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Nous et le temps… Un regard étrange

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Voici une animation jeunesse sur le thème du temps proposée par l’arrière fond du livre : « Le Papalagui. Les propos de Touiavii, chef de la tribu de Tiavéa, dans les Mers du Sud ».

Je vous conseille la lecture de cette fable, véritable regard ethnologique sur nous-même.

I

  • Résumé 

En 1920, en pleine période de l’action des missionnaires européens partout dans le monde, l’allemand Erich Scheurmann tente l’inverse : Il se met dans la peau d’un chef de tribu de Samoa qui fait un voyage en Europe. Comment perçoit-il les coutumes et la manière de vivre des autochtones européens ?

  • Introduction

=> Mettre à disposition des observations du chef Touiavii sur des feuilles découpées, ainsi que des images… les jeunes décident quel objet correspond à quelle phrase et les mettent côte à côte. Pour télécharger les images associées à l’animation, cliquer ici 

=> Définir deux pôles (par exemple par deux bouteilles) qui représentent « d’accord » ou « pas d’accord »… aux jeunes de placer chaque phrase à proximité de « d’accord » ou « pas d’accord » qui leur convient… prendre le temps nécessaire pour le débat.

=> Trouver à partir de là des aspects positifs du temps et ce qui est un danger/ un aspect négatif de l’usage du temps pour eux (écrire sur une feuille).

  • Extraits 
  1. « Bien qu’il n’ait  jamais plus de temps que le temps disponible entre le lever du soleil et son coucher, le papalagui (= homme blanc),  n’en a jamais assez. »
  2. « Le papalagui n’est jamais content avec le temps. Il trouve toujours de quoi se plaindre. »
  3. « Le papalagui coupe le temps comme on coupe une noix de coco… sauf qu’il ne cesse jamais de le couper. Il fait des morceaux de plus en plus petits et construit toute une science autour de cela. À quoi cela sert ? »
  4. « Tout le monde, même le petit enfant qui sait à peine se tenir debout sur ses jambes, porte une machine sur laquelle on peut lire le temps. Ce n’est pas évident. Mais on donne envie aux enfants, dès leur plus jeune âge, d’apprendre à lire  le temps. »
  5. Le papalagui fait tout pour que partout où l’on se trouve on puisse voir combien de temps est passé, mais dès qu’il se rend compte que le temps a passé il s’en plaint : Comme cela passe vite ! »
  6. Le papalagui voit toujours avec regret le temps qui a passé mais jamais le temps qui arrive.
  7. Le temps qui passe est vécu comme un échec : « le temps m’échappe » s’exclame-t-il ou il demande « laisse moi encore un peu de temps ! »
  8. Le rapport avec le temps est comme une maladie : Quand il veut s’en servir pour faire quelque chose qu’il aime bien (voir une femme qu’il aime, s’asseoir au soleil…) il n’ose pas se disant qu’il n’a pas le temps. À la place il fait des choses qu’il n’aime pas, par exemple travailler. Et cette façon de faire est contagieuse : l’un commence et les autres font pareil.
  9. Régulièrement il reporte à demain ce qu’il a envie de faire aujourd’hui.
  10. .Le papalagui calcule et se souvient quand quelqu’un est né et, avec un certain rythme du temps, il commémore avec d’autres le fait d’être né en mangeant beaucoup et en offrant des fleurs. Avec ceci il se  rend compte qu’au bout des quelques cycles on risque de mourir et du coup il en a peur. « Je préfère ne pas savoir quand je suis né. »
  11. .Le papalagui veut « engraisser » le temps. Pour cela il le remplit autant que possible. Mais en vérité c’est comme s’il voulait chasser un serpent avec des mains mouillés. En vérité il ne l’attrape jamais.

 

À travers ce triple effet de distanciation : le regard d’un étranger,  le langage imaginé de quelqu’un d’une tout autre culture, la distance du temps, l’auteur et son héros nous permettent  de faire un voyage vers nous-même, Ce regard étrange révèle de nombreuses caractéristiques propres aux européens, caractéristiques que nous ne sommes pas toujours capables de voir et qui restent d’une grande actualité…

Références de l’ouvrage Le Papalagui. Les propos de Touiavii, chef de la tribu de Tiavéa, dans les Mers du Sud , traduit de l’allemand par Dominique Roudière, Paris, Pocket, 2004 – ISBN 2-914452-00-4

crédit : Christina WEINHOLD