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Souccôt, la fête des cabanes, dans la joie indissociable de la fête de la Pâque, Pessah.

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Tout commence avec Pessah… Ah non, excusez-moi, tout commence avec Berechît ! Dans les deux cas, le croyant met sa confiance en D.ieu, et c’est ce que lui rappelle la fête de Souccôt.  Dans un commencement, donc, il nous faut nous souvenir que Ado-naï D.ieu a libéré son peuple de l’esclavage en Egypte, et l’a conduit à travers le désert vers la terre promise où coulent le lait et le miel.
Mais… Mais beaucoup de jours ont passé et cette terre promise a semblé bien lointaine au peuple conduit par Moïse. Profitant de l’absence de leur guide, les hébreux ont construit un veau d’or, faux dieu s’il en est ! Le jour qui fait mémoire du regret de cette faute est traditionnellement le 17 Tamouz, situé fin juin ou début juillet dans le calendrier grégorien. C’est un jour de jeûne, qui renvoie aussi au jour où une brèche fut percée dans les murailles de Jérusalem, ce qui entraîna la destruction du Second Temple…
Moïse demanda le pardon pour le peuple, et Ado-naï D.ieu accorda le jour du Yom Kippour, 10 Tsishri, jour de l’expiation, fêté traditionnellement en septembre/octobre.

Ce qui nous amène à la fête des cabanes. Elle dure sept jours et se célèbre après le Yom Kippour. Elle rappelle au croyant que, plutôt que de se bâtir de faux dieux, il faut faire confiance au vrai D.ieu et s’en remettre entièrement à Lui. Elle célèbre le retour de la protection divine sur tout le peuple, après l’épisode du veau d’or.
Pour concrétiser cela, les croyants construisent des cabanes dans lesquelles ils vont « vivre » pendant sept jours. Les murs de la cabane, en bois et ou en feuillage rappellent les nuées de gloire qui protégeaient le peuple pendant la fuite d’Egypte et la traversée du désert. Le toit fait de feuillage laisse passer la lumière des cieux, et indique au croyant que D.ieu est là et le protège bien mieux que toute couverture de tôle, de tuiles, ou de béton… La cabane doit être belle, décorée avec soin car Souccôt est une période de réjouissances.

Dans la vie citadine, les cabanes sont parfois construites sur les terrasses ou sur des véhicules mobiles, marquant, même dans nos sociétés modernes, la volonté de faire mémoire et de se confier totalement à D.ieu à qui tout appartient.
Photo Haim Dawidowicz, avec l’aimable autorisation de www.hassidout.org

Un moment important de chaque jour de fête – sauf Shabbat- est le Loulav, où quatre « espèces » sont présentées aux quatre directions de l’horizon, en haut et en bas, en hommage à l’omniprésence de D.ieu.

Ces quatre espèces représentent les caractères du peuple dans son ensemble :
Une branche de palmier, sans parfum mais aux fruits savoureux ;
Trois branches de myrte, odorante mais sans fruit ;
Deux branches de saule, sans odeur ni fruit ;
Un cédrat (sorte de citron), fruit savoureux peu juteux mais au parfum délicieux.

Le huitième jour de Souccôt, c’est l’occasion de grandes réjouissances ! Rassemblement du huitième jour et Réjouissance de la Torah relancent d’année en année de cycle de lecture de la Bible hébraïque. Le Simhat Torah est le jour où les derniers versets de la Torah sont lus, et immédiatement après, les premiers versets sont repris, afin de marquer sans interruption, l’intemporalité et le nécessaire recommencement de la lecture et de l’étude des textes.Si les caractères du peuple sont ainsi symbolisés, les offrandes faites à l’occasion de Souccôt servent aussi au rachat de tous les peuples de la Création. C’est une responsabilité du peuple juif à ce moment que de veiller au maintien de la relation d’universalité entre l’Homme et son Créateur.

Cela rappelle au croyant l’indispensable mouvement propre aux textes bibliques : il n’est pas suffisant d’en faire une lecture linéaire, il faut pouvoir lier l’ensemble ! Simhat Torah est un jour de grande fête pendant lequel les rouleaux sacrés, bien protégés dans leurs manteaux brodés, sont portés en dansant tout autour de la synagogue. Hommes, femmes, enfants, tout le monde participe à la joie de la noce de D.ieu et de la Torah : le lecteur du dernier chapitre du Deutéronome est appelé « le fiancé de la Torah » et le lecteur chargé de recommencer la lecture de Genèse est appelé « le fiancé du Bereshît » !
On chante, on prie, on danse, les enfants reçoivent des bonbons… On se réjouit non seulement de la transmission de la Torah (plutôt fêtée à Shavouôt) mais surtout des fruits que porte son étude et ses enseignements.

Un fête de la Bible dans notre année liturgique ? Et pourquoi pas ! A la suite du pasteur Paul Vandenbroek qui le suggérait dans un article de « La Bible aujourd’hui » en 2005, je me réjouirais d’un jour dans notre année liturgique consacré à une « fête de la Bible »… Nous pourrions faire mémoire de l’histoire parfois difficile de sa transmission, du travail minutieux des biblistes et traducteurs, mais surtout, nous pourrions à cette occasion reprendre conscience de cette révélation de la grâce de Dieu qui nous est offerte.

Dans la joie et la reconnaissance, nous en chanterions les psaumes et nous lirions à nos enfants : « Que le Seigneur Jésus vous bénisse tous. Dans un commencement, Dieu créa les cieux et la terre… » Ap 22 :21-Gn 1 :1.