Point KT

Donne-nous faim, Seigneur…

image_pdfimage_print

Ce culte a été écrit pour un week-end Intergénérations sur le thème des repas dans la bible, comme un dialogue entre le pasteur et une paroissienne qui a mené des recherches sur le sujet. Les dialogues sont à adapter en fonction de chaque réalité locale.

Musique – Accueil – Prière:
Donne-nous faim, Seigneur… Faim de toi, faim des autres…
Car il y a de l’éternité, dans la faim… Même s’il elle est un temps assouvie, elle revient, elle réclame, elle a besoin…
Comme une nourriture, viens à nous, viens en nous, donne nous force pour marcher, pour poursuivre notre route, pour rencontrer nos frères…
Comme une eau, viens à nous, coule en nous, donne nous élan pour cheminer, pour partager avec nos frères…
Comme une parole, viens à nous, résonne en nous, pour nous donner à parler, à tendre la main à nos frères…
Nous ne te demandons pas d’être repus, Seigneur, ni de ton pain, ni de ton eau, ni de ta parole, mais d’en avoir besoin, toujours, faim de ta vie, faim de notre vie, faim de notre rencontre… Ne nous laisse pas être de ceux qui sont se sentent ou se croient assouvis, ni de toi, ni des autres…
Merci d’être là, aujourd’hui, parmi nous, pour nous nourrir. Amen

Cantique 222 (AEC), avec toi, Seigneur, 4 sts
Partie 1 : Un repas diététique
Lecteur 1 (le/la pasteur) : Chers amis, depuis hier, avec des gens de toutes générations, nous nous sommes attachés à un sujet d’une importance capitale, un sujet absolument crucial, le repas, le manger, la bouffe, la graille, dans la Bible ! Il est bien évident que la bible n’est pas en reste sur ce sujet, puisqu’elle parle 4 fois plus de repas que de prière, quand même… Aussi, pour approfondir encore un peu plus la chose, j’ai diligenté pour mener l’enquête le plus fin limier de la paroisse du Mont-Bart, celle dont l’œil tient à la fois du lynx et de l’aigle, celle qui ne saurait lâcher sa proie, comme sur une toile d’araignée, j’ai nommé notre bien-aimée Jeannette !
Alors, dis-nous, Jeannette, qu’as-tu trouvé, dans tes recherches ?
Jeannette : Ah, si j’avais su, jamais je n’aurais accepté cette tâche, du grand n’importe quoi, du début à la fin…
Lecteur 1 : Ah bon ? Oh ben quand même, tu exagères un peu, non ?
Jeannette : Pas mon genre, d’exagérer, tout le monde le sait, je suis quelqu’un de raisonnable, moi… Et puis, tout ça, c’est la faute de Dieu !
L1 : De Dieu ?!
Jeannette : Oui, de Dieu… Et puis après, des mâles !
L1 : Attends, je ne suis pas, là…
Jeannette : Je t’explique : au départ, tout allait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, Adam et Eve dans leur jardin fruitier ! Eve a eu envie de manger une pomme, et alors ? La belle affaire ! C’est certainement le repas le plus diététique de la Bible, parce qu’après, les cinq fruits et légumes par jour, tu peux aller les chercher, ça ne court pas les pages !! Mais voilà, Dieu en a fait un patacaisse, et depuis, rien ne va plus, et bien sûr, c’est la faute des femmes ! Facile !
Mais moi, je dis que c’est la faute de Dieu, et des mâles ! Quand Caïn offre des fruits et légumes à Dieu, ah ben non, il n’en veut pas, il préfère la viande d’Abel ! Encore une preuve !! Et depuis, tout le monde mange n’importe comment !!
L1 : Comment ça ?
Jeannette : tiens, eh bien, prenons un exemple. Lis-nous voir ton histoire d’Abraham, là, qui reçoit ses trois visiteurs !
L1 : d’accord. Lecture de Genèse 8, 1-10
Ben quoi, où est le problème ? C’est plutôt sympa de recevoir les gens de passage, non ? C’est le minimum de l’hospitalité, dans le désert, ça se fait !
Jeannette : je te l’accorde, mais attends, certes il est bien gentil, Abraham, mais d’abord, ce n’est pas lui qui fait la tambouille, c’est facile d’aller trouver la boniche de la maison, enfin, de la tente, et de lui dire de se grouiller de faire à manger pour ses nouveaux copains ! Et tu as vu un peu cette démesure ? Je croyais que la paroisse du Mont-Bart était la pire dans le domaine, mais même pas ! Ils sont quatre à table, et il faut 25kg de farine ? Et tout un veau gras ? ça pèse combien, un veau gras ?! Je veux bien croire que certains hommes ont de l’appétit, mais quand même !
L1 : d’accord, ça fait un peu beaucoup, mais c’est sans doute pour montrer le bon accueil, et la fête de l’hospitalité, la joie de partager ensemble un repas, ce n’est quand même pas bien grave !
Jeannette : Mais ça continue tout le temps ! Vas-y que je te mange tout le temps des veaux gras comme Obélix mange des sangliers, pour n’importe quel motif, vas-y que je te change l’eau en vin quand il n’y en a plus (bon, ça, entre parenthèses, c’est un problème qui ne risque pas de se poser au Mont-Bart ! Malheureusement…), vas-y que quand je te multiplie des trucs, il y en a toujours trop, ça déborde de partout !
L1 : Oui, mais, tu sais, il ne faut pas prendre ça comme ça, au niveau littéral, il faut essayer de voir ce que ça veut dire en dessous ! Tu sais, quand Jésus…
Jeannette : Ah ben tiens, parlons-en de celui-là, justement ! Parce que crois-moi, j’en ai à dire, sur lui !
L1 : Ok, Jeannette, ok, mais avant, je propose que nous fassions une pause cantique, si tu veux bien, pour nous mettre en appétit, tu vois, un peu comme un apéro, ou une entrée de repas… Peut-être que comme Abraham, on pourrait chanter notre volonté, ou au moins cette question quant à l’hospitalité de l’invité inconnu, donc étranger :
Cantique 317(AEC), Laisserons-nous à notre table
 

Partie 2: Le miracle de la vaisselle
Jeannette : hon, certes, vu comme ça… Mais parlons de Jésus, maintenant ! Jamais vu pire fils à maman, en plus de son surplus systématique dont je parlais tout à l’heure !
L1 : Comment ça ?
Jeannette : Lis-nous voir cette histoire de noces, là… En matière de premier miracle, ce n’est pas non plus dans le genre 5 fruits et légumes par jour !!!
L1 : Lecture de Jean 2… Et bien ?
Jeannette : Tu sais combien elles faisaient, les jarres !?!! Au moins 50 litres chacune !!! A servir à des gens qui avaient déjà fini le vin qu’il y avait ??!! Enfin, bon, passons… Mais disons au moins que pouvoir faire des miracles comme ça, c’est facile ! L’eau changée en vin, les multiplications, ça ne demande pas beaucoup de boulot ! On ne voit jamais nulle part Jésus en train de faire la tambouille, ou de servir, ou de faire la vaisselle ! Ce sont ses disciples, ou les gars chez qui il s’invite qui se tapent les corvées ! Ou leurs serviteurs pour les plus aisés ! Et pense à la Marthe qui se fait rabrouer alors qu’elle fait tout, pendant que sa frangine Marie est à ses pieds à boire toutes ses paroles, et qu’elle se fait dire que c’est la Marie qui a choisi la bonne part !!!?? Mais enfin, c’est quoi, ces manières ??!! Il n’est pas prêt d’être invité chez moi, celui-là !!!
L1 : Attends, il ne faut peut-être pas voir les choses comme ça…
Jeannette : comme ça, quoi ? Tu sais que ses pas-copains, là, les pharisiens, et les autres, il le traitait de glouton et d’ivrogne, le Jésus ? A lire les évangiles, on peut effectivement se poser la question !! Certes, il marche beaucoup, il cause beaucoup, ça doit creuser, mais bon, il est quand même souvent à table !! Et en plus, pas très souvent avec des gens recommandables !!
L1 : Ah ben quand même, puis-je me permettre de te rappeler qu’il a jeûné pendant 40 jours, après son baptême ?
Jeannette : Oui, enfin bon, ça doit être exagéré, ça, ce n’est juste pas possible !
L1 : ah ben, parfait ! Te voilà enfin d’accord enfin avec moi, tu vois ?! Bien évidemment, les textes bibliques peuvent être exagérés, dans le effectivement « pas possible », pour faire comprendre certaines choses, au-delà des apparences… Dans la démesure d’Abraham, la démesure de l’accueil… Dans la démesure des noces de Cana, le démesure de la fête… Dans la démesure de la multiplication, la démesure de la faim assouvie… Mais voilà, cette démesure souligne la mesure des besoins de l’être humain : la nécessité d’être accueilli, la nécessité de la joie partagée, de l’amitié partagée, de l’assiette remplie, de façon toute terre à terre… Du besoin du pain partagé… Le pain est autant une nécessité physique que spirituelle, comme le sont nos relations… Sérieux, pense une seconde à tes amitiés, à tes liens familiaux : n’est-ce pas souvent autour d’une table que vous vous rencontrez, que tu peux te dire, qu’ils peuvent se dire, qu’il y a des échanges qui te resteront en mémoire, des confidences, des fous rires, des connivences ? Qu’est-ce qui nous nourrit le plus, dans ces repas, ce qu’il y a sur la table, ou ceux qu’il y a autour de la table ? Les deux nous nourrissent ! Nous avons un besoin vital des deux !!
Jeannette : ça va, je sais bien, arrête de faire ton pasteur… Je suis bien obligée d’être d’accord… Mais vois-tu, je ne pensais pas que les paroissiens connaissaient autant le texte biblique, et étaient aussi littéralistes ! Car pour se donner de la nourriture spirituelle, alors, ça, ils s’en donnent ! Repas paroissiaux, petits repas théos, week-end intergénérations, petits apéro théo, barbecue de la chorale, le Lomont, barbecue du CP, et j’en passe et des meilleures, toutes les occasions sont bonnes, les vacances, les anniversaires, les naissances des petits-enfants, enfin bref, c’est tout le temps ! Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il grêle, qu’il neige, rien ne les arrête !! Ah ça, on est nourri, Dieu doit être fier de nous, on mange plus de veaux gras que de pommes !!!
L1 : Alors, donc, faisons une pause bien méritée, comme un plat de résistance, justement…
Cantique 181(AEC), cherchez d’abord

Partie 3 : Une table à l’image du Royaume de Dieu
L1 : Tu sais, Jeannette, j’aimerais revenir sur le fait que Jésus a passé beaucoup de son temps à manger avec des gens peu recommandables… Moi, tu vois, ça, ça me plaît… Tous ces gens, justement, avec qui personne ne voulait se trouver à table ! Des hommes et des femmes de mauvaise vie, quoique l’on entende par-là, des malades, des vieux, des jeunes, des étrangers, des enfants… Des gens avec qui ça ne se faisait pas, et même des jours où ça ne se faisait pas !
Jeannette : ça, c’est vrai… Je dois bien avouer, qu’au bout d’un moment, en lisant les évangiles, et les repas de Jésus, on se retrouve moins dans les menus, que dans le sens…
L1 : ben oui, il passe beaucoup de temps à table, mais bon, comme nous tous, non ? A trois repas par jour, il faudrait faire des statistiques sur nos vies, pour voir, comme il y en a pour savoir combien de temps on dort dans une vie, ou combien de temps l’on passe aux toilettes ! … Mais ce qui est sûr, c’est que les repas qui nous sont rapportés ne sont jamais anodins ! Ce n’est pas juste pour le menu !! On nous parle au contraire de personnes, de rencontres, de vies, d’accueil, d’espoir, de nouveaux élans, de chemins qui s’ouvrent !
Jeannette : c’est bon, arrête de faire ton pasteur, je t’ai dit ! Et puis arrête de me faire râler ! Pourquoi est-ce que c’est toujours moi qu’on fait râler, dans cette paroisse, hein ? Ce n’est pas vrai, je ne râle pas tout le temps !! Des fois juste un chouia, mais c’est mérité !
Ça va, j’ai bien compris le sens du repas biblique… Tiens, d’ailleurs, il y a une parabole qui me plaît bien, dans Luc, à ce propos : lis le voir, s’il te plaît :
L1 : Luc 22, 14-23. Alors, qu’est-ce qui te plaît là-dedans ?
Jeannette : Jésus aime comparer le royaume de Dieu à un grand festin, où sont invités même ceux que nous laissons au bord du chemin, les « pas recommandables », justement, et ça, ça me plait… Là, il y a tout le sens biblique du repas : la nécessité de la nourriture, le plaisir de la nourriture, le devoir essentiel de l’hospitalité et du partage, la joie de la rencontre et de la convivialité… Dieu est un dieu de fête et de vie !
L1 : donc tu vois, nos repas, nos convivialités, sont un peu à l’image du royaume de Dieu, pas moins…
Jeannette : ouais, on va dire ça comme ça… Bon donc, vous tous qui êtes là, pourquoi ne pas venir à Voujeaucourt partager notre p’tit repas théo, après le culte ? Joies terrestres et spirituelles garanties !
L1 : Et tu promets de ne pas trop râler, même contre les mâles ?
Jeannette : Promis !
L1 : alors chers amis, sur cette belle promesse de Jeannette, je vous invite à chanter, un peu comme un bon dessert, ou comme un bon fromage, pour ceux qui n’aiment pas trop le sucré :
Cantique 581(AEC), Pare-nous pour cette fête

Annonces-Offrande
Prière-Notre Père
Dieu notre Père, ta parole est remplie de nourriture, de repas, de rencontres, de partages… Tu sais l’humanité, ses besoins, nos besoins…
Tant de gens ont faim, aujourd’hui, de par notre terre, ou même ici, faim de pain, faim de mains tendues, faim de mots dits et entendus… Fais de nous tes mains, donne nous de partager le pain, de tendre nos mains, d’entendre ceux qui en ont besoin.
Tant de gens ont soif, aujourd’hui, de par notre terre, ou même ici, soif d’eau, soif de vie, soif de rencontres, soif de partages… Fais de nous tes mains, donne nous de partager l’eau, de tendre nos mains, d’entendre et de partager avec ceux qui en ont besoin…
Nous aussi, nous en avons besoin… Nous mangeons à notre faim, nous buvons à notre soif… Mais nous avons aussi besoin de partages, donne nous des frères qui nous tendent des mains, qui nous entendent, qui nous nourrissent, qui nous grandissent, qui nous épanouissent… Que nos tables, que nos partages, que nos paroles soient occasions de joies, de réconciliation, de fraternité…
Toi dont le fils partage nos existences dans le plus quotidien, autour des tables de nos fêtes et de nos défaites, de nos joies et de nos douleurs, et qui est venu et vient pour nous apporter la vie plus forte que tout.
C’est avec les mots qu’il a appris à ses disciples que nous voulons te prier tous ensemble, en peuple de frères, en te disant ! Notre Père…

Misereor-Hungertuch « Brot und Rosen _Unser tägliches Brot lardons uns Heute » Monika von und Wieczorek Tania Lescano © MVG Medienproduktion 2004

Tenture sur le thème de la faim, réalisée par Monika von und Wieczorek Tania Lescano

« Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien »

Envoi
Vous savez que Jésus aimait à se proposer comme pain de vie, et aussi comme eau de vie… Alors évidemment, il n’entendait pas par-là de se proposer comme kirsch ou comme poire, ou mirabelle, c’est sûr ! Mais je vous invite à chanter un dernier cantique, un peu comme une bonne eau de vie qui vient clore un bon repas :
Cantique 221 (AEC), o Seigneur, dans mon cœur

Bénédiction
Allez, et que Dieu vous donne faim…
Allez, et que Dieu vous donne soif…
Faim et soif de lui, faim et soif des autres…
Que vous sachiez goûter autant les nourritures terrestres que les nourritures spirituelles, qui se confondent si souvent…
Allez vous rassasier au monde, dans l’amour et la paix de Dieu. Amen
Musique