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L’enfant qui voulait être un ours

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 Animation : Discussion collective avant et après la vision d’un film
Age : enfance( 5-8 ans)
Support : Film d’animation franco/danois, « L’enfant qui voulait être un ours » (Drengen der ville vaere bjorn), de Jannik Hastrup, 2002, 80’
A partir de 5 ans. Disponible en DVD.
Un couple d’ours blancs se promène sur la banquise, caracolant joyeusement et tendrement, lorsque surgit un troupeau de loups, affamé et agressif… Pendant leur fuite, la femelle chute du bord d’une falaise, et tombe loin dans la mer glacée… Cela sera fatal au petit qu’elle porte en son ventre… Toute à son chagrin, elle délaisse son compagnon, qui ne sait quoi faire pour la sortir de sa douleur… Jusqu’à croiser la masure d’un chasseur inuit dont l’épouse vient de mettre au monde un petit garçon, que justement ils viennent de prénommer «ours », à cause des cris déchirants de la femelle en détresse qui leur parviennent, sans en comprendre la teneur… L’ours prend l’enfant, délicatement, et l’emporte à sa compagne, petit être nu et terriblement fragile en ces contrées polaires… L’ourse prend le petit contre elle, revit au contact de ce corps minuscule  qui a besoin d’une maman, l’appelle tendrement « mon petit ours », et l’élève dès lors comme son ourson, tout en sachant sa différence, avec la complicité d’un corbeau facétieux qui ne sait pas atterrir sur la glace…
L’enfant grandit.. ses parents humains le cherchent sans relâche, la mère emplie d’espoir, le père rêvant au moins de tuer l’ours qui jadis lui enleva son premier-né…

Ce qui devait arriver arrivera, le père retrouvera l’ourse et « leur » enfant, tuera la femelle et ramena « Petit Ours » à son foyer d’origine… Mais l’enfant croit être un ours, veut être un ours… Il ne veut pas être un humain, même s’il connaît, comprend son origine première… Il est né humain, mais il est ours… Il s’enfuira voir l’Esprit de la montagne, qui lui donnera trois épreuves à surmonter (le courage, l’endurance, la solitude), pour qu’il prouve qu’il a tout des qualités d’un ours… Dans le corps faible et fragile qui est le sien, sans le savoir, aidé des animaux qui selon les lois traditionnelles pouvaient venir en aide aux humains, il réussira, retrouvera une jeune et jolie ourse qu’il avait connu « enfant »… mais aussitôt rattrappé par son père qui, à la recherche encore une fois de son fils, croyait tuer un ours menaçant… Son fils recouvrant son corps d’enfant, il le ramena dans son foyer humain… Proche, la jeune et jolie ourse appelait ce fils humain qu’ils avaient enchaîné pour le garder près d’eux… Alors en le regardant, et en entendant le chant d’amour et de tristesse venant du dehors, ils le laissèrent aller… le laissèrent choisir sa destinée… Et le « Petit ours » devenu grand plongea dans la mer froide comme dans sa vie, et devint véritablement l’ours qu’il n’avait jamais cessé d’être, s’en allant tendrement avec sa nouvelle compagne…

A mille lieux de tout manichéisme, « L’enfant qui voulait être un ours » est un film d’animation d’une grande poésie qui ravira les petits et qui, en même temps que de ravir aussi les adultes, catéchètes, et parents que nous pouvons être tout à la fois, nous fera réfléchir… Tiré d’un véritable conte inuit, cette histoire, servie par des images et une musique magnifiques, entraînera petits et grands vers de lointaines contrées…

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Dans vos échanges avec les enfants, prenez en compte que les enfants comprendront et prendront plus en compte la souffrance et l’affection de la famille ours, plutôt que de la famille humaine, même s’il n’y a pas là l’élément du conte traditionnel de nos contrées à nous, qui offre au jeune héros ou héroïne un autre devenir par rapport à son existant misérable ou maltraité… Pour les adultes que nous sommes, nous sommes également sensibles à la détresse de ces parents humains à qui l’on vole l’être de tous leurs désirs, de cette mère qui ne se sent plus d’avenir, de ce père animé par la soif de vengeance…mais les enfants ne le sont pas tant… Pour eux, le désespoir de cette maman ours qui vient de perdre son petit (image très marquante quand elle le secoue doucement, le serre, le lèche, puis le laisse…) justifie toute l’aventure qui s’ensuivra… Il est absolument « normal » que l’enfant veuille devenir un ours…
A nous, adultes, ce film d’animation pose aussi quelques questions : celle de la filiation, celle de la liberté de nos enfants, celle du renoncement, face à leurs choix et à leur vie, etc…

Pistes d’animations :
  • avant le visionnage du film : dire le titre du film aux enfants, et leur demander d’imaginer pourquoi un enfant voudrait-il devenir un ours ? Leur demander s’ils voudraient eux-mêmes se métamorphoser en un animal, et si oui, lequel, et pourquoi ?
      • après le visionnage du film :- leur reposer les mêmes questions, à nouveau, pour voir si leurs réponses divergent (risque qu’ils veuillent tous devenir un ours polaire!)

        – non pas comparer mais mettre en avant l’amour de ces deux « mamans » : toutes deux aiment tant leur enfant qu’elles mettent leur vie en péril pour lui (possibilité alors de parler de la filiation et de l’adoption, ces deux mères sont semblables dans leur amour et dans leur « instinct » maternel : au final, toutes deux sont sa « maman », à n’en pas douter)

        – Légendes inuits, et toutes ces légendes où l’on prête vie, esprits, pouvoirs, aux forces naturelles, et aux animaux… Racontées tout simplement, ces légendes ouvrent à l’idée de respect de la création et des beautés qui les entourent, et sont à rapprocher des récits de création de la Genèse…

        – Grandir, devenir celui que l’on veut être : demander aux enfants qui ils sont aujourd’hui, qui ils voudraient être quand ils seront grands, et les encourager à être un jour ce qu’ils auront choisi d’être, comme « Petit Ours »…

        – « Croire à l’impossible » : ce fût parfois le sous-titre de ce film. Croire que l’impossible est possible est sans nul doute ce qui caractérise l’espérance chrétienne pour nos vies, pour le monde, pour la création… C’est là une espérance forte à partager avec les enfants…

Et quoi de mieux que cette histoire impossible qui devient possible, à l’heure de Noël, où tout ce qui était impossible devient si soudainement possible, si soudainement réel, si soudainement véritable, que cela peut nous transformer, nous rendre autres ?