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Parole de Dieu – Paroles d’ados

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Autour de la catéchèse des adolescents, se côtoient parents, catéchètes, paroissiens, conseil presbytéral. Tous entrent et sortent de scène. Ces quelques lignes pour proposer une distribution des rôles sans confusion et sans second rôle.
  • Pas de second rôle

Je range sous l’expression « catéchisme et paroisse » les questions relatives à la motivation tant des parents que de la communauté. 1lme semble en effet que, quelles que soient leurs convictions religieuses et leurs positions par rapport à L’Eglise, nous devons considérer les parents comme étant les premiers membres de la paroisse sous l’angle du catéchisme. Parents d’adolescents dont ils sont encore juridiquement responsables, affectivement liés à eux et préoccupés par leur devenir, ils ne se sont pas opposés (sauf situations exceptionnelles) à ce qu’ils viennent au catéchisme. Le plus souvent ils ont demandé eux-mêmes que leurs enfants fassent leur catéchisme avant de prendre une éventuelle décision de rejet à l’endroit de la tradition chrétienne. Ils méritent donc tout notre respect.

  • Des parents aux demandes sérieuses

Je ne supporte plus les grandes jérémiades de ceux qui prétendent que la demande des parents n’est pas sérieuse. La demande institutionnelle des parents est l’une des dernières choses qui nous restent, ne la diffamons pas, quelles que soient par ailleurs leurs motivations.
Les inviter à justifier leur demande, ce serait exercer à leur encontre quelque chose comme une inquisition. Ils ne sauraient pas bien exprimer ce qu’ils ressentent confusément au fond de leur conscience, craignant de dire les choses comme ça leur vient à l’esprit, d’être suspectés de superstition, de ritualisme ou de je ne sais quoi d’autre. Laissons leur ce droit de ne pas savoir formuler proprement, théologiquement, leur demande et acceptons la. Ils nous donnent cette chance d’exposer à leurs enfants l’importance de la révélation chrétienne ; alors disons-leur merci et considérons les comme la première paroisse du catéchisme.

  • Des parents aux portes ouvertes

Si nous en avons la possibilité, réunissons- Les : tous ensemble ou par petits groupes de trois ou quatre dans les cas de dissémination : Faisons-les parler ensemble, donnons-leur l’occasion d’amener au langage les soucis qu’ils ont à l’égard de leurs adolescents et qu’ils ne peuvent formuler comme ça nulle part ailleurs. Ils réaliseront ainsi qu’ils ont les mêmes préoccupations et qu’ils n’osaient pas se les dire les uns aux autres.
Nous jouons là un rôle de médiateur : c’est très important qu’ils puissent ainsi se parler et se sentir respectés.
Pour organiser une première réunion de parents, plutôt que d’envoyer une circulaire, il est préférable d’aller leur rendre visite. C’est sans doute la meilleure occasion d’aller trouver les gens : Au lieu d’attendre le moment de la confirmation, pourquoi ne pas y aller au début du processus.
La circulaire adressée à quelques semaines de la confirmation suffira alors à les faire venir, parce qu’on aura fait les premiers pas deux ans auparavant et qu’ils auront pu accompagner le catéchisme de leurs enfants avec éventuellement des rencontres intermédiaires.

  • Des catéchètes médiateurs

Ensuite, comment intégrer le catéchisme à la paroisse ? J’ajouterai : en lui conservant un maximum d’autonomie, car il serait dangereux qu’il n’y ait plus de distance entre la paroisse et le catéchisme. Les catéchumènes ont besoin de cette distance, mais aussi les catéchètes.
Il faut aider les catéchumènes à se constituer en groupe reconnu par la paroisse. Si on les intègre trop, on leur enlève quelque chose de leur statut d’adolescents. Laissons-les être adolescents, même dans la paroisse, même dans la religion. Laissons-les être critiques à l’égard du monde des adultes, non seulement par déférence à leur personnalité d’adolescents, mais aussi par intérêt pour le groupe d’adultes de la paroisse, car nous avons tous quelque chose à apprendre de nos adolescents.
Les catéchètes sont les médiateurs de la relation adolescents-adultes. Délégués de la paroisse pour l’activité catéchétique, celle-ci va leur demander des comptes sur l’attitude de « leurs » catéchumènes, au temple par exemple quand ils viennent au culte, « pas très souvent… »diront certains.
Inversement, ils ont une sorte de délégation de la part des adolescents qui implicitement, tacitement, les considèrent comme ceux qui négocient auprès du monde adulte de la paroisse et des parents.
Il faut apprendre à négocier cela sans devenir l’otage ni de la paroisse, ni des catéchumènes, en gardant le souci des deux. La question suivante peut y contribuer : les catéchumènes sont-ils les seuls à devoir apprendre quelque chose de la paroisse ?

  • Des conseillers presbytéraux qui négocient

Le culte peut constituer un lieu où les catéchumènes apprendront quelque chose, à condition qu’ils y viennent avec leur réflexion, qu’ils puissent dire ce qu’ils ont à dire, sans être censurés ni réprimés par la suite. Pour cela il est souvent nécessaire de négocier au préalable.
Si par exemple des catéchumènes ont enregistré pour un culte une musique délirante, se préparent à dire des paroles extrêmement provocantes à l’égard du public paroissial et vont proposer un déroulement que nombre de paroissiens risquent de juger « tiré par les cheveux », il ya de fortes chances que le conseil presbytéral réagisse spontanément en chien de garde de l’orthodoxie.
Si auparavant par exemple, on a pris soin de convaincre le conseil presbytéral d’inviter les catéchumènes un samedi matin autour d’un petit déjeuner, cela peut être l’occasion pour les uns de découvrir que ces catéchumènes sont bien plus réfléchis qu’ils ne le pensaient et aux autres que ces adultes « ils ne sont pas si cons qu’çà ». Dans ces situations, les catéchètes jouent un rôle indispensable de médiation.
C’est par des moyens de ce genre que pourra se créer une connivence, qui va aider au respect des catéchumènes et à cet effort que les adultes doivent faire pour comprendre ce que les adolescents sont en train de leur dire à travers une provocation.
De leur côté, les catéchumènes pourront mieux comprendre que le monde des adultes ne peut pas enregistrer en souriant toutes les provocations.

  • Des adultes qui vivent leurs questions

Dernier élément concernant ce problème : quand il faut recruter des catéchètes, ne jamais lancer un appel dans le journal paroissial. Mieux vaut aller contacter directement les gens. Pourquoi ?  On risque en effet de voir arriver la cohorte de tous ceux qui n’ont comme finalité de leur existence que le partage de leurs convictions. C’est ainsi que l’on recrute une équipe de catéchètes solides dans la foi, pétris de convictions, face à un ensemble de catéchumènes qui, pour le moins, demande à voir.
Si vous allez chercher quelqu’un qui vous plaît, cette personne vous dira peut-être : « pas question, vous vous rendez compte, j’ai des doutes surtout, je n’ai aucune certitude, je ne peux transmettre rien à personne, j’ai trop de problèmes avec moi-même ». C’est juste cette personne là qu’il vous faut, car dans son rapport avec les catéchumènes, elle va leur donner l’idée que même quand on se pose des tas de questions et qu’on n’a pas des certitudes en béton sur tout, on peut continuer à cheminer dans la foi. Ce sont des gens comme ça dont les catéchumènes ont besoin, des gens qui ont une solidité d’adulte leur permettant de vivre les questions et d’aller jusqu’au bout de leurs doutes. Ceux-là sont les mieux préparés pour comprendre les adolescents, les écouter et les aider dans leur cheminement.