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Le festin d’Ésaïe

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mel noel14 115 3« Le Seigneur de l’univers va donner un festin de viandes grasses et de vins vieux… »

Le prophète Ésaïe nous parle, au chapitre 25, versets 6 à 9, d’un festin somptueux organisé par YHWH. Un tel festin peut surprendre, alors que le chapitre précédent évoque un tableau apocalyptique de jugement et de fin du monde…

Voici un texte biblique qui rappellera à chacun le faste des repas de Noël en famille, et qui nous donne donne chair à la notion trop spiritualisée du salut…

Ésaïe 25, 6 à 9

Un festin pour tous les peuples…

Voilà une belle et alléchante proposition divine… Les meilleurs vins sont sortis de la cave divine, les meilleurs morceaux de viande sont partagés pour tous, c’est bien une image festive qui parcours cette péricope ! Mais elle ne saurait faire oublier le chapitre précédent qui parle du jugement de Dieu, d’une cité désolée, où il n’y a plus de vin (Es 24, 7-9) et où la joie a cessé. Comment donc peut-on concilier la désolation du jugement de Dieu et la joie du festin proposé par Dieu?

L’image de Dieu qui nous est donnée ici est celle d’un Dieu qui règne et qui est acteur ; acteur de l’Histoire des peuples, acteur de notre histoire. Certes, la trahison, la souffrance, le mensonge, la tristesse, et même la mort ont toujours et encore le dernier mot. Mais « ce jour-là », dit le texte, ce jour-là sera différent, et Dieu prendra le dessus sur ce qui déshumanise l’humain.

Ne pensons pas trop vite que la description qui est faite au chapitre 24 est ce qui caractérise Dieu : violence, humiliation et destruction. Au contraire, dans le prolongement du texte, l’image finale qui nous est donnée de Dieu est celle d’un Dieu qui règne dans la convivialité d’un festin, et qui recherche la joie pour tous. Trop souvent, nous associons le « salut » à une notion très, peut-être trop, spiritualisée. Mais grâce à Ésaïe, et dans la mouvance de l’Ancien Testament toujours très concret dans sa compréhension du monde, le salut se concrétise pour nous sous la forme d’un festin.

Et pas n’importe lequel : un festin avec les meilleurs plats et les meilleurs vins, un festin où nous sommes tous invités, un festin où la mort et l’humiliation ont été bannis au préalable… Quelle audace !

Alors certes, la mort, les larmes et la honte font encore partie de notre quotidien, et il ne suffit pas de parler d’espérance pour les éliminer… Mais l’espérance du banquet de Dieu nous ouvre chacun à la vie et à la joie, elle est le lieu où nous croyons que la vie aura le dernier mot. Cette espérance ne change pas les événements de notre vie, mais la manière de les vivre…

Dans quelques jours, vous allez préparer en famille le « festin de Noël ». Un événement qui réunit la famille, avec la joie des retrouvailles et la tristesse des absences et des vides. Un rassemblement qui réjouit et qui peut raviver des tensions en même temps… C’est le festin du moment présent. Dieu, lui, nous prépare un festin qui, « ce jour-là », sera le festin de l’attente comblée et de l’espérance accomplie. C’est aussi ce que nous fêtons à Noël…

Bibliographie : Lire et Dire n° 36, 1998, p. 13 à 23