Point KT

Accueillir un cas difficile

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Certains enfants sont des  » perturbateurs « . Leur handicap n’est ni physique, ni mental, il est de l’ordre du social. Ils prennent tout le temps la parole, ne tiennent pas en place, refusent d’entrer dans une structure. Ils canalisent toute l’énergie des adultes et fatiguent leurs camarades qui ne peuvent plus s’exprimer. Nous en connaissons tous. Ils provoquent chez les catéchètes des sentiments d’impuissance ou d’agressivité. Assez vite la question de leur accueil se pose.

 

Dialogue entre catéchètes

– Pour moi, je l’avoue, c’est difficile de supporter certains enfants… Il faut de la discipline, ou tout le monde en pâtit…

– Oui mais, c’est quoi la discipline ?

– Eh bien par exemple, je n’hésite pas à renvoyer un enfant qui perturbe le groupe…

– Vraiment ?

– Eh bien oui, dans certains cas, c’est impossible de faire autrement.

– Oui mais, l’école biblique, est-ce que ce n’est pas un lieu différent, où on devrait justement pouvoir agir autrement…

– Si tu y arrives, bravo, mais comment fais-tu ?

– En fait je n’ai pas de recettes : je n’ai que des cas différents les uns des autres… Mais disons, par exemple, que j’essaie de mettre tout le groupe dans le coup pour régler le problème avec l’enfant qui gêne les autres.

– Et ça marche ?

– Parfois oui, parfois non, ou pas tout de suite… mais c’est intéressant.

– Oui sans doute…

– C’est intéressant déjà parce qu’on se rend compte qu’en général, un enfant qui perturbe les autres a souvent besoin qu’on s’intéresse à lui pour des raisons personnelles ou familiales. Et ça, on peut le faire dans un petit groupe, alors que dans une classe c’est plus difficile.

– Oui et alors ?

– Eh bien en général il est tellement dérouté que ça marche, c’est-à-dire qu’on s’arrête tous pour s’intéresser à lui, pour qu’il change d’attitude…

– Et il se met à participer ?

– Oui, si on lui donne un rôle, ou une fonction. Il faut le canaliser.

– Et les autres ?

– Les autres apprécient, parce que l’atmosphère s’est calmée, et qu’ils ont participé à quelque chose de constructif.

Provocation

Un enfant malheureux ou mal à l’aise dans un groupe peut réagir très différemment : du mutisme et de l’indifférence jusqu’à la provocation : refus de participer, grossièreté, irrespect … La provocation vise à atteindre l’adulte. Si elle s’abat sur un autre enfant, c’est souvent pour faire réagir le catéchète.

Les recettes n’existent pas dans ce domaine mais quelques conseils peuvent aider car on agit souvent sous le coup de la colère, de l’énervement. D’abord ne jamais répondre sur le même mode. Car ce que l’enfant souhaite, c’est entraîner l’adulte dans un engrenage dont il ne pourra plus sortir. Ne pas non plus prendre le groupe à témoins dans le but de le mettre de « son » côté. L’enfant réagira mal et ses chances d’intégration seront encore plus faibles. Ne pas blesser l’enfant en faisant de l’humour à son propos. Même sans le vouloir, ce sont des réactions qui peuvent nous arriver.

Attention ! Ne pas répondre sur le même mode ne signifie pas ne pas répondre à la provocation, au contraire. Prendre acte de ce qui vient de se passer est indispensable. Ni ignorer, ni dramatiser, faire comprendre à l’enfant que le message est passé. Etre conscients que nous avons une négociation à mettre en place qui peut durer longtemps ou être au contraire très courte.

Source: PointKT n° 23 – juillet, août, septembre 1998   Crédit : Florence Taubmann