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Dieu rafraichit cette vieille terre

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Ce culte sur la thématique de l’eau s’est déroulé à La Maison Verte, (Mission populaire, Paris 18e) à l’occasion de la journée mondiale de l’eau, répondant à l’appel du COE. Prédication sur Josué 3, 7-17.


Accueil :

Aujourd’hui, c’est la journée mondiale de l’eau. Le Conseil œcuménique des églises nous a invités à prendre ce thème à l’occasion des dimanches de Carême.

L’eau est indispensable à la vie. Selon les Nations Unies, un humain a besoin de 20 à 50 litres d’eau par jour pour vivre. Dans nos pays du nord, nous en consommons beaucoup plus. Mais dans les pays du Sud, c’est l’inverse. 1 milliard 100 millions de personnes sont en dessous de la quantité d’eau nécessaire à la vie.

L’eau est un thème biblique très fort, qui est présent dès la création : Dieu crée la vie en la sortant de l’eau, un peu comme l’enfant est sortie du très liquide ventre de sa mère.

Prière :

Prions pour demander au Seigneur de nous accompagner pendant ce culte.

Seigneur, nous venons vers toi comme des humains, comme des êtres biologiques que nous sommes. Nous avons besoin de l’eau mais nous pouvons aussi être noyé par l’eau. Seigneur, l’eau est notre fragilité. Et c’est notre responsabilité. Nous te confions cela car nous avons besoin de ta parole et de ta présence pour le vivre. Seigneur, tu es notre source. Soit une source vivifiante, que nous sentions cette eau vivante pendant ce culte et pendant tous les jours de notre vie, Amen !

Louange :

– Nous te remercions Seigneur, car tu rafraîchis régulièrement cette vieille terre, fripée comme un parchemin. Par notre prière, nous te louons Seigneur.
– Nous te remercions pour la pluie qui tombe et qui s’insinue dans la terre qui a soif, qui donne à boire aux graines et aux racines, qui vont percer la terre et grandir sous nos yeux. Par notre prière, nous te louons Seigneur.
– Nous te remercions pour la pluie qui tombe et qui s’insinue dans la terre qui a soif, qui traverse les couches de la terre et rejoint les nappes phréatiques, et nous offre ainsi l’eau que nous pouvons boire. Par notre prière, nous te louons Seigneur.
– Nous te remercions pour les fleuves et les rivières, les mers et les océans, nous aimons nous y baigner, et les regarder, nous y laisser porter ou emporter. Par notre prière, nous te louons Seigneur. Seigneur, nous te louons maintenant par notre chant.

Chant à choisir

Repentance :

Nous déposons devant le Seigneur nos poids, nos fardeaux, nos impressions de passer à côté de toi, de nos sœurs et frères. Nous prions.
– Dieu qui donne la vie, ce n’est pas ta faute si la soif a tant de puissance sur terre.
C’est la nôtre, nous qui ne prenons pas assez soin de la ressource rare qu’est l’eau, c’est la nôtre qui ne prenons pas assez soin de ceux qui ont soif sur cette terre. Nous cherchons trop souvent à faire d’abord passer notre confort, notre obsession de la propreté, nos loisirs fortement consommateurs d’eau, avant de nous soucier de ta planète. Nous avons nos oreilles et nos esprits noyés par la télévision, la consommation et nos soucis personnels, et nous n’entendons plus les cris de ceux qui crient qu’ils ont soif.
– Seigneur, beaucoup dans le nord nous sommes comme au moment de la création, nous sommes comme à Babylone :
Nous avons trop d’eau, trop d’eau et de richesses, nous nous y noyons. Donne nous d’avoir soif, soif du souci des autres, ici et là-bas, et de la planète, soif de ta parole. Seigneur, en silence, nous te confions toutes nos impressions, à la fois celles de nous noyer, et nos impressions au contraire, d’avoir soif.

Pardon :
– Quand nous nous noyons, le Seigneur nous tend la main et nous sort de l’eau, Quand nous avons soif, il nous donne à boire d’une eau, sa parole, qui épanche notre soif au delà de notre soif.
– Il connaît nos limites, il nous voit déborder, sortir de notre lit ou au contraire nous assécher. Confions-lui tout cela et il nous dira : je t’aime, je te donne ma grâce, mon amour, mon pardon. Il nous le donne à chaque fois que nous lui confions. Ces mains visibles sont le signe de sa grâce invisible, le signe temporaire de son amour qui ne nous quitte jamais. Amen.

Loi :

Nous lisons la loi avec le psaume 63, Psaume de David. Lorsqu’il était dans le désert de Juda.

O Dieu! Tu es mon Dieu, je te cherche ; Mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi, Dans une terre aride, desséchée, sans eau. Ainsi je te contemple dans le sanctuaire, Pour voir ta puissance et ta gloire. Car ta bonté vaut mieux que la vie: Mes lèvres célèbrent tes louanges.
Je te bénirai donc toute ma vie, J’élèverai mes mains en ton nom. Mon âme sera rassasiée comme de mets gras et succulents, Et, avec des cris de joie sur les lèvres, ma bouche te célébrera.
Lorsque je pense à toi sur ma couche, Je médite sur toi pendant les veilles de la nuit. Car tu es mon secours, Et je suis dans l’allégresse à l’ombre de tes ailes. Mon âme est attachée à toi ; Ta droite me soutient.

Prière avant de lire la Bible :
Je peux avoir le sentiment d’être comme une terre gorgée d’eau qui ne peut plus rien recevoir.  Je peux avoir le sentiment d’être au contraire asséchée, sec.
Seigneur, fasse que mon âme ait soif de toi, Seigneur, fasse que ta parole m’irrigue, et fasse germer en moi la volonté de te suivre le long du Jourdain. Amen.

Lecture : Josué 3, 7-17

L’Éternel dit à Josué : Aujourd’hui, je commencerai à t’élever aux yeux de tout Israël, afin qu’ils sachent que je serai avec toi comme j’ai été avec Moïse.
Tu donneras cet ordre aux sacrificateurs qui portent l’arche de l’alliance: Lorsque vous arriverez au bord des eaux du Jourdain, vous vous arrêterez dans le Jourdain.
Et dès que les sacrificateurs qui portent l’arche de l’Éternel, le Seigneur de toute la terre, poseront la plante des pieds dans les eaux du Jourdain, les eaux du Jourdain seront coupées, les eaux qui descendent d’en haut, et elles s’arrêteront en un monceau.
Le peuple sortit de ses tentes pour passer le Jourdain, et les sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance marchèrent devant le peuple.
Quand les sacrificateurs qui portaient l’arche furent arrivés au Jourdain, et que leurs pieds se furent mouillés au bord de l’eau, -le Jourdain regorge par-dessus toutes ses rives tout le temps de la moisson,
Les eaux qui descendent d’en haut s’arrêtèrent, et s’élevèrent en un monceau, à une très grande distance, près de la ville d’Adam, qui est à côté de Tsarthan; et celles qui descendaient vers la mer de la plaine, la mer Salée, furent complètement coupées. Le peuple passa vis-à-vis de Jéricho. Les sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance de l’Éternel s’arrêtèrent de pied ferme sur le sec, au milieu du Jourdain, pendant que tout Israël passait à sec, jusqu’à ce que toute la nation eût achevé de passer le Jourdain.

Prédication :

Pour tout cours d’eau, tout fleuve, il y a un amont et un aval. L’eau coule dans un sens, l’eau vient d’un endroit, l’amont, et elle va vers un autre endroit, l’aval, éventuellement en rejoignant d’autres cours d’eau, toujours vers une mer.
L’histoire du peuple juif s’organise symboliquement autour du Jourdain. Le Jourdain coule des montagnes du Liban, vers la mer morte, une mer salée, dans laquelle on a l’impression que rien ne vit.
Très symboliquement, le peuple d’Israël fait régulièrement le chemin inverse.
– Abraham va se réfugier en l’Egypte mais il doit en repartir s’il veut sauver sa vie et son couple.
– Le peuple d’Israël, sous la conduite de Moïse puis Josué vont quitter l’Egypte et remonter le Jourdain. Du Sud vers le nord, de la mer morte vers la source du fleuve. De la mort, de l’enferment, vers la vie, vers la renaissance. De l’aval, vers l’amont, ! Comme humains, nous aimerions toujours faire ce chemin. Quitter l’aval quand il est mortifère. Mais dans la réalité biologique de nos vies humaines, nous sommes pourtant toujours en amont et en aval. Nous sommes et nous serons toujours en aval du fleuve. Nos corps sont composés entièrement d’eau. Nous n’en avons pas, nous mourons.
– Aujourd’hui, 884 millions de personnes n’ont pas accès à une eau sanitairement sûre. Dans les pays du sud, une maladie sur cinq chez les moins de 13 ans est liée à cette eau malpropre.
Nos corps sont comme les mers qui reçoivent l’eau après son chemin. Nous sommes en aval, et nos vies dépendent de cette eau qui arrive vers nous, et de l’état dans laquelle elle nous arrive. Nous sommes aussi en amont. La qualité de cette eau dépend de nous. C’est nous qui sommes le long du fleuve, le long du chemin de l’eau, et qui – le long de son chemin – la polluons, la consommons, la pompons, et faisons que plus bas, ensuite, en aval, il n’en reste assez ou pas, et assez propre – ou pas – pour les autres.
Au temps des Hébreux, de Jésus, les populations n’y étaient pas pour grand chose si l’eau de la mer morte était plus ou moins salée. Leur activité en amont n’avait guère de conséquences. Ils étaient moins en amont, responsables des pollutions.
Mais aujourd’hui, c’est différent. Comme la mer d’Aral et le lac Tchad, la mer Morte a perdu, ces cinquante dernières années, le tiers de sa superficie. La mer morte reçoit de moins en moins d’eau, car le Jourdain, son seul approvisionnement, est pompée pour l’agriculture sur son chemin. Une autre cause importante est l’évaporation de volumes importants d’eau par l’usine de production de sel de la mer Morte, une des rares usines pourvoyeuses de main-d’œuvre de la région.
Comme le peuple d’Israël, nous sommes invités, à aller de la mort vers la vie, de ce qu’il y a de stérile, vers ce qu’il y a de vivant. C’est ce message qui se revit dans la résurrection, où la mort est vaincue, et c’est la vie qui prend le dessus.
Mais nous ne pouvons plus nous contenter de quitter le désert, de quitter la mer morte, de quitter l’aval. Nous l’avons dit, avec l’eau, nous sommes en amont et en aval, car nous vivons de l’eau et l’eau est telle qu’elle est transformée par nos comportements. De plus, aujourd’hui, dans les problèmes d’environnement, l’aval est partout. Les rejets de gaz carboniques de nos consommations – transports, transports de nos aliments, consommation de nos chauffages – se retrouvent par exemple dans une atmosphère qui est partout, provoquent une crise climatique qui concernera toute la planète. L’aval de nos comportements est partout. Et nos façons de consommer l’eau, l’atmosphère, la nature, risquent de transformer tout en mer morte. Nos façons d’agir sont comme l’amont des fleuves. Ce que nous faisons en amont, par nos consommations, nos modes de vie, ont des conséquences en aval, mais un aval qui est partout.
Aller de l’aval, de la mer morte, vers l’amont, le Jourdain, ce n’est plus se déplacer géographiquement, c’est se déplacer ici, sur place, là où nous sommes : c’est remonter en amont dans nos façons d’agir, de vivre, de consommer. Symboliquement, aller en amont, c’est remonter, aller plus haut. Remonter vers nos consommations, nos modes de vie, n’est-ce pas justement aller plus haut, prendre de la hauteur, être capables de prendre de la distance avec nos comportements, nos habitudes, nos conforts ?
Comme pour le peuple d’Israël qui a rencontré Dieu en remontant du Désert vers le Jourdain, cette remontée vers nos comportements, n’est-elle pas aussi un pèlerinage dans lequel nous rencontrons Dieu ?
En ce sens, c’est tenter d’avoir des comportements plus élevés, moins prisonniers de ce que nous sommes, moins dans l’appropriation de l’autre et de la nature :
C’est aller vers le pays du Jourdain, un pays de lait et de miel, un mode de vie plus doux, plus doux avec la nature et les autres humains.
C’est aller vers le chemin que nous propose le Seigneur, c’est le rejoindre, en prenant plus de temps pour dialoguer avec lui, et plus le rencontrer dans nos relations avec la nature, les autres humains, qui sont à la fois ces autres qui nous rapprochent de ce Tout Autre qu’est Dieu, humains et nature qui dans lesquels nous pouvons voir des marques de la beauté et la gloire de Dieu.

Geste liturgique :

Une bassine, un pot avec de l’eau, une serviette. Les participants au culte passent tris par trois. Le premier fait couler de l’eau sur les mains du second. Le troisième essuie les mains du second, puis ça tourne. A la fin, l’eau dans la bassine est amenée dehors pour arroser le jardin. Dans une introduction, il est rappelé que dans l’évangile de Jean, il n’y a pas de dernier repas mais un lavement des pieds des disciples par Jésus, et qu’il appelle à recommencer ce geste en mémoire de lui.

Prière d’intercession :

Nous te confions Seigneur les eaux que tu nous as confié.
Nous te confions ces eaux polluées par nos industries, notre agriculture et notre consommation. Nous te confions ces rivières, ces fleuves, ces mers asséchées parce que nous prenons toute l’eau. Seigneur donne-nous soif d’un plus grand respect de ta création.
Nous te confions les populations qui sont en manque d’eau. Nous te confions les populations qui n’ont accès qu’à une eau impropre. Seigneur donne-nous soif d’une plus grande justice environnementale.
Seigneur nous te confions les populations du nord et du sud, celles des villes et des campagnes, nous te confions les personnes en situation de responsabilité, nous comme citoyen, les personnes qui dirigent les villes, les régions, les états.
Donne leur tous un vrai souci de ta création, un vrai souci du manque de respect pour le patrimoine naturel que tu nous confies, donner leur tous un vrai souci de leurs sœurs et frères, proche ou lointains, un souci qui intègre leurs besoins sociaux, d’éducation mais aussi de pouvoir disposer d’un environnement non dégradé. Amen
 

Envoi :

Nous repartons, nous repartons dans le soleil.
N’ignorons plus la planète sur laquelle nous marchons, réapprenons à profiter du soleil, à remercier la pluie, a regarder ce que fait pousser leur alliance.
Nous avons une place dans ce mouvement, tachons de ne pas déborder de notre place, au risque de mettre en péril les équilibres, sachons prendre toute notre place, prendre nos responsabilités, responsables face à la nature, à Dieu et aux autres hommes.
Cette responsabilité, elle passe aussi par nos actions, nos comportements, agir en amont. Vous repartirez avec ce tissu. Quand vous rentrerez chez vous, vous y inscrirez une action que vous pouvez faire en faveur d’une meilleure utilisation de l’eau.
Et vous le nouerez quelque part, visible, comme on fait un nœud à un mouchoir, pour s’en souvenir et en faire une habitude. Le Seigneur nous appelle à changer, de la surface de nos comportements à la profondeur de nos cœurs.

Bénédiction :

Levez vous pour recevoir la bénédiction.
Le Seigneur vous accompagne dans tous vos actes, dans tous vos pas. Soyez assuré qu’il vous accompagne dans votre volonté de changer, dans votre volonté d’avoir soif de justice et de profondeur, il vous donnera votre eau de chaque jour.

Amen