Point KT

La légende des moutons

image_pdfimage_print

Cette saynète de Noël est une pièce qui fait réfléchir petits et grands : ne sommes-nous pas des moutons, qui suivons, qui nous plaignons, qui ne sommes souvent pas capables de prendre les décisions qui, pourtant, s’imposeraient ? Cette saynète invite à devenir responsable de notre monde, pour qu’il soit plus beau. Elle invite aussi à se laisser transformer en Jésus-Christ afin qu’il inspire nos choix et nos décisions.

Attribution des rôles (avec nombre d’interventions entre parenthèses)

  • Alice (6)
  • Rachel (10)
  • Cavalier (1)
  • Voyageur 1 (1)
  • Voyageur 2 (1)
  • Voix 1 (3)
  • Voix 2 (3)
  • Voix 3 (3)
  • Bergère Louise (13)
  • Bergère Sophie (12)
  • Bergers Sam (15)
  • Marie (6)
  • Joseph (6)
  • Pasteur (5)
  • Mélissa (10)
  • Beverly (9)

Musique

La légende des moutons

On frappe les 3 coups (et on attend le silence) !

Acte I

Les voyageurs sont prêts derrière les collines. Le cavalier va se positionner en bas de l’escalier. Alice et Rachel sont prêtes à entrer depuis la porte de l’église.

Allumer les lumières

  • Alicante (attendre le silence) : Tu as déjà remarqué que certaines personnes se plaignent tout le temps que tout va mal ?
  • Rachel : Oh oui. Mais ce n’est rien. Il paraît qu’il y a bien longtemps, il a existé un temps ou tout allait vraiment mal. C’était avant la radio et la télévision, mais les mauvaises nouvelles n’arrêtaient pas.
  • Alice : Oui, Inondations, famines, guerres. Merci pour tout !
  • Rachel : Tout ! (le cavalier se met en route depuis le bas de l’escalier) Quand un cavalier passait, on lui disait : « Holà, salut cavalier, quelles nouvelles ? »
  • Cavalier (cheval) : Mauvaises. La sécheresse continue. Plus rien ne pousse. Et les animaux n’ont plus rien à manger.
  • Alice : C’était terrible !
  • Rachel : Terrible. (les voyageurs démarrent depuis derrière les collines) Et quand des voyageurs étaient de passage. On leur disait : « Salut voyageurs, quelles nouvelles ? »
  • Voyageur 1 : Nous venons de loin et les nouvelles ne sont pas meilleures là-bas.
  • Voyageur 2 : C’est la guerre en Mésopotamie.
  • Rachel : Oui, c’était terrible en ce temps-là.

Chant : Rien ne va plus (strophe 1)

Diminuer les lumières

Le cavalier et les voyageurs vont se changer rapidement en moutons, et se tiennent prêts avec un micro à faire les voix depuis derrière les collines. Les bergers se cachent derrière les collines.

  • Rachel : C’était comme ça en ce temps-là.
  • Alice : Les gens en avaient tellement assez d’entendre des mauvaises nouvelles qu’ils ne savaient plus quoi faire.
  • Rachel : Peu à peu, ils se sont contentés de dire : (les voix doivent être prêtes !)
  • Voix 1 : De toute façon, on ne peut rien y changer !
  • Voix 2 : Ils n’ont qu’à se taper dessus. Ce ne sont pas nos affaires !
  • Voix 3 : En tout cas, il ne faut se mêler de rien.
  • Voix 1 : C’est comme ça, on ne peut rien y faire.
  • Voix 2 : Bof !
  • Voix 3 : T’en mêêêle pas
  • Voix 1, 2 et 3 : Bêêêêêê.
  • Rachel : Et c’est ainsi que les hommes et les femmes ont été changés en moutons !


Chant : Nous sommes des
moutons. Les moutons sortent de derrière la colline, viennent sur le grand tapis vert et chantent à genoux ; les bergers vont se mettre : Sam à la porte du temple, Sophie vers la sacristie, Louise de l’autre côté. A la fin du chant, les moutons broutent immobiles et bêlent doucement de temps à autre.

  • Rachel : Tous les gens avaient été changés en moutons. Tous… enfin presque !

Rachel et Alice vont vite se changer en moutons et viennent brouter sur le tapis vert. Baisser les lumières

Acte II

  • Bergère Louise : Ah ! Enfin quelqu’un d’autre que moi qui n’est pas devenu un mouton !
  • Berger Sam : Ouf ! J’ai bien cru que j’étais le seul.
  • Bergère Sophie : Vous savez pourquoi on ne s’est pas transformés en moutons, vous et moi ?
  • Bergère Louise : Je crois que c’est parce que, pendant que tout le monde se lamentait, j’ai décidé de faire un peu de feu pour qu’ils ne prennent pas froid.
  • Berger Sam : Et moi, j’ai fait de la soupe. Quand ils auront fini de pleurnicher, ils auront certainement faim.
  • Bergère Sophie : Moi je finissais de réparer un abri en bois.
  • Bergère Louise : Nous voilà donc bergers. Avec tous ces moutons, on a du travail !
  • Berger Sam : Finie, la tranquillité ! Nous voilà responsables d’un troupeau immense.
  • Bergère Sophie : Cela me fait un peu peur, d’avoir la responsabilité de tous ces moutons…
  • Bergère Louise : Nous verrons cela demain. Pour l’instant, je vais aller essayer de dormir. (va se coucher sur le coin droit du tapis vert) J’espère qu’ils arrêteront de bêler au moins un moment, sinon je ne vais pas fermer l’œil !
  • Berger Sam : Bonne nuit ! (s’assied, fait semblant de se réchauffer les mains à un feu)
  • Bergère Sophie : Bonne nuit ! (se couche sur le coin gauche du tapis vert, avec sa lanterne)

Musique : calme. La musique devient plus douce et le berger dit :

  • Berger Sam : C’est bizarre. La nuit est calme. Je n’entends même plus les moutons. Je ne sais pas s’ils ont arrêté de bêler ou si c’est moi qui ne fais plus attention. J’ai envie de me mettre en route avec mon troupeau. C’est le milieu de la nuit et je ne sais pas où aller, mais j’y vais !


Sam prend son bâton, fait le tour des fleurs suivi de deux moutons ; Sophie allume sa lanterne et part dans l’autre sens, suivie de deux moutons ; ils se rencontrent devant la scène. Louise part derrière les collines suivie de ses moutons. S’il n’y a pas la place, les enfants font semblant de marcher.

  • Berger Sam : Bonjour. Toi aussi tu es dehors à cette heure-là ?
  • Bergère Sophie : Il faisait tellement sombre et ma petite bougie éclairait tellement mal que je me suis dit : Ça ne peut plus durer. Je sors ! Peut-être qu’il fait moins sombre dehors !
  • Berger Sam : Il faisait tellement froid, mon petit feu chauffait tellement mal, que je me suis dit : Ça ne peut plus durer. Je sors ! Peut-être qu’il fait moins froid dehors !
  • Bergère Sophie : Mais regarde, voilà une autre bergère ! (Louise revient suivie de ses moutons)
  • Bergère Louise : J’étais tellement seule que je n’arrivais plus à chanter une chanson dans ma tête. Je me suis dit : Ça ne peut plus durer. Je sors ! Peut-être que je serais moins seule dehors !
  • Berger Sam : Continuons notre route ensemble.

Musique. Les 3 bergers, suivis des moutons, se mettent en route en direction de la tour, font le tour des fleurs et, lorsque la musique s’arrête, ils reviennent rapidement sur le tapis vert.

  • Bergère Sophie : Regardez ! On dirait que la nuit est moins sombre…
  • Berger Sam : Vous sentez ? On dirait que le froid pique moins qu’avant.
  • Bergère Louise : Ça y est ! Je me sens moins seule.
  • Bergère Sophie : Évidemment, nous sommes trois !
  • Bergère Louise : Même quand on est plusieurs, il arrive qu’on se sente seul. Mais maintenant, c’est différent, nous sommes… ensemble !

Chant : Ô nuit bienveillante (avec les gestes)

Baisser les lumières – Marie et Joseph vont tout de suite se changer derrière les collines puis viennent se placer dans la crèche, derrière le rideau.

Acte III

  • Bergère Sophie : Nous avons bien marché. Voilà que nous arrivons dans une petite ville.
  • Berger Sam : Vous avez remarqué, toutes les maisons se ressemblent !
  • Bergère Sophie : Pas toutes… (se déplace à gauche de la fenêtre) Regardez celle-là ! Elle est toute sombre.
  • Berger Sam : Oui, le reste du village est bien éclairé, mais cette maison est un peu en dehors. Elle semble froide.
  • Bergère Louise : Écoutez ! (Marie imite des pleurs de Jésus) On dirait les cris d’un enfant qui pleure. Il y a donc quelqu’un dans cette maison !
  • Bergère Sophie : Qu’est-ce qu’on fait ? On entre ? Ou en s’en mêêêêle pas ?
  • Bergère Louise : T’es bêêêête, bien sûr, on y va.

Quelqu’un descend le rideau. On voit Joseph et Marie, un enfant dans les bras, qui tentent de calmer l’enfant. Les bergers font attention de ne pas se tenir devant la crèche, mais se tiennent sur le côté en parlant.

  • Bergère Sophie : J’ai mis ma chandelle à l’abri des courants dans cette lanterne. Tenez, je vous la donne. Il fait si sombre ici !
  • Berger Sam : J’ai emporté quelques braises de mon feu dans cette chaufferette. En soufflant un peu dessus, le feu va repartir.
  • Bergère Louise : Vous êtes tous seuls ici, avec le bébé qui pleure. Je vais vous chanter une chanson. Bergère Louise chante une chanson.
  • Joseph : Merci. On se sent mieux ! C’est heureux que vous soyez venus jusqu’à nous.
  • Marie : On y croyait à peine. Il parait qu’une bonne nouvelle est arrivée cette nuit. Dieu est là !

Les bergers regardent au ciel (les lumières éclairent le plafond)

  • Marie : Ne regardez pas tout là-haut ! Il n’est pas plus grand que ce nouveau-né.
  • Joseph : Mais il va grandir. Et il n’y aura plus besoin de se résigner face aux mauvaises nouvelles.
  • Berger Sam : Ah bon ? Vous croyez que c’est possible ?
  • Joseph : Nous allons prendre soin de ce bébé. Et nous croyons que la bonne nouvelle va grandir avec lui. Elle va se répandre un peu partout !
  • Marie : Nous l’avons appelé Jésus. Cela veut dire « Dieu sauve ».
  • Bergère Louise : « Dieu sauve ? » Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
  • Marie : Cela veut dire que Dieu donne du courage. Que Dieu aide.
  • Joseph : Cela veut dire que Dieu n’est pas loin, qu’il agit. Et que les choses changent.
  • Bergère Sophie : « Dieu sauve », cela veut dire que Dieu vient quand il fait trop sombre : et on dirait qu’il fait clair !
  • Berger Sam : Dieu vient quand il fait froid : et on dirait qu’il fait doux !
  • Bergère Louise : Dieu vient quand on est trop seuls : et on est vraiment ensemble ! A votre bébé, je lui donne un deuxième prénom : Emmanuel. Il paraît que cela veut dire « Dieu est avec nous ».
  • Bergère Sophie : Nous n’allons plus nous laisser décourager par les mauvaises nouvelles !
  • Berger Sam : Nous allons aussi guetter les bonnes nouvelles : nous en trouverons sûrement !
  • Bergère Louise : Et même, des bonnes nouvelles, nous allons en donner !

Remettre le rideau. Marie et Joseph enlèvent leur costume derrière les collines et viennent chanter

Chant : Aube nouvelle

Théâtralement, à la fin du chant les moutons enlèvent leur déguisement.
Ils les déposent par terre et s’asseyent devant.

Acte IV

  • Rachel (en regardant le public) : Regarde, il n’y a plus de moutons ! Ils ont tous disparu !
  • Alice : À la place des moutons, il y a des gens. Beaucoup de gens ! Des petits, des grands, des filles, des garçons, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes. Tous différents !
  • Rachel : Quelle chance. Tu imagines si ce temple était rempli de moutons aujourd’hui ? !
  • Alice : Pourtant, on entend encore parfois des gens qui disent : « Tout va mal… On ne peut rien y faire… Il ne faut pas s’en mêler… » Et même à Noël !
  • Rachel : J’ai une idée ! Quand tu entendras quelqu’un se plaindre que tout va mal et qu’il ne faut pas s’en mêler, tu pourras lui dire : « C’est bêêêête ! » Mais attention, juste pour Noël !

Tous les enfants reviennent sur le tapis vert

Chant : Rien ne va plus (2e strophe)

Baisser les lumières !

Acte V

Les autres enfants s’asseyent en arc de cercle devant la scène, immobiles.

  • Pasteur : Mais alors, si tout peut changer, moi j’aimerais voir ça ! Concrètement, les enfants, comment on peut faire pour que la vie soit plus belle ?
  • Mélissa : Moi j’ai changé de prénom.
  • Pasteur : Comment ça, changé de prénom ?
  • Mélissa : Moi, je m’appelais Mêêêlissa.
  • Beverly : Moi, je m’appelais Bêêêverly.
  • Pasteur : Pourquoi vous parlez au passé, je m’appelais… c’est plus comme ça ?
  • Mélissa : Maintenant, moi c’est Mélissa-Emmanuelle
  • Beverly : Moi c’est Beverly-Emmanuelle
  • Pasteur : Ah, qu’est-ce qui s’est passé pour que vos prénoms changent à ce point ?
  • Beverly : J’étais tellement sûre que Dieu était avec moi que je ne pouvais pas rester seule. Je l’ai invité à venir encore davantage avec moi. C’est ça que veut dire, Emmanuel !
  • Mélissa : Oui, c’est drôlement mieux quand Dieu est avec nous !
  • Beverly : Conduire sa vie, c’est un peu comme conduire une voiture. Parfois, on a envie de la conduire toute seule, et on met Dieu sur le siège arrière, pour ne pas trop qu’il nous dérange à vouloir nous donner des bonnes idées.
  • Mélissa : Et des fois, on le met dans le coffre, parce qu’il est vraiment trop encombrant ! Et parfois, il frappe (toc, toc, toc) : Eh ! je suis là !
  • Beverly : Moi, j’ai envie que ce soit lui qui conduise ma voiture pour qu’il m’aide à faire des bons choix.
  • Mélissa : Moi aussi, pour qu’il m’aide à ne pas rechercher seulement mon bonheur mais aussi celui des autres.
  • Beverly : Pour qu’il me donne la paix et qu’il m’aide à la semer autour de moi.
  • Mélissa : Pour qu’il me rende plus forte et capable de donner davantage d’amour.
  • Pasteur : Ouah ! Avoir Dieu au volant de ma voiture, ça a l’air vraiment chouette ! J’aime bien cette image, mais, à l’époque de la Bible, il n’y avait pas encore de voiture, vous tirez d’où cette image ?
  • Beverly (en regardant Mélissa) : Qu’est-ce que tu en penses Mélissa ?
  • Mélissa : Mais oui ! Au Psaume 25, c’est écrit : « Dirige-moi vers ta vérité, car tu es le Dieu de ma vie. » C’est comme lui demander de prendre le volant de ma voiture !
  • Beverly : Ah, et puis au Psaume 139, c’est écrit : « Regarde si je suis sur un chemin où je risque de me perdre, et conduis–moi sur la voie qui va vers toi ! », c’est un peu comme si je lui demande de l’aide pour choisir ma route lorsque je suis en voiture.
  • Mélissa : Ça m’est arrivé dans ma vie de laisser le volant à Dieu. J’avais vraiment pas envie de faire quelque chose, mais en réfléchissant, je m’étais dit : ça ferait plaisir à mon amie. Alors, je l’ai fait et quand j’ai vu sa joie, ça m’a apporté du bonheur.
  • Beverly : Mais c’est pas seulement pour nos amis qu’on peut le faire ! C’est aussi pour ceux qui sont moins sympa !
  • Mélissa : C’est bien ce que je disais, conduire sa vie, c’est comme conduire sa voiture, je donne le volant à Dieu et là, je lui fais confiance !


Tous les enfants se lèvent, se donnent la main, les gens applaudissent, on se penche trois fois pour remercie
r.

Voici les chants, avec certaines partitions, et avec les textes
Et voici un modèle pour faire un serre-tête en forme d’oreilles de moutons avec de la feutrine blanche et noire et de l’ouate :

Conte écrit sous forme de saynète par Diane Friedli, pasteure à Colombier (Suisse). Tiré du livre d’Hélène Küng, « Un jour à ne pas manquer, et autres contes de Noël », Labor et Fides, Genève, 2005

Crédit : Nicole Rochat (EREN) Point KT