Dans la Bible existe des gestes et des paroles étonnants et détonants. À force d’habitude nous passons souvent à côté. Cet article est offert aux catéchètes comme un cadeau pour se laisser à nouveau étonner, surprendre, questionner… Un(e) catéchète, c’est forcément quelqu’un qui lit la Bible, puisqu’il(elle) veut essayer de la transmettre, de la rendre accessible à d’autres, enfants ou adolescents. C’est quelquefois une tâche lourde et ardue, même décourageante.
Alors voici une invitation à oublier les enfants ou les ados et à se laisser d’abord surprendre et étonner par ces textes de la Bible connus et moins connus, fine invitation à s’immerger, à se plonger dans la Bible et ses histoires pour y trouver une nourriture personnelle et une remise en cause.
Partager vos étonnements
Et pourquoi ne pas se laisser aller à communiquer nos étonnements, nos surprises en réunion de catéchètes, comme ça, gratuitement ? Par cet échange nous pourrions les un(e)s les autres nous laisser encore surprendre par la nouveauté et la force de la Parole. Pourquoi ne pas jouer à « Quelle est pour toi la Parole la plus surprenante, celle qui te dérange, te bouscule ? »
Pourquoi ne pas aller jusqu’à jouer, à interpréter, à mettre en scène nos étonnements pour nous laisser saisir par ce Dieu, quelquefois si étrange ? Mais les rencontres de catéchètes ne sont pas faites pour cela : on y travaille, le temps y est compté, mesuré et tout doit être rentable. Et si un peu de fantaisie entre nous nous permettait aussi de retrouver le sens et la joie d’un ministère pas toujours facile ? Peut-on être fantaisiste quand on est catéchète ?
Entre nous peut-être, soit, pourquoi pas, mais avec les enfants ? Peut-on mettre un peu de fantaisie dans nos pratiques catéchétiques ?
Peut-on donner le goût de la fantaisie à partir de la Bible ?
Dans la Bible, pas d’évidences
Nous pouvons envisager d’entrer avec les enfants dans les récits de la Bible comme dans des lieux nouveaux, inconnus, un peu mystérieux…, des lieux où les choses ne sont pas tout-à-fait comme dans la vie courante et pourtant… Donnons aux enfants de s’étonner et non de faire (avec peine quelquefois), comme si tout était naturel et évident.
Naturel et évident cet enfant qui naît dans une étable et que quelques-uns reconnaissent comme le roi du monde entier ? Naturel et évident ces pêcheurs qui laissent tout pour suivre un homme dont on ne sait pas grand-chose ?
Naturel et évident ce fils qui s’en va avec son héritage, qui revient un jour pour se faire tout petit et qui alors enfin découvre son père ? Non, la Bible n’est pas un livre où les choses sont simples, naturelles et évidentes.
Je repense à ce culte de famille un peu mouvementé dont on m’a parlé. Mouvementé parce qu’un enfant a osé exprimer tout haut ses perplexités, d’une façon inattendue. Alors que le pasteur racontait la découverte de la corbeille qui abritait Moïse, par la fille de Pharaon et l’adoption de l’enfant par la princesse, un enfant se lève et dit : « Tu parles ! C’est ce qu’elle a voulu faire croire à son père, la princesse, mais en réalité l’enfant c’est le sien et elle avait peur de le dire ! »
La Bible contient des histoires étranges, dérangeantes, incroyables, voire même immorales. Et si au lieu de faire comme si tout était naturel et évident, nous apprenions avec les enfants à dire ce qui nous dérange, ce qui nous choque, positivement ou négativement ? Et si une partie du sens de ces histoires étaient déjà là, dans l’étrange, l’invraisemblable ? Découvrons ensemble ce que ces histoires racontées ainsi nous disent, en quoi nous interpellent-elles, que veulent-elles provoquer chez nous ?
Permettre aux enfants de s’étonner
Avec les enfants nous avons l’habitude de taire nos propres questionnements, nos doutes, mais aussi nos découvertes lumineuses, nos étonnements féconds. Le texte est alors comme aseptisé, il est « Écriture Sainte », prière de ne pas toucher. Sa lecture sera convenue, sans surprises.
L’école biblique n’est pas un lieu d’étonnement et c’est bien dommage. C’est pourquoi je renouvelle l’invitation : laissez-vous étonner par les textes de la Bible et partagez vos étonnements. Alors vous pourrez difficilement vous en priver avec les enfants.
À l’école biblique, le héros c’est Dieu, les hommes sont souvent les méchants, avec quelques bons qui émergent et dont il faut suivre l’exemple. Un roman mièvre et sans surprise ? Une pâle copie des dessins animés qui font vibrer nos chers petits, mais sans la mise en scène et la part de rêve ? À évacuer ce qui dérange, à ne pas oser dire que l’on est interpellé ou dérangé, on affadit les textes.
Notre Dieu se laisse connaître comme un Dieu qui étonne et qui surprend. Ceux qui parlent de lui dans les textes de la Bible ont laissé la part et la place à cet étonnement. Notre tâche de catéchète est d’en faire autant, en laissant la surprise, mais aussi le scandaleux, le choquant, l’émouvant, l’inattendu à la portée des enfants.
Crédit : Point KT