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Prier avec les enfants – pas si facile !

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Peut-on «apprendre à prier ? Un apprentissage qui n’obéit pas aux règles habituelles !

Prier avec les enfants de 6 à 11 ou 12 ans

Prenons les choses concrètement, d’abord pour les enfants de 6 à 11 ou 12 ans
Vouloir prier signifie nécessairement prendre du temps : 5 à 10 minutes par séance semble être une bonne mesure.
Théoriquement ce moment peut se situer au début ou à la fin de la rencontre. Mais il s’avère plus facile pour les enfants de vivre ce temps vers la fin de la séance. On pourra reprendre dans un temps de prière ce qu’on a vécu et appris ensemble (texte, thème, activités).
Pour cela, il importe de terminer l’activité précédente, de se calmer et si possible, de changer quelque chose dans la disposition symbolique du groupe et du lieu.
Exemples :
– rejoindre un autre coin de la salle ;
– s’asseoir à même le sol, chacun ayant cherché son coussin dans un placard ;
– se mettre en demi-cercle; l’ouverture indique symboliquement la présence de Dieu mais aussi son altérité radicale ;
– ouvrir une Bible et la déposer devant ou au milieu du groupe ;
– mettre quelques fleurs, une bougie, l’image d’un paysage, etc. afin de donner un point de repos pour les yeux ;
– mettre éventuellement un fond musical assez doux.
Ces changements permettent aux enfants de mieux se préparer intérieurement à cette rencontre invisible d’écoute et de Parole.
  • Prier, c’est rencontrer quelqu’un. Rencontrer non par hasard mais parce que je le désire. Parce que j’ai envie de partager une joie ou un souci, parce que je veux demander un conseil, ou un service ; mais aussi parce que je veux écouter, proposer mon service, dire merci ou simplement passer un moment avec l’Autre, en silence, comme avec un ami.
  • Prier, c’est aussi recevoir ce que Dieu veut me donner, exaucer la prière de Dieu, accueillir Celui qui est son offrande, le Christ, et avec lui, tout homme, toute femme autour de moi.
  • Prier, c’est me laisser appeler, seul(e) et avec les autres. La dimension subjective est indissociable de la dimension communautaire et ecclésiale.

Mais comment apprendre aux enfants à prier ?

  • Le chant est un élément important de la prière en groupe. II permet à chacun de se servir de sa voix, de sa mémoire, de son souffle, tout en écoutant les autres, afin de tenir un même rythme. Le chant est une création commune, un plaisir pour le corps et pour l’esprit, un moyen pour exprimer des émotions profondes et de s’approprier des désirs. N’oubliez pas que les chants appris pendant l’enfance, seront fredonnés encore quand on aura atteint le 3e âge !
  • Les bases de la prière seront la Parole biblique et la vie concrète de l’enfant avec ses questions, ses relations, ses sentiments etc. On peut reprendre le thème ou le texte biblique travaillé pendant la séance, quelques versets d’un psaume ou d’un autre passage biblique. Après l’avoir entendu une première fois, on peut le redire en chœur parlé. Une mémorisation simple permet de constituer un « trésor intérieur ».

Certaines prières de la Bible peuvent être apprises par cœur intégralement : Notre Père, le Magnificat, Psaume 23 et Psaume 121, le cantique de Syméon, etc.

  • Un temps préparé par les enfants. Grâce à une boite à prières sur fiches ou un cahier, les enfants peuvent choisir à tour de rôle un texte qu’ils lisent pour l’ensemble du groupe.

D’autres moyens d’expression : la gestuation, un temps où l’on regarde un poster, une icône, un dessin ou un panneau fait pendant la rencontre.

  • Le silence – une grande difficulté

Pour les enfants, il est difficile de se tenir en silence. Aussi est-il nécessaire de redire au début de chaque temps de prière ce que l’on y cherche : non pas le silence poli mais l’écoute de Dieu que trop souvent nous n’entendons pas parce que nous ne faisons pas attention à nous-mêmes. Aussi, pendant un temps de prière nous n’avons pas besoin de nos mains ni de nos pieds : ils peuvent rester dans une position de détente – sauf si le chant demande un accompagnement précis ! Les yeux n’ont pas besoin non plus de courir : ils peuvent ou se fermer ou se poser sur la Bible ou la bougie, mais non sur une personne du groupe… !

Attention : il n’est pas conseillé que les monitrices/moniteurs ferment les yeux pendant la prière ; ils risquent de se rendre compte trop tard de ce qui se passe dans le groupe… !

Prier avec les adolescents

En ce temps de bouleversements physiques et psychiques qu’est l’adolescence, les jeunes se sentent très insécurisés. Ils ont du mal à parler d’eux-mêmes. Ils ont du mal à parler tout court, mais aussi à chanter ou à écrire plus que quelques mots.
En ce qui concerne la prière, pas question pour eux de fermer les yeux ou de rentrer dans un formalisme bien établi. L’adolescent soupçonne, souvent le rituel de n’être qu’une coquille vide. Il a un fort souci d’authenticité. Il a besoin de voir un lien concret entre la prière et l’engagement auprès d’autrui.

Intégrons dans la prière du groupe un geste d’offrande pris sur leur propre argent de poche et en vue d’un projet humanitaire de leur choix.

Ce qui parle aux adolescents, c’est le groupe des pairs, la proximité dans un cercle. Les jeunes ont besoin de se sentir à l’aise dans le groupe. S’ouvrir ensemble à, une dimension qui transcende le groupe, ne peut venir qu’après. II importe d’évoquer cette dimension de manière sobre et plutôt à travers une parole qu’à l’aide d’un objet symbolique. Le jeune, en manque de mots, a besoin d’entendre parler simplement des dimensions existentielles et spirituelles de la vie.

Pour s’exprimer, l’adolescent se glisse volontiers dans les paroles d’un autre, ne fût-ce pour dire son désaccord. Aussi apprécie-t-il quand on lui remet un texte (prière, passage biblique, méditation, etc.). Chacun lit en silence et sélectionne ce qu’il préfère, un paragraphe, deux ou trois versets, pour ensuite joindre sa propre voix à celle d’un adulte qui, lui, lira l’ensemble du texte à haute voix.

Cette méthode permet aux jeunes de faire des choix ponctuels et de prononcer des mots comme on essaie un nouveau vêtement et de s’inscrire ainsi, de manière provisoire, dans la chaîne de, ceux et celles qui veulent vivre de la Parole.
On peut aussi les aider à trouver une expression plus personnelle.
Par exemple : distribuer des papiers grandeur post-it pour éviter la peur devant la grande feuille blanche et proposer d’y inscrire ce que l’on dirait à Dieu ou à Jésus en telle ou telle situation. Noter ce avec quoi on est d’accord, ou pas d’accord, les questions qu’on se pose en lien avec le thème ou le récit biblique, ce que l’on ressent face à des événements joyeux ou douloureux, l’engagement que l’on veut prendre etc.…

« Pas si facile, tout ça ! » Oui, mais peut-être moins à cause des enfants et des jeunes. Car il ne s’agit pas de « faire prier », mais d’ouvrir avec les enfants et les jeunes un chemin où nous nous engageons nous-mêmes avec notre propre (manque de) foi.

Point KT N° 43  Septembre-octobre – novembre 2003 télécharger l’article ici prier avec les enfants

Crédit : Agnès von Kirchbach – Point KT