Point KT

Pour la bonne marche d’un groupe…

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Pour la bonne marche d’un groupe d’école biblique ou de catéchisme, il faut bien sûr, une bonne dose de motivations et d’amour des enfants. Il faut savoir aussi mener un groupe, sous peine de l’asphyxier.

Le savoir : un courant qui circule

« Les enfants n’écoutent pas ce que je leur raconte… ils n’arrivent pas à fixer leur attention plus de cinq minutes… Ils sont passifs, ils attendent que l’heure se passe… » Si vous avez comme moi, un jour, vécu ce genre de situation, ne vous découragez pas. Car si l’attitude d’enfants excités, blasés ou endormis nous force à réagir, quelquefois avec violence, sachez que l’attitude du catéchète induit également un type de comportement dans le groupe.
Une séance « ratée », c’est souvent une séance mal préparée (par manque de temps ou de conviction de la part du catéchète), un problème de disponibilité ou une peur quelconque d’affronter le groupe. C’est plutôt constructif de se dire que la balle est dans notre camp !

  • Des notes, c’est rassurant
« Lors de la préparation avec le pasteur, dit cette catéchète, je prends plein de notes car l’étude biblique me passionne. J’essaie de retenir le plus de détails possible, les dates, les noms des personnages, mais aussi le sens du texte et son message. »
Mais voilà, devant les enfants, notre catéchète se sent figée, a l’impression de plaquer des phrases et des idées qui ne sont que la maigre facette de ce qu’elle a vécu lors de la préparation ! Les enfants lui rendent bien cette image en répondant du bout des lèvres et en s’exprimant le moins possible.
Les notes qui nous sont tellement indispensables, ayons-les en mémoire, mais surtout ne les restituons pas telles quelles aux enfants. Le message que nous avons perçu dans le récit biblique, ne le dévoilons pas d’emblée, les enfants vont le découvrir en vivant le récit, avec leurs sens, à travers différents moyens d’expression ; car l’enfant se sent plus libre en agissant ou en réagissant.
  • Comment faire pour accéder à une expression de foi plus libérée, plus personnelle ?
Nous lui répondrons en lui renvoyant la question de l’objectif qu’elle poursuit et des moyens qu’elle utilise.
En effet, si son objectif est, par exemple, la connaissance du pays de Jésus, quelle démarche va-t-elle mettre en œuvre ? Le savoir – puisque de connaissance il s’agit – peut être délivré en sens unique, du catéchète vers l’enfant ; dans ce cas, seule l’écoute sera mobilisée chez l’enfant.
II peut aussi donner lieu à une activité de la part des enfants qui vont consulter des documents, regarder des photos, trier, rechercher des témoignages, créer des affiches, qu’on colorie, peint, découpe et enfin présente à l’extérieur… tout cela grâce à une documentation préparée par le catéchète ; l’esprit d’initiative des enfants les mobilisera, les rendra actifs et acteurs.
Le savoir acquis va prendre un sens car les enfants se le sont approprié, et ils s’apprêtent à le transmettre (autre groupe d’enfants, parents, communauté…).

La catéchète, un chef d’orchestre

  • Restituer un message
Si l’objectif du catéchète est d’aboutir à une expression de foi de la part des enfants à partir de l’écoute d’un récit biblique, il ne semble pas que l’explication de texte, reconstituée à partir de notes rigoureuses, ou bien même une analyse de texte à la sauce structuraliste ou à la mayonnaise psychanalytique les fasse vibrer autant que nous…
Expliquons-leur ce qui nous plaît tant dans un récit, un verset ou une prière, livrons-leur un peu de notre cheminement. Peut-être alors, nous livreront-ils un peu du leur, mais ce n’est pas sûr.
Alors faisons confiance en l’Esprit qui les anime et laissons-les avancer à leur rythme sur le chemin de la foi.
  • Mieux organiser la séance

« Moi, je suis obligée de prendre des notes, car j’oublie tout. Je n’ai pas une bonne mémoire, j’ai besoin de repères, dit cette autre catéchète, et bien sûr, je ne suis pas libre dans ma relation avec le groupe… »
A cela, nous répondrons qu’une meilleure organisation de la séance, en variant les activités et surtout en rendant les enfants actifs, lui permettrait de la jalonner de repères discrets dont les enfants ne doivent pas soupçonner l’existence.
Nous ne savons pas raconter une histoire que pourtant nous avons envie de partager avec eux ? Entraînons-nous plusieurs fois avant, faisons-nous des marques aux endroits où nous devons accentuer le ton, où nous devons regarder les enfants.
Profitons de la distribution d’une feuille polycopiée, préparée à l’avance, que l’enfant va découvrir pendant quelques secondes pour jeter un rapide coup d’œil sur nos notes abrégées qui se trouvent dans la marge de notre bible.
Proposons des activités de groupe, nous n’aurons plus cette relation frontale. Soyons de véritables chefs d’orchestre qui connaissent leurs partitions avant d’entrer en scène, favorisent au mieux l’expression de chacun selon sa spécificité, et de l’ensemble, pour une expression à l’unisson. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de diriger, c’est à dire de poursuivre un objectif ou même plusieurs.
Une bonne animation comprend une certaine dose de mise en scène et exige une présence constante du catéchète qui peut à la rigueur se retrancher derrière ses lunettes mais pas derrière ses notes.

  • Un lieu de communication

Enfin, si vous connaissez des catéchètes qui se réfugient derrière leurs notes par peur du groupe ou d’un membre du groupe, essayez de le convaincre d’abandonner cette position de repli, le meilleur moyen d’affronter une difficulté étant encore d’y faire face.

Dites-lui bien que s’il n’est pas à l’aise, lui, le catéchète, il y a peu de chance pour que les enfants le soient et toutes les chances pour qu’ils s’ennuient à mourir et qu’ils réagissent par le sommeil ou l’agitation.
Enfin, rassurez-le : le ou les éléments les plus endormis ou les plus perturbateurs sont souvent ceux sur lesquels on peut compter, quand on leur propose un projet qui les concerne…
Claudie de TURCKHEIM, PointKT N° 5/1994 – Printemps