Point KT

Génération à l’unisson

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Quelques traits pour décrire « l’originalité » de ce culte intergénérationnel édité pour Protes’temps fort 2010 (Alsace).
La liturgie proposée est, somme toute, assez classique. Ce sont les textes qui sont formulés dans un langage moderne et contemporain. On utilise aussi une série variée de techniques d’animations et de gestes symboliques. Il faut de l’ouverture, de la joie, de la fantaisie, de la flexibilité, de l’humour… Bref, toutes les qualités requises pour vivre en famille.

Indications pratiques :
Un tel culte suppose une église appropriée avec, si possible, un espace scénique ! Il ne faut pas craindre non plus d’intégrer tous les groupes paroissiaux. Non seulement les jeunes, mais aussi les aînés, l’ouvroir ; cela produira une certaine dynamique.
Évidemment il faudrait prévoir une ou des répétitions pour que les différentes sections s’imbriquent harmonieusement. De plus, si vous avez des chorales, des orchestres, des groupes de chant, n’hésitez pas à les solliciter !

Textes bibliques :
Matthieu 13, 44-46 et 6, 21.
Matthieu 19, 13-15.
Marc 3, 31-35.

Chants !
Vous avez toute liberté de les placer là où cela vous semble le plus adapté.
Jeunes et vieux (ARC 170) ; Tournez les yeux vers le Seigneur (ARC 153, 1-3) ; Seigneur tu cherches tes enfants (ARC 536, 1-4) ; les mains ouvertes (ARC 216, 1-2) ; Jésus est au milieu de nous (ARC 526, 1-3).

Ordre du culte :

  • Accueil : deux propositions

Proposition 1 : CD du groupe « Les négresses vertes » dont le titre est « Famille heureuse ».

Voici les paroles assez cocasses et évocatrices que vous pouvez projeter sur un écran pendant la musique :

Raymond a de la classe. Il a toujours été dernier de la classe. Élève dissipé, mais que font ses parents. Un élevage de morpions. Ils en ont une tribu. Plus nombreux que les pions. Qui en sont dépourvus. Des jumeaux des triplés. Et même des quintuplés. Bonne chance mon professeur. Et mettez-y du cœur.

Refrain : Ha ! Ha ! Famille nombreuse. Famille heureuse. Quand on est frère et sœur.
Ha ! Ha ! C’est le bonheur. On a du cœur quand on naît frère et sœur.

Silviale reste de glace. Quand on vient l’aborder sur des problèmes de crasse. D’oral et de dictée. Mais que font ses parents. Les « allocs familiales » ont préservé l’amour des parents de Silviale. Qui font ça nuit et jour. Des jumeaux, des triplés et même des quintuplés. Ils nous donnent des enfants. Qui viennent tous en chantant.

Refrain : Ha ! Ha ! Famille nombreuse. Famille heureuse. Quand on est frère et sœur.
Ha ! Ha ! C’est le bonheur. On a du cœur quand on naît frère et sœur.

Tiens, une nouvelle gamine. Avec sa sœur aînée. Qui choppe de la poitrine. À force de redoubler. Mais qui sont ces enfants assis au fond d’la classe. Ils sont une tripotée. Le même nom, la même face. Et tous les doigts dans le nez. Des jumeaux des triplés. Et même des quintuplés. C’est bien plus qu’une famille. Voilà une escadrille.

Refrain : Ha ! Ha ! Famille nombreuse. Famille heureuse. Quand on est frère et sœur.
Ha ! Ha ! C’est le bonheur. On a du cœur quand on naît frère et sœur.

Proposition 2 : Chœur parlé avec deux narrateurs qui reprend les thèmes de Matthieu 13, 44-46 et 6, 21 :

Narrateur 1 : Si quelqu’un cherche un sens à sa vie et qu’il préfère…
Narrateur 2 : L’argent,
Narrateur 1 : Sa wii,
Narrateur 2 : Son ordi,
Narrateur 1 : Son portable,
Narrateur 2 : Son écran plat,
Narrateur 1 : Ses potes,
Narrateur 2 : Sa paix,
Narrateur 1 : Son lit,
Narrateur 2 : Éviter de croiser la famille,
Narrateur 1 : Son petit confort,
Narrateur 2 : Si quelqu’un me trouve sans me chercher et quelqu’un me cherche pour me trouver, le nez dans son nombril sans lever les yeux autour de lui…
Narrateur 1 : Il risque de passer à côté des véritables trésors de vie sur son chemin :
Narrateur 2 : Sœur et frère, même si c’est parfois l’enfer !
Narrateur 1 : Les parents qui peuvent être quelquefois chiants !
Narrateur 2 : Mamie et papi chez qui, parfois, je m’ennuie !
Narrateur 1 : Une famille, ça servirait à rien ?
Narrateur 2 : Peut-être à savoir d’où on vient ?
Narrateur 1 : Tant qu’on nous demande pas d’être tous à l’unisson !
Narrateur 2 : Chacun est différent et on n’est pas de simples pions !
Narrateur 1 : Une famille formidable, ça n’existe qu’à la télé !
Narrateur 2 : Et encore, même là, c’est pas vraiment le pied !

  • Confession des péchés :

Animation : On pourrait distribuer des pierres ou des galets à des participants à ce geste symbolique. Certains auraient été décorés ou peints au préalable. Et lors de la lecture faite par des enfants ou des adultes, on pourrait déposer les galets dans une grande maison de poupée sur l’autel ou au pied de l’autel ; on doit voir de loin la construction.

Ma maison, tu la connais Seigneur, Tu sais les belles pierres bien taillées que je montre à tout le monde (on dépose de belles pierres dans la maison, bien en vue).

Tu connais aussi les petits cailloux difformes cachés au fond de mon grenier. Ils font partie de ma maison. (on dépose les pierres laides dans les recoins).

Aujourd’hui je veux tous te les présenter :
Voici mes pierres de joie (pierres de couleur vive), et mes pierres de souffrance (couleur sombre). La pierre de mes combats, et celles de tes absences.
Voici mon agenda, mon travail, mes passions… (déposer un agenda rempli).
Toutes les pierres de ma foi, et celle de ton pardon. Les pierres de mes succès, et celles de mes faillites. La pierre de mon péché (pierre assez lourde), la quête de tes visites. Les pierres de mes journées, mes paroles, mes silences…
Ma soif, ma fragilité, la pierre de l’espérance. Ces cailloux qui construisent les murs de ma maison. Seigneur qu’ils s’éternisent en pierres de guérison.

[A. Nouis, La galette et la cruche, Tome 2, Réveil, (Lyon, 1997), p. 61]

  • Paroles de grâce :

Animation : On pourrait imaginer ici un dialogue entre un/e enfant et une mamie.

Enfant : Dis Mamie, pourquoi on t’appelle grand-mère alors que tu deviens de plus en plus petite ?
Mamie : Une grand-mère est une femme qui n’a pas d’enfants à elle. C’est pour ça qu’elle aime les garçons et les filles des autres.
Enfant : Ça veut dire que toute la journée t’a rien à faire ? Tu n’as qu’à être là pour moi ?
Mamie : C’est vrai que j’ai un peu plus de temps que tes parents. Je fais les choses un peu plus lentement…
Enfant : Oui, j’comprends maintenant pourquoi quand tu m’emmènes en promenade dans le parc, tu marches lentement à côté des belles feuilles et des chenilles. La dernière fois, un escargot a failli te dépasser… Mais c’est trop top ! Toi, au moins, tu ne dis jamais : « Avance, dépêche-toi, tu vas encore me mettre en retard… » Mais, dis-moi, elles sont toutes grosses les mamies ?
Mamie : En général, elles sont grosses… Mais pas trop non plus… Sinon elles ne verraient plus leurs pieds pour pouvoir attacher leurs souliers…
Enfant : Pourquoi tu mets pas de scratchs ? Et pourquoi t’as des lunettes ?
Mamie : J’en ai besoin sinon je ne vois pas non plus mes pieds. Et tu sais, je peux même enlever mes dents pendant la nuit !
Enfant : Beurk ! C’est dégeu… Enfin, au moins toi tu ne t’énerves jamais. Tu réponds à toutes mes questions : « Pourquoi les chiens ils détestent les chats ? Pourquoi en Alsace les cigognes apportent les bébés ? Pourquoi le Bon Dieu il est pas marié ? Papa il dit toujours : « Demande à ta mère ! »
Mamie : J’essaye de répondre du mieux possible. C’est comme quand je te lis une histoire avant de t’endormir, je ne saute jamais des mots ou des paragraphes pour aller plus vite !
Enfant : Et en plus tu n’as rien contre quand je te réclame toujours la même histoire. Tu sais quoi Mamie ? Tout le monde devrait essayer d’avoir une grand-mère, surtout ceux qui n’ont pas la télé ! La dernière fois, papa a dit à maman que c’était une grâce de t’avoir dans la famille ! (…) Eh ! Mamie ! Tu dors ! À propos, c’est quoi un papi ?

  • Prière

Animation : L’idéal serait qu’elle soit lue par une dame d’un certain âge.

Seigneur, tu le sais mieux que moi, je vieillis chaque jour : bientôt, je serai vieille… Garde-moi de cette habitude désastreuse de croire que j’ai quelque chose à dire à propos de tout et en toutes occasions. Libère-moi du désir d’arranger les affaires de tout le monde. Rends-moi réfléchie et non maussade, serviable et non autoritaire. Je ne tiens pas à être une sainte : les saints sont parfois si difficiles à vivre ! Mais une vieille femme amère est un chef-d’œuvre du diable. Aide-moi à jouir de la vie. Il y a tant de choses gaies et amusantes là où on ne s’y attendait pas : rends-moi capable de les voir comme de reconnaître des talents là où l’on n’en soupçonnait pas ; et donne-moi la grâce de le dire… Amen.
[Prière d’une religieuse française du XVIIe s.]

  • Lectures bibliques

Animation : On peut choisir de les lire d’une manière classique. Il est recommandé d’utiliser des traductions à la portée de tous. On peut très bien aussi les raconter !

Propositions :
Matthieu 19, 13-15
Marc 3, 31-35
1 Timothée 4, 12-5, 2

  • Message : Deux propositions de message

Proposition 1 : Du lourd ?

Ce message, plus classique, s’interroge sur les relations familiales entre Jésus et son « clan ». Une manière de présenter ce que cela veut dire de faire partie de la famille de Jésus.

Le chanteur Renaud avait, il y a quelques années sorti un tube : « On choisi ses copains mais pas sa famille » et dans les années yéyés, il y avait ce fameux hit que Claude François a popularisé (le mieux est de chanter) :« Si j’avais un marteau, je cognerais le jour, Je cognerais la nuit, J’y mettrais tout mon cœur, Je bâtirais une ferme, Une grange et une barrière, Et j’y mettrais mon père, Ma mère, mes frères et mes sœurs, Oh oh, ce serait le bonheur… »
Enfin vous voyez de quoi je veux parler ! La famille, vaste programme… Et voilà qu’aujourd’hui vous organisez tout un événement centré sur la famille… Mais ôtez-moi un doute : tous les cultes ne devraient-ils pas être intergénérationnels ? Loin de moi l’idée de vous plomber l’ambiance, mais en terme de famille, il semble que Jésus en avait lui aussi gros sur la patate ! Voilà qu’au départ de son ministère, alors qu’il commence à se lancer, débarque en catastrophe une première fois, la famille. Il faudrait d’ailleurs remonter au v. 21 où la parenté de Jésus le cherche et le prend pour un fou. Pensez-donc, ce Jésus, fils aîné d’une veuve, ne trouve rien de mieux à faire qu’à courir les chemins, à prêcher le royaume de Dieu, au lieu d’aider sa pauvre mère, et de reprendre le boulot de son père. Et pire que cela, il se crée une nouvelle famille, en appelant douze disciples venant de tous les horizons et pas que du beau linge : des pécheurs, un fanatique, un inspecteur du fisc, des paumés quoi ! Avec cette famille de gaillards qui sont eux-mêmes mariés ou pas, suivent des femmes mariées ou pas, certaines même de petite vertu… Ça a tout l’air d’une famille recomposée…C’est tout bonnement scandaleux pour l’époque ! C’est donc tout à fait normal que sa famille (celle du sang) réagisse ! L’entourage familial apparaît d’emblée dans une dureté qui tranche avec les récits romantiques de l’enfance et en particulier avec la personnalité avenante de Marie. Cela n’a donc rien de la sainte famille !
Chez Marc, on lave son linge sale en « famille ». Et la réponse de Jésus est cassante. Aurait-il des comptes à régler ? Surtout que sa mère, ses frères (sœurs) ne veulent peut-être que son bien !
Ne vous a-t-on jamais dit cela après vous avoir administré une correction ?
Le texte de Marc dit que la salle est bondée. Jésus n’a plus la paix. Il ne peut même plus manger. C’est dangereux pour sa santé ! Sa famille veut le protéger contre la célébrité en le kidnappant avant qu’il ne soit trop tard ! Qu’il reprenne sa place d’aîné, quoi ! Au chapitre 6, lorsque Jésus, revient chez lui, il doit de nouveau faire face à la méfiance de ses proches qui ne le reconnaissent pas. Non pas qu’ils ne sachent pas qu’il est le fils de Joseph, cela ils ne le savent que trop ! Ils ne reconnaissent pas comme prophète quelqu’un qui n’est plus à sa place !
Il est donc question d’une autre définition de la famille, de la fraternité. On connaît le débat qui visait à défendre l’idée que Jésus était fils unique – les « frères » ont été tour à tour les fils de Joseph, mais d’un premier lit (Épiphane), puis cousins (Jérôme). Que Jésus ait eu des frères/sœurs ne change rien au fait qu’il fut le Fils unique du Père. Joseph n’est que le père adoptif. D’ailleurs il n’y a de père qu’adoptif. Il faut 3 secondes à un homme pour être géniteur. Mais être père est l’affaire de toute une vie ! Et en plus, on n’a jamais les enfants dont on a rêvés !
Ainsi la mère et les frères sont dehors et font appeler Jésus. Ils restent en retrait, ne se considèrent pas comme faisant partie du cercle de Jésus, donc du cercle de ses disciples. Le cercle place Jésus au centre des regards et de l’écoute. Il y a ceux qui font face (dehors) et ceux qui entourent (dedans). La famille pense avoir autorité, ce qui est le cas dans un premier temps, puisque le message est transmis à Jésus. La foule fait l’intermédiaire. Mais la réponse est cinglante… La famille de Jésus n’a pas affaire au fils de Joseph, au fils de Marie, au frère de Jacques, Jude, Josès, Simon (6, 3), mais au Maître. On ne sait pas ici comment réagit la parenté à la réponse de Jésus : va-t-elle s’ouvrir à la nouveauté de celui qu’elle connaît généalogiquement, ou restera-t-elle dans la logique du grand frère ?
Cependant le Maître n’est pas un gourou ni un coach : le v. 35 donne au cercle un autre centre. « Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère ». Ce verset induit que Jésus lui même fait la volonté de Dieu ; et celui qui fait de même est son frère, sa sœur, sa mère. Quant au père, il est absent de la scène.
Ce passage, ainsi que d’autres paroles plus dures encore sur la question de la famille heurtent plus d’un. La rupture avec la famille est sévère. La foi doit-elle conduire à l’affrontement ou à la rupture familiale ?
Le texte ne nous dit pas que c’est une rupture inévitable ; mais surtout, le texte nous indique que la rupture tient au défaut de reconnaissance de l’identité de Jésus ; c’est d’abord la famille qui a rompu avec Jésus. Elle ne s’est pas comprise comme incluse dans le cercle des disciples, elle n’a pas reconnu Jésus, leur fils et frère de sang, comme celui qui vient au nom de Dieu.
Jésus a sa propre destinée. La rupture n’est d’ailleurs pas fatale ni définitive. Au pied de la croix, des proches seront là. Sur la question de la rupture, il est donc important de la situer non pas du côté d’une hostilité de principe de Jésus par rapport à la famille ; la question est plutôt de savoir si l’on peut reconnaître en quelqu’un de proche plus, ou autre, que ce qui le définit socialement, biologiquement, historiquement. Quel regard avons-nous sur nos proches, sur ceux qui peuvent avoir un parcours particulier ? Restent-ils toujours la petite sœur ou le petit frère défini par quelqu’un de plus célèbre ?
Jésus donne une autre définition de la famille : le lien, la proximité, la solidarité, le respect… Tout cela est à vivre avec ceux qui n’ont pas entre eux de lien de sang (relations humaines) !
Cette parole de Jésus peut aussi nous aider à ne pas censurer nos enfants et à les reconnaître autrement ni à les surprotéger jusqu’à les étouffer par nos propres peurs ou par rivalité.
Bienvenues à toutes et à tous dans la famille ouverte de Jésus que nous pouvons choisir et ne plus subir ! Amen.

Proposition 2 : Du léger ?

Ce message tente de décrire toute la complexité de la trinité à travers des relations familiales. Avec des hauts et des bas… Une manière un peu plus légère de pénétrer le mystère de l’une des notions théologiques les plus délicates de la chrétienté. À vous, évidemment, de l’adapter à votre usage…

Chers sœurs et frères en Christ, en ce dimanche de retrouvailles familiales, il serait bon de s’interroger, au moins une fois dans l’année, sur la signification de ce que l’on pourrait appeler un « ménage à trois », qui plus est : trois hommes… Le Père, Fils et St-Esprit !
Je ne sais pas pour vous, mais les relations entre le Père, le Fils et le St-Esprit ont de quoi donner le tournis… Quand je pense que des théologiens ont noirci des pages là-dessus, des empereurs ont dû se décider pour savoir si le Fils est de la même nature que le Père, différent, consubstantiel, vrai homme ou vrai Dieu, des gens ont été considérés comme hérétiques parce qu’ils ont eu des problèmes avec le Père et le Fils, surtout au niveau des tests de paternité…
C’est vrai que des problèmes avec le père, qui n’en a pas ! Tenez, Freud ! Ne nous a-t-il pas appris que nous devions tous tuer (psychologiquement) le Père comme Œdipe, alors que dans la Trinité c’est quasiment le Père qui tue le Fils. D’ailleurs, comme dans les meilleures familles, les relations entre le Père et le Fils sont loin d’être claires et souvent conflictuelles, cela dépend des évangiles et, du coup, Jésus ne nous a pas simplifié les choses en appelant son Père, Papa ! De quoi véritablement choquer les plus religieux (Dieu c’est en vous) et de nous faire entrer de plain pied dans les histoires de famille… C’est vrai qu’il peut être difficile pour certains(es) d’appeler Dieu papa ! Cela les renvoie à l’image du Père ! Image délicate : brutal, violent, alcoolique, inceste, lointain, absent… Appeler Dieu Père n’est jamais gratuit, cela peut raviver des souffrances, des cicatrices et il faut en être conscient. On est immédiatement dans l’affectif !
Maintenant appeler Dieu : fils, semble, à priori, plus facile, même si c’est surtout là que pendant des siècles les problèmes ont surgi puisqu’un fils a nécessairement un père… Du coup on a tenté d’expliquer que Jésus n’a pas été engendré, mais crée, enfin vous voyez que ça ne s’arrange pas… On serait tenté de laisser cette querelle aux théologiens qui n’ont que ça à faire toute la journée. Et on aurait tort parce que la crise de notre modèle familial actuel ressemble bizarrement à celui de la sainte famille (Marie, Joseph, Jésus). Marie était une jeune fille-mère, qui aurait dû être lapidé selon la Loi. Elle a servi de mère-porteuse, car même si elle a eu le droit d’élever son fils, elle a fait offrande de ce fils à l’humanité. Joseph accepte un enfant d’un autre (il l’adopte), il est même suspecté de vivre en concubinage avec Marie (Pacs ?). Déjà les évangiles font une différence entre les parents biologiques et les parents adoptifs… Comme quoi ils étaient drôlement à la pointe !
Vous avez remarqué que je n’ai pas encore parlé de l’Esprit saint… Celui-ci il est difficile de le repérer puisque nul ne sait d’où il vient ni où il va ! Souvent on ne le repère qu’après coup, une fois qu’il a soufflé ! Pour moi c’est celui qui communique entre le Père et le Fils, qui circule de l’un à l’autre, jusqu’à nous… Il est la dynamique du groupe, celui que l’on peut symboliser le mieux par le feu, le vent et la vie. C’est le plus rebelle des trois, celui que l’on ne peut enfermer dans une image, une signification et c’est bien ainsi…
Il ne vous a pas échappé non plus, parité oblige, que j’en profite pour introduire dans la thématique d’aujourd’hui une note de féminité ! Dans cette trinité essentiellement masculine, ça manque un peu de présence féminine… Loin de moi l’idée d’en rajouter une, même si ça pimenterait peut-être les débats, mais je ne peux m’empêcher de penser que pendant des siècles l’Église a conditionné les femmes à ressembler à une Marie pure, modèle, quasiment divine, les forçant à entrer dans le moule de la Sainte famille ; finalement pas si sainte que cela. De même, dans l’Évangile, les rencontres entre Jésus et sa mère sont assez houleuses, ce n’est pas vraiment les relations apaisées et de soumission que l’on nous présente. Jésus a voulu faire ses propres expériences (fils prodigue), il a marqué une distance à l’égard de sa famille qui pouvait certainement être envahissante, il sort des liens de parenté, de clan, de société. Il a véritablement élargi le sens de la famille à l’Église universelle : « Quiconque fait la volonté de Dieu » !
Et franchement je suis bien content que la trinité existe, avec tous ses problèmes et interrogations. C’est une manière de dire Dieu en trois dimensions, une façon de récapituler le passé, le présent et l’avenir. Dieu seul n’existe pas (totalitarisme), il n’existe qu’en relation avec le Fils qui l’a rendu vivant et le St Esprit qui le met en nous. Il n’est pas seul ni unique, dans le sens où il ne peut pas faire tout ce qu’il veut ; dans ce ménage à trois il doit rendre des comptes aux deux autres. C’est le Fils qui fait le Père, c’est le Père qui a donné son fils et les deux nous envoient l’Esprit saint. Ce sont toujours les gens qui m’aiment qui me disent qui je suis. En accueillant le Père, le Fils et le St-Esprit, je leur permets d’exister pour moi.
Maintenant si vous pensez encore que c’est très compliqué, vous aurez raison et ça l’a toujours été, au point que certaines religions préfèrent un Dieu unidimensionnel. Je ne sais pas si ça résout les problèmes, en tout cas ça en pose d’autres… Pour moi, je préfère entrer dans la 3 D… Amen.

  • Sainte Cène

Animation : Il faut ouvrir la Cène aux enfants avec leurs parents et grands-parents. Pour cela, je propose que l’on modifie le « cérémonial ». À la place de l’autel, un enfant/adulte pourrait ramener une table de camping pliante et la déposer. Quelqu’un d’autre ramènerait une nappe de pique-nique et la mettrait sur la table. Puis viendrait le pain entier que l’on dépose. Ensuite, on peut proposer à quelqu’un de l’assemblée de déboucher la bouteille de vin ou d’ouvrir le jus de raisin. Après les paroles d’institution (qui pourraient être moins classiques), un enfant/ado partagerait le pain et un aîné porterait la coupe. Cela peut ressembler à un pique-nique familial ; ce qui n’enlève rien à la solennité de la célébration.

  • Prière d’intercession

Animation : Elle peut être dite, à tour de rôle, par un aîné, un/e jeune, un/e adulte. À la fin de chaque paragraphe, il y a un acte symbolique proposé : On tisse quelques liens avec une pelote de laine, puis de ficelle, puis de fil très solide.

Seigneur, nous voulons être proches de toi sans que cette proximité nous éloigne de nos prochains. Fais se joindre toutes les mains pour rendre plus humain le monde de demain.
Nous te demandons d’élargir l’espace de nos vies pour cueillir, accueillir et recueillir les êtres et les événements qui surviennent lors de nos rencontres. Nous te prions pour que les familles (On tisse quelques liens avec une pelote de laine) soient un lieu où chacune et chacun est aimé et qu’elle ou lui trouvent sa place sans n’avoir rien à prouver. Que nous prenions ta main, Seigneur et celle de notre voisin, pour que notre nouvelle terre porte les fruits de l’espoir. Aide-nous à tisser des liens forts entre nous, à chanter avec ceux qui rient, pleurer avec ceux qui souffrent. (On tisse d’autres liens avec la pelote de laine)
Et pourtant certains de nos liens sont fragiles, ils ne tiennent qu’à un fil. Ils risquent de céder… (On peut casser quelques fils) Donne-nous, Seigneur, de songer avec ceux qui rêvent, d’agir avec ceux qui transforment, de marcher avec ceux qui se lèvent, d’aider ceux qui n’en peuvent plus. Aide-nous à constituer des liens solides et vrais autour de nous. (On utilise cette fois de la ficelle)
Que nous prenions ta main Seigneur et celle du plus faible, du malade, du rejeté, du solitaire.
Donne-nous de camper avec ceux qui font halte, de regarder avec ceux qui montrent, d’échanger avec et d’écouter ceux qui nous parlent. Aide-nous à nous sortir de notre filet virtuel et d’entrer dans un filet d’amour, de compassion et de solidarité. (On utilise ici du fil très résistant)
Nous te demandons, Seigneur, de nous donner un cœur et un esprit nouveaux, un cœur et un esprit larges. Que nous prenions ta main et celle de nos voisins, à la croisée des chemins, pour que les humains de l’Afrique, de l’Asie, de l’Europe, de l’Amérique, de tous les temps, de tous les cieux, cultivent ensemble sur tous les continents des chemins de développement, des champs de prières et des fruits de paix. (On utilise de la laine de toutes les couleurs)

[Synthèse de plusieurs prières connues, réalisée par l’auteur]

Et tous nos soucis, demandes et doutes se retrouvent dans la prière que Jésus nous a enseignée : « Notre Père… »

  • Bénédiction

Même si tu sens la fatigue,
Même si le triomphe t’abandonne,
Même si une erreur te fait mal,
Même si une trahison te blesse,
Même si une illusion s’éteint,
Même si la douleur brûle tes yeux,
Même si on ignore tes efforts,
Même si l’ingratitude en est la paie,
Même si l’incompréhension coupe ton rire,
Même si tout a l’air de rien
Va, recommence, et que le Seigneur te soit en aide !

[Écrit par les mères de la place de Mai, à Buenos-Aires en Argentine, qui chaque semaine se rassemblent pour exiger de savoir ce que sont devenus leurs enfants]

Bibliographie et matériel :
Les références des textes sont toutes données à la fin de chaque section. Lorsqu’il n’y a pas d’indications cela veut dire que les textes sont de l’auteur. En ce qui concerne la musique, on trouve des chansons intéressantes concernant la famille sur You Tube.

Crédit : Frédéric Gangloff (UEPAL) Point KT