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Ismaël le fils d’Agar – Le projet de Dieu et la fraternité en question

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Ismaël le fils d’Agar est une réflexion sur trois axes proposée aux enfants du catéchisme à partir de 15 ans. ​​Si l’on veut y travailler avec des enfants plus jeunes, on peut séparer les trois axes et en aborder un seul par séance. Trois pistes de réflexion possibles pour ce texte de Genèse 21, 1 à 21 :

– Dieu accueille toute personne : Télécharger le document

– Dieu nous entend : télécharger : Télécharger le document

– Dieu a un projet pour chacun de nous : télécharger : Télécharger le document

 

Nota bene : On prendra garde d’éviter les discours de jugement et les interprétations misogynes ; on veillera rigoureusement à ne pas encourager les enfants dans ce sens. Au contraire, en s’appuyant sur le texte, on s’efforcera de montrer aux enfants comment Dieu intervient dans l’histoire d’une famille pour l’aider à dénouer ce qui est compliqué. Il conviendra de rappeler que la force des enseignements bibliques se trouve précisément dans le fait que la Bible raconte des histoires d’hommes, elle n’essaie pas d’en faire des saints en cachant leurs défauts ou leurs faiblesses. À partir de l’humain avec ses faiblesses, la Bible peut ainsi nous parler de la grâce de Dieu qui accueille tout homme. Ceci est un préalable important avant d’ouvrir la Bible avec les enfants, pour qu’ils gardent à l’esprit le cœur de la Bonne nouvelle : Dieu nous aime et veut nous sauver tous.

Explication aux enfants, avant de lire le texte biblique :

Sarah et Abraham n’arrivaient pas à avoir un enfant, alors Dieu leur a promis qu’il leur donnerait un fils. Comme ils n’y croyaient pas, Abraham, avec l’accord de Sarah, a fait un enfant avec une servante égyptienne prénommée Agar. Au début ils pensaient tous les deux que c’était la solution à leur problème, mais très vite la rivalité est née entre Sarah et Agar. Aussi, quand la naissance de l’enfant promis par Dieu arrive enfin, il y a une ombre au tableau : Sarah ne porte pas Agar et son fils dans son cœur…

Lisons Genèse 21, 1-21 :
Le Seigneur fait du bien à Sarah comme il l’a dit. Il fait pour elle ce qu’il a promis. Elle devient enceinte et elle donne un fils à Abraham au moment que Dieu a annoncé. Pourtant Abraham est déjà vieux. Le fils que Sarah lui donne, Abraham l’appelle Isaac. Il le circoncit à l’âge de huit jours, comme Dieu l’a commandé. Quand Isaac naît, Abraham a 100 ans. Sarah dit : « Dieu m’a fait rire de joie. Tous ceux qui apprendront la naissance d’Isaac riront avec moi. » Puis elle ajoute : « Qui pouvait dire à Abraham : “Un jour, Sarah allaitera des enfants ? ” Pourtant, je lui ai donné un fils dans sa vieillesse ! »

Isaac grandit, et Sarah arrête de l’allaiter. Le jour où Sarah sèvre l’enfant, Abraham donne un grand repas. Agar, l’Égyptienne, a donné un fils à Abraham. L’enfant est en train de s’amuser, et Sarah le voit. Elle dit à Abraham : « Chasse cette esclave et son fils. Le fils de cette esclave ne doit pas hériter avec mon fils Isaac. » Abraham est vraiment triste d’entendre cela. En effet, Ismaël, l’enfant d’Agar est aussi son fils. Mais Dieu dit à Abraham : « Ne sois pas triste à cause du garçon et de ton esclave. Fais tout ce que Sarah te dit. Les enfants et les enfants de leurs enfants que je t’ai promis, tu les auras par Isaac. Je ferai aussi naître un peuple du fils d’Agar, ton esclave. En effet, Ismaël aussi est ton fils. »

Le jour suivant, Abraham se lève tôt le matin. Il prend du pain et une outre pleine d’eau, il les donne à Agar. Il lui met l’enfant sur le dos et il la renvoie. Agar s’en va et elle se perd dans le désert de Berchéba. Quand il n’y a plus d’eau dans l’outre, elle laisse l’enfant sous un buisson. Puis elle va s’asseoir un peu plus loin, à la distance d’une flèche. En effet, elle pense : « Je ne veux pas voir mourir mon enfant. » Elle s’assoit donc un peu plus loin, elle se met à pleurer.

Dieu entend les cris de l’enfant. Du ciel, l’ange de Dieu appelle Agar. Il lui dit : « Agar, qu’est-ce que tu as ? N’aie pas peur. Dieu a entendu l’enfant crier là-bas. Lève-toi ! Prends ton fils et tiens-le d’une main forte. Je ferai naître de lui un grand peuple. » Dieu ouvre les yeux d’Agar. Elle aperçoit un puits avec de l’eau. Elle va remplir l’outre et elle donne à boire à son fils. Dieu prend soin de l’enfant. Ensuite, l’enfant grandit et il habite dans le désert. Il devient un tireur à l’arc. Il habite dans le désert de Paran.

 

1- DIEU ACCUEILLE TOUTE PERSONNE

 

Que se passe-t-il dans le texte ? Sarah est très contente d’avoir enfin un enfant dans sa vieillesse ! Elle est si heureuse qu’elle organise une fête pour Isaac, à l’occasion de son sevrage (quand l’enfant cesse de prendre le sein). Une fête pour accueillir Isaac, le fils de la promesse. Une fête pour dire merci à Dieu qui a enlevé la tristesse de la stérilité et leur a donné une grande joie à travers Isaac.

Pourquoi ça dérape ? Ce qui gâche la fête, c’est que Sarah refuse d’accueillir un autre enfant de la famille : Ismaël, le frère aîné d’Isaac, le fils qui est né d’Abraham et Agar.

Que pensez-vous de l’attitude de Sarah et de la réaction d’Abraham ? (le moniteur laisse les enfants répondre puis les emmène dans la réflexion sur le thème de l’accueil). La naissance d’Isaac aurait dû être une fête où tous les enfants sont accueillis, mais elle se transforme en cauchemar pour Ismaël qui est chassé avec sa mère comme s’ils étaient des étrangers, des gens indésirables.

Or dans la Bible, Dieu accueille tous les peuples, il dit : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples. » (Ésaïe 56, 7). Toute personne qui souhaite venir au Seigneur est accueillie dans la joie, et les gens de toutes les nations deviennent les enfants de Dieu, aimés d’un même amour.

Paul écrit aux chrétiens de Rome : « Accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. » (Romains 15, 7). L’exhortation concerne la communauté chrétienne, mais elle est aussi valable pour la famille qui est le premier lieu où l’on est accueilli à sa naissance. La famille est le premier lieu où les croyants vivent la Parole d’amour et d’accueil de Dieu.

Dans l’Evangile, Jésus dit à ses disciples : « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même ; et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m’a envoyé. » (Marc 9, 37). Recevoir une personne, c’est comme recevoir Dieu lui-même, car en chaque personne Dieu a mis son image. En refusant d’accueillir le fils d’Agar, Sarah ne refuse-t-elle pas d’accueillir le Dieu qui lui avait envoyé ses messagers pour lui annoncer qu’elle aurait un enfant ? En chassant un enfant de chez elle, ne ferme-t-elle pas sa porte au Dieu qui a accompli sa promesse ? Il y a comme un acte manqué dans cette fête pour l’accueil d’un enfant, car elle devient l’occasion de se débarrasser d’un autre enfant… Certains commentateurs bibliques pensent que le rejet du fils d’Agar est la raison pour laquelle Dieu va demander à Abraham de sacrifier son fils Isaac : pour le punir d’avoir mal traité un enfant… Mais attention aux interprétations qui placent Dieu dans la position du père fouettard, ça nous installe dans la peur ou la révolte, et ça nous empêche d’accueillir l’amour de Dieu.

Jésus dit encore dans l’Evangile : « Celui qui vient à moi, je ne le chasserai jamais dehors. » (Jean 6, 37). Cela signifie que Dieu nous ouvre les bras, et il attend que nous fassions de même avec celles et ceux qu’il nous donne.

Un exemple d’accueil dans l’Église : le baptême d’un enfant
À cette occasion, les parents font un événement festif qui réunit la famille et les proches. Ils se réjouissent comme Sarah qui est reconnaissante de ce que Dieu lui a donné un sujet de rire, un sujet de joie (Genèse 21, 6). Par le baptême, l’enfant reçoit le signe de la grâce de Dieu. C’est le signe qu’il est aimé de Dieu qui l’accueille comme un fils ou une fille. C’est aussi le signe que la communauté chrétienne tout entière reçoit cet/cette enfant avec joie, comme un membre à part entière de la famille des enfants de Dieu, et toute la paroisse se réjouit pour son baptême. Peut-on imaginer qu’à un tel événement un enfant soit chassé avec sa mère comme des malpropres ? Ce serait un contre-témoignage terrible ! Au contraire, tous les enfants sont rassemblés avec l’enfant baptisé, et ils sont un signe de joie et de bénédiction pour toute l’Église.

En effet, sans l’amour et l’accueil inconditionnels du pécheur, il n’y a pas de bonne nouvelle, il n’y a pas d’Église. Sans amour ni accueil, la famille est déchirée, morcelée, séparée. Ça peut détruire complètement des vies, mais heureusement, Dieu veille pour éviter la catastrophe, c’est ce que le texte nous laisse entendre. 🙂 ????

Conclusion : Dans la famille comme dans l’Église et dans la société, Dieu nous invite à nous accueillir les uns les autres dans l’amour. À cela tous reconnaîtront que nous sommes ses enfants…

Chant : Oui, nous faisons partie de la famille de Dieu (JEM 218) 

Oui, nous faisons partie de la famille de Dieu,
Les héritiers du Père.
Nous partageons Nos biens, nos joies et nos fardeaux ;
Nous sommes sœurs et frères !

© Jeunesse en mission – YouTube Lyricist : Rolf Schneider – Composer : Rolf Schneider

 

2- DIEU NOUS ENTEND

On peut orienter la réflexion de Genèse 21 vers le thème de la prière. Si cela est fait pour un groupe d’enfants de l’école biblique, il serait bon d’adapter les échanges à leur âge pour qu’ils comprennent. 

 Proposition de séance

S’accueillir les uns les autres : 

  • Les enfants sont accueillis dans la joie, les moniteurs saluent chacun, ils présentent les nouveaux venus s’il y en a et invitent les enfants à les accueillir.
  • Prière : Seigneur notre Dieu, merci pour cette belle journée. Merci pour les amis qui sont venus à l’école biblique. Merci pour les moniteurs qui nous enseignent la Bible. Donne-nous l’intelligence pour comprendre ta Parole, bénis toutes nos familles et toute l’Église. Amen.

Chant : Dieu est si bon (JEM – KIDS 29)

Dieu est si bon – Dieu est si bon – Dieu est si bon – Est si bon pour moi !

© Jeunesse en mission – Chantons Dieu – YouTube

 

Expliquer la prière aux enfants

Le moniteur : Les enfants, qu’est-ce que la prière ?

Les enfants :

  • C’est une récitation… Je ne sais pas… Ça dure longtemps !
  • Le soir mes parents me demandent de faire la prière, mais je ne sais jamais quoi dire…

Le moniteur : Prier, c’est parler à quelqu’un, et pour les croyants, c’est parler à Dieu. Nous prions Dieu parce qu’il est notre Créateur et notre Père.

Quand vous vous levez le matin ou quand vous rentrez de l’école, vous parlez avec vos parents, vous leur expliquez ce que vous avez fait, et s’il y a eu un devoir un peu difficile vous leur en parlez, parce que vous savez qu’ils vous aiment. Vous avez confiance en eux, ils vous écoutent et vous répondent quand vous leur demandez quelque chose. Parfois, vous avez un souci et vous n’osez pas en parler, mais vos parents sentent que quelque chose ne va pas, et ils viennent vous voir pour vous écouter et vous aider. Avec Dieu, avec Jésus, c’est un peu pareil.

Chaque jour, on peut parler au Seigneur, et il nous écoute, parce que c’est notre Papa.

Jésus a appris à ses disciples à parler à Dieu comme on parle à son papa (Abba = Papa). Il appelait ses disciples ses amis, parce qu’il leur disait tout ce que Dieu lui avait appris, il ne leur cachait rien (Jean 15, 15). Prier Dieu, c’est avoir confiance en lui et écouter ce qu’il nous dit. Abraham et Moïse étaient considérés comme les amis de Dieu, parce qu’ils parlaient avec lui dans la prière, en toute confiance. Dieu est l’ami à qui on peut tout dire. Il nous écoute attentivement, il sait de quoi nous avons besoin, et il nous vient en aide.

La prière n’est pas une récitation que vous devez apprendre par cœur comme si c’était un devoir. La prière, c’est tout simplement ce que vous voulez dire à Dieu, avec vos propres mots. Bien sûr, il y a la prière du Notre Père que nous apprenons par cœur, c’est une prière que Jésus a apprise à ses disciples parce qu’ils ne savaient pas prier. Aujourd’hui, nous « récitons » cette prière parce qu’elle rassemble tous les chrétiens du monde qui peuvent prier Dieu avec les mêmes mots.

Pour quelles raisons prie-t-on ?

On prie Dieu pour :

  • dire merci pour toutes les bonnes choses qu’il nous donne,
  • demander quelque chose (de l’aide dans une situation difficile),
  • confier nos soucis ou ceux des autres,
  • lui parler de tout ce qui est important pour nous, lui poser nos questions…

Le moniteur peut donner des exemples de sujets à confier au Seigneur dans la prière :

  • On va avoir un petit frère ou une petite sœur, on le/la confie à Dieu pour qu’il/elle naisse dans de bonnes conditions et grandisse bien ;
  • On a peur du noir, on prie pour que Dieu nous rassure par sa présence.
  • On veut se réconcilier avec son meilleur ami, on demande au Seigneur de nous aider à trouver les mots pour lui parler…
  • On est content d’avoir bien travaillé à l’école et on dit merci à Dieu de nous avoir aidé, etc.

 

Lire Genèse 17, 1-21

Raconter l’histoire des deux frères Isaac et Ismaël. Suite à la naissance d’Isaac, Ismaël et sa mère Agar sont chassés de la maison et se perdent dans le désert. Sans eau, ils vont à une mort certaine, mais Dieu entend la voix de l’enfant, il entend aussi Agar pleurer et leur permet de trouver de l’eau à boire.

Dieu a entendu… Et Abraham ? Et Sarah ? Qu’ont-ils entendu qui les a poussés à chasser un enfant loin de sa maison ? En tout cas, le drame est évité parce que Dieu entend, il ne fait pas la sourde oreille quand nous crions à lui…

Question :

Est-ce que Sarah, Abraham, Agar, Isaac ou Ismaël a fait une prière ? (Laisser les enfants répondre).

  • Abraham était tout triste, Agar a pleuré, Ismaël a crié parce qu’il ne voyait plus sa mère. Aucun d’eux n’a formulé une prière en disant : ‘Seigneur Dieu, au secours, aide-moi !’ Et pourtant, Dieu « entend » la tristesse d’Abraham comme un appel à l’aide, et il vient le réconforter. Dieu entend les pleurs d’Agar et les cris d’Ismaël, et il l’aide à trouver à boire dans le désert.
  • Le récit nous apprend aussi qu’on peut prier Dieu en tout lieu, aucun endroit n’est trop loin pour qu’il nous entende. D’ailleurs, le nom d’Ismaël en hébreu signifie Dieu entend.
  • L’histoire d’Ismaël nous apprend qu’on peut prier sans dire des mots, juste avec son cœur, comme Abraham qui ne dit rien, mais sa tristesse devant Dieu est comme une prière.

On peut prier juste avec nos pleurs ou nos cris, quand on ne se sent vraiment pas bien, comme Ismaël et sa maman, et Dieu qui nous écoute attentivement viendra à notre secours.

Ça ne veut pas dire que Dieu fera tout ce qu’on lui demande comme par enchantement. Prier, ce n’est pas faire du chantage à Dieu pour qu’il nous donne tout ce que nous voulons ! Prier, crier à Dieu, lui dire notre tristesse, c’est lui faire confiance, comme Agar qui écoute la voix de l’ange de Dieu. Elle fait confiance au Seigneur, et ainsi son fils est sauvé. Elle avait peur qu’il meure de soif dans le désert, mais Dieu lui ouvre les yeux, elle apprend à trouver de l’eau et à vivre dans le désert où finalement son fils va grandir.

Chant : Qui donc dans le ciel est semblable à toi ? (JEM 276)

Refrain : Qui donc dans le ciel est semblable à toi ? Qui est puissant comme toi, Éternel, mon Roi ? Qui est puissant comme toi, Éternel, mon Roi ?

  1. Tu es Adonaï Jireh, / En tout temps tu pourvoiras. Tu es Adonaï Raphé / Eternel tu guériras.
  2. Tu es Adonaï Shamma, / Tu entends, tu répondras. Tu es Adonaï Shalom / Dieu de paix pour tous les hommes 
  3. El Shaddaï, Dieu tout-puissant / Tu protèges et tu nourris ; El Olam, Dieu Eternel / El Haï, tu es vivant.

© Jeunesse en mission – Chantons Dieu – YouTube

 

3- DIEU A UN PROJET POUR CHACUN DE NOUS

 

Le texte de Genèse 21 soulève des questions concernant la fraternité, la jalousie entre frères, l’impact des décisions que prennent les parents… et Dieu dans l’imbroglio des relations humaines.

 

Rappel du contexte de l’histoire biblique

Lorsque Sarah et Abraham ont quitté le pays d’Ur en Chaldée, sur l’ordre de Dieu, ils étaient déjà vieux et n’avaient pas d’enfant. Un jour, le Seigneur leur est apparu et leur a promis qu’ils auraient un fils (Genèse 18). Ils n’y ont pas vraiment cru, et puis Abraham avait déjà eu un fils (Ismaël) avec Agar la servante égyptienne. C’était une consolation pour eux, mais Dieu a dit qu’il voulait leur donner un héritier engendré par eux deux, un fils avec qui il établirait son alliance. Sarah et Abraham ont ri de la promesse de Dieu, mais quand elle s’accomplit, ils réalisent qu’ils n’ont pas tous les deux la même compréhension de leur nouvelle situation…

La naissance d’Isaac remet la promesse de Dieu sur la table

On est choqué de lire que Sarah demande à Abraham de chasser Agar et son fils Ismaël. C’est pourtant elle qui avait demandé à Abraham d’avoir un fils avec Agar, afin qu’il ne meure pas sans héritier. Et maintenant qu’elle a son propre fils né de ses entrailles, elle commence à trouver qu’Ismaël est de trop dans la maison, et sa mère aussi. Ce sont des rivalités bien humaines qui attristent beaucoup Abraham…

La demande de Sarah est très étonnante, elle parle avec une autorité qui éclipse Abraham en tant que patriarche. D’ailleurs, depuis le début de leur histoire, il semble que c’est Sarah qui mène la barque : elle demande à son mari d’aller vers sa servante pour avoir un fils et il obtempère, elle lui demande de chasser ce même fils et il obéit… Visiblement, c’est la matriarche qui tient les rênes de la maison ! Cependant, le narrateur biblique nous révèle une autre lecture de la situation : celle qui tient à la promesse de Dieu. Abraham est triste de devoir se séparer de son fils Ismaël, il ne peut se résoudre à une décision aussi difficile, et voici que Dieu vient le visiter pour le réconforter et l’aider à comprendre la situation. Dieu permet à Abraham de comprendre que même si la demande de Sarah l’attriste, elle est conforme au plan de Dieu, dans ce sens que la séparation des deux frères est douloureuse, mais nécessaire, pour que chacun puisse suivre son chemin. Peut-être sans le savoir, Sarah est en train de demander à Abraham la seule chose qui permet aux deux enfants de s’accomplir et d’entrer dans ce que Dieu a prévu pour eux…

Car Dieu a fait une promesse à Abraham pour ses deux fils :

  • Sur Isaac Dieu avait dit : « J’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle, pour sa descendance après lui. » (Genèse 17, 19)
  • Et sur Ismaël Dieu avait dit : « Je le bénirai, je le rendrai fécond et je le multiplierai à l’extrême ; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. » (Genèse 17, 20)

Dans le projet de Dieu, chaque enfant a sa part et sa place

Ainsi nous voyons qu’Ismaël n’est pas oublié de Dieu. Si Isaac est prévu pour être l’héritier, Ismaël a une autre bénédiction qui lui est réservée, et pas des moindres : il est appelé à devenir grand à travers sa descendance, comme Abraham.

Il est intéressant de noter comment l’histoire se répète dans la vie des patriarches, une histoire entre deux frères dont l’un est contraint de quitter la maison paternelle : Isaac à son tour aura deux fils, des jumeaux, dont le plus jeune (Jacob) devra partir loin de son frère Esaü, à cause d’une bénédiction volée (Genèse 27). En effet, Isaac ayant béni Jacob va laisser Esaü sans bénédiction. Ce dernier, tout malheureux demandera à son père s’il n’y a pas une autre bénédiction pour lui, et Isaac répondra à son fils : ‘J’ai tout donné à ton frère, j’ai fait de lui ton maître, le chef qui sera servi par ses frères…’ (Genèse 27, 37). Esaü, blessé d’avoir été supplanté, va haïr son frère.

Mais Dieu agit autrement ici, il ne dit pas à Abraham qu’il a donné toute la bénédiction à Isaac et n’a rien prévu pour Ismaël. Dieu dit à Abraham d’écouter sa femme et de laisser partir Ismaël, car lui aussi a une bénédiction et un chemin à suivre, lui aussi sera une grande nation (Genèse 21, 13).

C’est justement pour que les deux frères puissent suivre chacun son chemin et devenir de grandes nations qu’ils ont besoin de se séparer. Pour que la Parole de Dieu sur chacun des deux frères s’accomplisse, il faut qu’ils aillent chacun sur son propre chemin.

En effet, Ismaël est fils d’une esclave, il ne peut pas hériter là où il y a un fils légitime. Mais Isaac est le petit frère, lui non plus ne peut pas hériter à la place et en présence de son grand frère, ce qui serait une entorse sans précédent à la tradition qui veut que l’héritier soit le fils aîné. Les deux frères sont dans une situation qui ne permet pas de les garder ensemble sans mettre le feu aux poudres : le petit frère qui est légitime ne peut régner sur son aîné, et le grand frère qui est fils d’esclave ne peut avoir autorité sur le fils légitime…

Abraham n’a donc pas d’autre choix que de séparer ses fils, sinon l’un sera toujours assujetti à l’autre. Le frère qui ne sera pas choisi comme héritier sera au service de l’autre s’il reste dans la maison, car l’héritier devient le chef de la maison, et plus tard le patriarche qui règnera sur tous les biens et sur toute la famille.

Comment donc Ismaël pourra-t-il devenir une grande nation s’il reste dans la maison de son père, soumis à l’autorité de son petit frère ? Plutôt que d’avoir deux fils coincés l’un avec l’autre et une fratrie qui s’entredéchire, Abraham met sa tristesse de côté et considère ce que Dieu lui dit. Oui, Sarah a formulé les choses d’une manière dure et difficile à entendre, elle a sans doute laissé parler son ressentiment pour l’esclave égyptienne qui la regardait de haut quand elle est devenue mère du petit Ismaël. Mais au-delà des rancœurs et des rivalités bien humaines que le récit biblique ne cache pas, c’est Sarah qui a raison sur le fond : Ismaël doit partir pour que la promesse de Dieu s’accomplisse et qu’il entre lui aussi dans sa destinée.

Conclusion 

D’une certaine manière, l’histoire d’Ismaël rappelle celle d’Abraham qui a dû quitter son pays et la maison de son père pour partir vers l’inconnu. C’était une séparation difficile mais nécessaire pour qu’Abram devienne Abraham, le père d’une multitude. Pour la deuxième fois de sa vie, Abraham est confronté à une séparation dans laquelle il doit faire confiance à Dieu. Et pour la deuxième fois, Abraham choisit de mettre sa foi en Dieu : sans savoir où va aller son fils ni ce qu’il va devenir, il obéit à Dieu et se sépare d’Ismaël. La suite de l’histoire nous apprend qu’Ismaël survit à l’épreuve du désert avec sa mère. Dieu a tenu promesse et l’a gardé.
L’histoire d’Ismaël le fils d’Agar montre comment la Parole de Dieu, qui a promis à Sarah et Abraham un fils qui sera leur héritier, est confrontée à la parole des hommes qui dit que l’aîné est l’héritier. Abraham a écouté la parole de Dieu, et par son obéissance il est devenu le père de la foi. Cela nous encourage à écouter Dieu et à lui faire confiance dans les différentes situations de la vie.

Cantique Alléluia 55/10 : Abraham, Dieu t’appelle (1, 2, 3)

Refrain : Abraham, Dieu t’appelle, / Abraham, il faut partir, / Il faut prendre la route / Pour avancer dans la foi. (bis)

  1. Si tu crois, si tu m’écoutes, / Moi je serai ton ami, Tu trouveras sur ta route / Le pays que j’ai choisi.
  1. Plus nombreux que grains de sable / Sur les rives de la mer, Vois tes enfants innombrables / Qui peuplent tout l’univers !
  1. Veux tu me faire confiance / Dans ta vie et dans ton cœur, Avec toi je fais alliance / Pour que vienne le Sauveur.

© Chantons Dieu – Concédé sous licence à YouTube par IDOL Distribution (au nom de ADF Musique) ; SODRAC Artiste : Noël Colombier – Production ADF Musique

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Crédit : Ruth-Annie Mampembé-Coyault (EPUdF) – Point KT – Photos Pixabay