Point KT

Le périple des trois mages

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INTRODUCTION

Le spectacle de Noël a été préparé pendant plusieurs séances avec les jeunes du KT des paroisses EPUdF de Beaucaire-Tarascon et du Pays d’Arles, de septembre à décembre 2019. Les jeunes ont choisi d’abord le thème : les rois mages et la manière dont Dieu guide leur vie et notre vie. Puis ils ont étudié plusieurs textes bibliques qui parlent d’interventions de Dieu (Moïse et le buisson ardent, Samuel au temple, les mages d’Orient, le départ de Jésus en Égypte et son retour, etc.) pour nourrir le contenu. Ils ont remarqué que Dieu s’annonce souvent par la présence de la lumière ou qu’on le reconnaît à travers une présence lumineuse (étoile, buisson ardent…). Ils ont choisi leur propre personnage. Avec toutes ces indications j’ai pu écrire et leur proposer le spectacle repris ici, prévu pour 6 jeunes : un narrateur/une narratrice, 3 mages, un intrus « pompier » et un fennec / ange.

PROLOGUE – le narrateur / la narratrice

Seule sur scène. Une table est posée sur la scène avec la crèche (voir photo) dessus. Une nappe jusqu’au sol doit cacher les jeunes cachés derrière.

Il fait nuit, bien loin d’ici, à l’Orient. Le village dort. La nuit est paisible, sauf pour une personne. Il s’est réveillé et ne trouve plus le sommeil.

SCÈNE 1 : Dialogue Balthazar et Gaspard – Balthazar et Gaspard

D’un côté de la scène, dans l’espace « maison », Gaspard habillé comme un touriste/voyageur, Balthazar en peignoir.

G : Hé, Balthazar, qu’est-ce qui t’arrive si tôt le matin ? T’es tombé du lit ?

B : Je pars !

G : N’oublie pas de passer voir le médecin. Je ne sais pas ce que tu as, mais ça ne semble pas tourner rond dans ta tête.

B : Rond ? Non, c’était plutôt en forme d’étoile.

G : Étoile ? Qu’est-ce que tu racontes ?

B : Je veux dire que cette nuit j’ai vu la lumière qui brillait comme une étoile.

G : Et ?

B : Et ça m’a étonné. Ça venait de mon téléphone. Tu sais, la petite lumière qui clignote. Ça voulait dire que j’avais un message. C’est rare la nuit. J’ai regardé tout de suite.

G : C’était quoi ce message ? Dis, tu as une copine ?

B : C’est pas ça. Le message, c’est qu’un nouveau roi juif vient de naître. Moi je veux aller le voir.

SCÈNE 2 : Dialogue des trois mages – Balthazar, Gaspard et Milka (version féminine inventée pour Melchior)

Idem

M :  Ça y est, j’ai fait du café. Qui en veut ?

B : Non merci. J’ai pris le thermos pour la route. Bon app à vous !

: Tu vas où ?

B : Chez le roi.

M : Genre, Rue du Palais, numéro 1, 10 000 CAPITALE ?

B : Ben non, vous manquez de toute spiritualité ! Le roi des Juifs est annoncé par les prophètes depuis longtemps. Aujourd’hui c’est le jour tant attendu. C’est Dieu lui-même qui s’est mis à notre hauteur humaine.

J’ai reçu un premier message pour annoncer sa naissance. Il y en aura bien d’autres. Et tant qu’il n’y en a pas, je sais que le chemin c’est tout droit. Adieu !

SCÈNE 3 : Mémoires du voyage – le narrateur/la narratrice

Le narrateur/la narratrice sur scène, pendant que Balthazar fait des allers-retours.

Balthazar est parti, laissant ces deux colocataires dans la plus grande consternation.

Il fait une journée de marche, puis une deuxième, puis une troisième et ainsi de suite.

Ces journées se ressemblent beaucoup : marche-repas, marche-repos, marche-repas, marche-repos…Sans oublier ses regards plein d’espérance sur son portable. Quand viendra le nouveau message ?

Quelques jours plus tard, Balthazar marche encore, toujours avec le même élan, sauf que ses provisions commencent à manquer et que la batterie de son portable est à plat…et qu’il n’a toujours pas reçu de message. Il ne lui reste plus que ses oreilles pour guetter Dieu qui lui parlera pour indiquer le chemin.

SCÈNE 4 : Balthazar rencontre l’intrus près du buisson ardent – Intrus

L’intrus (en costume de pompier, extincteur sous le bras) vient en courant du fond du temple, où un « buisson ardent » était placé avant le début du spectacle.

I : Monsieur, monsieur ! <Elle/il arrive en courant, extincteur sous le bras. Balthazar s’arrête>

I : Monsieur, aidez-moi, s’il vous plaît. Il y a un feu. C’est extra-ordinaire, même avec l’eau et l’extincteur je n’arrive pas à l’éteindre (cf. Ex 3).

B : Désolée Madame/Monsieur, il faut que j’aille tout droit. J’ai un rendez-vous divin. Il n’y a que Dieu qui peut me faire changer de chemin !

SCÈNE 5 : Dieu appelle Balthazar – voix off (fennec/ange), l’intrus et Balthazar

Balthazar continue à faire des allers-retours sur la scène. Le fennec/ange est positionné derrière la table.

Voix off : Balthazar ! Balthazar ! (cf. 1 S 3).

B <En se tournant vers l’intrus> : Je suis là. Vous m’avez appelé ?

I : Non, non, pas du tout.

Voix off : Balthazar ! Balthazar !

B <En se tournant vers l’intrus> : Je suis là. Vous m’avez appelé ?

I : Non, monsieur, vous entendez des voix !

Voix off : Balthazar ! Balthazar !

B : Madame/Monsieur, arrêtez de m’appeler !

I : Monsieur, je ne vous appelle pas. La prochaine fois qu’on vous appelle vous direz « Parle, mon Dieu, ton serviteur écoute » (cf. 1 S 3).

SCÈNE 6 : suite du voyage – le narrateur/la narratrice

Le narrateur/la narratrice sur scène, Balthazar continue son chemin. L’intrus se place derrière la table.

Balthazar continue son chemin. Un jour un grand nuage est venu se poser au-dessus de sa tête, cachant le soleil brûlant. Un bonheur. Le lendemain la colonne de nuée a changé de direction (cf. Ex 13), mais lui, Balthazar, il a continué tout droit.

Un jour encore, il a entendu un souffle léger et dans le souffle une voix qui lui disait : « Pourquoi es-tu ici, Balthazar ? ». Il a dit : « C’est toi, Seigneur, Dieu de l’univers ? J’ai tant de zèle pour toi que ça fait des jours et des jours que je marche. Parle-moi. Est-ce encore loin ? Et le Seigneur lui dit : « Va, retourne par le même chemin à travers le désert, et rends-toi à Bethléhem » (cf. 1 R 19). Balthazar s’est dit que retourner en arrière, cela ne peut pas être la voix de Dieu. Il continue donc son chemin tout droit.

SCÈNE 7 : Balthazar et le fennec – Balthazar, le fennec/ange

Le fennec coupe la route à Balthazar.

B : Au secours, un fennec !

F : Vous vous trompez de route !

B : Au secours, un fennec qui parle !

F : Balthazar, arrêtez-vous. Bethléhem n’est pas par ici.

B : Au secours, un fennec qui parle et qui connaît mon nom !!!

F : C’est Dieu qui m’envoie, pour vous indiquer la route.

B : Laissez-moi passer ! <Balthazar pousse le fennec pour passer, toujours tout droit et s’arrête du côté de la scène le temps de la réponse du fennec>.

F < le fennec se place au milieu de la scène> : Que faire pour que cet humain comprenne où Dieu veut le mener ? Tant de signes sur son chemin et aucun effet ! <Le fennec réfléchit, puis :> Ah ! J’ai une idée. Ça doit marcher. Je vais me mettre des ailes d’ange. Il comprendra que je lui parle de la part de Dieu et pour son bien…

SCÈNE 8 : Balthazar et l’ange

Le fennec met les ailes d’ange, puis Balthazar se retourne et continue « son chemin ».

B : Ah ! Enfin. Dieu m’a envoyé un messager.

F : N’ayez pas peur, c’est le fenn…uhm…c’est moi, l’envoyé de Dieu.

B : Je cherche le roi des Juifs, nouveaux-né, à Bethléhem. Pourriez-vous m’indiquer le chemin ?

F : Attendez, j’ai un message spécial pour vous ! <Sort un papier de sa poche et lit>. Voici le message.

Balthazar, j’ai vu ton zèle d’aller à Bethléhem voir le roi des Juifs, Fils de Dieu, Jésus qui deviendra le Christ. Sur ton chemin dans le désert je t’ai donné plusieurs signes, pour que tu trouves ton chemin.

J’étais là, dans le feu qui ne voulait pas s’éteindre. C’était un signe de ma lumière éternelle. Tu n’as pas vu l’extra-ordinaire de ce feu, par lequel je voulais attirer ton attention. Tu as ignoré la voix de mon serviteur qui t’a parlé.

Je t’ai appelé par ton nom, à trois reprises, en disant « Balthazar, Balthazar ». Tu n’as pas reconnue ma voix, ni écouté mon serviteur qui t’a donné un indice. Elle connaît et reconnaît bien ma voix, c’est pourquoi elle peut être prophète.

Tu ne m’as pas reconnu dans la colonne de nuée que je t’ai envoyé. Je voulais te protéger du soleil brûlant et te guider. Ma colonne de nuée a pris le chemin pour Bethléhem…et tu n’a pas suivi.

Quand je me suis rendue présente dans le souffle léger, tu m’as parlé, tu m’as posé tes questions. Tu ne m’as guère laissé la place pour que je te parle…

Mais moi, Dieu, je ne laisse pas tomber les gens qui font leur mauvaise tête. Je marche devant eux, comme je marche devant toi, quelque soit le chemin que tu choisis. Je t’ai alors envoyé un fennec, le plus petit de sa famille, pour te faire changer de direction. J’ai choisi le petit et le faible, pour te conduire, toi, le grand maître de l’Orient ! Tu sais, c’est souvent ainsi que je travaille…penses-y quand tu seras arrivé chez le roi. Ça t’aidera à le reconnaître, car « Voici le signe qui te le fera reconnaître : tu trouveras un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire » (Lc 2,12).

B <pensif> : Il ne me reste donc plus qu’à faire demi-tour.

F : Si vous voulez, oui. Faire demi-tour, c’est le terme exact que la Bible utilise pour parler de « conversion », métanoia.

B : Et je peux vous suivre ? Vous semblez en savoir beaucoup plus.

F : Attendez, que j’enlève mes ailes. C’est plus facile pour marcher…

B : Ah, non, c’est vous !?!

F : Oui, enchantez de faire route avec vous.

SCÈNE 9 : La finale à Bethléhem – tous

Gaspard, Milka et l’intrus sont cachés derrière la table (depuis leur dernière intervention), Balthazar et le fennec/ange se retournent pour se diriger vers la crèche sur la table. A ce moment :

Gaspard, Milka et l’intrus : Surprise !

B : Vous ici ?

G : Nous étions encore au café, quand nous avons entendu une troupe très nombreuse d’anges du ciel, qui louaient Dieu en disant : « Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime ! » (Lc 2,13s). Vu la grande lumière, nous avons su que ça venait de Dieu. Nos parents et grands-parents ont souvent parlé de lui dans ce sens…

M : Et un des anges nous a dit « N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup tout le peuple : cette nuit, dans la ville de David, est né, pour vous, un sauveur ; c’est le Christ, le Seigneur ! Et voici le signe qui vous le fera reconnaître : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. » (Lc 2,11s).

G : Nous avons laissé notre programme se déranger par cette nouvelle. Nous sommes partis à la recherche du nouveau-né et nous voilà. Contents de te revoir !

M : Nous sommes venus et nous croyons non pas à cause de ce que tu nous as dit, sur ton texto et la lumière de ton téléphone, mais parce que nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde (cf. Jn 4,42).

 

Crédit texte : Marlies Voorwinden avec les catéchumènes de l’EPUdF de Beaucaire-Tarascon et du Pays d’Arles de l’année 2019-2020 ; crédit photo : Marlies Voorwinden – Point KT