Ce terme « graphè » désigne de manière générale un écrit, une chose écrite. Dans notre cas il s’agit de fait d’une revue qui a maintenant des allures de collection. Elle donne l’occasion de réunir des spécialistes des Écritures… du texte biblique et de son intertextualité au cours de colloques annuels, prémices à la future livraison de la revue.
« Qu’une méditation s’élève parmi des universitaires sur l’intrication des textes sacrés et de la culture occidentale n’a en soi rien de bien original ; il ne s’agissait pourtant pas de constituer des catalogues d’emprunts, d’influences, de dresser la carte des réseaux métaphoriques, de parler en un mot d’influence de la Bible sur les littératures et les arts ; cette entreprise, déjà menée avec plus ou moins de bonheur, ne nous satisfaisait pas. Il y avait autre chose à faire, pour des « littéraires » et des « civilisationnistes » qui ne sont ni des exégètes ni des théologiens, un autre questionnement à mener qui est celui de la dialectique du regard et du Verbe, de la Parole face à la littérature et aux arts, du Verbe dans son inscription et son canon se tenant face (dans cette espèce d’adversité que nous avons précédemment évoquée) aux productions libres des hommes, face à la liberté créatrice ; et ce point de vue impliquait que la création littéraire ou artistique se donnât (du moins dans l’une de ses dimensions) comme lecture (adverse), dans la distance, la dualité et l’altérité, comme lecture et aussi comme réponse à une sollicitation de l’être. »
La revue « Graphè », devenue la référence dans le domaine des lectures littéraires de la Bible, n’a guère d’équivalent dans le monde universitaire francophone. Elle a donc pour objet d’étude la Bible et son influence sur les cultures, les littératures et les arts. L’exploration de cet horizon intertextuel est menée selon trois axes :
* la Bible en tant que littérature
* la Bible et les productions littéraires et esthétiques
* la Bible comme champ d’études épistémologiques et herméneutiques.
Depuis sa création, la revue « Graphé » a publié chaque printemps un numéro thématique qui traite de personnages (n° 11 « La reine de Saba » ou n° 16 « Jean le Baptiste »), de livres (n° 8 « Le Cantique des Cantiques »), de lieux (n° 14 « La Jérusalem céleste » ou n° 17 « Le jardin d’Eden ») ou d’épisodes (n° 12 « L’Annonciation »), de péricopes (n° 10 « Le prologue de Jean »), thèmes empruntés, en alternance, à l’Ancien et au Nouveau Testament.
Les derniers numéros de la revue, fidèles à cette alternance, ont été successivement consacrés en 2008 au genre littéraire de la parabole tel qu’il figure dans les récits évangéliques avec comme illustration le récit du fils prodigue (n° 18), le colloque 2009 au livre de Jonas (n° 19), le colloque « Graphè » 2010 aux « rois mages ».