Point KT

Être au pain et à l’eau…

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illustrations_Nicole_pain_eau_345Cette expression provient de l’usage des moines ou des personnes très pieuses qui, au moment du Carême, ne mangeaient que du pain et ne buvait que de l’eau pour se mortifier, pour faire pénitence. Les grandes religions préconisent toutes des périodes de jeûne et sans doute il existe des vertus à cette pratique.
Attention cependant aux dérives dangereuses ; ne courrons pas à la performance orgueilleuse en se croyant toujours plus fort ! À l’heure où l’on évoque les futures ressources en protéine fournies par les insectes, qui évoquent pour nous Jean-Baptiste… souvenons-nous de la sagesse des ermites du désert qui pourrait nous servir de garde-fous : « Tu dois te nourrir de quatre sauterelles par jour ; cinq, ce serait de la gourmandise ; trois, ce serait de l’orgueil… »

En cette période de l’année liturgique qui nous met en route vers Pâques, PointKT va consacrer une grande part de ses publications au thème de la nourriture et des repas dans la Bible. Ainsi, nous allons plaider pour un Dieu des plaisirs et du bonheur, un Dieu qui donne de la saveur à notre vie… Nous allons plaider pour un Dieu qui s’est révélé dans un homme qui n’a cessé de partager des repas, au point même d’être calomnieusement traité de « glouton », de « goinfre » ! (Mt 11,19 ; Lc 7,34-35)   Nous allons plaider pour un Dieu qui nous invite à partager ce plaisir d’une bonne cuisine et à passer à table… faisant du dernier repas avec ses amis, la cène, un temps spirituel de partage et de communion.

À nous de nous émerveiller des bénédictions de Dieu que nous ne méritons pas, qui ne nous sont pas dues et que nous voulons partager. Conscients de notre pauvreté étonnons-nous d’être aimés et comblés par Dieu et que notre vie tout entière devienne actions de grâces !

Cependant, si attachés que nous soyons aux saveurs des fruits de la terre et à la manière de les apprêter, une autre faim inassouvie, une autre soif inapaisée, doivent être maintenues, éveillées et devenir communicatives : « L’homme ne vivra pas de pain seulement » (Mt 4,4).

Déjà, dans le livre du prophète Amos, Dieu proclamait la famine, non pas la faim après le pain ou la soif après l’eau, mais la faim et la soif d’entendre sa parole : « Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, l’Éternel, où j’enverrai la famine dans le pays. Non pas la disette du pain et la soif de l’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles de l’Éternel » (Amos 8,11). Faim et soif  véritables que seul Dieu peut apaiser.

Demandons pour nous-mêmes et pour la jeunesse de nos églises, la soif de l’eau qui désaltère vraiment et la faim du pain qui rassasie. Prions avec la Samaritaine (Jean 4,7-15) : « Donne-nous toujours de ces eaux vivantes » et avec la foule, «Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là » (Jean 6,22-34).

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Alors oui, être au pain et à l’eau !