Les Fils de l’homme (Children of men), Alfonso Cuaron, d’après le livre de PD James, 2006, 1h50’
A partir de 12 ans
Age : adolescents, à partir de 12 ans
Support : Film anglais, « Les Fils de l’homme », de Alfonso Cuaron, disponible en DVD
Animation : Discussion collective après la vision d’un film
Année 2027… Sans que personne ne comprenne pourquoi, il s’avère que les femmes sont stériles depuis presque deux décennies, et qu’aucune naissance n’a eu lieu depuis 18 ans… Depuis, le monde se déchire, les barrières se dressent, les gouvernements totalitaires tentent de maîtriser des sociétés qui tendent à devenir de plus en plus anarchistes et violentes… Nous sommes en Angleterre, les étrangers qui essaient d’entrer dans le pays, espérant trouver un oasis, sont parqués et livrés à eux-mêmes dans des camps inhumains, voire même sommairement exécutés… L’Etat vend des kits de suicide à ses citoyens… Bref, un monde et des sociétés sombres, déprimés, désabusés, qui sombrent petit à petit dans le chaos…
Théo est l’un de ces citoyens, indifférent à tout, noyant dans l’alcool ses idéaux évanouis, jusqu’à ce qu’en raison de son passé militantiste, il ne soit recruté, de force, par un groupuscule qualifié de terroriste par l’Etat, afin d’aider une jeune femme à quitter le pays, pour rejoindre un mystérieux bateau appelé « Tomorow », appartenant à l’organisation Renouveau Planétaire… Il ouvrira alors les yeux sur les dessous de cette humanité déshumanisée et mourante, et découvrira aussi le secret que cette femme porte en elle, et qui pourrait bien changer la face du monde : un enfant…
Pistes d’animations et de réflexions :
– Faire une liste de tout ce qui indique dans le film un manque d’espérance, un manque de futur (les kits de suicide, les écoles désaffectées, le chacun pour soi, etc.), et au contraire de tout ce qui indique un possible retour à l’espérance (le bébé, le bateau qui s’appelle « Tomorow », les attitudes des gens lorsqu’ils aperçoivent ou entendent l’enfant, comme les soldats, etc.)
– Regarder l’affiche anglaise, plus « parlante » que la française, et également les affiches de publicités pour promouvoir le film, terriblement cyniques.
– Pourquoi un monde sans enfant devient-il un monde sans espérance ? Imaginer effectivement ce que deviendrait son village, sa ville, son pays, sans enfants.
– Kits de suicide : en 2027, les kits de suicide « Quietus » sont vendus de façon tout à fait légale, et publicité même est faite pour convaincre les gens d’en acheter, et de décider ainsi du moment de leur mort… De même, l’Etat mélange des antidépresseurs à la nourriture que les gens achètent. Que penser de cela, et quel rapport à la mort et à la vie cela induit-il ?
– Exclusions : avec la perte des enfants, ont été perdus l’amour et la tendresse, l’innocence et l’humanité. Les rapports humains sont devenus exclusivement des rapports de violence et d’humiliation. Sans avenir, les hommes sont retombés dans des peurs primaires de l’étranger et de la différence. La question du sort fait aux étrangers est très présente dans le film, et terrifiante, que ce soit dans les publicités incitant à la dénonciation, dans les cages où ils sont parqués le long des voies de gare, que dans le camp où l’enfant naîtra, véritable pogrom inhumain où se déroule une guerre civile, magma de violences et de peurs d’où le soleil est complètement absent.
On peut donc évoquer avec les jeunes la façon dont, en beaucoup d’endroits de la terre, sont traités les étrangers, y compris en France (centre de rétention, lois toujours plus dures, etc.)
– Œuvres d’anticipation : les œuvres d’anticipation sont souvent des avertissements sur la façon dont le présent pourrait influencer l’avenir.
Dans The children of men, personne ne sait pourquoi les femmes sont devenues stériles. Les « repentants » avancent diverses raisons, telles que la pollution, les guerres, voire même une punition de Dieu contre l’humanité qui s’est si mal servi de la Création. A l’heure où nous commençons effectivement à voir la terre changer à cause des dérives humaines, ce scénario ne peut que nous faire froid dans le dos.
Ces films (et livres, aussi) prennent toujours l’actualité et les peurs de l’époque comme bases pour imaginer, et avertir de ce que pourrait être le futur : les œuvres d’après-guerre redoutaient les guerres nucléaires, et puis il y a eu la peur du progrès et de la robotique, il y a eu la peur des totalitarismes et de l’eugénisme, la peur de la pollution, des catastrophes climatiques, etc. Chercher des noms de livres ou de films avec les jeunes, ils en ont vu beaucoup !
– Et bien évidemment, il faut évoquer le titre, qui fait penser à un autre Fils de l’homme ! Comment alors ne pas évoquer ce Fils de l’homme là, qui a fait naître ou renaître l’espérance dans les vies et dans le monde ?