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Quand la famille ne tourne pas rond

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Un enfant amorphe, un enfant surexcité, un enfant qui détruit, … cela existe aussi dans nos églises. Comment agir ? Réagir ? Coopérer ?L’enfant arrive en catéchèse avec certaines attentes et parfois déjà de mauvaises expériences de vie. Le moniteur, lui, a  en vue  des objectifs qu’il voudrait atteindre et donc des attentes vis-à-vis de l’enfant.
Dans quel but votre église locale a-t-elle mis sur pied une catéchèse, une école du dimanche, … ? Les réponses à cette question orienteront le « contenu » de la catéchèse et la manière dont le groupe d’enfants sera perçu.

Qu’est-ce que la catéchèse ou l’école du dimanche veut apporter aux enfants qui lui sont confiés ? Il est important de recentrer les enseignements et les activités sur la nécessité de connaître personnellement Jésus, plutôt que de faire de jolies petites têtes pleines de beaucoup de connaissances bibliques. Et si l’enseignement biblique est indispensable, il ne faut pas oublier non plus que les enfants ont besoin de jouer, de dessiner, de s’exprimer, …
Oui, les enfants ont besoin qu’on leur permette d’être vivants, pleins d’énergie et de capacités. Mais ils ont aussi besoin de limites. Il est assez rare que ces limites soient clairement exprimées par les moniteurs. Parfois ce n’est pas nécessaire. Mais il n’est pas rare de rencontrer des enfants qui n’ont pas de limites, ou qui en ont des mauvaises. Ces enfants perturbent les réunions et les relations avec leurs moniteurs peuvent être très difficiles.
C’est pourquoi il est bon de poser  clairement les limites de ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas : Tout le monde ne parle pas en même temps. Il est interdit de sortir sans avoir demandé la permission à un adulte. Peut-on boire, manger des bonbons ?  Si oui, à quel moment ? Que faire s’il surgit un conflit, avec un autre enfant, avec un moniteur, avec un autre adulte de la communauté ?  Si l’enfant a un besoin particulier, à qui peut-il en parler ? Et à quel moment ? …

Vous avez dit « dysfonctionnelle » ?

Que se passe t’il lorsque l’on parle de la famille et de Dieu le Père à un nombre de plus en plus grand d’enfants provenant de familles monoparentales ou recomposées. En cas de séparation, c’est souvent la mère qui reçoit la garde de l’enfant. Le père est moins présent, voir absent des relations avec l’enfant. D’autres enfants proviennent de couples où il y a eu des problèmes d’alcool, de violence,  d’abus, …
L’image que ces enfants ont de l’autorité – et souvent du père – est difficile à concilier avec une image positive de Dieu le Père. En réalité, ils transfèrent sur Dieu l’image de leur propre père, avec ses qualités et ses défauts, et ils s’imaginent Dieu le Père autoritaire, sans amour, dur, sévère, critique, exigeant, violent, … Ces images que les enfants se sont faites sont plus puissantes que tout ce qu’on peut leur enseigner sur Dieu le Père. Et ce n’est que par une écoute attentive de chacun d’eux que l’on peut, petit à petit, les amener à accepter Dieu comme un père parfait.

Mais qu’est-ce donc qu’une famille dysfonctionnelle ?
Une famille dysfonctionnelle est une famille où une des personnes au moins vit un problème grave et durable. Le dysfonctionnement de la famille peut être plus ou moins grande selon la capacité des membres de gérer la situation d’une manière saine. Mais souvent, la famille essaye de cacher le problème car il génère beaucoup de honte. C’est le cas de toutes les familles où sévissent l’alcoolisme et la drogue, où un membre de la famille est régulièrement en dépression ou sous l’emprise de médicaments, … mais aussi de familles qui, à première vue, n’ont pas trop de problèmes, mais où l’un des parent est absent (décès, divorce), où le père (la mère) ne vit que pour son travail, où un parent est excessivement critique et sévère, violent en paroles ou en actes, abusif, …

Signes et indices

Voici quelques caractéristiques d’une famille dysfonctionnelle :

  • il y a peu ou pas de communication
  • les sentiments sont refoulés
  • les attentes restent secrètes
  • les relations sont embrouillées
  • il y a de la manipulation et du contrôle
  • l’échelle des valeurs varie selon les personnes et les circonstances
  • les attitudes sont rigides
  • l’atmosphère est tendue
  • on s’accroche aux vieilles traditions
  • les maladies chroniques sont fréquentes
  • il y a de la jalousie et des soupçons
  • on établit des relations de dépendance
Dans une famille fonctionnelle par contre :

  • la communication est ouverte
  • on exprime ses sentiments
  • les règles sont claires et explicites
  • l’individu est respecté
  • on respecte la liberté de chacun
  • il y a ouverture d’esprit
  • on crée de nouvelles traditions
  • l’atmosphère est agréable et détendue
  • les gens sont davantage en santé
  • l’amour et la confiance règnent
  • on encourage l’autonomie et l’épanouissement.

(extrait de la page d’accueil de EADA www.eada.qc )

Il apparaît, en examinant ces deux listes, qu’un enfant vivant dans un contexte dysfonctionnel aura beaucoup de mal à s’intégrer dans un contexte « normal ». Soit qu’il s’y intégrera trop bien, pour satisfaire les attentes qu’il pense que les gens ont de lui. Soit que, ne pouvant s’intégrer, il va tout faire pour rester « en dehors ». Ce sera soit l’enfant  trop sage, trop calme, qui cherche toujours à faire plaisir, soit l’enfant perturbateur et rebelle, …

Patience et longueur de temps !

Ces enfants ont appris trois règles : ne parle pas (surtout pas de ce qui se passe à la maison), ne fais confiance à personne, ne ressens rien.Une famille dysfonctionnelle peut donc avoir des enfants qui seront « trop bien » (la parfaite petite maman, le premier de classe, celle qui est toujours prête à aider, celui qui fait rire tout le monde …) ou d’autres qui seront en rébellion (celui qui fait tout de travers, qui ne fait que des bêtises, qui n’obéit pas, qui démolit ce que les autres ont fait, …) Ces enfants ont avant tout besoin d’être écoutés et acceptés tels qu’ils sont. Une aide psychologique peut s’avérer nécessaire.
En ce qui concerne la catéchèse ou l’école du dimanche, ceux qui réagissent en étant trop parfaits ne poseront qu’un minimum de problème au moniteur, même s’il est souhaitable que celui-ci connaisse les raisons de cette attitude hyper positive de l’enfant à son égard.
Pour les enfants difficiles, il faudra énormément de patience, prendre du temps pour les écouter, leur apprendre petit à petit à modifier les règles qu’ils ont apprises à la maison, ou au moins à faire la différence entre les règles de la maison et celles de l’église… Et surtout, placer des limites.
A ce sujet, il est bon de prendre l’enfant à part, de lui expliquer posément les limites que vous souhaitez, de voir ce qu’il en pense, éventuellement d’en modifier certaines de commun accord. Déterminez avec l’enfant quelles seront les conséquences s’il ne respecte pas ces limites. Attention, il ne faut pas permettre aux autres enfants de franchir ces limites !
Ce problème dépasse bien sûr le cadre de la catéchèse. Il faudra parfois demander l’aide du pasteur ou d’une personne qualifiée au sein de l’église pour arriver à intégrer d’une manière saine l’enfant ou les enfants issus de familles dysfonctionnelles. Mais c’est une chose réalisable. Voir l’enfant évoluer. Lui apprendre à exprimer des sentiments, des idées, à respecter des directives… Lui faire confiance et lui apprendre à faire confiance … Voilà la plus belle récompense pour le moniteur dont la patience est si souvent mise à rude épreuve.