Point KT

Vous avez 287 résultat(s) pour votre recherche :

Préciser votre recherche

  • Réinitialiser

- « Dans quelques jours… »

Image « T’as une idée pour moi ? Je dois écrire l’édito pour Pâques… » La question est posée à ma fille, 13 ans, habituée de l’Eglise depuis son plus jeune âge, fréquentant les cours de religion, bref, tombée ‘dedans’ quand elle était petite.
« Ben, … rappelle-moi juste ce qui se passe à Pâques,… » 

Le voilà mon édito !

Combien de fois ai-je posé cette question aux enfants et aux jeunes habitués de nos églises :

« Que fêterons-nous au matin de Pâques ? », pour récolter un moment d’hésitation, un silence prudent, une réponse évasive ou l’enthousiaste annonce des œufs en chocolat !

Les célébrations qui précèdent et suivent Pâques forment parfois, dans la tête des enfants, un joyeux micmac : Jésus monte au ciel avant d’être crucifié, Il meurt le Jeudi Saint, Pentecôte vient avant l’Ascension…

Pourtant il y a une logique dans le déroulement des événements.

Mais voilà, passé Pâques, congés et fin d’année scolaire aidant, on perd le fil de l’année liturgique.

Le chemin qui mène du début du Carême à la Pentecôte est pourtant clairement balisé ; chaque fête y marque une étape, un repos communautaire. Parfois un repas communautaire !

Et chaque étape nous rapproche de la réalisation de la promesse de Jésus : « Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, dans quelques jours, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint. » (Actes 1 :5)

Forts de notre foi, marchons ensemble sur ce chemin, ne laissons rien nous en détourner jusqu’à l’arrivée… Arrivée qui s’offre en départ, mais ça, c’est une autre histoire !

Lire la suite « Dans quelques jours… »

- Le carême dans l’Église orthodoxe

Image

Depuis l’époque paléochrétienne, chaque année à l’approche de Pâques, les chrétiens se préparent à vivre la fête de la résurrection du Christ.

Bien des manières de se préparer pourraient être considérées comme orthodoxes au sens fort du terme. Toutefois, dans la réalité actuelle, l’orthodoxie est surtout de tradition byzantine, du point de vue cultuel et culturel. Notre courte présentation se restreindra donc à cette expérience. 

Le carême dans l’église orthodoxe

 Image  Présupposés ecclésiologiques
 
 

Pour bien présenter le carême dans la tradition orthodoxe, il peut être utile, par souci d’éviter tout confessionnalisme, de commencer par quelques précisions sur l’Église elle-même, dans la conception orthodoxe.

 
 

La théologie orthodoxe – comme celle de toute église chrétienne – ne conçoit l’existence que d’une seule Église du Christ, manifestée dans chaque église locale {yootooltip title=[catholique] width=[450]}Dans le cadre religieux chrétien, le mot signifie selon le tout, universel. Il désigne à la fois la volonté de confesser la foi formulée dans le credo ou symbole des apôtres sans refuser aucun article. Il s oppose à l hérésie qui fait un choix, un tri, et ne conserve pas l'unité organique de la foi chrétienne et son universalité. Les mots catholique  et catholicisme désigneront par la suite la seule Église catholique romaine.{/yootooltip} (au sens premier du mot).

 
 

Dans l’histoire, l’unique Église du Christ a connu et connaît encore des divisions. De ce fait, une question surgit inévitablement : quelle église est l’Église ? Une autre question suit en conséquence : où sont les limites de l’Église ?

 
 

Il serait réducteur de dire que telle église est l’Église du Christ, les autres n’étant que des éclats, séparés du tronc de la vraie Vigne. C’est une position fondamentaliste, que l’on peut trouver {yootooltip title=[mutatis mutandis]}Cette expression signifie ici les changements nécessaires ayant été faits pour rendre les comparaisons possibles.{/yootooltip} dans chacune des familles chrétiennes.

 
 

Nous opterons, quant à nous, pour une position de dialogue ; nous croyons que l’unique Église du Christ se manifeste de manière plus ou moins plénière dans toute communauté qui invoque le nom du Seigneur Jésus, le Fils unique et Verbe de Dieu, incarné dans le sein de la Vierge Marie par l’opération de l’Esprit saint.

 
 

L’orthodoxie est une des formes que prend le christianisme dans l’histoire. Bien que présente en Occident de manière minoritaire depuis un peu plus d’un siècle, l’église orthodoxe d’aujourd’hui plonge ses racines essentiellement dans l’Orient chrétien.

 
 

Depuis l’époque paléochrétienne, chaque année à l’approche de Pâques, les chrétiens se préparent à vivre la fête de la résurrection du Christ.

 
 

Bien des manières de se préparer pourraient être considérées comme orthodoxes au sens fort du terme. Toutefois, dans la réalité actuelle, l’orthodoxie est surtout de tradition byzantine, du point de vue cultuel et culturel. Notre courte présentation se restreindra donc à cette expérience.

Le pré-carême

 
 

La période de préparation à Pâques comporte trois phases, correspondant à trois séries de moments liturgiques : {yootooltip title=[le pré carême, le carême proprement dit et la grande et sainte semaine] width=[450]}Ces moments liturgiques sont célébrés par l'assemblée ecclésiale sur la base d’un livre liturgique contenant les offices de cette période, le triode. Dans la pratique courante, le mot triode peut désigner soit le livre, soit l ensemble de ces trois périodes.{/yootooltip} Nous insisterons davantage sur la deuxième de ces trois phases, mais présenterons néanmoins les deux autres brièvement.

 
 

Le pré-carême commence par le dimanche du Publicain et du Pharisien. La lecture évangélique de ce jour correspond à cette parabole (Lc 18,10-14) et cherche à inspirer aux fidèles l’humilité devant Dieu et les hommes. Les dimanches qui suivront seront dédiés successivement à la parabole du Fils prodigue (Lc 15,11-32), au jugement dernier (Mt 25,31-46) et enfin au pardon (Mt 6,14-21). Ces deux derniers dimanches sont aussi appelés, respectivement, {yootooltip title=[dimanche de carnaval] width=[450]}À partir de ce dimanche, la tradition veut que l’on s’abstienne de manger de la viande (carn-, racine latine pour la chair ou la viande). Pour une explication du sens du jeûne, cf. infra.{/yootooltip} et {yootooltip title=[dimanche de l’exil d’Adam] width=[450]}On commémore aussi ce jour-là la chute de l'homme, car si le Fils de Dieu devient Fils de l'homme, c est pour assumer l'humanité et relever, avec Adam, tout le genre humain déchu. En faisant mémoire de cette tragédie cosmique de l'échec des premiers humains, nous affirmons notre consubstantialité avec eux ; leur histoire est la nôtre, chaque homme et chaque femme se retrouve en Adam, chacun est ensuite appelé à s incorporer au nouvel Adam, Jésus Christ (cf. Rm 5,14-21).{/yootooltip} ou encore {yootooltip title=[dimanche des laitages.]}À partir de ce jour, commence le grand carême proprement dit, lors duquel de nombreux orthodoxes ne mangent pas de produit d’origine animale (lait, œufs, poissons…).{/yootooltip}

Le saint et grand carême

 

Le soir du dimanche des laitages, centré sur le thème du pardon, les fidèles sont invités à se réconcilier les uns avec les autres, conformément à la lecture évangélique du matin. Un moment liturgique peut être organisé à cet effet, aux vêpres du dimanche, mais il est aussi fréquent que les fidèles, dans une démarche personnelle, rencontrent celles et ceux avec qui ils ont un différend et tentent de se réconcilier avec eux (cf. Mt 5,23-24).

 
 
 

Il est évident qu’une telle disposition au pardon et à la réconciliation devrait être quotidienne chez le chrétien, mais le cycle liturgique permet de réaffirmer cette disposition de manière régulière, au moins tous les ans. Fondamentalement, l’éthique ecclésiale est ascèse, tout prescription morale lui est étrangère. 

 

Une fois le carême initié, les fidèles qui ont essayé de purifier leur cœur par le pardon, tenteront de maintenir un rythme ascétique soutenu pendant la première semaine du carême, jusqu’au dimanche suivant, appelé {yootooltip title=[premier dimanche] width=[450]}Cette fête commémore la restauration de la vénération des icônes, le dimanche 11 mars 843, sous l'impératrice romaine d'Orient Théodora. Le nom de triomphe de l'orthodoxie qui peut paraître pompeux signifie que pour l'Église, le rétablissement de la foi est un triomphe sur l'hérésie christologique des destructeurs d'images saintes.{/yootooltip} du jeûne ou dimanche de l’orthodoxie. Pendant cette semaine, l’office pénitentiel des grandes complies est souvent célébré dans les monastères et les paroisses. On y lit par extraits un long poème sotériologique appelé « grand canon » écrit par saint André de Crète. Dans les familles, cette première semaine de carême peut être vécue aussi intensément que la semaine sainte (cf. infra).

 
 

Le dimanche qui suit celui de l’orthodoxie est dédié à la mémoire de {yootooltip title=[saint Grégoire Palamas] width=[800]}La fête de ce saint très respecté en Orient est déplacée à ce dimanche, au lieu du jour prévu au calendrier, pour que tous les fidèles puissent y participer. L enseignement de ce Père majeur de l Église est de première importance pour la théologie orthodoxe : pour saint Grégoire, chef de file du mouvement hésychaste, non seulement Dieu se révèle aux hommes et les invite à le suivre, mais il se fait voir tel qu il est, dans sa lumière méta-naturelle. À travers la prière, l homme peut participer aux énergies incréées de Dieu, c est-à-dire participer à la vie même de Dieu."{/yootooltip}, moine, puis archevêque de Thessalonique au 14e siècle.

 
 

Puis vient, au milieu du carême, le dimanche de la vénération de la Croix. Cette fête, joyeuse et pénitentielle à la fois, nous permet de focaliser notre attention et toute notre vie sur le mystère insondable de la Passion et la Résurrection. Le dimanche de la Croix est ainsi un rappel de la nécessité de réaliser, dans notre vie pratique, la synthèse entre la dimension verticale de notre foi en Dieu (Dt 6,5) et la dimension verticale de notre amour du prochain (Lv 19,18) ; le Seigneur lui-même, avant sa passion volontaire, a rappelé ce double commandement (Mt 22,34-40 ; Mc 12,28-34 ; Lc 10,25-28).

 
 

Les deux derniers dimanche de carême sont respectivement dédiés à la mémoire de saint Jean le Climaque et sainte Marie l’Égyptienne. {yootooltip title=[Jean le Climaque]}Climax en grec veut dire « échelle ».{/yootooltip}, moine du 6e-7e siècle, a rédigé un guide intitulé l’Échelle sainte dans lequel il expose comment celui qui veut atteindre le Christ et la vertu suprême de l’amour doit passer par un nombre important d’échelons : partant de la nécessité de renoncer aux soucis du monde, saint Jean expose, échelon après échelon, les difficultés que rencontre tout ascète pour se débarrasser des ses passions pécheresses et les remplacer par les vertus divines. Marie l’Égyptienne vécut au 5e siècle, elle menait une vie de prostitution, mais fut ravie par le repentir de manière miraculeuse. Après une vie de 47 ans de contemplation et de solitude, elle mourut après avoir communié aux corps et sang du Christ.

La grande et sainte semaine

Le carême prend fin le soir du vendredi avant le vendredi saint. Le lendemain de ce jour, l’Église commémore le miracle de la {yootooltip title=[résurrection de Lazare]}Jn 11,1-45{/yootooltip}, l’ami du Christ. Le lendemain du samedi de Lazare, vient {yootooltip title=[l’entrée à Jérusalem]} Jn 12,1-18{/yootooltip}, comptée parmi les douze grandes fêtes de l’année liturgique. C’est l’accomplissement de la course de Jésus, la fin de son ministère, la reconnaissance de la royauté de Jésus par la bouche des tout-petits et des nourrissons (cf. Ps 8,3), l’entrée triomphale et humble à la fois du Messie dans la ville sainte (cf. Za 9,9).

 
 
 
 
 
 
 
 

Les jours qui suivent sont spécialement ceux de la Passion, ceux de la prédication de Jésus à Jérusalem, ceux de la  {yootooltip title=[trahison du Fils de l’homme] width=[450]}Les lectures bibliques de la semaine sainte sont très riches. Nous donnons ci-dessous uniquement les lectures évangéliques des différents jours, omettant les lectures vétérotestamentaires ou les épîtres apostoliques : lundi : Mt 21,18-43 et Mt 24,3-35 ; mardi : Mt 22,15-23,39 et Mt 24,36-26,2 ; mercredi : Jn 12,17-50 et Mt 26,6-16 ; jeudi : Lc 22,1-39 ; Mt 26,1-20 ; Jn 13,3-17 ; Mt 26,21-39 ; Lc 22,43-45 ; Mt 26,40-27,2 ; Jn 13,1-11 et Jn 13,12-17 ; vendredi : Jn 13,31-18,1 ; Jn 18,1-28 ; Mt 26,57-75 ; Jn 18,28-19,16 ; Mt 27,3-32 ; Mc 15,16-32 ; Mt 27,33-54 ; Lc 23,32-49 ; Jn 19,25-37 ; Mc 15,43-47 ; Jn 19,38-42 ; Mt 27,62-66 ; Mt 27,1-56 ; Mc 15,16-41 ; Lc 23,32-49 ; Jn 18,28-19,37 ; Mt 27,1-38 ; Lc 23,39-43 ; Mt 27,39-54 ; Jn 19,31-37 ; Mt 27,55-61 ; samedi : Mt 27,62-66 ; Mt 28,1-20 ; dimanche de Pâques : Jn 1,1-17 ; Jn 20,19-25. Ces passages sont lus pendant les vêpres, les matines ou l'office des heures. D'autres lectures bibliques sont faites à partir des autres livres tant du Nouveau que de l'Ancien Testament.{/yootooltip}

 
 

Pendant la semaine sainte, les fidèles redoublent d’efforts dans leur ascèse. En fonction de leurs possibilités, ils fréquentent les {yootooltip title=[longs et nombreux offices quotidiens] width=[450]}En moyenne, dans les paroisses, des offices sont programmés soir et matin, pendant plusieurs heures.{/yootooltip}, depuis le samedi de Lazare, jusqu’au dimanche de Pâques.

 

Carême et Écriture

 

Le carême et la semaine sainte sont des moments privilégiés de méditation de la Parole de Dieu. La Bible est abondamment lue, à l’office comme à la maison. Pendant le carême, outre les {yootooltip title=[lectures habituelles de l´Apôtre]}Un extrait d une épître du Nouveau Testament.{/yootooltip} et de l’Évangile, on lit intégralement le livre de la Genèse et celui des Proverbes. Au début de la semaine sainte, on lit intégralement l’Exode, Job et les quatre évangiles. Chaque fidèle, selon ses possibilités et sa disponibilité, en général sur le conseil 800d’un {yootooltip title=[père spirituel] width=[450]}La paternité spirituelle revêt une importance particulière dans l'Orient chrétien. Le père spirituel peut-être laïc ou membre du clergé, homme ou femme. Le fidèle le choisit pour sa sagesse et son expérience ; il lui confie ses péchés, ses doutes, ses joies et bénéficie en retour d’un soutien moral et paternel.{/yootooltip}, lit également en privé des extraits de l’Écriture et des ouvrages de maîtres spirituels ayant brillé dans {yootooltip title=[l´ascèse.] width=[450]}L'expérience des Pères (et Mères) ascètes est considérée comme une mise en pratique, une incarnation, une image vivante de la sainte Parole de Dieu.{/yootooltip}

 

Sens du jeûne

L’abstinence – totale ou partielle, selon les moments – de nourriture est une pratique religieuse aussi vieille que le monde : Adam, déjà, était invité au jeûne et a désobéi ; le jeûne était un élément important de la vie du peuple d’Israël. Le nouvel Israël a hérité de cette pratique : pendant les temps d'{yootooltip title=[attente de l´Époux]}Cf. Mt 9,14-17 ; Mc 2,18-22 ; Lc 5,33-39.{/yootooltip} qu’est le Christ, l’Église se met à jeûner, en particulier pendant le carême, dans l’attente de la Résurrection.

 

Selon la tradition patristique, l’expérience des Pères et Mères dans la foi, le jeûne est une forme de tempérance qui atténue les passions. Il ne peut se concevoir qu’en conjugaison avec une certaine disposition du cœur : on ne jeûne pas qu’avec le corps, mais aussi {yootooltip title=[avec l’esprit.]}Is58,6-12.{/yootooltip}

 

Tous ne jeûnent pas de la même façon. Les prescriptions ne sont pas obligatoires, ce n’est pas un aliment ou l’abstention d’un aliment qui nous rapproche de Dieu (cf. 1 Co 8,8) et aucune nourriture n’est considérée comme impure dans la vie ecclésiale (cf. vision de Pierre à Joppé en Ac 10-11).

 
Quoi qu’il en soit, une chose doit rester constamment présente à notre esprit : notre jeûne, notre aumône, notre pardon, etc. doivent émaner de notre cœur, doivent être des fruits spontanés de notre générosité, non des sacrifices consentis chichement. La joie du fidèle reste un indispensable critère, tant pour le jeûne que pour tous les autres exercices ascétiques (cf. 2 Co 9,6-7).

Carême et joie, carême et Résurrection

Enfin, le carême ne peut s’entendre que dans la joie de la Résurrection. Si nous ne visons pas cet objectif, notre prédication est vaine ; vaine est notre foi (cf. 1 Co 15,13-14). Si nous avons mis notre {yootooltip title=[espérance en Christ]}1 Co 15,19.{/yootooltip} pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.

Le jeûne, les efforts ascétiques et la prière nous préparent à vivre la fête suprême de Pâques.
 Image  Homélie de Jean Chrysostome
 

Lors de la veillée pascale, on lit traditionnellement un célèbre sermon de saint Jean Chrysostome qui invite tout le monde à se réjouir à la nouvelle de la résurrection du Christ. Nous terminons la présentation du carême par ce texte dont l’actualité transcende les âges.

 
 
 

 Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité !

 

 Que tout serviteur fidèle entre avec allégresse dans la joie de son Seigneur ! (Mt 25,21)

 

 Celui qui a porté le poids du jeûne, qu’il vienne maintenant toucher son denier.

 

 Celui qui a travaillé depuis la première heure, qu’il reçoive aujourd’hui le juste salaire.

 

 Celui qui est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces.

 

 Celui qui est arrivé après la sixième heure, qu’il n’aie aucun doute, il ne sera pas lésé.

 

 Si quelqu’un a tardé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter.

 

 S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le

Maître est généreux, il reçoit le dernier comme le premier ; il accorde le repos à l’ouvrier de la

onzième heure comme à celui de la première ; il fait miséricorde à celui-là, et comble celui-ci.

 

 Il donne à l’un, il fait grâce à l’autre. (Mt 20,1-16)

 

 Il accueille les œuvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté ; il honore l’action et loue le bon propos.

 

 Ainsi donc, entrez tous dans la joie du Seigneur !

 

 Premiers et derniers, recevez la récompense.

 

 Riches et pauvres, chantez en cœur tous ensemble.

 

 Les vigilants comme les nonchalants, honorez ce jour.

 

 Vous qui avez jeûné, et vous qui n’avez pas jeûné, réjouissez-vous aujourd’hui.

 

 La table est préparée, mangez-en tous ; (Mt 22,4) le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. (Lc 15,23)

 

 Jouissez tous du banquet de la foi, au trésor de la bonté.

 

 Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous.

 

 Que nul ne se lamente de ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau.

 

 Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous en a libérés.

 

 Il a détruit la mort, celui que la mort avait étreint ;

 

 il a dépouillé l’enfer, celui qui est descendu aux enfers.

 

 Il a rempli l’enfer d’amertume, pour avoir goûté de sa chair.

 
Isaïe l’avait prédit en disant :
 
«L’enfer fut rempli d’amertume
 

lorsqu’il t’a rencontré» (Is 14,9).

 

L’enfer est rempli d’amertume, car il a été joué ;

 

bouleversé, car il a été enchaîné ;

 

bouleversé, car il a été mis à mort ;

 

bouleversé, car il a été anéanti ;

 

consterné, car il a saisit un corps et s’est trouvé devant Dieu.

 

Il a prit la terre et a rencontré le ciel ;

 

il a saisit ce qu’il voyait, et il est tombé sur celui qu’il ne voyait pas.

 

Ô mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? (1 Co 15,55)

 

{yootooltip title=[Christ est ressuscité]}À ce moment et à chaque répétition de ces mots par celui qui lit l'homélie, toute l'assemblée répète à voix forte : Christ est ressuscité !{/yootooltip} et tu as été terrassé ;

 

Christ est ressuscité et les démons sont tombés ;

 

Christ est ressuscité et les anges sont dans la joie ;

 

Christ est ressuscité et voici que règne la vie.

 

Christ est ressuscité et il n’est plus de morts dans les tombeaux ;

 

car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis (1 Co 15,20).

 

À lui gloire et puissance dans les siècles des siècles ! Amen.

 

Pour approfondir le sens du carême :

 

A. Schmemann, Le grand carême, Bellefontaine, 1974.

 

O. Clément et A. Schmemann, Le mystère pascal, Bellefontaine, 1975.

 
 
Collectif, Dieu est vivant (Catéchèse orthodoxe), Paris, Cerf, 1979, (chapitres correspondants).
 
 Christophe D’Aloisio
126 avenue du Parc
B -1190 Bruxelles
 

Notes de la rédaction (NDLR)

[1]Catholique dans le cadre religieux chrétien, le mot signifie "selon le tout", "universel". Il désigne à la fois la volonté de confesser l'ensemble de la foi (formulée synthétiquement dans le credo ou symbole des apôtres), l'ouverture à la totalité de la foi, sans refuser aucun article. En ce sens, il s'oppose au mot "hérésie". L'hérésie fait un choix, un tri, et ne conserve pas l'unité organique de la foi chrétienne et son universalité. L'ensemble des Églises chrétiennes se disent "catholiques", reconnaissant l'universalité de l'unique Église de Jésus-Christ, de même qu'elles se considérent orthodoxes, puisque conformes selon elles à la « doctrine (doxa) droite (ortho) ».
L'histoire montre que les divisions apparues au sein du christianisme manifestent les dissentions au plan de la foi.
De schisme en schisme, les mots « catholique » et « catholicisme » deviendront dans l'usage l'apanage de la seule Église catholique romaine.

[2]Mutatis mutandis, sgf ici les changements nécessaires ayant été faits  pour rendre les comparaisons possibles.

Notes de l'auteur

  [3] Ces moments liturgiques sont célébrés par l’assemblée ecclésiale sur base d’un livre liturgique contenant les offices de cette période, le « triode » ; dans la pratique courante, le mot « triode » peut désigner soit le livre, soit l’ensemble de ces trois périodes.

 

 [4] À partir de ce dimanche, la tradition veut que l’on s’abstienne de manger de la viande (carn-, racine latine pour la chair ou la viande). Pour une explication du sens du jeûne, cf. infra.

 

[5]On commémore aussi ce jour-là la chute de l’homme, car si le Fils de Dieu devient Fils de l’homme, c’est pour assumer l’humanité et relever, avec Adam, tout le genre humain déchu. En faisant mémoire de cette tragédie cosmique de l’échec des premiers humains, nous affirmons notre consubstantialité avec eux ; leur histoire est la nôtre, chaque homme et chaque femme se retrouve en Adam, chacun est ensuite appelé à s’incorporer au nouvel Adam, Jésus Christ (cf. Rm 5,14-21).

 

[6]À partir de ce jour, commence le grand carême proprement dit, lors duquel de nombreux orthodoxes ne mangent pas de produit d’origine animale (lait, œufs, poissons…).

 

[7 ] Cette fête commémore la restauration de la vénération des icônes, le dimanche 11 mars 843, sous l’impératrice romaine d’Orient Théodora. Le nom de « triomphe de l’orthodoxie » qui peut paraître pompeux signifie que pour l’Église, le rétablissement de la foi est un triomphe sur l’hérésie christologique des destructeurs d’images saintes.

 

[8]La fête de ce saint très respecté en Orient est déplacée à ce dimanche, au lieu du jour prévu au calendrier, pour que tous les fidèles puissent y participer. L’enseignement de ce Père majeur de l’Église est de première importance pour la théologie orthodoxe : pour saint Grégoire, chef de file du mouvement hésychaste, non seulement Dieu se révèle aux hommes et les invite à le suivre, mais il se fait voir tel qu’il est, dans sa lumière méta-naturelle. À travers la prière, l’homme peut participer aux énergies incréées de Dieu, c’est-à-dire participer à la vie même de Dieu.

 

[9] Climax en grec veut dire « échelle ».

 

[10] Jn 11,1-45

 

[11] Jn 12,1-18

 

[12] Les lectures bibliques de la semaine sainte sont très riches. Nous donnons ci-dessous uniquement les lectures évangéliques des différents jours, omettant les lectures vétérotestamentaires ou les épîtres apostoliques :

 

lundi : Mt 21,18-43 et Mt 24,3-35

 

mardi : Mt 22,15-23,39 et Mt 24,36-26,2

 

mercredi : Jn 12,17-50 et Mt 26,6-16

 

jeudi : Lc 22,1-39 ; Mt 26,1-20 ; Jn 13,3-17 ; Mt 26,21-39 ; Lc 22,43-45 ; Mt 26,40-27,2 ; Jn 13,1-11 et Jn 13,12-17

 

vendredi : Jn 13,31-18,1 ; Jn 18,1-28 ; Mt 26,57-75 ; Jn 18,28-19,16 ; Mt 27,3-32 ; Mc 15,16-32 ; Mt 27,33-54 ; Lc 23,32-49 ; Jn 19,25-37 ; Mc 15,43-47 ; Jn 19,38-42 ; Mt 27,62-66 ; Mt 27,1-56 ; Mc 15,16-41 ; Lc 23,32-49 ; Jn 18,28-19,37 ; Mt 27,1-38 ; Lc 23,39-43 ; Mt 27,39-54 ; Jn 19,31-37 ; Mt 27,55-61

 

samedi : Mt 27,62-66 ; Mt 28,1-20

 

dimanche de Pâques : Jn 1,1-17 ; Jn 20,19-25

 

Ces passages sont lus pendant les vêpres, les matines ou l’office des heures. D’autres lectures bibliques sont faites à partir des autres livres tant du Nouveau que de l’Ancien Testament.

 

[13] En moyenne, dans les paroisses, des offices sont programmés soir et matin, pendant plusieurs heures.

 

[14] Un extrait d’une épître du Nouveau Testament.

 

[15] La paternité spirituelle revêt une importance particulière dans l’Orient chrétien. Le père spirituel peut-être laïc ou membre du clergé, homme ou femme. Le fidèle le choisit pour sa sagesse et son expérience ; il lui confie ses péchés, ses doutes, ses joies et bénéficie en retour d’un soutien moral et paternel.

[16] L’expérience des Pères (et Mères) ascètes est considérée comme une mise en pratique, une incarnation, une image vivante de la sainte Parole de Dieu.

[17] Cf. Mt 9,14-17 ; Mc 2,18-22 ; Lc 5,33-39.

[18] Is 58,6-12.

[19] 1 Co 15,19.

[20] À ce moment et à chaque répétition de ces mots par celui qui lit l’homélie, toute l’assemblée répète à voix forte : « Christ est ressuscité ! »

 
 
 
 
Lire la suite Le carême dans l’Église orthodoxe

- La liturgie : un chemin vers la Parole

Image 

Nous avons très souvent l'impression de ne pas pouvoir parler de la liturgie aux enfants, c'est parce que le déroulement liturgique possède une structure très complexe dont nous ignorons la signification. Pourtant son ordre n'a rien d'arbitraire, son agencement a été voulu et sa logique interne a été prévue comme chemin qui résiste le plus possible à l'usure du temps.

Un entretien avec Agnès Von Kirchbach, pasteur de l'Église réformée d’Asnières - Bois Colombes. 

 


Image  Prier ensemble
«Quand nous te prions, chacun effaçant son visage dans la jointure de ses mains, nous cessons d'être face à face dans la perpétuelle quête de l'originalité, de l’admiration ou de l’humiliation, de la différence à respecter, de l’attention à imposer, ou de l’indifférence à subir. Quand nous prions, nous devenons côte à côte, non pas chacun refermé sur lui-même, tel un solitaire qui épie ses voisins, mais tous absorbés par la même Parole, qui nous porte vers un même lieu, tels des compagnons qui ne croisent plus leurs regards, mais qui marchent à un même rythme, tels les musiciens d'un orchestre qui s’accordent à la mélodie, tels les danseurs qui ont trouvé la mesure des pas et des corps.»...

André Dumas, Cent prières possibles, Éd. Cana

 

  • Est-il possible en catéchèse de parler de la liturgie ? Les enfants peuvent-ils comprendre ses enjeux ?
 
II est vrai, parler de la liturgie n'est pas une tâche facile, mais je ne suis pas convaincue que les enfants aient plus de mal à comprendre que les adultes... Si nous, les catéchètes, nous sommes bien au clair par rapport à ce chemin curieux qu'est la partie liturgique de nos cultes, nous arriverons aussi à trouver des moyens adaptés aux enfants pour les faire entrer dans ce mouvement essentiel de la communauté.
La liturgie est une forme précise de la prière par son caractère structuré et communautaire. Elle se distingue aussi bien de la prière spontanée que de la prière personnelle. Mais comme toute prière, elle est traversée de part en part par cette certitude que prier ce n'est pas tant nous qui parlons à Dieu, mais Dieu qui nous parle.
Une réflexion concernant la liturgie en général et les différents éléments qui en font partie relève donc de plusieurs niveaux. Elle doit articuler les convictions essentielles de la foi avec la réalité humaine au sens anthropologique. Si nous avons très souvent l'impression de ne pas pouvoir parler de la liturgie, c'est parce que le déroulement liturgique possède une structure très complexe dont nous ignorons la signification. Pourtant son ordre n'a rien d'arbitraire, son agencement a été voulu et sa logique interne a été prévue comme chemin qui résiste le plus possible à l'usure du temps. Elle nous permet de faire ensemble mémoire et de Dieu et des autres. Pour cela la liturgie utilise un ordre structuré, connu d'avance par ceux qui viennent célébrer le culte. Cet ordre fonctionne sur le mode du rite.
 
  • Pour certains le mot rite exprime quelque chose de magique ou de mécanique. Or, votre manière d'en parler donne à l'ordre rituel une place importante ?
 
Le rite est un code pour mieux communiquer. Je donne un exemple : un rite important de notre société est la salutation, se dire bonjour par des mots et/ou par des gestes, ne serait-ce que le regard. Tous, nous sommes peinés quand une personne que nous aimons bien ne nous salue pas. Aussitôt, nous nous interrogeons : qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi m'ignore-t-il ? Est-ce que je ne compte plus à ses yeux ? La non-salutation est ressentie comme un affront, elle bloque la communication dès le départ. La salutation suscite en nous la joie de connaître, mais aussi la joie d'avoir été reconnu. Cet exemple nous montre que la répétition des mêmes paroles ou gestes est comme un seuil qui met la communication sur de bons rails. Personne de nous n'a inventé ce rite ; il est transpersonnel, il fait partie d'un codage culturel interne à un groupe. Souvent, nous pensons qu'un rite nous aliène. Or le contraire est vrai : il libère en nous des forces vives auxquelles nous n'accédons pas par ailleurs. II ne relève pas du facultatif ; il n'est pas un surajouté mais il est une forme d'être sans laquelle la vie humaine n'existe pas.
 La liturgie est donc une mise en place pour une écoute et un échange fructueux. La partie liturgique qui se situe avant les lectures est assez longue par rapport au reste du culte. Sa structure est codée et constitue ainsi ce seuil dont nous avons besoin pour que se libère en nous la capacité d'écouter de manière inédite celui qui s'adresse à nous à travers les différentes médiations de la parole humaine.
 
 
  • Chaque élément liturgique possède-t-il sa propre signification, et si oui, laquelle ?

La liturgie, dans sa progression, nous donne la possibilité de laisser tomber les masques. Elle est faite d'une succession d'attitudes et de prières qui expriment les aspects de la vie de l'un devant l'autre : Dieu devant la communauté et la communauté devant Dieu.
 

L'accueil

C'est le moment où nous disons : «Oui, je suis là». Nous l'exprimons par les paroles et par le chant. Être là, cela veut dire, signifier par ma voix, le lieu où je me tiens. Mais chanter ensemble implique aussi d'entendre que mon voisin est également en même temps et au même moment que moi. Chanter ensemble, c'est se mettre au même rythme, c'est vouloir sortir de l'anonymat pour former une communauté. S'il n'y avait pas le chant, ce serait difficile pour la communauté d'arriver à une certaine conscience d'unité et une certaine capacité d'écoute commune. C'est le propre de la liturgie chrétienne que de transformer un amas de gens en un ensemble, un groupe structuré. Par le chant, la communauté s'est adressée à quelqu'un qui est cru, même s'il n'est pas vu.

L'espace architectural vide devant l'assemblée indique de manière symbolique la possibilité de ce vis-à-vis qu'est Dieu. Mais puisque ce vide ne figure que la possibilité de sa présence et non pas sa réalité, il faut qu'une parole vienne donner sens à cet espace. C'est pourquoi l'invocation de l'Esprit trouve sa place ici, car si Dieu ne se révèle pas présent par lui-même, nous resterons enfermés dans toutes sortes de représentations religieuses imaginaires.

La louange 

 La prochaine étape liturgique consiste à se laisser interroger sur la valeur que possède à nos yeux le fait d'être présent l'un à l'autre. Est-ce regrettable est-ce agréable ? 

Le choix de se laisser entraîner dans un mouvement de louange exprime ainsi clairement la réponse donnée à cette question. Cette louange veut nous préserver de tout narcissisme. Le regard narcissique, en effet, est incapable de concevoir la vie autrement qu'en cercles concentriques dont le centre est toujours et partout un moi qui se vante ou qui écrase, et qui réduit la présence de quelqu'un d'autre en spectateur de son destin pour l'inviter, tour à tour à le plaindre ou à l'exalter. La louange, au contraire, c'est la dépossession de soi au profit de l'autre, un étonnement et une jubilation de reconnaître que «l'arbre de la vie, plantée au milieu du jardin», ce n'est pas moi. Pourtant, il y pousse pour que moi je vive. Symboliquement parlant, la louange permet de bien nous situer dans une communication vraie où ma parole n'est pas un monologue en face de quelqu'un mais une ré-action provoquée par sa présence. A travers la louange, nous exprimons notre étonnement et notre gratitude de pouvoir nous situer les uns avec les autres dans nos différences tels que nous sommes.

Pourtant la louange ne doit pas aboutir à une fascination aliénante. C'est pourquoi la liturgie nous entraîne plus loin et nous oblige à revenir sur nous-mêmes. A travers des mots, notre coeur a cherché et trouvé Dieu, il s'est étonné de sa fidélité, mais la liturgie nous interdit aussi bien la fusion que la confusion avec celui qui reste le Tout Autre. Au contraire, le retour sur notre propre réalité nous oblige à exercer nos capacités critiques par rapport à nous-mêmes. La confession des péchés relève de ce discernement intérieur provoqué par le regard de Dieu que nous venons d'accueillir.

La confession des péchés

La confession des péchés, malgré le nombre de textes qui sont formulés en «je», est d'abord une attitude communautaire, une parole de la communauté. Le «je» est plus corporatif qu'individuel. Malheureusement, certains de ces textes qui circulent en ce moment sont mal appropriés pour ce moment liturgique parce qu'ils suggèrent soit une auto-inspection, soit un faux sentiment d'auto-accusation, voire de culpabilisation morale. Pourtant, avec ce que je viens de vivre comme étonnement de la fidélité de Dieu qui me convoque encore, qui me provoque, et que j'invoque, il n'est guère imaginable que le retour sur moi puisse être de l'ordre de l'écrasement.

Confesser son péché ne signifie nullement proclamer une auto-condamnation suivi d'une auto-justification. Les Réformateurs nous ont bien mis en garde contre ces déviations, mais la tentation de l'auto-justification est comme une mauvaise herbe qui repousse très rapidement en nous et se développe sous des aspects les plus divers. Ce n'est pas parce qu'on connaît le piège qu'on l'évite, ce n'est pas parce que nous avons entendu parler de la justification par grâce seule que nous sommes automatiquement capables d'en vivre...

Si la confession du péché n'était qu'une manière de dire avec un air triste : «Oui, je suis impossible, je ne vaux rien, mais je sais, mon Dieu, que tu m'aimes, donc tout va mieux», c'est du cirque. Non, la confession du péché, c'est d'abord reconnaître que je suis responsable - mais que justement je n'ai pas répondu... Au lieu des réponses, il y a des absences. Reconnaître mon péché revient à reconnaître mes manques. Or indiquer mes manques, c'est laisser sourdre mes désirs. Notre vie humaine ne vaut rien, et notamment notre vie spirituelle ne vaut rien, si elle ne s'inscrit pas dans ce mouvement où la reconnaissance des manquements s'ouvre en désir, en soif.

Ainsi se situer à l'emplacement même de la reconnaissance de notre péché constitue encore une chance.

L'annonce du pardon 

Suit le moment liturgique appelé annonce du pardon. En effet, il ne faut pas oublier que nous nous situons dans un dialogue ; la parole revient à Dieu. Et nous nous entendons dire «D'accord, j'ai entendu ce que tu m'as dit par rapport à ton faire ou ton non-faire. Mais tu m'intéresses plus, toi en ce que tu es et ce que tu pourrais devenir qu'en ce que tu fais." C'est à nouveau très décapant. On abaisse tous les masques et lâche tous les rôles. Ne reste que le moi rafraîchi par l'Esprit et le pardon, et habité par la Grâce.

C'est à ce lieu qu'il faut parvenir avant d'entendre à nouveau les propositions concernant la manière de vivre cette alliance. Sinon, je n'entends les Écritures qu'enfermé derrière mes masques, emprisonné dans mes différents rôles. II n'y a aucune fraîcheur, aucune nouveauté possible sans le parcours que la liturgie nous propose de faire. Comme la Samaritaine nous devons faire tout un long itinéraire humain et spirituel pour pouvoir entendre le défi que Jésus lance à notre recherche. «Si tu savais le don de Dieu...» Quel déplacement !

C'est ce défi «Si tu savais ce qui est déjà donné... » qui nous permet d'accueillir le pardon de Dieu comme sa réponse unique et extrêmement originale à la reconnaissance de notre incapacité de vivre efficacement de la puissance créatrice de l'Esprit Saint. Le pardon est le renversement de la logique linéaire entre cause et effet. II est un événement de rupture radicale ; ce qui dit de la manière la plus forte l'espérance de Dieu. II nous remet droit debout sur nos deux pieds, et les deux pieds bien sur terre.

Le rappel de la Loi 

 C'est dans cette attitude-là que nous pouvons entendre comment Dieu de son côté s'imagine le chemin à parcourir ensemble avec lui et avec les autres. Le rappel de la Loi n'est donc pas là pour nous écraser à nouveau ou nous culpabiliser à l'avance, mais comme cette proposition pleine d'enthousiasme et pleine de réalisme pour reprendre ensemble comme des maîtres-d'oeuvres cette construction, cette création commune qu'est le Royaume de Dieu. Dans la compréhension réformée, la Loi ne s'oppose pas à l'Évangile, mais au contraire, elle est, en Christ, la mise en forme, la pratique et l'actualisation dans la durée, de cet événement «Évangile».

La prière d'illumination 

Ce n'est qu'au bout de ces différentes étapes de la liturgie que se situe la prière appelée d'illumination qui fait la charnière entre le chemin déjà parcouru et l'étape suivante constituée par la lecture de plusieurs textes bibliques et la prédication. Cette prière a notamment la fonction d'exprimer notre désir de devenir capable d'entendre, à travers des mots humains, la Parole de Dieu. Et, bien sûr, en exprimant ce désir nous prenons conscience à nouveau, que cette parole de Dieu ne nous est pas immédiatement disponible ; qu'il ne suffit pas que les oreilles entendent certains sons mais qu'il s'agit d'une affaire de coeur, de discernement et de cette confiance qui engage et qu'on appelle foi... 

  • Après la prédication, nous retrouvons à nouveau des éléments liturgiquement prévus : la confession de foi, l'offrande, l'intercession et l'envoi avec la bénédiction. Pouvez-vous nous en parler aussi ?

La confession de foi

Prenons d'abord la confession de foi. Elle se situe un peu comme un contrepoids à la prédication. En effet, celle-ci a essayé de comprendre ou d'approfondir un ou deux aspects de ce chemin d'aventure avec un Dieu franchement impossible à contenir dans notre logique, alors que la confession de foi essaie de récapituler globalement et en peu de mots, les traits essentiels de cette foi. Alors que le prédicateur parle seul, la confession de foi devrait être proclamée par l'ensemble de la communauté - ce qui actuellement ne se fait que rarement beaucoup préférant des formulations toujours nouvelles, quitte à ne pas pouvoir les dire en commun.

L'offrande 

L'offrande constitue un autre moment liturgique important. Même dans les Églises où la majeure partie des moyens financiers n'est pas collectée à l'intérieur d'un culte, cet élément liturgique n'a jamais été supprimé. La raison, me semble-t-il, est la suivante : c'est pour signifier que nous avons compris que le Dieu biblique ne nous invite pas tellement à la consommation religieuse, mais à nous donner avec ce que nous sommes et avec ce que nous avons - humainement, spirituellement et matériellement - pour construire concrètement un mode de fonctionnement social, culturel, économique qui s'oppose aux mécanismes de l'exclusion. Pour nous arracher à l'idée, à l'idole d'un Dieu de luxe qui donnerait non pas de sa vie mais juste de son superflu, nous sommes invités à notre tour, non pas tant à donner de notre superflu mais de notre essentiel. La manière de nous situer nous-mêmes à travers l'offrande exprime à nouveau de quel Dieu nous voulons être solidaires.

  • Est-il opportun d'inviter les enfants à l'intercession ? Est-ce que cela ne renforcerait pas, dans leur univers encore un peu magique, l'idée d'un Dieu magique ?

La prière d'intercession

Assurément, il faut faire attention, mais c'est seulement en parlant avec eux de ces questions qu'ils apprendront que l'intercession n'est pas une déresponsabilisation des humains, du style : «Dieu n'a qu'à...». La prière qui s'étend aux horizons du monde n'est pas là pour cautionner la tentation de la dérobade ou de la démission, mais elle s'inscrit dans la prise de conscience que le vrai promoteur de la solidarité universelle est Dieu lui-même. Son intérêt se porte à tous dans leur singularité précise, et c'est lui, le premier, qui nous parle de ceux qui sont au loin. Puisqu'à travers le culte je suis à nouveau «branché» sur son projet à lui, il est normal que je lui parle de ceux qui, grâce à lui, me sont devenus proches et sujets de préoccupation, de souffrance ou encore signes d'espérance et de joie. Déposer devant Dieu tout ce que nous ressentons au contact de situations concrètes vécues par des personnes qui sont autour de nous, même si géographiquement ou culturellement parlant elles sont éloignées, nous rappelle que Dieu peut faire advenir la vie loin du regard qui observe et qui ne reconnaît que les pourtours de la mort. Mais déposer en Dieu tout ce que nous ressentons libère aussi en nous des forces vives pour devenir inventifs et apporter notre part au changement des situations intolérables.

L'envoi et la bénédiction

Après l'étape précédente, nous arrivons à la fin du culte. Mais tout comme il a fallu la salutation réciproque au début du culte pour communiquer pleinement et librement, il nous faut un autre seuil pour ressortir vers le quotidien sans que cela soit ni une fuite, ni un acte de reconduite involontaire aux frontières, ni une fin parce qu'on aurait plus rien à nous dire. 

L'envoi et la bénédiction nous rassurent : le quotidien n'est pas athée, sans Dieu ; au contraire, il nous y attend, il nous précède. Mais le quotidien est aussi ce lieu où il nous appartient de construire à travers nous-mêmes un monde plus juste. Le cheminement liturgique à travers le culte trouve son prolongement à travers les multiples facettes de la vie quotidienne.

Agnès Von Kirchbach,pasteur de l'Église réformée d’Asnières - Bois Colombes
PointKT n° 13 - janvier, février, mars 1996 

 
Lire la suite La liturgie : un chemin vers la Parole

- La marche, un outil pédagogique ?

Image  Comment actualiser pour le caté d’aujourd’hui la pédagogie de la marche que l’on retrouve dans la plupart des récits bibliques ?
Et tout d’abord, qu’entend-t-on par « pédagogie de la marche » ?
 

De « pédagogie », le dico nous dit: « science de l’éducation des enfants ». Le premier jalon est posé. Lorsque Dieu envoie les hommes marcher (Genèse 3 au verset 23, 4 au verset 12, 11 au verset 9, 12 au verset 1… Je continue ?), il est bien question de Ses enfants !
Et bien question d’éducation. Reprenons notre dico : « Education : Action de former, d’instruire qqn ; manière de comprendre, de mettre en œuvre  cette formation… »

Adam le glébeux et Eve la vivante doivent se mettre en route et quitter le jardin d’Eden. Ils ont voulu s’instruire à la va-vite (Ge 3 :6) sans tenir compte des limites bienveillantes de leur Créateur. Hors du Jardin, ils devront mettre en œuvre cette instruction, cette formation « en transpirant beaucoup jusqu’à la mort » ! (3 :19)

Caïn, s’étant jeté sur son frère et l’ayant tué, « ira toujours d’un endroit à l’autre et ne pourra jamais s’arrêter sur la terre » (Ge 4 :12 et 14). Education ? Caïn pose une question « Suis-je le gardien de mon frère ? ». « J’entends la voix du sang de ton frère » répond le Seigneur. Caïn doit-il être puni, mourir ? Non, le Seigneur l’a instruit, et l’envoie en vie pour mettre en œuvre cette instruction (Ge 4 :15) …

Les habitants de la terre, dans l'impossibilité de terminer et leur tour et leur ville (Babel), sont « envoyés un peu partout dans le monde entier » (Ge 11 :8-9). Ce récit est souvent lu comme la réponse d’un Dieu jaloux de ses privilèges à un peuple essayant de le rejoindre sur son terrain. Pourtant, il y a d’autres lectures proposées (par ex. C.Briffard "Sem" Etudes Théologiques et Religieuses n°75, 2000/3), et Marie Balmary met en avant l’uniformisation stérile qui aurait résulté de cette tour : une seule tour, une seule ville, un seul peuple, une seule langue… Enroulement du soi sur soi, du pareil au même. En dispersant les habitants de la terre, leur Créateur les éduque à la diversité, principe fondamental de la vie. « Vie », tiens, encore !?!

Et au chapitre 12, c’est Abram qui se met en marche, « comme le Seigneur l’a commandé » (Ge 12 : 4). Et cetera, et cetera, et cetera.

Dans quelques récits, la marche des personnages leur donne le temps de la réflexion. Dans d’autres, le chemin est parsemé de rencontres ou d’embûches contribuant à leur éducation. Certaines marches, liées aux fêtes de pèlerinage et à la lecture de la Loi sont rassembleuses. D’autres dispersent pour répandre la Bonne Nouvelle. Tout au long des deux testaments, on marche.

Vous me direz : « Normal, pas de voitures à ce temps là ! » Bien sûr ! Mais dans certains cas, les personnages auraient pu rester sur place, car ils font des allers-retours. Non, ils marchent, selon la volonté de Dieu.

Comment actualiser cette pédagogie de la marche au caté d’aujourd’hui ? Nous nous heurtons à des inconnues, à des difficultés pratiques: nous ne pouvons pas nous mettre à la place de Dieu, car, dans les récits bibliques, c’est Lui qui envoie. Nos déplacements de caté sont organisés en voiture, en bus, en train : le stress remplace très souvent le temps de réflexion ! La marche est, en certains endroits, bien dangereuse. Ce ne sont plus les ours ou les bandits qui nous effraient, mais bien les chevaux vapeur des lourds engins à moteur lancés à toute allure (en retard pour le caté, peut-être !!!).

Alors, marcher ou pas marcher ? Sans nous mettre à la place de Dieu, nous pouvons proposer à nos jeunes de marcher. Marcher au matin de Pâques, pour aller voir le soleil se lever ; marcher au flambeau à la veillée de Noël pour matérialiser la lumière dans la nuit ; cheminer en compagnie de personnes âgées ou en difficulté motrice dans le but de vivre la différence; marcher seul, à son rythme, lors d’un camp ; marcher en silence ; marcher pieds nus pour sentir comme chaque pas peut compter, peut coûter… Des expériences qui peuvent pour certains être dérangeantes. La marge est étroite entre ces propositions « existentielles » et des activités de type « new age » qui n’entrent pas dans nos compétences. Il nous faudra donc délicatement préparer nos propositions, et ce, toujours en lien avec notre référence chrétienne : la Bible.

Lire la suite La marche, un outil pédagogique ?

- Chemins de caté

Image Par où passe la catéchèse aujourd’hui ?
Entr'autre par les Ecritures, le partage de la foi, les questions existentielles, le chemin communautaire et intergénérationnel...

  •   Les Ecritures

Exceptions dans notre société moderne, les croyants se basant sur des textes fondateurs (Thora, Coran, Bible) ont fort à faire face à un système de transmission dans lequel le porteur du message est plus important que le contenu du message, sa personne, ses actions, son expérience lui ouvrant plus de portes que ce qu’il a réellement à dire. En catéchèse, nous basons notre enseignement sur les textes, bien plus que sur des biographies ou des grands thèmes de vie.
La personne à laquelle nous faisons référence, est Christ, et là encore, ce n’est pas sa vie, sa biographie qui nous semblent importantes, mais bien le contenu de ses paroles et de ses actes, leur symbolisme, leur rattachement aux racines de la Thora. Contenu qui n’a de sens que par la foi en Dieu.
Tout l’art de la catéchèse est d’arriver à maintenir la référence à ces textes anciens, tout en variant les modes de lecture, pour en faire non pas seulement un acquis, mais une réelle expérience de foi. La catéchèse doit donner à chacun les moyens de pratiquer la lecture des Ecritures.

  •  La foi

Don de Dieu que l’on ne peut imposer, ni enseigner, la foi nous renvoie, nous catéchètes, à une vision bien modeste de notre ministère, et à une joie simple lorsque celui-ci porte ses fruits : nous ne maîtrisons pas les résultats. Se créer une identité, c’est se donner la possibilité d’exister comme être à part entière. Se créer une identité, en tant que protestant, c’est trouver la liberté d’exister dans l’assurance de la gratuité du Salut, et la gérer dans l’obéissance à la Parole.
La catéchèse existentielle offre ainsi la possibilité de vivre et d’exprimer ensemble les désirs et les craintes, les joies et les douleurs, au delà d’un enseignement fait de « vérités toutes faites ».

  •  Les questions existentielles

Le sens de la Vie, l’avenir de l’humanité, les autres religions… La catéchèse est un lieu alternatif, parfois le seul pour certains jeunes, où l’on peut aborder ces questions. Les offres de salut sont aujourd’hui multiples, et nombreux sont ceux qui optent pour le bricolage religieux (« Un peu de tout »). Les Eglises, et surtout celles qui, comme notre EPUB, sont minoritaires, doivent de force imposer leur vision des grands thèmes éthiques et il n’est pas facile dans de telles conditions de montrer le visage d’une catéchèse enthousiaste, active, productive. Pourtant, dans l’Eglise, et dans la catéchèse en particulier, on trouve les armes de la foi, oh combien précieuses pour une re-lecture des questions existentielles.

  •   Le chemin communautaire et intergénérationnel

Voilà un constat vivifiant : la catéchèse dans notre Eglise est bien conduite sur un chemin communautaire et intergénérationnel. « Jeunes et vieux se réjouiront ensemble… », car de 7 à 77 ans, et même avant, et même après, nos communautés offrent de nombreuses pistes catéchétiques : garderies chantantes, écoles du dimanche, clubs caté, études bibliques, groupes de disciples, … Il n’en a pas toujours été ainsi, et le constat historique est que la catéchèse se mobilise…lorsque l’Eglise va mal !
Ce courant tirant à la continuité de la catéchèse tout au long de la vie date des années 1960, et a des conséquences très concrètes sur le contenu même de la catéchèse : Dieu d’Amour, et non plus Dieu  « à la hache », l’approche du baptême, la Cène avec les enfants, le personnage de Jésus juif et rabbin…

Sur le terrain

Image 
  • La catéchèse, un ministère pour, par et avec les jeunes ?

 
Oui, si le jeune c’est toi, si le jeune, c’est moi. Le terme jeune ne peut pas être employé pour éviter de se sentir concernés : « C’est pour les jeunes ! » Sous entendu : ça ne me concerne pas vraiment. « Les jeunes » c’est tout le monde et personne à la fois ! Citez des noms lorsque vous parlez de vos groupes de catéchisme, « Michael, le fils de René » devient une personne à part entière, non plus « un jeune »… Avec les nouveaux appareils numériques, prenez des photos lors de séances d’école du dimanche ou d’étude biblique et faites en des albums annotés: quel plaisir pour un petit de se voir ou de voir ses parents à l’étude !

  • La catéchèse, un ministère sacralisé ?

J’entends des candidats moniteurs dire : « Que puis-je dire ? J’ai besoin de leçons toutes faites, je ne suis pas capable autrement ! » Et j’ai envie de répondre : « Etre catéchète, c’est oser se mettre en chemin avec l’autre pour une rencontre vivante avec Dieu ». Bien sûr, on se donne des outils pour oser : une Bible !, un peu de créativité, un zeste d’improvisation, une bonne dose de sourires, et un cœur ouvert, grand comme ça…
Et si on peut, on s’équipe encore mieux : un pasteur coopératif, du matériel catéchétique, et de la formation, ça aide !
Sur le terrain, je constate un perpétuel mouvement de va et vient entre le besoin d’un matériel didactique bien conçu, adapté aux tranches d’âges, (pas trop cher), avec des leçons pré mâchées… Et le sentiment, dès que l’on a un tel matériel, d’en être prisonnier. Il y tant de choses à enseigner, tant de façons de les enseigner.
Bien souvent, on pioche de ci de là, en passant alors à côté de la perspective théologique dans laquelle le matériel est construit.
Les catéchètes semblent parfois si désemparés lorsque je leur présente un cahier en proposant de l’adapter à une tranche d’âge, ou lorsque certaines leçons prévues pour la France où la Suisse doivent être remaniées à la belge (une carte géographique, par ex.) comme si le cahier était « sacré »…

  • La catéchèse, un ministère spécialisé ?

Tellement spécialisé qu’il en est parfois retiré du contexte communautaire !!! Combien de jeunes présents le samedi au club biblique… mais absents le dimanche au culte ? Combien d’adultes pour qui « l’étude biblique, ça compte pour Dieu, donc je passe le culte ce dimanche » ? Combien d’enfants ne venant pas au temple, lorsqu’il n’y a pas d’école du dimanche organisée, pendant les vacances ?
Et à l’inverse, qui dans nos communautés va rendre visite aux jeunes, aux enfants, chez eux ou dans leur salle d’école du dimanche ? Combien de consistoires mettant en place un dimanche où le pasteur peut aller avec les enfants à cette même école du dimanche ? 

  • La catéchèse, un ministère résonnant ?

« Katekhein », en grec, faire écho, faire résonner… La cloche  fait résonner le son dont elle est porteuse de par sa forme, sa taille, son métal… Et elle n’est pas grand chose sans le sacristain qui vient la faire sonner en s’agrippant à la grosse corde ! Certains d’entre nous se sentent résonnants et prennent à cœur de faire écho de leurs connaissances, convictions, valeurs, chacun selon le métal dont il est fait… D’autres peuvent être sacristains ! Et provoquer la résonance, l’encourager, l’entretenir.

  • La catéchèse, un ministère joyeux ?

« La catéchèse est le jeu de la Grâce » dit R.Picon. Une transmission réussie passe par la notion de plaisir. L’Eglise, le lieu d’annonce et de reconnaissance de la Bonne Nouvelle, voilà un vrai lieu de plaisir (!) où l’on a toute liberté de se réjouir, de laisser nos soucis entre les mains de Celui qui nous en décharge…

 

Lire la suite Chemins de caté

- L’objectif pédagogique

Image L’OP, qu’est ce que c’est ? Pourquoi en parler ? Comment s’en servir ?
Trop souvent confondu avec le vœu pieux : « J’aimerais leur apprendre ceci et cela », l’objectif pédagogique définit une ou plusieurs actions concrètes, bien visibles, évaluables, que les enseignés seront capables de réaliser à un ou plusieurs moments, tout au long et à la fin d’une leçon, en réponse à un enseignement donné.

L’OP s’exprime en verbes d’actions, conjugués au présent. Par ex : l’enfant coupe, il colle, il peint…Distinguez pas à pas chaque objectif ponctuant votre séance. La réalité va se présenter à vous « par avance » : l’enfant coupe… avec des ciseaux, un cutter, en déchirant ? Il peint… librement, avec ses doigts, un pinceau ? Tous les enfants seront-ils capables de réaliser ces actions ou faut-il prévoir des objectifs différents en fonction des âges, des capacités ? Quel sera l’objectif final, global de la séance ? Quelle action ou réalisation palpable verrez-vous en fin de parcours ?
 
Cette méthode du « pas à pas » vous aide à prévoir au mieux ce qui va réellement se passer. Cela est très utile lorsque l’on débute ! Utile aussi lorsque l’on construit une leçon qui sera donnée par une autre personne. Et surtout, vous pourrez constater si vos objectifs pédagogiques sont réalisés…
L’OP global de la séance est théoriquement atteint si l’ensemble des OP secondaires le sont.
Distinguez les performances (verbe d’action), les conditions (adverbe), et les critères (adjectif).
Par ex : L’enfant récite le verset (performance) par cœur (condition) de façon audible par toute la communauté (critère). C’est le critère qui démontrera si le minimum fixé dans l’OP est atteint : si l’enfant réussit à réciter son verset par cœur de façon audible, alléluia ! Si l’enfant a bien récité mais que personne n’a entendu, l’objectif n’est pas atteint !

 Quand l’abstrait devient concret…

Image
En catéchèse, la difficulté réside dans la réalisation d’objectifs pédagogiques concrets… à partir de notions abstraites ! Dès lors, à vous d’imaginer les signes visibles d’une acquisition invisible !
 
Des exemples d’actions concrètes : identifier, lire, recopier, réciter un verset biblique ; partager un biscuit, un paquet de bonbons ; marcher les yeux bandés avec un guide ; allumer une bougie et transmettre la flamme à la bougie du voisin… Ce que l’on considère comme un bricolage, un petit jeu, ou une accroche, répond aux attentes des objectifs pédagogiques.

Dans la préparation d’une leçon, les OP concrets et réalistes doivent être écrits. Ils sont brefs, économes en mots, utiles à la progression et à l’évaluation. Ils peuvent être hiérarchisés en fonction de leur importance dans la réalisation de l’OP final. Bannissez du vocabulaire des OP des mots tels que « savoir, comprendre, saisir le sens, croire,… » Préférez « écrire, construire, comparer, réciter… »

Evaluez : vos objectifs pédagogiques ont-ils été clairement élaborés ? Ont-ils tous été réalisés ? Ont-ils tous été utiles ?

Le niveau minimum attendu a-t-il été atteint ?

Bien construit, l’objectif pédagogique est un outil performant à disposition de l’enseignant.  

Pour en savoir plus, un livre de conseils et d'exercices: "Comment définir les objectifs pédagogiques" de R.F.MAGER. Ed. Bordas  Paris 1977. ISBN 2-04-003345-9 

 

Lire la suite L’objectif pédagogique

- Introduction à la théologie de la création

Image

Cet article n'a pas la prétention  de présenter toute la théologie de la création.

Il s'agit plutôt d'un inventaire des textes bibliques sur lesquels s'est construite cette théologie et d'une présentation de ses principaux concepts.


I) LES RÉCITS DE LA CRÉATION

 

1. Les deux premiers récits de création
Les premiers chapitres de la Genèse présentent deux récits de la création.
Dans le récit de Genèse 1, le cadre cosmique est créé avec en son centre la création de l'homme. Il s'agit d'une vision apaisée de la création où les combats divins sont absents. La création se fait par la parole. Dieu dit et les choses se font. Dieu ne crée pas à partir de rien mais à partir d'un tohu-bohu. Il sépare lumière et ténèbres, les eaux d'en haut et les eaux d'en bas. La création se fait par la séparation. Les trois premiers jours, il crée un ordre contre le chaos, ordre qui garantit la vie. Les rois autres jours, il crée l'homme et le vivant.
La création est bien différente de Dieu. Elle n'est pas d'essence divine mais bonne et bénie de Dieu. L'homme est le seul à être créé à l'image de Dieu et à recevoir une fonction (dominer les animaux). La domination de l'homme est accompagnée de limitations et de responsabilités à l'égard de la création.
Le récit de Genèse 2 et 3 est très différent. Ici, Dieu apparaît comme un potier qui façonne l'homme avec de l'argile. Le cadre n'est pas cosmique, mais celui d'un jardin appelé paradis. Les sexes sont différenciés tandis que dans Genèse 1, mâle et femelle, il les créa. Le récit de Genèse 2-3 se présente comme une histoire avec une intrigue.

2. Le déluge, un récit de dé-création
Le récit du déluge met en contraste le monde projeté par Dieu et le monde réel, une Terre corrompue et remplie de violence. Or la violence est retour au chaos. Dieu en tire les conclusions et souhaite effacer sa création. Le déluge est retour à un chaos primordial. Le premier acte créateur ne fut-il pas de séparer les eaux ?
Le déluge est jugement de Dieu par lequel il confronte les humains à leurs actes et non châtiment. Il n'est pas une simple catastrophe naturelle qui ne dit rien, mais souligne le destin commun de l'humanité. Le récit du déluge nous appelle à plus de lucidité et de responsabilité vis-à-vis de la création. Noé en faisant entrer dans l'arche un couple de chaque espèce, rappelle la responsabilité de l'homme à l'égard de la création.

3. Des récits isolés
Le passage de 2 Maccabées 7,28 (Regarde le ciel et la terre, contemple tout ce qui est en eux et reconnais que Dieu les a créés de rien.), a servi à défendre l'idée de création ex nihilo. D'autres textes font la louange de la création et du Dieu créateur comme les psaumes 33 et 136.
Certains récits bibliques rappellent le combat de Dieu pour sa création contre le retour du chaos primordial, comme en Job 38-42 ou dans le psaume 74.
En Proverbe 8, la sagesse préside à la création.
En Colossiens 1,15-20, le Christ inaugure une nouvelle création.
 
 
II) LES PRINCIPAUX CONCEPTS DE LA THÉOLOGIE DE LA CRÉATION

1. La creatio ad extra
La création est un pur don de Dieu en dehors de lui-même (en latin ad extra). Dieu crée en se retirant. La théologie de la création a « démythologisé » le monde. Dieu n'est plus dans les sources, les arbres et autres éléments de la nature. Le monde créé n'est pas Dieu. La distance entre Dieu et sa création évite le panthéisme, fonde pour l'homme la possibilité d'être libre et autonome et rend possible la relation entre Dieu et sa créature.

2. Dieu, causa causarum
L'action de Dieu ne doit pas être identifiée à une cause physique mais comme causa causarum, c'est-à-dire comme la cause des causes. Cela signifie qu'au-delà d'une cause identifiable par la raison, il y a une cause
qui nous est inaccessible et primordiale.

3. La creatio ex nihilo
La création ex nihilo ne peut être pensée, car la création du monde se fait alors avec la création du temps. La première conséquence est que l'on ne peut se représenter un avant la création ! La seconde conséquence est que la création du temps place la créature dans un monde corruptible et changeant. La creatio ex nihilo contredit la création à partir d'une matière préexistante comme dans le livre de la Genèse. La création comme mise en ordre du chaos, présuppose l'existence d'un avant la création, ce qui est inconcevable dans le cadre de la création ex nihilo.
4. La creatio continua
La théologie chrétienne distingue la création originelle, la création continuée et la création accomplie dans le royaume. La creatio continua est conservation de l'univers. Dieu n'abandonne pas sa création mais reste présent à travers sa providence. Le Dieu créateur continue à soutenir sa création, en particulier face au chaos qui menace toujours.

5. Le Christ cosmique
L'hymne au Christ de l'épître de Paul aux Colossiens a fortement influencé la théologie du Christ cosmique. Ce Christ cosmique dépasse le Christ historique. Il est le premier né et le fondement de toute la création. Aujourd'hui, il est le médiateur de la création. Il anime et vivifie le monde. Il annonce aussi, par sa résurrection, la création nouvelle, celle du royaume de Dieu.

 
Lire la suite Introduction à la théologie de la création

- Quand la famille ne tourne pas rond

Un enfant amorphe, un enfant surexcité, un enfant qui détruit… cela existe aussi dans nos Eglises. Comment agir ? Réagir Lire la suite “Quand la famille ne tourne pas rond”

- Pourquoi Jésus il est mort ?

Image« Pourquoi Jésus il est mort ? »
Question d’enfant… question d’adultes… question de tous ceux qui sont au pied
Lire la suite “Pourquoi Jésus il est mort ?”

- La date de Pâque(s)

Un peu de mathématiques pour comprendre la fixation de la date de Pâques. Lire la suite La date de Pâque(s)