à l’intérieur de leur établissement spécialisé. Ne vous étonnez donc pas si vos premières lettres, vos mots d’invitation vous sont retournés dans un premier temps. Comprenez la résistance de leurs parents lors de votre première tentative. Ils ont fait si souvent l’expérience de l’échec et du rejet qu’ils ont peur.
Je sais que dans beaucoup d’endroits, dans les églises, les cours de récréation, les camps de vacances, les sorties du mercredi, la chorale des enfants, on leur réserve une place. Je sais que cela permet souvent de vivre ensemble des choses extraordinaires. À force de mieux se connaître on peut aussi s’apprécier.
Je sais que partout où l’Église est vivante, des personnes frappent aux portes, forcent les obstacles, accueillent un enfant différent et gagnent au change.
Alors je vous en prie, juste cette fois, faites comme les professeurs de l’école des sorciers, faites comme Hagrid, inondez-nous de courrier. Dites-nous comment vous avez fait pour les retrouver dans leur placard sous l’escalier, dans leur petite chambre du haut ou au sommet du rocher en pleine mer. Racontez-nous qui ils sont. Faites-les habiter ces pages puisqu’ils ne peuvent pas le faire sans votre intermédiaire. Alors ceux qui ont encore peur sauront que c’est possible. Cela nécessite peu de techniques spéciales, juste « un peu plus d’amour que d’ordinaire ». Et du temps.
Je vous attends.
P.S. : Si vous ne comprenez pas tout ce que je raconte, lisez le chapitre des lettres perdues dans « l’école des sorciers » -il y a aussi dans le psaume 139 beaucoup de similitudes : « Où que je sois il me retrouve » !
Crédits : Martine Léonhart, Point KT