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Marthe et Marie

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Marthe et Marie… deux sœurs qui font partie de l’entourage de Jésus, qui ouvrent leur maison pour le recevoir, lui et ceux qui le suivent, mais qui ne sont pas forcément d’accord sur la manière de l’accueillir : une s’active au service pour que personne ne manque de rien, l’autre s’assoit pour écouter. Voici quelques éléments d’explication pour mieux comprendre l’attitude de l’une et de l’autre et quelques pistes d’animation.

Eléments d’explication de Luc 10/38-41
Marthe et Marie ont des attitudes opposées : Marie écoute Jésus enseigner tandis que Marthe s’affaire aux tâches du service. Il y avait probablement beaucoup à faire puisqu’elles reçoivent Jésus, ceux qui le suivent et ceux qui veulent l’écouter.
Marthe pourrait se plaindre de ne pas avoir le temps d’écouter, mais elle préfère faire des remontrances à sa sœur en prenant Jésus à témoin : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissée seule à faire le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
Manifestement, Marthe voit en Jésus un invité important et elle veut bien l’accueillir, c’est pourquoi elle s’active au service : elle est pleine de bonne volonté, mais passe à côté de l’essentiel ! Car elle ne perçoit pas vraiment qui est Jésus et donc elle ne comprend pas (pas encore) l’importance de l’écouter.
Cela dit en prenant Jésus à témoin dans ses remontrances à sa sœur, elle manque aux règles élémentaires de politesse :
–    En faisant des reproches à sa sœur, elle fait indirectement des reproches à Jésus : « cela ne te fait rien… »
–    Elle demande à Jésus de prendre part à une dispute familiale
–    Elle fait remarquer à son invité que sa présence lui donne beaucoup de travail : inconsciemment elle se donne de l’importance.
Malgré sa bonne volonté, son accueil manque de cordialité, de sincérité, de chaleur… Et surtout,  elle passe à côté de la véritable personnalité de Jésus : il n’est pas un invité important, il est le Messie.
Or, Marthe ne se préoccupe que du matériel, alors que sa sœur a compris l’importance d’écouter la Parole : Marthe est servante, Marie est disciple.
Le texte ne précise pas comment Marthe réagit à la réponse de Jésus : c’est un peu comme si, par ce silence, l’auteur invitait à chacun à se positionner.

Réception du texte 
–    Faut-il opposer contemplation et action ?
On a souvent utilisé ce texte pour justifier la supériorité de la contemplation sur l’action (voir notamment dans le monachisme, l’importance des ordres contemplatifs). En fait, il ne s’agit pas ici de contempler, mais d’écouter la Parole qui appelle à la foi et à l’engagement donc à l’action. Marthe n’est pas encore dans cette dynamique d’écoute qui conduit à la foi et à l’engagement. Elle n’est que dans l’agir matériel.

–    La place des femmes
La réponse de Jésus est intéressante par rapport à la place des femmes dans l’Eglise (primitive). Il aurait pu renvoyer Marie à sa place de femme de l’époque, c’est-à-dire au service. Ce n’est pas ce qu’il fait : même si elle est une femme, elle a sa place comme disciple. La Parole lui est aussi adressée, elle n’est pas une croyante de seconde zone. C’est important pour la dignité des femmes d’autant que c’était contraire aux usages de l‘époque: écouter les rabbis, discuter la torah… était à l’époque plutôt une affaire d’hommes.

Que sait-on d’autre de Marthe et Marie ?
Elles sont citées en :
–    Jean 11/1-39 (la résurrection de Lazare) : là, c’est Marthe qui apparaît comme la plus proche de ce qu’attend Jésus. Marie est effondrée de chagrin, Marthe sur le chemin de la foi.
–    et Jean 12/1-3 (l’onction à Béthanie) : Marie a un geste prophétique qui annonce la mort et la résurrection de Jésus alors que Marthe est à peine mentionnée.

Les trois textes font apparaître Marthe et Marie comme des femmes de l’entourage proche de Jésus. En tant que femmes, elles ne pouvaient pas faire partie du premier cercle formé par les douze, mais elles font à coup sûr partie de deuxième cercle : ceux qui écoutent, reçoivent et soutiennent Jésus même s’ils ne le suivent pas dans ses déplacements de prédicateur itinérant.
Selon les passages, leur rôle et leur compréhension des événements (et de la personne de Jésus) varient : comme tout croyant, elles ne sont pas toujours égales à elles-mêmes, leur foi n’est pas toujours la même… et Jésus les accepte telles quelles sont, les accompagne et les encourage sur le chemin de la foi. En racontant, il faut donc être attentif à ne pas faire apparaître Marthe comme la méchante de l’histoire : à qui n’arrive-t-il pas de se tromper dans les priorités ?

A faire :
–    Imaginer la suite : comment Marthe réagit-elle à la réponse de Jésus ?
–    Avant – après : dessiner Marthe avant qu’elle interpelle Jésus et après la réponse de Jésus.
–    Actualiser (avec les plus grands) : Discuter avec les enfants de ce qui est important / essentiel / superflu… dans leur vie. Y-a-t-il de la place pour Dieu ? Quelle place ? Il ne s’agit en aucun cas de les juger (ni de juger les choix de vie de leurs parents), mais de les inviter à réfléchir sur le temps, l’énergie mais surtout l’importance accordés à l’école, leurs activités, la famille… Est-ce que chaque chose a la place qui lui revient vraiment ?

 

Crédit : Claire de Lattre-Duchet (UEPAL) Point KT