Dans nos communautés, le passage de « jeune » (avec caté, sorties, copains…) à « adulte » (avec culte, études bibliques, assemblées d’église…) ne se fait plus sans perte. Où se situe la cassure ? Comment y remédier ? Voici un article de Sophie Marchand, psychopédagogue, pour avancer dans notre réflexion. Elle nous présente « les adulescents »…
Le mot adulescent provient de la contraction des mots « adulte » (celui qui a fini de grandir) et « adolescent » (celui qui est en train de grandir). Il désigne des personnes qui ont généralement environ une trentaine d’années, et qui mélangent les attitudes, les valeurs et les comportements des deux âges.
Ces adulescents idolâtrent Casimir, Capitaine Flam, Goldorak, mangent des bonbons ( surtout des sucettes ) à longueur de journée, sirotent de la grenadine, aiment les jeux vidéos et adorent se déplacer en trottinette…
Qui sont-ils ? Un adulescent est un jeune adulte garçon ou fille, qui « refuse » de grandir et de rentrer dans l’âge adulte avec ses conventions, ses responsabilités et ses contraintes, il préfère se retourner vers le passé et rester dans un monde propre à l’enfance. Il a une réelle réticence à assumer sa vie future. Les parents voient donc leurs progénitures rester plus longtemps au sein du cocon familial. Le fameux phénomène Tanguy prend de l’ampleur Etre adulescent, c’est avant tout une question d’attitude, une façon d’être… plutôt qu’une appartenance sociologique. Les adulescents ont des revenus supérieurs à la moyenne et ne veulent pas être considérés comme des consommateurs moyens. Ils veulent rester dans le coup, affectionnent la mode, les produits de marque et les séries limitées dessinées par de grands noms. Ils achètent des produits pour leur valeur émotionnelle, leur touche ludique ou encore le côté détourné des objets pour enfants, ils ont du mal à devenir matures.
Que font-ils ? On en a identifié chez l’adulescent 4 besoins fondamentaux : le besoin de se rassurer, de rester relié aux autres, de se distinguer et de se divertir.
Ses aspirations sont directement reliées à ses besoins : retrouver les sensations de son enfance, appartenir à une tribu, affirmer sa personnalité et inventer sa vie et surtout s’amuser pour rester jeune et vivre de nouvelles aventures. Ces besoins et aspirations se traduisent tant au niveau de son comportement psychologique (refus de grandir, entrée dans la vie d’adulte retardée) qu’au niveau de ses comportements de consommation (un engouement pour tout ce qui touche à l’enfance, il aime détourner les produits et bricoler, il vit dans un monde enchanté, il est très sensible au style, au design, il attache une grande importance à l’esthétique).
D’un côté les sociologues y voient un nouveau mode d’adaptation et de ressourcement, une réponse aux maux de la société actuelle, un moyen de s’évader des réalités et du stress du milieu professionnel. Une sorte de régression comportementale positive et « épisodique » qui permet de se libérer d’un environnement trop oppressant, stressant et parfois même effrayant.
De l’autre, les « psy » considèrent le phénomène comme inquiétant.
Pourquoi ? Au niveau sociologique, une première cause peut être avancée, le « jeunisme » ambiant depuis le milieu du XXe siècle a inversé le processus d’identification aux adultes. L’idée prévaut qu’il faut rester jeune à tout prix. A cela s’ajoute l’incertitude économique d’un contexte social qui n’incite pas à prendre son envol et aussi l’allongement de la vie qui laisse supposer que l’individu a le temps de s’engager dans l’existence.
En tant que parents, il faut instaurer un dialogue. Mettre en évidence les difficultés qu’a le jeune à entrer dans sa vie adulte, l’inciter à réfléchir sur ce qui le retient. Ensuite il sera possible de trouver des solutions adaptées. Se montrer à l’écoute, lui montrer que même dans sa nouvelle vie, il ne se retrouvera pas seul face à d’éventuels problèmes.
Au niveau psychologique, le manque d’objets d’identification fiables et valables pour se construire intérieurement s’observe chez les adulescents. Malgré l’envie qu’ils ont de voler de leurs propres ailes, un poids les contraint à rester accrochés à l’enfance. Ils ne veulent pas entrer dans le monde des adultes qui les terrifie, ils ne veulent pas quitter leur enfance, leur adolescence.
Au niveau plus pédagogique enfin, les adulescents sont souvent le résultat d’une éducation et d’une relation affective qui les maintiennent dans les gratifications primaires de l’enfance. L’éducation, dans son légitime souci de veiller à la qualité relationnelle avec l’enfant, a été trop centrée sur le bien-être affectif, parfois au détriment des réalités, des savoirs, des codes culturels et des valeurs morales, n’aidant pas les jeunes à se constituer intérieurement.
L’adulescence n’est pas une fatalité. Il est possible de promouvoir une éducation plus réaliste, qui n’enferme pas dans les objets mentaux et le narcissisme de l’adolescence, mais qui développe l’intérêt de devenir adulte.
Article paru dans « Parents-Secous News » janvier 2011,
Publié avec l’aimable autorisation de madame Sophie Marchand
Bibliographie :
Marie GIRAL, Les adulescents enquête sur les nouveaux comportement de la génération Casimir, Le Pré aux clercs, 2002
Corinne MAILLET, Le marketing adulescent, comment les marques s’adressent à l’enfant qui sommeille en nous, Pearson – Village Mondial, 2007
Anne PAILLET, Oumnia SQUALLI, Etude de marché : les adulescents, Master Communication, 2003/2004
Qui suis-je ?
Enseignante de formation, je suis licenciée en psychopédagogie, formée à l’écoute et à la relation d’aide.
Aux adultes, je propose un accompagnement à la croissance personnelle. En entretiens individuels, une relation d’aide professionnelle, bienveillante et sans jugement vers un mieux-être et un mieux-vivre (moments de vie difficiles, aide à la parentalité, problèmes de couples, manque de confiance en soi, aide à la prise de décision…).
Aux adolescents et aux jeunes adultes étudiants, je propose des séances de soutien scolaire et de coaching pédagogique afin de les accompagner à trouver une méthode, un mode d’organisation adaptés, une orientation qui leur conviennent ou à retrouver une motivation.
Contact: sophie.marchand.psy@gmail.com