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La montagne dans l’Ancien Testament

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Si l’on en croit la Bible, la montagne est d’abord signe de la solidité de la création. Au caractère fragile et éphémère de la vie humaine s’oppose l’immuabilité des montagnes, qui renvoient à un Dieu qui est depuis l’aube des temps et pour l’éternité. 

  • Tout d’abord La montagne  est symbole de solidité
Si l’on en croit la Bible, la montagne est d’abord signe de la solidité de la création. Au caractère fragile et éphémère de la vie humaine s’oppose l’immuabilité des montagnes, qui renvoient à un Dieu qui est depuis l’aube des temps et pour l’éternité. Et même s’il arrive que, malgré leur stabilité, les montagnes soient ébranlées, bousculées, c’est pour signifier que Dieu fait irruption dans l’histoire humaine. Ainsi le psaume 104, au verset 3 : « il touche les montagnes, elles fument. »
  • La montagne est lieu de révélation.

Car la montagne est avant tout lieu de la révélation divine. C’est là que demeure Dieu,  qu’il se manifeste et vient rencontrer sa créature.
Dans l’Ancien Testament, la montagne est le théâtre d’événements centraux. C’est au sommet du mont Ararat que Noé bâtit le premier autel pour sceller l’alliance entre Dieu et l’humanité.
Les montagnes et les collines qui surplombent Rephidim voient s’accomplir la promesse de Dieu ; et les hauteurs de Baal témoignent du triomphe de Dieu sur ses ennemis.
C’est sur le mont Morija qu’Abraham fait l’expérience que « Dieu pourvoit » en substituant un bélier à son fils Isaac, pour signifier que plus jamais il n’y aura d’humain sacrifié pour son bon plaisir. La montagne permet de découvrir un Dieu qui se lie à l’homme.

  • La montagne est également un lieu de refuge face au courroux divin.
Les anges pressent ainsi Lot de fuir vers la montagne afin de ne pas périr lors de la destruction de Sodome.

Dans les récits de l’Exode, la montagne tient une place prépondérante. « L’Éternel descendit sur la montagne du Sinaï, sur le sommet de la montagne ; l’Éternel appela Moïse sur le sommet de la montagne. Et Moïse monta. »

Moïse y monte seul à la demande du Seigneur. Tout un univers symbolique se déploie : le tonnerre terrifiant, la montagne fumante, le nuage noir, autant d’images pour indiquer la force, la grandeur d’un Dieu qu’on ne peut atteindre par ses propres moyens.
Par contre, sur cette montagne, ce Dieu inaccessible veut se révéler. Il fait de Moïse à la fois son confident et son intermédiaire avec le peuple. C’est lui qui prend l’initiative du dialogue avec Moïse, dialogue qui aboutit au don de la loi exprimée dans le code de l’Alliance.
La manifestation de Dieu provoque crainte et tremblement dans le peuple, mais Moïse rassure. Nous retrouverons plus tard dans l’Évangile, à la transfiguration, cette expression de crainte et de voix qui rassure, autre signe, autre marqueur, de la présence mystérieuse de Dieu.
À sa descente de la montagne, Moïse constate que, déjà, le peuple s’est détourné de Dieu. C’est le fameux épisode du veau d’or. En signe de colère, il brise les tables de la loi, mais également il se fait intercesseur du peuple auprès de Dieu ; il remonte sur la montagne pour réécrire la Loi sur de nouvelles tables, c’est-à-dire pour renouveler l’alliance.
L’image de Dieu que nous tirons de ces récits est celle d’un Dieu majestueux, qui maintient ses distances entre l’homme et lui. Cette image va se transformer avec l’épisode d’Élie au mont Horeb.
 Le mont Horeb
  • La montagne lieu de la rencontre du divin
Élie au Mont Horeb (1Rois 19,1à18)
Situons d’abord cette montée d’Élie à l’Horeb, autre nom du Sinaï. Élie vient de se confronter aux prêtres du dieu Baal, s’est moqué d’eux et a fini par les massacrer. Élie apparait sûr de lui, sûr de sa force appuyée sur Dieu. Puis il a dû affronter les foudres de la reine Jézabel, cette femme païenne qui entraine son mari le roi Achab sur le mauvais chemin. Élie se sent menacé et fuit au désert. Ce n’est plus le prophète  triomphant. Il appelle la mort, mais l’ange de Dieu vient le réconforter et le voilà parti vers la montagne.
Accompagnée d’images symboliques fortes visant à montrée la toute-puissance du Créateur – tonnerre, éclairs, épaisse nuée et fumée la recouvrant- la montagne est donc le lieu que choisit Dieu pour se révéler à son peuple par l’intermédiaire d’un prophète élu. Si elle est parfois nommée -montagne de Seir, de Galaad, du Sinaï ou encore d’Hermon- c’est moins le lieu particulier que le motif même de la montagne en tant que lieu de manifestation du divin qui importe ici et qui tend à véhiculer l’image d’un Dieu majestueux et inaccessible au commun des mortels. Nous avons en tête la manifestation terrifiante de Dieu à Moïse sur le Sinaï, ici, nous voilà déroutés. Le Dieu qui veut se manifester à Élie ne le fait pas dans le vent de tempête, le tremblement de terre ou le feu. Voilà que survient le « bruissement d’un souffle ténu ». À ce moment  Élie pressent la présence mystérieuse de Dieu et prend une attitude de profonde vénération. Son zèle pour  Dieu reste le même, mais son attitude va être différente, comme si sa rencontre avec Dieu l’avait rendu  plus humble. Le Seigneur l’envoie en mission. Bientôt, il va de nouveau affronter Achab et Jézabel, et dans l’épisode de la vigne de Naboth, son zèle pour Dieu fera de lui le défenseur des petits et des faibles.

La montagne est aussi présente à de nombreuses reprises dans le livre des Psaumes, où elle incarne le lieu de la rencontre du divin : « Envoie ta lumière et ta fidélité ! Qu’elles me guident, qu’elles me conduisent à ta montagne sainte et à tes demeures. » (Psaume  43 ,3)

  • Les montagnes enfin sont les témoins de la venue du messie et elles éclatent de joie pour célébrer le salut de Dieu.

Cependant Dieu n’est pas lié à une montagne particulière. Il accompagne son peuple dans sa marche.  Aussi y a-t-il, dans les Psaumes, chez Ésaïe et Zacharie, déplacement de la présence divine au mont Sion, endroit central pour la vie et le culte. Souvenons-nous des cantiques des montées, Psaumes 121 à 134, ou de la fin du livre Ézéchiel. En Sion Dieu fait sa demeure et manifeste son amour (fin du Cantique des cantiques). Vers Sion tendent les pas, les prières et les chants d’un peuple qui renouvelle sa fidélité à l’alliance.